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 La passeuse - Steph

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Scilia
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Scilia


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MessageSujet: La passeuse - Steph   La passeuse - Steph Icon_minitimeVen 10 Sep - 15:02

La passeuse

Steph sword1592@hotmail.com

***


Partie I


Une rue noire. Deux hommes sombres. Face à face. Quelque chose de long et de brillant dans la main. Un des deux penche davantage la tête que l'autre. La forme se précise. Ils tiennent des épées. Tout paraît si tranquille. Ils sont là dans cette rue. Ils savent ce qui va se passer. Toujours la même chose depuis des siècles. Celui qui a la tête penchée semble hésiter un moment. L'autre dit quelque chose, son nom peut-être. L'homme à la tête penchée répond d'une voix claire et grave. Duncan MacLeod, du clan MacLeod. Toujours la même chose, au même moment, avant de combattre. Toujours la même angoisse. Cette angoisse de la mort. De la recevoir ou de la donner ? Peut-être les deux. Mais aujourd'hui, il voit cet homme en face de lui, cet homme qu'il ne connaissait pas et qui l'a provoqué alors qu'il rentrait chez lui. Cet homme grand, mince, cheveux courts, mains fébriles, yeux dans le vague, ne doit pas être immortel depuis longtemps. Il essaye sûrement de s'entraîner. Quelques coups de fer, au loin. Un des hommes tombe à genoux. Tête vers le sol. L'autre lève haut son épée. Le bruit de quelque chose qui s'abat. Des éclairs. Puis la nuit. L'homme s'en va. Pas un regard sur le corps décapité. Il évite soigneusement de le regarder. Ce n'est pas qu'il soit indifférent. Au contraire.

Arrivé à sa péniche, il s'allonge un instant sur son lit, pense à sa vie ô combien longue. Souvent, il s'en remémore. "Les hommes peuvent continuer à vivre dans le souvenir qu'on a d'eux". Peut-être est-ce cela son destin, se charger des souvenirs de ceux qui appartiennent au passé, les faire revivre en soi. Pourquoi lui ? Est-il si différent ? Il sait que non, mais il va quand même voir dans la glace. Au cas où. Il n'a pas changé depuis toutes ces années. Depuis sa première mort à trente ans. Avant, il se voyait fonder une famille avec Debra, avoir des enfants. Avant, il faisait parti de leur monde. De leur monde de finitude. Il était leur semblable. Tout comme eux, il mourrait un jour. Avant, il n'avait même pas rêvé à l'immortalité. Aujourd'hui, il est là, devant sa glace, sur une péniche, dans un monde qu'il n'aurait alors jamais imaginé. Mais il est là, seul. Seul. Toujours. Tessa. Pour ne pas pleurer, il esquisse un sourire devant la glace. Richie. Son ami, peut-être aussi son fils. Il revoit ses sourires, mais aussi leurs disputes, ses rebellions, quand il lui tenait tête. Leur amitié. Il était venu pour l'aider. Il l'a tué. Il sait que ce n'était pas vraiment de sa faute. Mais qu'importe ? Il est mort. Ils meurent tous. Les uns après les autres. A la fin, un seul survivra. A-t-il envie d'être celui-ci ? Le dernier. L'isolé. Alors l'envie de se détruire l'envahit. Envie de se suicider. D'arrêter les combats. Ce jeune homme qu'il vient de tuer. Tout à l'heure. Les morts qui s'enchaînent. Pour pouvoir vivre. Mais comment se suicider lorsque l'on est immortel ? Impossible. Il saisit un objet. Le projette par terre. Mais non, rien. Tout est toujours impassible. Tout est là, immobile. Le monde reste sourd. Au moment où il allait saisir son épée pour la jeter dans l'eau verdâtre, tout sembla trembler autour de lui.


Le lendemain matin, il était allongé dans son lit, et déshabillé. A son plus grand étonnement, son épée était rangée avec soin. Par quel prodige était-il arrivé à son lit après ce qu'il avait cru être un malaise ? Il n'arrivait pas à réfléchir, il avait l'impression que son crâne était pris dans un étau. Il eut un peu de mal à retrouver l'endroit où ses habits étaient rangés. A l'exception de sa paire de chaussettes qui traînait au bas de son lit, tous ses habits étaient impeccablement pliés, mais à des endroits différents de ceux où il les rangeait d'habitude. Perplexe, Duncan sortit quand même faire son jogging matinal. Il pensait que ceci l'aiderait à chasser cette étrange et indéfinissable sensation qu'il ressentait ce matin là. Cette sensation qu'il ne pouvait pas s'expliquer après tant d'années vécues ne tarda pas à disparaître au contact de l'air frais et des rues de Paris où il aimait courir. Mais alors qu'il traversait un pont, il ne put s'empêcher de se souvenir d'un des poèmes préférés de Tessa: "Vienne la nuit sonne l'heure/Les jours s'en vont je demeure"


Elle lui avait récité ces vers alors qu'ils étaient là, tous les deux, sur ce même pont. Ce poème prenait tout son sens à sa grande tristesse aujourd'hui parce qu'il était seul. Non. Il ne fallait pas être triste. Aimer pour oublier la violence, les morts ? C'est-à-dire l'inoubliable…Se jeter à corps perdu dans une aventure amoureuse, ne plus penser, inhiber ce qui était autre que ses sens. C'est alors que Duncan ressentit la présence d'un immortel. En l'occurrence, il s'agissait d'une jeune femme, vêtue d'un ensemble noir, et qui semblait avoir des problèmes avec sa voiture. Elle n'avait jeté qu'un coup d'œil distrait sur Duncan et elle était de dos. Duncan la rejoignit pour l'aider.


"Je peux vous donner un coup de main ?" Elle dit oui et se retourna, elle paraissait stupéfaite. "Tu étais immortel, toi aussi ? Quand es-tu mort ?" Duncan était étonné de la voir, il ne l'avait pas revue depuis tant d'années. Et il l'avait à peine connue. Ils s'étaient connus à la cour. Ou du moins leurs regards se croisaient de temps en temps. Ils ne s'étaient jamais vraiment parlé. Mélissa était une jeune fille de haute noblesse mais son père, mort, avait laissé des dettes à sa mère. Celle-ci comptait sur le mariage de sa fille avec un homme bien plus âgé que Mélissa mais très riche. Duncan se revoyait la contempler de loin lorsqu'elle s'appliquait à quelque ouvrage dans le jardin. "Je suis heureux que tu aies survécue. Viens boire quelque chose chez moi, nous discuterons."


Sans savoir pourquoi, Duncan se sentait étrangement mal à l'aise. Le regard de Mélissa était clair, assuré. On aurait pu deviner son grand âge malgré son apparente jeunesse à première vue. "J'étais immortel bien avant de te connaître." Mélissa fronça les sourcils. "Tu connaissais mon immortalité alors ? Pourquoi ne m'as-tu rien dit ?" Duncan balbutia quelque chose. Elle l'interrompit de la main. "Je ne t'en veux pas. Je connais les règles. Je sais combien il est difficile d'avouer son immortalité à quelqu'un qui est encore tranquille, qui ne connaît pas encore les combats, la peur, la lutte pour vivre."Duncan perçut ensuite sur les lèvres de Mélissa le mot "survivre". Elle restait songeuse. Duncan lui servit un peu de café et lui demanda "Comment as-tu été tuée ?"Elle sourit amèrement "Mon cher mari ne pouvait pas supporter de ne pouvoir assurer sa succession. Il voulait avoir un fils. Je ne pouvais même pas lui donner d'enfant." Elle comprit aux yeux de Duncan qu'il voulait lui dire quelque chose de réconfortant mais qu'il ne savait pas comment le formuler. Elle reprit la parole "Je me suis réveillée. Je ne comprenais pas comment je pouvais être vivante après ces balles qu'il avait tirées. Je ne connaissais rien à l'immortalité. Effrayée, je me suis échappée alors de la cour, je me suis retrouvée dehors. Je trouvai refuge dans un couvent." Duncan décernait dans les yeux verts de Mélissa une pointe de l'émotion qu'elle avait eu le matin du jour de son mariage. Elle avait certainement appris à contrôler ses émotions avec le temps mais pourtant il restait quelque chose de cette profonde amertume dans ses yeux. Elle porta la tasse à ses lèvres. L'émotion avait disparu. Elle allait poursuivre quand Duncan l'interrompit "Tu n'as pas besoin de me raconter ces choses qui te font souffrir""Je t'en prie, Duncan, laisse moi continuer. Je n'ai pas souvent quelqu'un à qui me confier "Elle lança avec un sourire amusé "Je crois que si je racontais ma vie à un psychanalyste, il me ferait interner !"Ils rirent un peu, pour la première fois presque complices, puis Mélissa s'assombrit de nouveau, se rappelant son histoire. "Là, malgré les années, je ne vieillissais pas. Vingt ans s'écoulèrent et à la grande surprise des autres pensionnaires je restais la même. Un jour, on accueillit une nouvelle venue. Elle paraissait avoir trente ans. Mais elle me révéla bientôt, seule à seule, qu'elle en avait 70. Je ne comprenais pas qu'une femme aussi vieille puisse paraître aussi jeune. Elle m'a tout appris."Duncan leva les yeux vers Mélissa. Cette femme, toujours la même, était devenue tellement autre que celle qu'il voyait de temps à autres, s'appliquer à une broderie dans le jardin. Puis ils discutèrent de choses et d'autres. Et ils restèrent dans un silence gêné. Au fond, ils ne se connaissaient pas vraiment. Mélissa sourit. Elle était plus jeune que Duncan, même d'apparence, mais dans ses yeux se dégageait une maturité incroyable. Duncan n'arrivait pas à savoir pourquoi dans son regard elle semblait si vieille. Le sourire restait figé sur les lèvres de Mélissa. Duncan eut l'impression qu'elle entrait au plus profond de son âme, de son être. Non, cela ne pouvait être possible. Il prit la parole pour dissiper cette impression étrange, irrationnelle. "Tu veux me dire quelque chose ?" Mélissa ne répondit pas. Duncan n'arrivait pas à trouver quoi que ce soit à dire. Mélissa se leva. Duncan la raccompagna jusqu'à la porte et elle lui dit "Je te remercie" "C'est tout à fait naturel, répondit Duncan, et puis, ça m'a fait plaisir de prendre le petit déjeuner avec toi.""Je ne parle pas de cela." Et elle s'en alla, sourire aux lèvres.


Duncan la retrouva le soir même, dans le bar de Joe. Methos était là lui aussi. Duncan fit les présentations puis il invita Mélissa à dîner dans un restaurant proche. Methos restait avec Joe et lui demandait, de manière insistante, des renseignements sur cette femme.


"Que veux-tu savoir Methos ? Son adresse, son numéro de téléphone ? Voyons, tu n'as qu'à lui demander !

- Ça n'a rien à voir. Quoi ? Son regard…

-C'est bien ce que je pensais, mais voyons Methos, elle a l'air de connaître Duncan. Vous avez passez l'âge de vous battre pour une fille depuis des siècles, surtout toi !

-Tu n'as pas remarqué ?

-Et bien, quoi ?

-Je ne sais pas comment te le dire. Elle…elle…

-Elle quoi ?

-Elle coupe le fil de la vie !

-Tu as trop bu, dit Joe en regardant le verre de Methos.

-Non. Je sais ce que je dis. C'est une passeuse, une femme qui fait passer. J'en ai connu une il y a deux siècles. Il y en a toujours une, et je ne sais pourquoi elles ont ce regard.

-Arrête de blaguer, dis simplement que cette fille t'a plu.

-Tu ne comprends rien. Duncan est fragile en ce moment. Ecoute, dis-moi qui elle est au nom de votre amitié.


- Je te renseignerai, maintenant file, répondit Joe d'un air bougon.


Ce soir là pendant qu'ils dînaient au restaurant, Mélissa semblaient "normale", elle plaisantait, souriait, n'avait plus son air grave. Cependant de temps à autres, Duncan apercevait cette lueur. Les jours passèrent et Duncan la croisait de temps en temps, dans la rue.


Un jour, alors que Methos rentrait dans le bar de Joe, ce dernier lui fit signe de la main.

"J'ai le renseignement sur Mélissa de Bambourt.

-Dis-moi tout.

-Nous ne connaissons pas grand chose à propos d'elle. Apparemment, on a découvert son immortalité alors qu'elle sortait d'un couvent, pour combien d'années, on ne le sait pas, peut-être...

-passe-moi les détails. Je t'en prie.

-Que veux-tu savoir ?

-Si elle a tué beaucoup d'immortels.

-Oui, évidemment, et toi ?!

-Dans quelles circonstances ?

-Ecoute, il n'y a rien à dire de spécial. Elle a livré des combats, les a gagnés. On sait seulement qu'elle était très liée à une immortelle, une certaine Iris qui est morte.

-C'est tout ?

-Non, ces trente dernières années, elle semble n'avoir livré presque aucun duel. Mais au cours de ces quelques duels qu'elle a livré, elle paraissait avoir une grande énergie, d'une intensité incroyable. Elle évite toujours les duels. Elle ne les livre que quand elle y est obligée."

Methos restait soucieux, Joe se demandait pourquoi.

-Dis-moi Methos, c'est quoi cette histoire de passeuse ?

-Je n'aime pas trop en parler. En tuant un immortel qui souhaitait probablement la mort sans que je ne le sache, je me suis retrouvé dans un état second, j'étais… J'avais en moi…Comment t'expliquer ? Une grande douleur. L'envie de mourir. Je rencontrai une femme alors que j'étais dans cet état. Cette femme lut en moi et me proposa la mort. De mourir en "tout bien tout honneur", sans avoir pour cela à perdre un duel…

-Tu crois que cette Mélissa veut se servir de la détresse de Duncan pour récupérer son quickening ? Joe était visiblement inquiet. Methos, après avoir hésité un moment, lui répondit "J'en ai bien peur"


Les jours passèrent et les semaines. Un mois bientôt. On rentrait dans la saison des pluies. Les feuilles tombaient des arbres comme elles l'avaient toujours fait depuis des siècles, et comme ils l'avaient toujours fait depuis des siècles, les hommes les ramassaient. Duncan les regardaient parfois, d'un œil distrait. Ce jour là, il vu Mélissa, tête vers le ciel, cheveux défaits, presque ébouriffée, alors qu'elle les avait toujours tenus attachés. Duncan ne la croisait plus que de temps à autres. Mais à chaque fois leurs regards se rencontraient avec une rare intensité. Duncan ne voyait plus Methos : celui-ci avait été "tué" en plein centre commercial par une balle perdue et il s'était exilé de Paris. Auparavant, il avait vainement tenté de faire partager ses soupçons sur Mélissa à Duncan. Celui-ci les avait accueillis avec un sourire. Il disait que tout allait pour le mieux. Etait-ce vrai ? Methos n'en était pas si sûr. Mélissa se retourna vivement en sentant la présence de Duncan. Elle était échevelée, ses vêtements semblaient quelque peu en désordre. Dans son regard, il y avait une telle lueur de désespoir. Venait-elle de subir un quickening ? Avait-elle dû tuer un ami ? Elle était là, vacillante, quelques larmes coulaient de ses yeux. Ce n'étaient pas des sanglots. Quelques larmes seulement qui roulaient doucement sur ses joues mais qui ne s'asséchaient pas. Duncan crut apercevoir dans les yeux de Mélissa une lueur phosphorique qui transfigura pendant quelques secondes le regard désespéré en un regard vaguement sardonique. Mais cette impression ne dura pas. C'est alors que, dans un mouvement que Duncan ne lui aurait pas attribué, elle s'élança dans ses bras, se blottit quelques secondes contre lui. Duncan essayait de l'apaiser, il caressait doucement sa tête. Puis il lui demanda ce qu'elle avait. A cette question, Mélissa s'agenouilla à ses pieds, tête au sol, et tandis qu'elle levait doucement la tête, elle lui dit, d'une voix froide et glacée "Décapite-moi". Avant même que Duncan n'ait eu le temps de répondre quelque chose, celle-ci s'enfuit à toute allure. Il essaya de la suivre, mais il perdit sa trace au coin d'une rue.


Duncan rentra chez lui, perplexe. Cette nuit-là, il pensa à la mort, au suicide. Il n'y aurait plus l'angoisse des combats, à supporter de voir mourir tout autour de lui. Depuis qu'il croisait Mélissa, il ne s'en rendait évidemment pas compte, en plus de son mal être, peut-être passager, il absorbait, celui, continuel, de Mélissa.


En se réveillant le lendemain, pour une raison inexplicable, il avait dans la tête cette phrase d'un autre temps, qui ne lui appartenait pas "Cette vie m'importune. Il me faut en changer."Il se la répétait involontairement, sans savoir d'où elle provenait, quand on frappa à la porte. Le facteur lui apportait un pli recommandé. Aucun nom de destinataire n'était inscrit sur la boîte, qu'il ouvrit d'une main fébrile. Il n'y avait qu'une lettre dans cette grande boîte. Sur cette lettre, on pouvait lire ceci :


Cher Duncan,
Hier tu as vu en moi une personne que tu ne connaissais pas. Hier j'ai su que tu étais prêt. Hier, je n'ai fait que révéler ce que tu avais au plus profond de toi. Aujourd'hui, c'est le jour où tu pourras mourir dignement, sans même avoir à perdre un combat. Laisse-moi te faire passer vers la voie que tu désires tant. On est perdu quand on n'a pas la lumière. On est perdu quand on n'a pas la lumière. On est perdu quand on n'a pas la lumière. Laisse-moi aller vers toi, je serai ta lumière. Je serai la main de ton suicide





Partie II

Duncan arriva chez Mélissa, lui demanda des explications. Elle lui expliqua qu'elle était une passeuse, chargée de permettre aux immortels qui le désiraient de se suicider. Elle n'était pas passeuse depuis très longtemps, Iris lui avait enseigné les rituels. Quand Duncan demanda où était Iris, Mélissa répondit après un moment de silence que les passeuses elles-mêmes, malgré leur expérience, ne pouvaient supporter une trop grande absorption de douleur. Elles-mêmes se faisaient "suicider" par leurs élèves après une très grande préparation psychologique de celles-ci, qui durait des mois et des mois. Mélissa n'avait pas eu besoin de tant de mois pour se préparer à exécuter Duncan. La tâche était moins difficile dans son cas.
"Alors, tu étais là parce que tu as senti que je voulais la mort ?
- Lorsque je t'ai observé sur ta péniche, j'ai décerné un grand trouble dans ton regard, j'ai tâché de savoir si tu étais prêt.
- Alors Methos avait raison…
- Cette balle perdue, c'est moi qui le lui avait envoyée.
- Tu as osé ? C'est contraire à nos règles.
- N'as-tu jamais aidé un immortel au suicide ? Lorsque je te demandais d'où venait ta magnifique épée, ne te rappelles-tu pas de ta réponse?
- C'était différent. C'était un suicide...
- Je sais ce que tu vas dire, pour ne pas être déshonoré. Tu choisiras l'épée, tu choisiras où, quand et j'exécuterai ta dernière volonté. Tu pourras dire non au dernier moment. Tu sauras quand tu mourras, tu pourras dire au revoir à ce monde, t'y préparer, ce ne sera pas une mort que tu n'as pas choisie, face à un autre immortel. Tu dois mourir pour toi-même et non vivre pour les autres."

Le lendemain, Mélissa et Duncan partirent pour les Highlands. Mélissa devait accompagner celui qu'elle allait "suicider" dans sa dernière volonté. C'était le rituel. Arrivés, elle regardait Duncan observer les hautes terres, boire l'air glacé qui se dégageait de la brume et s'en enivrer. Avant de se coucher (l'exécution aurait lieu à quatre heures du matin, au cœur des Highlands, pour que personne ne s'en rende compte) Duncan demanda à Mélissa s'il était possible qu'une passeuse se trompe. Elle répondit que oui, qu'il y avait toujours une infime part de subjectivité mais qu'en général…Duncan n'y pensa plus et se coucha sur le lit de la petite auberge, après avoir placé son réveil sur la table de chevet.

Cette nuit-là, il vit en rêve un étrange spectacle. Trois femmes qui avaient chacune l'un des traits du visage de Mélissa, entouraient une petite table. Tandis qu'elles tournoyaient autour, les couleurs de leurs robes se métamorphosaient et prenaient des couleurs de plus en plus sombres. Elles avaient placé sur une table de marbre, devant elles, une tête. Quand Duncan s'aperçut qu'il s'agissait de la sienne, il se réveilla en sursaut, hurlant "NON", les mains moites et le corps baigné de sueur. Mélissa entra dans la chambre, le cri l'avait réveillée.
"Qu'as-tu ? Tu auras fait quelque cauchemar, cela arrive souvent tu sais mais ça ne veut pas dire qu'on ne veut pas mourir.
- Je l'ai vue. J'ai vu ma tête, mes yeux vides et blancs, révulsés, tandis que tu tournoyais dans une danse macabre.
- C'est toi qui veut mourir, je ne t'ai jamais forcé…
- Tu me l'as suggéré, conseillé pourtant ! Tu n'as fait qu'aggraver ma douleur, tu t'es déchargée de la tienne et tu as outrepassé les droits d'une passeuse.
- Je n'ai fait qu'être empathique.
- C'était peut-être de l'empathie quand tu as éloigné mon meilleur ami alors que j'en avais besoin ? Cette douleur que tu pensais lire en moi c'était davantage la tienne que la mienne. Mais tu n'as pas voulu la reconnaître, alors pour se débarrasser de cette douleur, tu m'as incité à être ton miroir et à vouloir la mort. Mais aujourd'hui je le sais.
- Tu n'es qu'un lâche qui a peur d'affronter la mort, dit Mélissa avec un ton sarcastique tandis qu'elle dévoilait l'épée qu'elle tenait cachée derrière son dos.
- Je croyais que je pouvais me rétracter, décidément, les règles des "passeuses" sont floues !
- Mais tu n'as pas compris que je te hais depuis l'instant où tu m'as dit que tu connaissais mon immortalité. Toute cette souffrance qui aurait pu m'être évitée... et il me suffisait de faire croire à ma mort pour éviter l'humiliation de ce mariage puis ce cloisonnement sans savoir ce qui allait m'arriver !
- En fait tu savais très bien que j'étais juste dans une mauvaise passe et...
- Prépare-toi à mourir !
Duncan gagna sans mal le combat, le quickening fut d'une telle violence qu'il détruisit rapidement tout le système électrique de la chambre, qui se retrouva plongée dans l'obscurité.
"Elle avait raison pour une chose, c'est vrai qu'on est perdu quand on n'a pas la lumière, on n'y voit rien dans le noir.", dit Duncan, heureux d'être en vie, en allant chercher une bougie.
Le quickening, par la suite, n'eut aucun effet négatif sur lui. Il avait retrouvé le goût de vivre. Il regardait de nouveau les choses d'un œil neuf : cette feuille qui se décrochait de l'arbre pour tomber mollement sur le sol, n'était pas la même que celle qui tombait l'année précédente, et ce n'était pas non plus celle qui tombera dans des siècles et des siècles. Passant le pont Mirabeau, de retour à Paris, il se rappela des vers de Tessa :
"Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure"
Dans des siècles encore, il serait là pour réciter ces vers.


FIN


© Highlander, Duncan McLeod http://perso.wanadoo.fr/steph.13/web.htm
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