Je continue le menage dans mes dossiers et j'ai retrouve cette fic qui est centrée sur le passé de Valérie tout en étant indépendante des autres fics que j'ai pu écrire. bonne lecture !
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Un coup de fil. Un simple coup de fil venait de faire voler en éclat sa carapace. Son père était mort. Valérie ne lui avait pas parlé depuis des années mais sa mort mettait un terme à l’espoir de se réconcilier avec lui un jour. Si son père avait été moins têtu, elle ne se serait jamais engagée dans les marines pour fuir le mariage qu’il voulait lui imposer. Comment imaginez qu’à notre époque, un père puisse vouloir marier sa fille de 19 ans à un vieil homme de 45 dans le seul but d’accroître ses affaires ! Il l’avait dégoûté, profondément déçu. Quand elle avait remis pied à terre, Val était passée devant la maison de ses parents. Elle n’avait pas eu la force de rentrer, de faire comme si quatre années ne s’étaient pas passées. Son père avait prétendu qu’elle était morte pour éviter toutes rumeurs, il avait joué les pères éplorés. C’était sa mère, Elisabeth, qui le lui avait expliqué. Valérie avait repris contact avec elle, sans que son père n’en sache rien, quand elle l’avait vu aux informations de 19h, victime d’une prise d’otage dans une épicerie. Elle n’était pas grièvement blessée et la jeune femme avait pu la voir à l’hôpital sans tomber sur son géniteur qui n’aurait sans nul doute pas apprécié la surprise. Sa mère, elle, avait pleuré de joie de la revoir. Elisabeth lui avait demandé de ne pas rester, de peur que son mari n’arrive mais avait promis de contacter sa fille au plus tôt. Valérie était repartie, regardant sa mère lui sourire à travers ses larmes tout en serrant le papier sur lequel était inscrit son numéro de téléphone. Et voilà qu’elle venait de raccrocher pour lui annoncer la triste nouvelle. Il n’avait pas eu une mort extraordinaire, il ne s’était simplement pas réveillé. La jeune femme imagine sans peine l’effroi de sa mère en découvrant un cadavre dans son lit. Elle semblait aller mieux grâce au calmant que lui avait donné le docteur Peterson, le médecin de famille. Susan, une voisine et aussi la meilleure amie d’Elisabeth, était avec elle. Valérie inspira profondément, essayant de réprimer les larmes qui ne demandaient qu’à couler. Elle était au bunker et, dieu merci, Kerensky était absent, parti voir l’un de ses contacts d’après ce qu’elle croyait avoir compris. Elle se mordit la lèvre inférieure en constatant que, malgré tous ses efforts, la douleur était trop grande. Val fondit en larmes avant de s’asseoir lentement sur les quelques marches du bunker. Comment cela pouvait-il faire si mal alors qu’elle était persuadée d’avoir déjà « fait son deuil » de son père ? Elle n’entendit pas la porte s’ouvrir dans son dos. Simon fit quelques pas et stoppa son vif « bonjour » en voyant son amie pleurer.
— Val ? Tenta-t-il d’une voix douce pour obtenir son attention.
Elle ne sembla pas réagir, aux prises avec un monde lointain, alors Simon s’assit près de la jeune femme et passa un bras autour de ses épaules. Valérie leva un regard embué de larmes vers lui, prenant enfin conscience qu’elle n’était plus seule. Simon lui décerna un maigre sourire pour l’encourager à parler.
— Je dois…
— Que se passe-t-il ? La coupa-t-il, et ne me dis pas rien, je ne t’ai jamais vu dans cet état.
— Simon… s’il te plait, soupira Val pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas envie de parler.
— Tu viens d’apprendre qu’on refusait ta candidature à l’école du cirque ? Plaisanta le Suisse mais sa pique ne fit pas mouche. Val garda le silence. Ecoute, je ne suis pas seulement ton chef, je suis aussi ton ami et te voir dans cet état… ça m’inquiète.
— Je ne t’ai jamais considéré comme mon chef, fit Valérie avec un demi-sourire.
— Pfff ou est passé le respect des employés, répondit-il avec un clin d’œil amusé.
— C’est mon père, avoua enfin la jeune femme après un long silence… il est mort.
Etrangement prononcer ces mots à voix haute lui firent du bien, la soulagèrent légèrement de sa peine.
— J’en suis désolé. Vous étiez… très proche ?
— Non… C’est ça le comble, nous ne nous étions pas parlé depuis plus de 7 ans mais…
Elle fut incapable de continuer, les mots lui manquèrent et ses larmes reprirent. Simon l’attira contre lui, la laissant pleurer afin d’évacuer la douleur de la perte d’un être cher. Il savait ce qu’elle ressentait, il était orphelin. Ses sanglots diminuèrent peu à peu. Val se détacha de Simon et plongea son regard émeraude dans celui marron du Suisse. Il était sincèrement désolé pour elle, elle le lisait dans ses yeux. Valérie avait même la sensation de lui rappeler des souvenirs désagréables.
— Excuse-moi, murmura-t-elle en voyant le regard brun se voiler légèrement.
— Tu n’as pas à…
Impulsivement, Simon s’approcha de la jeune femme qu’il tenait toujours dans ses bras et l’embrassa. C’était un baiser tendre, doux, amical.
— Simon… je… ne…, souffla Valérie coupée à chaque mot par un baiser du Suisse.
Elle se laissa envahir par la chaleur que lui transmettaient les lèvres de Simon et ne résista pas quand il força le sanctuaire de sa bouche. Leurs langues se découvrirent lentement, sensuellement. Val passa ses mains derrière la nuque de son compagnon, effleurant ses boucles brunes avant d’y glisser les doigts. Le Suisse laissa un des ses mains errer sur la taille fine de la garde du corps, avant de caresser ses reins après avoir légèrement soulevé son tee-shirt. Elle poussa un gémissement de plaisir, oubliant totalement où elle était. Il n’y avait que les lèvres de Simon sur les siennes, ses mains effleurant son dos, qui comptaient, le reste n’avait plus d’importance. A tel point qu’elle n’entendit pas la porte du bunker s’ouvrir. Simon n’y prêta guère plus d’attention. Il n’avait jamais pensé à la jeune femme de cette façon. Bien sur, quand elle était arrivée, il avait essayé de la séduire mais elle avait résisté à son charme légendaire. Il avait l’impression de profiter de sa faiblesse mais c’était plus fort que lui. Elle avait fait remonter un lourd souvenir à sa mémoire et il avait besoin d’être réconforté autant qu’elle.
Kerensky poussa la porte et se figea sur le seuil du bunker. Il n’aurait jamais imaginé être le témoin d’un tel spectacle et hésita un court moment à entrer. Il ne savait pas qui de Simon ou de Valérie il blâmait le plus. Les découvrir en train de s’embrasser fit monter une once de colère en lui, sentiment qu’il réprima aussitôt. La jeune femme était libre de faire ce qui lui passait par la tête et n’avait aucune obligation envers lui alors… était-ce le fait de les voir occuper le bunker, SON bunker ? Il préféra ne pas approfondir la question et passa à coté d’eux en s’éclaircissant la gorge. Ce fut comme une douche froide pour Valérie. Elle prit soudain conscience de ce qu’elle faisait et se leva brusquement, jetant un regard effrayé sur Simon. Kerensky nota les traces de larmes mais fut incapable de lui poser la moindre question. Elle le regarda, hésitant à dire un mot, avant de s’enfuir de la pièce.
— Je te prierais de ne pas exercer tes charmes ici, déclara froidement le Russe à Simon, toujours assis.
— Ce n’est pas ce que tu crois, protesta le Suisse en se levant.
— Bien sur. Tu n’étais pas en train de l’embrasser peut-être. Je me demande ce qui serait arrivé si je ne vous avais pas interrompu.
— Tu ne peux pas comprendre, Kerensky, tu as un cœur de pierre alors je ne vais pas perdre mon temps à m’expliquer.
— Je ne te retiens pas, lança-t-il d’un ton glacial.
Simon lui lança un dernier regard avant de quitter le bunker. Kerensky s’autorisa alors à laisser ses pensées dériver sur l’incident. Que s’était-il passé pour que Valérie, qui résistait aux avances de Simon depuis son arrivée, lui cède aussi facilement ? Il ne trouvait aucune réponse satisfaisante, aussi décida-t-il de laisser la question en suspens. Il avait du travail et savait qu’il obtiendrait, un jour ou l’autre, la réponse.
***
— Vous n’étiez pas obligés de venir.
— Tu plaisantes, j’espère, rétorqua Largo d’un ton sans appel.
— Nous sommes tes amis et il est normal de partager ce genre de chose, appuya Joy.
— Merci, répondit Valérie.
Ils se tenaient tous les trois, en compagnie de Simon et Kerensky, dans le cimetière de Homstead. Valérie avait protesté quand l’Intel Unit avait décidé de l’accompagner à l’enterrement de son père. Ils ne le connaissaient pas et ne pouvaient manquer de s’ennuyer dans ce coin perdu de la Floride. Mais la jeune femme se demandait surtout comment Simon et Kerensky, qui avait tenu à venir, allaient pouvoir passer plusieurs heures dans le jet sans se jeter l’un sur l’autre. Depuis que le Russe avait surpris leur baiser, les choses allaient de mal en pis entre les deux hommes. Elle-même ressentait la dureté et la froideur dont faisait preuve Kerensky envers elle comme une punition injustifiée. Oui, elle avait embrassé Simon, ou plutôt s’était laissé embrassé par lui, mais cela ne signifiait pas qu’elle désirait se lancer dans une aventure avec lui ! Elle avait eu un moment de faiblesse, ils avaient partagé une douleur commune, c’était aussi simple que cela. Enfin, à ce qu’il lui semblait un moment d’égarement ne justifiait pas le retrait de la confiance et de la complicité qu’elle partageait avec Kerensky. Cela lui était d’autant plus pénible qu’elle appréciait beaucoup le Russe.
— Je vais rester un peu avec ma mère.
— Tu veux que je reste avec vous ?
— Non. Merci Joy mais… je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire. Je rentrerai à l’hôtel en taxi.
— Ok. Si tu as besoin de quoi que se soit, réitéra Largo.
— Vous en avez largement assez fait en m’accompagnant, assura la jeune femme en lui rendant son étreinte. A demain, rajouta-t-elle entourant du regard ses amis.
Ils la regardèrent pénétrer dans la maison avant de monter dans leur voiture de location. Le trajet jusqu’à l’hôtel fut court. Joy était épuisée, autant par l’enterrement et la réception qui avait suivit que par son bébé qui n’arrêtait pas de lui donner des coups de pieds, aussi préféra-t-elle aller se coucher.
— J’ai du travail, maugréa Kerensky avant que Largo ne puisse proposer quelque chose.
— Georgi, tu n’es pas obligé de… ok, a demain, conclu le milliardaire devant le regard noir que lui décernait le Russe. Simon, tu veux aller prendre un dernier verre ou tu as aussi quelque chose à faire ?
— Toujours partant, Larg’ ! Répondit son meilleur ami avec un enthousiasme qu’il ne ressentait pas vraiment.
— Qu’est-ce qu’il se passe avec Georgi ?
— Comment ça ? Feinta Simon.
— Je le trouve… plus renfermé, fit Largo qui n’arrivait pas à trouver le mot juste, depuis presque une semaine il semble être redevenu le Kerensky du début.
— Bof, j’ai rien vu de changer.
— Simon… pourquoi ai-je l’impression que tu me caches quelque chose, demanda Largo en poussant la porte d’un pub.
Le Suisse remercia le ciel de gagner quelques minutes pour trouver une réponse satisfaisante. Mais ni le temps passer à s’installer à une table au fond du pub, décoré de divers trophées de football et de portraits d’anciennes célébrités d’Hollywood en noir et blanc, ni le temps passer à commander deux blondes ne lui suffit.
— Alors ? Reprit Largo.
— Alors quoi ?
— Dis moi ce qu’il se passe.
— Rien… rien dont je n’ai connaissance.
— Quand tu parles en te caressant le nez, c’est que tu mens.
— Je ne me caresse pas le nez, rétorqua le Suisse en prenant soudain conscience que sa main venait justement de faire ce geste.
— Joy pense qu’il y a quelque chose qui ne va pas entre toi et Kerensky, avoua Largo.
— Ouais… ben elle se trompe.
— Je ne crois pas. Maintenant, si tu me dis que cela ne me regarde pas et que cela ne risque pas de mettre l’Intel Unit en danger, j’arrête tout de suite de te questionner.