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 Je ne veux pas mourir - Helen

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Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
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Scilia


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Je ne veux pas mourir - Helen Empty
MessageSujet: Je ne veux pas mourir - Helen   Je ne veux pas mourir - Helen Icon_minitimeSam 11 Sep - 9:57

JE NE VEUX PAS MOURIR

Auteur : Helen Heleni01@wanadoo.fr

Disclaimer : pas à moi, malheureusement.

Résumé : trop court pour en faire un.

Contexte : Montréal (saison 1)

***


Non !

Les mots ont jailli de ma bouche. Incontrôlables, subversifs. Trahissant mon angoisse. Je le vois. Ou plutôt je vois une ombre se dresser là où il ne devrait rien avoir. Ce n'est qu'une seconde plus tard que je vois cette chose luisante dans l'ombre. Le canon d'une arme.

Il est vivant. Seigneur… Largo ne l'a pas remarqué. Et pour cause ! Il lui tourne le dos. Je sais ce que j'ai à faire. C'est mon travail, c'est mon job. Je dois prendre cette balle à sa place. Je suis payée pour ça, de toute façon. Mais est-ce que c'est seulement pour ça que je le fais ? Je repousse la réponse à cette question à plus tard. Je n'ai pas le temps.

Crève, Jagger ! J'aurais ta peau. On se rejoindra peut-être en enfer, qui sait ? Mais pour l'instant, je ne sais pas. Je ne sais plus. Mon esprit se focalise sur une seule chose. Sur cette arme tendue vers Largo. Cours, ma fille… Le temps s'écoule trop vite et j'ai l'impression que je n'y arriverai jamais comme ça. Je me projette en avant. Une technique que mon père m'a si gentiment enseigné. J'entends sa voix résonner à mes oreilles.

" Impulsion, projection, vise, tire ! "

Je ne comprends pas tout de suite que ce cri qui me déchire les tympans, c'est moi qui l'ai poussé. Tout va si vite et si lentement à la fois. Je ne sais qui de lui ou de moi a tiré en premier. Mon doigt a pressé trois fois la détente. Trois balles qui sont allées perforer le crâne de cet enfoiré. Trois balles pour lui, une pour moi. Je la sens pénétrer mes chairs. Ce n'est pas la première, mais j'ai la sensation bizarre que ce sera la dernière.

C'est drôle, je plane toujours, je n'ai pas encore touché terre. Quand je vous disais que le temps s'écoulait lentement. Je vois la surprise dans les yeux de Jagger. Il ne s'attendait pas à me trouver là. Soudain, la douleur éclate dans ma poitrine. Elle investit mon corps, prend possession de moi.

J'ai mal, si mal…

Je touche enfin terre. Je m'étale dans la poussière de cet entrepôt de Montréal. Je suis sur le dos et je contemple une grande étendue grisâtre. Le plafond métallique.

Cette douleur… Faîtes la cesser. Pitié. Mon champ de vision se rétrécit jusqu'à ne plus être qu'une bande rectangulaire. Je vois la vie en 16/9. J'acquiers la certitude terrible et angoissante que je ne quitterais pas cet entrepôt vivante. J'ai un point rouge devant les yeux et la désagréable impression de glisser dans un puit sans fin. Je sens la caresse d'un rayon de soleil sur ma joue. D'où vient-il ? Sans doute d'une percée dans la toiture… Il me réchauffe un peu. Je ne veux pas mourir.
Mais qui se soucie de ce que je peux bien vouloir ? Qui s'en ai déjà soucié ? Ai-je le choix de toute façon quand mon sang s'écoule si vite de ma blessure. Ma vie me quitte. Je le sens. Plus sérieusement, qui s'est vraiment soucié de ce que je voulais vraiment ? Le compte est vite fait. Un enfant pourrait le faire. Personne…

Même pas moi.

J'ai mal. Aidez-moi.

Je n'ai jamais choisi ma vie. On l'a toujours fait à ma place et mes regrets sont nombreux à présent. Si j'avais eu ce choix, serais-je là aujourd'hui ? Serais-je devenu cette machine à tuer qu'a créée mon père. Sans doute pas. J'aurais fait des études d'art, je serais devenu peintre, qui sait ? Si maman avait vécu, tout aurait été différent aussi. Mais avec des si, on refait le monde.

Maman…

Ma mère est morte quand j'avais quatre ans. Je n'ai pas de souvenirs d'elle. Enfin, si peu. Juste une musique et un parfum. Un mélange de primevères fraîchement cueillies et de jasmin. Il me semble le sentir à nouveau. Maman, viendrais-tu me chercher ?

La douleur est dans ma tête, à présent.

Quelqu'un me prend dans ses bras. Mais qui ? Je reviens à la réalité par un grand effort de ma volonté. Dieu que c'est difficile. J'ai mal, si mal. Tout à coup, je comprends que c'est Largo. Simon est à côté de lui. Ils me regardent tous les deux bizarrement. Salut les gars ! Ca va ? La forme ? Dans un sens, je suis rassurée. Largo est vivant et Simon pourra le protéger quand ils rentreront au Groupe. Mais… On dirait qu'ils pleurent. Pourquoi ? Ca y est. J'ai compris, ils pleurent car je vais mourir. C'est idiot. Est-ce que je pleure, moi ?

D'accord, j'admet. Un peu. Mais c'est moi qui ai pris cette balle. Pas eux. Et s'ils m'avaient écouté, on en serait pas là. Pourquoi ne m'écoute-t-il jamais ? Ce sont de vrais enfants, ce sont mes enfants.

J'ai mal…

Mais je les envie.
Moi aussi, j'aurais aimé être insouciante, moi aussi, j'aurais aimé me rire du danger. Mais je ne sais pas faire ça. J'ai été formatée pour anticiper le danger. Merci, papa… Chez moi, pas de spontanéité, rien d'humain. Encore merci, Charles.

Je n'ai pas vécu. Ce constat s'impose à moi dans toute son horreur. Que sais-je de la vie, de l'amour, de l'amitié ?

De l'amitié, quelques trucs. Ce sont eux qui me les ont soufflés. Largo, Simon, Kerensky. Mes amis, ma famille… Désolée d'avoir douté de toi Kerensky… Puisses-tu un jour me pardonner…

J'ai mal… Cette douleur avive mes regrets.

De l'amour, encore moins. J'ai aimé, ça oui. Ma mère, mon père, Donovan. Et même lui. Lui qui pleure sur le cadavre en devenir que je suis. Mais qui m'a aimé ? Encore une autre question sans réponse. Je pense à lui. Ses bras m'enserre et dans un sens, je suis bien. Je l'aime. D'ailleurs, si je ne l'avais pas aimé, serais-je étendue là pour mourir ? Non… Sans aucune hésitation, non. Il y aurait longtemps que j'aurais donné ma démission.

Je dois lui dire. Encore une certitude qui s'impose à moi. Ca commence à faire beaucoup pour la journée. Je dois lui dire. Je ne peux pas emporter ça dans la tombe avec moi. Sinon, je m'en voudrais et cela s'ajoutera au poids déjà lourd de mes regrets. Je lui dois la vérité. Je me dois la vérité.

J'ai mal…

Je cherche son regard. Dieu qu'il est beau. Il a l'air sincèrement bouleversé. Dans ses yeux, de l'amour ? J'aurais peut-être pu être heureuse après tout. Encore un regret. Un. Garçon, l'addition, s'il vous plaît ! Je dois lui dire, mais les mots ont du mal à sortir. Je les vois tous les deux, penchés sur moi, tentant de décrypter ce que je vais dire. Mes amis… Mon amour… Je forme un mot difficilement. " Je… ". Ma voix est lointaine, très lointaine. Peut-être suis-je très loin ? J'essaye de continuer. Je hurle ces mots dans ma tête. Trois mots.

JE T'AIME ! JE T'AIME ! JE T'AIME !

Mais rien ne vient. Je ne peux pas. Rien à faire. Il est trop tard. Trop tard pour moi. Trop tard pour nous.

Tiens bizarre. La douleur s'atténue. Je glisse de plus en plus loin. Je ferme les yeux. Je veux que tout cela cesse. Je sais que s'il existe un paradis, il n'est pas pour moi. Les gens qui ont du sang sur les mains ne vont pas au paradis. Ou alors, il y a un problème. J'ai tué pour la justice humaine. Mais la justice divine m'en tiendra rigueur. Je le sais, je l'accepte. Une chanson me revient dans la tête. Elle faisait : "Where's that fucking paradize ? ". Je ne saurais jamais. On se retrouvera chez Lucifer, Jagger. Ne compte pas sur moi pour te payer à boire.

Profond… De plus en plus profond… Je glisse. Jusqu'où ?

Je voudrais ouvrir les yeux pour les consoler, pour me repaître de son image une dernière fois. Mais je ne peux.

Alors c'est ça la mort ? Une glissade infinie ?

Largo, je t'en prie. Fais attention à toi, que ma mort ne soit pas vaine.

Profond…

Simon… Veille sur lui.

Je glisse…

Kerensky, veille sur eux.

Profond…

Je ne veux pas mourir. J'ai encore tant de choses à faire, à dire, à vivre.

Je glisse…

J'entends des sanglots, des gémissements. Ne pleurez pas.

Tout à coup tout s'arrête. Tout se stabilise. C'est le vide, le néant.

Je meurs.

Au revoir, Largo, Simon, Georgi… Adieu, mes amis, mes frères.

Adieu ma vie, adieu mes frères.

A nous deux, Satan.


Le lendemain dans le journal :

" Fusillade sanglante dans un entrepôt de Montréal. On déplore une dizaine de morts dont la garde du corps du célèbre milliardaire Largo Winch. […] "

FIN
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