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 Pyrrhonisme

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Scilia
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Scilia


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MessageSujet: Pyrrhonisme   Pyrrhonisme Icon_minitimeLun 8 Nov - 15:17

Cela faisait un bout de temps que je n'avais pas écrit pour cette série mais Kerensky m'a titillé ces derniers temps alors... bonne lecture ^^

****

Pyrrhonisme *


C’est étrange, c’est seulement en arpentant ce couloir d’hôpital jusqu’à sa chambre que je prends conscience des changements qui se sont, et qui vont, s’opérés dans mon existence et du fait que j’aurais du être là, avec elle au lieu d’être à l’autre bout du monde avec mon capitaliste de patron. Il a beau avoir un jet rapide, on ne parcourt pas la moitié de la planète en deux secondes. Je le sais. Elle le sait. Et je sais aussi qu’elle ne dira rien, ne me fera aucun reproche alors qu’elle en aurait tout à fait le droit car je savais ce qui allait arriver mais j’ai choisi de partir. Mon travail, ai-je prétexté, comme si cela expliquait tout. La réalité, c’est que j’avais besoin d’un peu d’espace, de prendre du recul par apport à elle, à moi. L’a-t-elle compris ? Je ne le sais pas mais une fois de plus elle a accepté ma décision sans mot dire. Je ne la mérite pas. Je le lui ai déjà dit une fois mais elle s’est contentée de me sourire, un sourire tel que je n’en avais pas eu depuis des années. Je crois que la dernière personne qui m’a sourit ainsi c’était ma mère alors que j’étais encore enfant. C’est étrange mais depuis quelques semaines je pense souvent à elle, à eux, mes parents. Nul doute que j’ai du les décevoir alors qu’ils avaient mis tant d’espoirs en moi. Ils étaient sans doute persuadés que le fait d’entrer au KGB allait me procurer une vie confortable et paisible. S’ils avaient su, m’auraient-ils quand même vendu à cet homme qui passait, de village en village, pour recruter de jeunes garçons ? Je n’aurais, hélas, jamais de réponse à cette question. Je les ai perdus, comme j’ai perdu, au fil du temps, tous ceux que j’aimais.

Quand je l’ai rencontrée, mon premier réflexe a été de la fuir. Je ne voulais plus souffrir. Marissa avait sonné le glas de ma vie amoureuse. A quoi bon s’investir de nouveau, croire que les choses seront différentes alors que l’on sait, que l’on sent, qu’il n’en sera rien. Si Marissa n’était pas morte dans l’incendie de son appartement, elle l’aurait probablement été de mes mains. La trahison est une chose que je ne peux pas pardonner, pas de la part d’une personne que j’aime. Je suis entier, exclusif, égoïste même quand je suis amoureux. Mais revenons à elle, ses immenses yeux verts s’étaient posés sur moi depuis l’instant où j’avais pénétré dans ce restaurant. Je l’avais senti et avais daigné croiser son regard durant quelques brèves secondes. Elle était jolie. C’était la première chose qui m’était venu à l’esprit. Je n’avais guère pu poursuivre mon examen car Largo avait réservé une table à l’étage des VIP et je me devais de les suivre pour fêter l’anniversaire de Joy. J’imagine aisément ce que ressentent les ennemis de Superman, ce héros capitaliste par excellence, quand ce dernier les passe au rayon x. J’avais l’impression que son regard me transperçait et surtout m’enveloppait d’une douce chaleur que je n’avais plus ressentie depuis longtemps. J’aimais cette sensation mais en même temps elle me dérangeait car elle risquait de percer la carapace que j’avais eue tant de mal à rebâtir. Les choses en sont restées là. Quand nous sommes redescendus, elle avait disparut. Il n’y avait plus aucune trace de sa présence à tel point que je me suis demandé si je ne l’avais pas rêvée. Les autres n’ont rien remarqué, trop occupés à décider de ce que nous allions faire du reste de la soirée. J’ai décliné leur offre, je n’avais aucune envie de passer le reste de la soirée dans une boîte de nuit. Le bruit de ce genre de lieu m’insupporte vite, je ne les fréquente que lorsque je n’ai pas le choix. J’ai donc pris congé de Joy et des autres, après lui avoir souhaité de nouveau un bon anniversaire. Je savais que mon cadeau l’avait touché, même si elle s’était appliquée à garder un visage neutre. Cette vieille édition d’Alice au pays des merveilles lui rappelait sa mère, elle lui en lisait un passage chaque soir avant qu’elle ne s’endorme. Elle s’était laissé aller à me confier cette information personnelle un soir où elle ne se sentait pas bien. Je lui avais remonté le moral à coup de vodka, en échange, elle m’avait fait quelques confidences. J’étais donc rentré chez moi, songeant à cet ange roux qui avait croisé mon chemin et réussi à troubler la paix de mon âme d’un simple regard.

Je ne l’ai revue qu’une semaine plus tard, dans les locaux du groupe. J’avais inconsciemment gravé son image dans mon esprit, aussi n’eus-je pas de mal à la reconnaître quand je croisais la nouvelle secrétaire de Cardignac. Ce dernier ne m’avait pas vu sortir du bureau de Sullivan et s’amusait, avec un plaisir pervers, à lui donner divers ordres tout en avançant à grands pas dans le couloir, faisant mine d’ignorer la pile de dossier qu’elle portait et qui l’empêchait de noter ses consignes. Il stoppa et se retourna brusquement.

— Je ne pense pas que vous resterez longtemps parmi nous, lâcha-t-il dédaigneusement, si vous n’êtes pas un peu plus dégourdie.
— Désolée monsieur, bredouilla-t-elle gênée.
— Je n’ai pas besoin de vos excuses, j’ai besoin de collaborateurs efficaces, mademoiselle Beaumont.
— Mais je…
— Je reviens dans deux heures, déclara-t-il en se dirigeant vers l’ascenseur et la bousculant volontairement.

Un sourire vicieux s’était affiché sur le visage du Français quand elle avait laissé échapper les dossiers qu’elle portait mais il disparu dès qu’il m’eut dans sa ligne de vision. Je lui lançais un regard glacial tandis que les portes se refermaient lentement sur lui. J’eus la sensation de rejouer la même scène que quelques mois plutôt lorsque je l’aidais à ramasser ses papiers. Elle osa à peine lever les yeux sur moi et me remercia du bout des lèvres. Rien à voir avec la femme pleine d’assurance que j’avais croisé dans ce restaurant pourtant c’était elle, j’en aurais mis ma main à couper. Elle m’abandonna rapidement pour retourner à son poste. Je la suivais des yeux, ne pouvant m’empêcher de contempler ses formes moulées dans un tailleur beige très simple. Le hasard voulu qu’elle ait une panne de voiture ce soir-là. Elle était restée assez tard pour rattraper le retard accumulé dans la journée, Cardignac ne lui avait laissé, j’en étais certain, aucun répit et elle n’avait dû pouvoir réellement travailler qu’après son départ. De mon côté, j’avais décidé de m’accorder une soirée de « repos ». C’est à dire que, pour la première fois de la semaine, j’allais regagner cet appartement vide où je ne m’étais quasiment jamais senti à l’aise. Une fois sorti de l’ascenseur, à l’étage du parking, j’entendis d’abord une portière claquer violemment, un cri de frustration prononcé par une voix féminine et enfin des pleurs. Ces derniers m’auraient fait immédiatement fait fuir si mon âme de gentleman n’avait pris le dessus. Je déteste les larmes, je ne sais pas comment consoler, que dire à la personne qui pleure. Tout ce qui me vient toujours à l’esprit c’est que je serais mille fois mieux ailleurs. Pourtant, ce soir là, j’ai cherché la provenance de ces pleurs et je l’ai trouvé à quelques mètres de moi. Elle avait détaché son abondante chevelure qui encadrait son visage baigné de larmes. Dès qu’elle s’est aperçue qu’elle n’était plus seule, elle s’est redressée et a rapidement essuyé ses yeux.

— Est-ce que… ma voiture refuse de démarrer, expliqua-t-elle en reprenant contenance, est-ce que vous vous y connaissez en mécanique ?

Je ne savais pas quoi répondre. Je n’étais pas un pro mais j’avais quelques notions, gracieusement inculquées par le KGB, pour résoudre les problèmes simples. Je me laissais le temps de la rejoindre pour répliquer.

— Je peux toujours regarder.

C’était court, simple et terriblement froid, du moins est-ce ce l’impression que j’ai eue mais elle n’a pas semblé en prendre ombrage. Je jetais donc un œil sous le capot de sa Cadillac qui me semblait être une voiture de collection. La sentant m’observer, je décidais de reprendre la conversation. J’avais pris des habitudes d’ours mal léché qu’elle me poussait, inconsciemment, à abandonner.

— Elle est de 1970 ?
— 1960. Elle appartenait à mon père qui n’avait quasiment pas de problème avec elle mais depuis sa mort…
— Je suis désolé, répondis-je en voyant qu’elle se murait dans un silence prolongé.
— Vous n’y pouvez rien.
— Je crains de ne rien pouvoir faire non plus pour votre voiture. Le démarreur est HS.
— Et merde, voilà comment terminer une journée pénible en beauté ! Excusez-moi, reprit-elle aussitôt, vous n’avez pas à pâtir de ma mauvaise humeur. Merci de votre aide.
— Je n’ai rien fait, fis-je remarquer avec un léger haussement d’épaules.
— Vu l’amabilité des trois quarts des employés de ce groupe, je dirais que vous avez fait beaucoup rien qu’en vous arrêtant.

Je ne sais ce qui m’a pris à ce moment-là. Mon âme de gentleman, encore et toujours sans doute. Je lui ai proposé de la raccompagner, prétextant même, quand elle refusa, que c’était sur ma route. Ce n’était pas le cas, elle habitait même à l’opposé de chez moi. Le trajet fut rapide. New York est une ville en perpétuel mouvement mais la circulation est tout de même plus fluide à certaines heures. Le silence s’est installé dans la voiture mais il n’était pas pesant, bien au contraire. J’ai eu la sensation de partager beaucoup plus de chose avec elle que si nous avions devisés longuement. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai mis de l’espace entre elle et moi. Après l’avoir raccompagnée, je ne l’ai pas revue pendant trois mois ce qui n’était pas bien difficile puisque je passe la majorité du temps dans les entrailles du groupe W. Enfin, quand je dis que je ne l’ai pas revue, le terme n’est pas vraiment exact car elle était devenue une véritable obsession depuis ce fameux soir. Je ne pouvais plus fermer les yeux sans voir son visage s’imprimer sur mes paupières, son parfum semblait s’être imprimé sur ma peau. Un des avantages de travailler au bunker, c’est d’avoir accès à la totalité des caméras du building. Je pouvais donc la suivre sur les écrans de surveillance. J’avais espionné de la sorte des milliers de personne pour préparer mes missions mais jamais ne m’étais senti l’âme d’un voyeur. Avec elle, c’était différent. J’essayai de me convaincre que je veillais sur elle de loin, que j’étais son ange-gardien pour le cas où Cardignac dépasserait la mesure, ce qu’il semblait ne pas avoir fait depuis notre brève rencontre. Il avait dû se rappeler ma menace de l’effacer purement et simplement et décider de se montrer un peu plus courtois avec elle. La vérité était autre. Il y avait quelque chose chez elle qui m’attirais, tel un papillon de nuit qui va vers la flamme tout en sachant qu’elle lui sera fatale. Pendant que je succombai à cette monomanie, Joy et Largo devenaient de plus en plus proches, s’avouant enfin ce que tout le monde savait, du moins Simon et moi, depuis des mois. Joy avait baissé sa garde et enfin accepté de vivre. Ce que je n’avais pas prévu, c’était que son bonheur tout neuf, elle désirait le faire partager ou plutôt que ses amis les plus proches le connaisse aussi. Hélas, je faisais partie de ceux-là. Joy était convaincue qu’elle pourrait me trouver la femme idéale dans ses relations et celles de Largo. Ce dernier avait jugé préférable de ne rien faire qui puisse contrarier sa charmante fiancée, ce qui était lâche et à la fois sensé. Je refusais systématiquement tout rendez-vous, au grand dam de Joy mais cette dernière n’avait pas dit son dernier mot. J’avais eu soigneusement l’intention d’éviter la soirée de Noël du groupe mais Largo et Joy en avaient décidé autrement. Je déteste les soirées de ce genre et Largo le sait mais cela ne l’a pas empêché de me forcer la main en me promettant d’équiper le bunker d’un des gadgets informatiques que je lorgnais depuis quelques semaines, idée soufflée, j’en suis persuadé, par sa douce moitié. Je suis censé être incorruptible mais je n’ai jamais pu résister à un bijou technologique dernier cri. Et puis, j’avais promis d’aller à cette soirée mais pas d’y rester plus de quelques minutes, du moins était-ce ce que j’avais cru.

La soirée battait son plein quand Joy s’est décidée à venir me tirer de mon antre où j’avais trouvé un refuge temporaire, je le savais. C’est avec un bougonnement digne de ma réputation que je consentis à la suivre jusqu’à la salle où se déroulait la fête. Je suis toujours étonné par le degré d’hypocrisie qu’est capable de fournir l’être humain. La majorité de ces gens se détestaient et prenaient habituellement un malin plaisir à s’éviter mais ce soir ils avaient tous un sourire cauteleux sur le visage. Je restais fidèle à moi-même et passais quelques minutes avec mes amis, avant qu’ils ne se dispersent dans la salle. Resté seul, je n’eus qu’une envie : retourner dans mon antre. Je m’apprêtai donc à fuir quand mon regard s’est posé sur elle. Elle discutait avec deux autres femmes, un sourire contrit sur le visage. Visiblement, elle semblait aussi heureuse que moi d’être là. Un homme vint les rejoindre et glissa son bras sur sa taille. Aussitôt un sentiment de jalousie naquit en moi, je le jugeai saugrenu et irrationnel. Elle n’était rien pour moi alors de quel droit… Je ne pouvais quitter la scène des yeux et vit, avec soulagement, qu’elle se dégageait de l’emprise de l’inconnu. Elle parla brièvement à ses deux compagnes avant de les quitter. Je la suivis tandis qu’elle se dirigeait vers son bureau, sans doute pour récupérer ses affaires et rentrer chez elle. La raison me disait de faire de même mais pour une fois dans ma vie, j’étais résolu à ne pas l’écouter. Je ne savais pas ce que j’allais lui dire ni ce que j’allais faire mais je ne pus m’en empêcher. Elle mit moins de temps que je ne l’escomptai pour prendre son sac et son manteau aussi me retrouvai-je face à elle quand elle ouvrit la porte du bureau. Une sensation de chaleur inonda mon être quand elle me sourit après m’avoir reconnu.
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MessageSujet: Re: Pyrrhonisme   Pyrrhonisme Icon_minitimeLun 8 Nov - 15:17

— Bonsoir.

Pour une des rares fois dans ma vie, je compris ce que ressent un adolescent quand il doit inviter une fille au bal de promo. Ma gorge était sèche, mon pouls s’était légèrement emballée et ma capacité à converser semblait avoir disparu dans le néant pourtant je devais dire quelque chose. Elle devait être étonnée de me trouver juste derrière la porte de son bureau pourtant les traits de son visage ne l’indiquait pas.

— Je ne savais pas que vous étiez à la fête, dit-elle en semblant ne pas avoir remarqué que je n’avais toujours pas dit un mot.
— Oui, j’y suis passé quelques instants.
— Vous n’êtes pas fan de ce genre de soirée, n’est-ce pas ?

Elle lisait en moi comme dans un livre ouvert. Etais-je devenu aussi limpide avec les années ?

— Effectivement.
— Excusez-moi mais je dois partir, je ne voudrais pas manquer le dernier métro.
— Votre voiture n’est pas réparée ? M’étonnai-je.
— Non, je n’ai pas les moyens pour le moment. Votre diagnostique était bon mais le garagiste a trouvé autre chose.
— Je peux vous raccompagner si vous le désirez.
— Vous êtes gentil mais vous avez certainement mieux à faire, retrouver votre compagne par exemple.
— Ma compagne, répétai-je en ne comprenant pas à qui elle faisait allusion.
— Oh… eh bien, je supposais que vous n’étiez pas venu seul à la réception.
— C’est pourtant le cas.
— Je dois vraiment y aller, répondit-elle mal à l’aise en consultant sa montre.
— Vous êtes certaine que…
— Oui… merci.

Je remarquai la couleur rosée qu’avaient pris ses joues quand elle passa près de moi. Elle semblait aussi gênée et hésitante que je l’étais. Je décidais de me ressaisir. Je n’avais pas envie de la laisser partir alors qu’elle était si près de moi, que son parfum m’avait enivré, sa voix bercée, son regard transpercé.

— Vous accepteriez de boire un café avec moi ?

L’invitation était lancée. Je sentis mon rythme cardiaque s’accélérer dans l’attente de sa réponse. Qu’avait-elle donc de spécial pour que mes réactions, d’habitude si contrôlées, changent du tout au tout ? Elle se retourna lentement, semblant hésiter sur la conduite à tenir, avant de me répondre. Avait-elle pensé à moi durant ces longues semaines ? Avait-elle eu envie de savoir qui était cet homme qui l’avait aidée ? Je sus qu’oui dès que je croisai de nouveau son regard. L’envie se disputait à la prudence. Nul doute qu’elle avait été blessée par un homme, peut-être plusieurs, par le passé et qu’elle ne tenait pas à prendre de risques.

— Je… oui.

Sa réponse n’avait été qu’un murmure mais j’avais pu la lire sur ses lèvres que j’aurais goûtées sur-le-champ si cela ne l’avait pas fait fuir loin de moi. Ce fut notre premier rendez-vous. Un café prit dans un vieux bar que je connaissais et que je savais discret à quelques pas de Central Park. Nous y retournâmes plusieurs fois par la suite, passant de longs moments à parler de tout et de rien. C’était la première fois que parler de choses insignifiantes ne m’ennuyait pas. Elle avait un esprit ouvert et tentait de me convaincre quand je n’étais pas d’accord avec elle. Nous passions des heures à échanger nos points de vue sur la politique, la littérature, le cinéma. Nos rendez-vous se rapprochèrent peu à peu, elle était entrée dans ma vie avec une facilité déconcertante et la bouleversait sans même le savoir. Simon, lui, l’avait remarqué et prenait un malin plaisir à trouver la cause de ce changement. Six mois plus tard, je goûtais sa peau nacrée, m’enivrais de ses baisers, la sentais vibrer de plaisir entre mes bras. Notre relation passait un nouveau cap. Elle n’avait plus peur, me faisait aveuglement confiance et s’épanouissait telle une rose aux premières gouttes de rosée. Elle n’était pas la seule. Même si je gardais une apparence rigide en public, j’étais devenu un autre homme grâce à elle. J’avais redécouvert ce que signifiait le mot « vivre ». Bien sûr, j’avais conscience que certaines de mes vieilles connaissances pourraient revenir dans ma vie mais j’avais décidé de ne plus me poser en victime. Quelques semaines plus tard, Largo, Joy et Simon faisaient sa connaissance. Je n’y tenais pas particulièrement, appréciant de l’avoir pour moi seul, mais les circonstances en décidèrent autrement. J’étais allé la chercher à son bureau ce soir-là et je n’avais pas eu la patience d’attendre que nous soyons à l’extérieur du groupe pour l’embrasser. Je goûtais ses lèvres dans l’ascenseur, profitant du fait que peu de personne pouvait l’appeler du fait de l’heure tardive. J’avais oublié mes trois amis qui revenaient d’un dîner d’affaires et qui eurent la surprise de nous voir enlacés quand l’ascenseur ouvrit ses portes au niveau du parking. Simon ne put s’empêcher de sortir une ou deux remarques d’un goût douteux tandis que Joy était ravie de rencontrer ma compagne et l’invitait au mariage prévu le mois suivant. Largo proposa de finir la soirée au penthouse. Je fus tenté de refuser car je savais que Valérie redoutait cette rencontre mais elle me surprit en prenant l’initiative d’accepter. Ils étaient ma famille et elle voulait les connaître, dut-elle vaincre la peur panique qui l’habitait. Après cette soirée, nous nous réunîmes régulièrement. Valérie et Joy prenaient plaisir à faire les boutiques ensemble, à déjeuner ou même juste à parler. J’étais sidéré par la vitesse à laquelle il l’avait adoptée. Simon se plaisait à la taquiner tandis que Largo était ravi de voir que sa future femme s’était fait une amie proche. Joy avait vraiment changé au contact du milliardaire et la voir épanouie faisait plaisir à voir.

Me voilà devant la porte de sa chambre, je suis impatient et en même temps légèrement angoissé. C’est ridicule, je le sais mais la femme que j’aime est là, de l’autre coté, et m’a fait le plus beau des cadeaux, celui dont je n’aurais même pas osé rêver. La porte est entrouverte sa voix me parvient.

— Ne pleure pas mon ange. Papa va bientôt venir. Je sais que tu as envie de le voir et je sais aussi qu’il a hâte de faire ta connaissance. Il aurait aimé assister à ta naissance mais il ne pouvait pas mais je te promets que cela ne l’empêchera pas de t’aimer de toutes ses forces. Je suis même certaine qu’il te gâtera beaucoup trop. Tout va bien, maman est là, calme-toi.

Comment fait-elle pour toujours trouver les mots justes ? Comment sait-elle que je vais l’aimer, ce bébé, alors que je ne l’ai jamais vu ? Saurais-je faire face à la situation ? Il y a tellement de questions qui me viennent à l’esprit, tellement de doutes alors qu’elle semble si sûre d’elle. Une infirmière m’a remarqué et s’approche, elle doit se demander pourquoi je suis depuis cinq minutes devant la chambre sans me décider à entrer. Je jette un coup d’œil sur le bouquet de roses rouges que je lui ai apporté et pousse un profond soupir avant de pousser le battant. Elle est là, assise dans le lit, tenant contre son cœur une petite forme vêtue d’un pyjama vert d’eau. Son visage rayonne quand elle m’aperçoit, un sourire ému se dessine tandis que je m’approche d’elle.

— Bonjour.
— Approche, dit-elle en voyant que j’hésite à franchir cette barrière invisible qui va faire de moi un père, ce que je suis déjà en fait mais je ne le réalise pas encore tout à fait.

Je franchis les quelques mètres qui nous séparent et m’assoies au bord du lit pour découvrir ma fille. Petite forme entre mes immenses bras qui semblent à peine pouvoir la soutenir. Elle dort, offrant son visage tranquille au monde, insouciante des doutes et des peurs qui m’habitent. Il y a une telle sérénité dans ce visage, un tel calme que j’en suis troublé. L’être que je tiens entre mes mains est issu de ma chair et mon sang, possédera certainement une partie de mon caractère, de mes défauts, de mes qualités mais ce qui me semble le plus étrange, c’est qu’elle m’aimera inconditionnellement, sans se soucier de ce que j’ai pu faire par le passé. Sa petite main s’agrippe à mon doigt et une bouffée d’amour me transperce. Je l’aime déjà et je ferais tout pour qu’elle soit heureuse, qu’elles soient heureuses. Ma femme et ma fille. Ma famille.

The end

* scepticisme radical, doctrine de Pyrrhon
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MessageSujet: Super !   Pyrrhonisme Icon_minitimeDim 6 Mar - 20:40

Merci pour cette histoire.
Pour une fois que le pauvre Kerenski ne finit pas tout seul dans son bunker ça fait plaisir !
Cool
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Scilia
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MessageSujet: Re: Pyrrhonisme   Pyrrhonisme Icon_minitimeSam 12 Mar - 23:43

ah ben faut bien le dorloter un peu ce petit, afin de pouvoir mieux le torturer après lol

contente que tu aies aimé ^^
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MessageSujet: Re: Pyrrhonisme   Pyrrhonisme Icon_minitime

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