Bienvenue sur notre forum ^_^
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Bienvenue sur notre forum ^_^


 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -14%
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 ...
Voir le deal
799 €

 

 A l'aube - Petit Ange

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

A l'aube - Petit Ange Empty
MessageSujet: A l'aube - Petit Ange   A l'aube - Petit Ange Icon_minitimeLun 26 Déc - 19:33

A l’aube



***



“ Elle est morte. ”
La voix du policier était sombre, monocorde, froide. Il avait dû annoncer ce genre de nouvelles si souvent. La douleur atroce des familles à l'annonce de la perte de l’être chéri ne devait plus rien dire pour lui. Avec le temps, elle s’était banalisée. Tous ces cris, toutes ces larmes, toute cette souffrance ne lui parlaient plus. Il ne ressentait plus désormais de pincement au cœur, ni cette sensation d’amertume qui faisait qu’en rentrant chez lui le soir, auprès de son épouse et de ses deux petits garçons, il se sentait mal de ne pas avoir pu accomplir son métier comme il le fallait.
La police avait échoué à la protéger.
Et puis qu’auraient-ils pu faire ? Ses ennemis étaient invincibles, puissants, inattaquables. Des ennemis de l’intérieur.
Elle s’était suicidée.
Kerensky regarda le cadavre de la jeune femme, désarticulé sur ce trottoir froid et humide. Tout ce sang rouge foncé qui s’était écoulé vers le caniveau au moment où elle s’était tranchée la gorge, avait coagulé et demeurait là, preuve glaçante de l’horreur dont il avait été témoin. Les policiers prenaient les photos, ramassaient des indices mais sans vraiment y avoir le cœur. A quoi auraient servi toutes ces preuves médico-légales ? La femme s’était donné la mort, devant témoins, avec un large couteau de cuisine qui demeurait encore coincé dans la paume de sa main, retenu par le début de rigidité cadavérique.
Bientôt, ils la couvriraient d’un drap et l’emporteraient sur une de ces civières, dans le camion du coroner. Et ils ne la reverraient plus jamais.
Kerensky chercha du regard Simon.
Il avait hurlé, il avait tout fait pour l’empêcher de faire ça, mais cela n’avait servi à rien, elle était devenue folle. Plus rien n’aurait pu l’empêcher de faire ce qui était sa destinée. Kerensky pouvait encore entendre le long cri douloureux et déchirant qu’avait poussé le Suisse lorsqu’elle avait porté ce couteau à sa gorge et que d’un geste sec et brusque elle s’était sectionnée la trachée. Elle s’était ensuite écroulée sur le sol, encore vivante, étouffant dans son sang. Simon s’était aussitôt précipité vers elle pour la prendre dans ses bras. Impuissant, Kerensky, ayant déjà appelé des secours qui ne se décidaient pas à arriver, ne pouvait rien faire à part la regarder mourir et se vider de son sang.
Elle avait hoqueté, râlé. Simon la serrait contre lui, la suppliant de rester avec eux, de ne pas les abandonner. Elle avait bien tenté de lui dire quelque chose mais elle ne pouvait plus parler. Simon avait dû comprendre.
Elle avait poussé son dernier souffle alors que l’ambulance et la police arrivaient. Simon restait penché au-dessus de son cadavre, catatonique, choqué, traumatisé par cette fin atroce. Il refusait de la libérer de l’emprise de ses bras. Les policiers avaient dû l’arracher à lui et le repousser quelques mètres plus loin. Hagard, il avait fait quelques pas, en zigzag, cherchant à retrouver ses esprits. Il avait regardé une dernière fois dans sa direction et en croisant son regard révulsé de morte, il avait été pris d’un spasme nerveux et s’était penché au-dessus des égouts pour cracher sa bile.
Puis il s’était écroulé, à genoux, sur le goudron humide de New York sous la pluie. Les gouttes d’eau tombant du ciel se mélangeant à celles perlant sur son visage contorsionné par la douleur.
Kerensky ne savait pas quoi faire. Il ne se sentait pas suffisamment proche de Simon pour aller le réconforter. D’ailleurs rien, ni personne n’aurait pu le réconforter d’une telle perte. Le Russe lui-même ne savait pas où il en était. Il pensa alors à Largo, qui mort d’inquiétude, demeuré au penthouse, ignorait tout de ce qu’il s’était passé. Kerensky lui passa un laconique appel téléphonique. Incapable de lui dire quelle s’était suicidée, que tout était fini, incapable de lui dire des mots rassurants et réconfortants, il se borna à lui demander de les rejoindre.
“ Georgi ! Georgi ! Où est-elle ? Où est-elle ? ” cria la voix de Largo, déchirant un rare silence entre les sirènes et le manège de la police.
Le Russe se retourna pour rencontrer le regard paniqué et terrorisé de son patron.
“ Joy ! Où est Joy ? Comment va-t-elle ? ”
Kerensky hocha la tête, et malgré la fatigue et le découragement, il trouva la force d’esquisser un sourire réconfortant pour son patron et ami.
“ Joy va bien. Elle a pris un coup de couteau, superficiel heureusement. Des ambulanciers lui font des points de suture. ”
Kerensky lui indiqua d’un signe de tête l’ambulance de laquelle Joy émergeait, accompagnée par un médecin. Elle paraissait un peu sonnée et livide, mais vivante et en pleine santé. Largo eut un sourire irrationnel sur le visage et se précipita à sa rencontre. Le Russe n’entendit pas ce qu’ils se disaient. Il vit juste son patron milliardaire serrer dans ses bras sa petite amie et l’embrasser avidement, comme pour s’assurer qu’elle était bien vivante.
Puis son regard se porta sur la jeune femme emportée par les membres du service du coroner. Ils allaient la monter dans leur véhicule lorsque Simon les arrêta. Il demanda à rester seul avec elle un moment. Pendant une longue minute, il resta à contempler cette forme endormie, couverte par une de ces horribles housses de plastique noir. Il mit la main sur la fermeture, hésitant.
Le Russe eut un pincement au cœur devant le désarroi du Suisse. Largo et Joy le rejoignirent. Le jeune milliardaire eut une grimace indescriptible sur le visage.
“ C’est Lorna ? ” demanda-t-il.
Joy se serra plus fort contre lui discrètement, presque imperceptiblement.
“ Elle s’est donné la mort Largo. Tu sais ... Elle ne me voulait pas de mal ... Ce n’était pas de sa faute ... expliqua-t-elle.
- Je sais. Je n’en veux à personne ... murmura-t-il.
- Alors tu devrais aller soutenir ton ami. ” déclara Kerensky.
Largo hocha la tête. Il se détacha de l’étreinte de Joy et rejoignit son ami, toujours immobile et hébété, comme statufié devant le cadavre de Lorna emballé dans cette inhumaine souche sombre. Il mit sa main sur son épaule. Le Suisse leva un regard sauvage et perdu vers son meilleur ami, et mis en confiance par sa présence simple et rassurante, il ouvrit lentement la fermeture pour contempler une dernière fois le visage de sa bien-aimée. Il ne vit qu’une morte, vidée de son sang, pâle, cadavérique, anguleuse. Des lèvres blanches pincées en une expression de douleur intense. Des paupières désespérément closes masquant pour toujours ses magnifique iris d’une couleur bleue plus pure que celle de l’eau.
Et il éclata en sanglots.


*****


J’ai aimé Lorna dès la première seconde.
J’avais quatorze ans, elle en avait seize.
Je n’étais rien pour elle, juste le petit garnement qui s’amusait à piquer le journal de son père sur le palier de sa porte, juste cet orphelin un peu cinglé qui courait dans tous les sens, traînant sa petite sœur par la main, afin d’éviter que les services sociaux ne les séparent. Pour cela elle éprouvait une certaine sympathie pour moi. J’aurais pu en profiter, mais je ne voulais pas qu’elle m’aime par pitié ou par compassion. Je voulais qu’elle m’aime vraiment, d’un amour fou et sans borne, comme moi je l’aimais.
J’ai toujours tout ignoré de ses problèmes. Je ne savais pas pourquoi elle avait passé son enfance à déménager, ni pourquoi ses parents arboraient cette horrible air fatigué et découragé. Je ne savais pas non plus pourquoi elle n’allait jamais à l’école. Je ne savais pas pourquoi elle prenait ces pilules.
Je n’avais jamais osé lui demander. Je craignais qu’elle ne souffre d’une maladie incurable, une de celles qui vous tue lentement, cruellement, vous laissant à peine le temps d’aimer et de découvrir, pour vous arracher aussitôt à la vie. J’avais tellement peur de voir un jour ses beaux yeux bleus se voiler de tristesse en m’expliquant qu’elle n’en avait plus pour longtemps.
Elle n’était pas mourante.
Elle souffrait juste d’une maladie n’existant que dans sa tête et à laquelle personne ne pouvait rien. Ses parents n’avaient pas les moyens de la faire interner dans un hôpital psychiatrique, mais ils se saignaient aux veines pour qu’elle puisse bénéficier de ses pilules. Et elle se sentait mieux, même si parfois ses crises de psychose la reprenaient ...
Personne ne savait d’où sa maladie pouvait lui venir. Comment une personne comme elle, si belle et douce pouvait souffrir de cet horrible sarcome qui lui rongeait les sens ? On me disait qu’elle était née folle. Et mon Dieu qu’est-ce que je pouvais détester les gens qui parlaient d’elle comme ça. Moi je ne l’ai jamais vue comme une personne malade. Je n’ai jamais connu que la Lorna douce, drôle et souriante. Celle qui m’avait donné mon premier baiser, celle que j’avais aimée pour la première fois. Celle à qui j’avais fait un enfant.
Mais c’est sans doute parce qu’elle ne m’a jamais laissé suffisamment de temps pour découvrir ce que c’était de vivre auprès d’elle au quotidien. C’était sans doute parce que je ne l’avais connue que sous la rassurante emprise de ses médicaments.
Je venais d’avoir 16 ans quand j’ai réussi à la faire céder. A force d’acharnement et de patience digne de celle d’un ange, j’ai réussi à lui arracher ce baiser, sous un portique qui nous servait d’abri par une nuit d’été orageuse. Deux ans que j’étais son ami, que je lui faisais la cour, que je la faisais rire, que je l’emmenais voir des choses extraordinaires, ou du moins qui nous semblaient comme telles étant adolescents. Je ne savais pas, ou plutôt je ne voulais pas savoir qu’elle était malade.
Ce doux baiser, tendre et hésitant avait été le premier d’une longue série. Et puis elle avait quitté ma vie, brusquement. Une semaine plus tard, j’arrivais chez elle pour l’emmener faire une balade et je tombais sur une horrible effervescence. Ses parents préparaient les cartons, elle faisait leurs valises. Ils ne possédaient pas grand-chose puisque tout leur argent passait dans ses soins, et ils allaient partir d’une minute à l’autre, brisant notre douce idylle. Elle a voulu m’expliquer mais elle était en larmes, extrêmement nerveuse, perturbée, angoissée.
Sa mère, prise de pitié pour mon air ahuri, m’avait expliqué la situation.
Lorna avait des problèmes. Elle m’avait cité le nom de sa maladie, mais je ne l’avais pas retenu à l’époque. Elle m’avait expliqué, en retenant des larmes de tristesse, que sa fille pouvait avoir des accès de violence, parfois. Et qu’étant majeure, on pourrait la mettre en prison. Ils devaient quitter la ville au plus vite.
J’étais atterré, abruti. Je ne comprenais pas. Qu’avait-elle pu faire de si horrible ?
J’aurais tant aimé la suivre, j’aurais voulu la suivre jusqu’au bout du monde. Mais j’étais suffisamment intelligent pour comprendre que ce qu’il lui arrivait me dépassait, et de loin. Et Vanessa avait besoin de son frère. Je l’ai donc laissée partir, lui lançant un regard désespéré auquel elle avait été dans l’incapacité de répondre : ses yeux étaient vides, attristés, comme ceux d’une poupée mécanique. Elle était en pleine crise, loin de ce monde, loin de tout. Coupée du réel. Plus rien à voir avec la Lorna dont j’étais fou.
Une heure plus tard, des policiers venaient pour l’arrêter dans le pavillon qu’elle louait avec ses parents. Il n’y avait plus rien ni personne à part moi, toujours tétanisé par son départ. Un policier m’avait dit qu’il fallait que je coopère, que je leur dise où elle avait disparu. Elle avait commis un crime, elle devait payer.
Mais moi je refusais de les croire, je ne pouvais pas les croire. Je les ai envoyés au diable et je suis retourné chercher Vanessa pour qu’on quitte cette ville de malheur. Peut-être voulais-je la retrouver. Mais elle avait disparu définitivement. Je n’ai jamais su où la chercher. Et puis je m’étais dit qu’un jour ou l’autre, si telle était notre destinée, on se reverrait.


******


“ Waw ! Elle est super cette fille ! Et très mignonne ! ” s’exclama Largo tandis que Lorna disparaissait, accompagnée par Joy qui allait la guider dans l’un des appartements d’hôte du Groupe W.
Simon eut un sourire doux.
“ Chasse gardée mon vieux ! Contente-toi de Joy, tu veux ?
- Ok, ok, t’emballes pas ... sourit-il. Alors ? Tu ne m’as jamais parlé de cette superbe créature ? D’où la sors-tu ? ”
Simon arbora un air triste et embarrassé, mélancolique.
“ Il y a très longtemps. C’était mon premier amour.
- Hum et elle t’a quitté pour un joueur de football trois fois plus grand que toi ? plaisanta-t-il.
- Ah Largo, ne confonds pas tes propres traumatismes d’enfance avec les miens ! s’amusa le Suisse, détournant la conversation.
- Allez, dis-moi ! insista Largo.
- Oh ... Nos chemins se sont séparés ... Elle est partie avec ses parents, assez loin, dans un autre pays ... Moi j’avais Vanessa à ma charge ... C’était compliqué. ”


*****


Je n’ai rien dit de plus à Largo, je ne voulais pas prendre le temps de lui expliquer. Je ne le voulais pas tout simplement. Tout cela devrait rester entre elle et moi. Lorna avait suffisamment souffert dans sa vie. Je me disais que personne ne pourrait se douter qu’elle était malade tant qu’elle continuerait à prendre ses pilules. Alors puisqu’elle pouvait faire illusion, autant la laisser se comporter comme une jeune femme normale, fréquentant d’autres jeunes gens dynamiques, chaleureux et insouciants ...
Je me souviens de son arrivée au Groupe W. Elle était là, belle, gracieuse, ses longs cheveux noirs et raides coiffés sagement sur le dos, caressant ses épaules dénudées par cette petite robe bleue. Elle n’osait pas entrer, se diriger vers l’accueil et demander à me voir. Après toutes ces années, après ce que je l’avais vue faire à notre précédente rencontre ... Tout cela l’effrayait et je la comprends. Je la comprends mieux maintenant qu’à aucun moment de notre vie commune ...
Kerensky avait été intrigué par l'attitude de cette jeune femme étrange qu'il avait reprérée sur les caméras de surveillance du hall. Elle restait plantée à l’entrée du Groupe, regardant les gens insensibles à sa présence s’affairer. Il allait demander à la sécurité de s’en charger mais je l’avais arrêté. Je l’avais évidemment reconnue. Ma Lorna. Celle que j’avais quittée au moment où on l’avait enfermée dans cet horrible hôpital ...
Sans rien expliquer aux autres (qu’aurais-je pu expliquer ?) j’ai quitté le bunker et je l’ai rejointe. Elle était tellement belle. Mûre, adulte, et sereine. Son visage et son corps portaient encore des traces de l’épuisement physique qu’avait représenté son internement, mais c’était bien elle. La Lorna que j’avais aimée.



******
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

A l'aube - Petit Ange Empty
MessageSujet: Re: A l'aube - Petit Ange   A l'aube - Petit Ange Icon_minitimeLun 26 Déc - 19:34

“ Simon ... ” articula-t-elle d’une voix rauque.
Le Suisse lui sourit. Il n’aurait jamais cru pouvoir entendre à nouveau cette petite voix prononcer son nom avec cet air-là de tendresse. Même sept années après, cela avait fait bondir son cœur.
“ Ma Lorna ! ” lui répondit-il simplement en s’avançant vers elle.
Il la prit dans ses bras et la serra fort, redécouvrant sa peau lisse et douce en caressant affectueusement son dos. Au début hésitante et gênée par ces retrouvailles, elle avait fini par se laisser aller et par plonger son visage dans la nuque de cet homme qui avait tant compté dans sa vie, et qu’elle n’avait pas pu voir pendant plus de sept ans.


*****


Il y a sept ans. J’ai revu Lorna. La donne avait changé à cette époque. Vanessa avait grandi et elle faisait ses propres bêtises tandis que je tentais de réparer les miennes. Je sortais de prison, je ne connaissais pas encore Largo. Je n’avais aucun but, et pour être franc, je ne pensais plus à Lorna depuis longtemps. Les premiers temps de notre séparation, tout avait été si difficilement supportable pour moi, à tel point que je préférais oublier ce que je savais et m’imaginer qu’elle vivait loin de moi, belle et insouciante, avec un garçon, plus beau, plus drôle et plus intelligent qui la rendait heureuse. C’était ce qu’il y avait de plus doux à souhaiter pour elle.
Et j’avais fini par la sortir de mon esprit, fonçant droit devant moi, tête baissée, à l’instinct, tentant de me persuader qu’elle n’avait été qu’un amour de jeunesse trop compliqué pour un adolescent perturbateur tel que moi.
En sortant de prison, ma première pensée avait été pour Vanessa. Elle avait disparu et devait probablement continuer à faire toutes ces conneries, mes sacrifices n’ayant servi à rien pour l’en empêcher. Je savais qu’elle n’était pas méchante et qu’elle était juste paumée ... Mais ça me rendait triste. J’avais entendu des rumeurs comme quoi elle se trouvait à Vienne pour faire un sale coup. Je m’y étais rendu presque mécaniquement, par réflexe, sans vraiment croire que je lui mettrais la main dessus, et sans même vraiment penser que je parviendrais à lui faire changer d’avis.
Et effectivement, je n’ai jamais retrouvé Vanessa.
Mais j’ai revu Lorna. Elle travaillait comme serveuse dans un petit café. Les clients l’aimaient bien pour sa gentillesse, sa simplicité et son adorable accent étranger. Je suis immédiatement retombé sous son charme. Elle m’a appris qu’elle était toute seule à présent, ses parents étaient tous les deux décédés. Sans doute morts prématurément d’une vie épuisante ... Elle disait qu’elle se débrouillait très bien toute seule et qu’elle n’était plus malade.
Je l’ai crue, même si elle mentait, bien évidemment. Nous sommes retombés dans les bras l’un de l’autre et nous sommes aimés, tout simplement, presque naturellement, comme si nous n’avions jamais été séparés. J’ai bien vite abandonné l’idée saugrenue de retrouver Vanessa. Et je suis resté à Vienne plus d’un an auprès de Lorna.
Nous vivions dans un petit appartement assez minable, presque miséreux, mais on s’en foutait. On n’avait pas d’argent, on n’avait aucune perspective d’avenir, et nous vivions sur le fil du rasoir car elle et moi savions parfaitement que tout pouvait basculer et être réduit à néant. Elle continuait à prendre ses pilules comme si de rien n’était. Elle n’en parlait jamais. Et moi je faisais comme si je ne voyais rien, comme si je la croyais quand elle me disait qu’elle avait recouvré tous ses esprits.
Elle a fait quelques crises pendant cette période. Rien de très grave. Hurlements, objets cassés, renvoi d’un ou deux boulots. Mais elle reprenait très vite le dessus. Et j’étais là pour elle.
Mais un jour, elle avait eu de violents maux d’estomac, elle perdait du sang, nous ne comprenions pas. Je l’avais emmenée d’urgence à l’hôpital. Le diagnostic était tombé comme un couperet sur moi. Lorna était enceinte. Mais l’ignorant, elle avait continué à prendre ses pilules pour sa maladie, provoquant une fausse couche.
J’ai tout fait pour le lui cacher. Elle a tout de même fini par le découvrir et est devenue folle de douleur en comprenant qu’elle avait tué notre enfant. S’en était suivie une crise, très violente, plus violente que toutes celles qu’elle avait jamais eues. Elle avait tenté de se suicider, mais j’étais arrivé à temps pour l’en empêcher.
Sa crise ne s’est pas calmée d’elle-même, comme c’était le cas généralement. Son état avait empiré, elle n’était presque plus lucide. Il a fallu me résigner à l’interner.
C’est la chose la plus difficile que j’ai eu à faire de toute ma vie. Faire enfermer celle que j’aimais avec tant de force. Dans un éclair de lucidité, elle m’avait dit que j’avais pris la bonne décision, qu’il n’y avait plus rien d’autre à faire pour elle. Je n’arrivais pas à la croire. Je me détestais de l’abandonner comme ça. Elle m’a fait promettre de quitter Vienne et de la laisser guérir. J’ai accepté, par lâcheté, parce que je n’aurais pas supporté de la savoir là-bas, et en échange je lui ai fait promettre de venir me voir dès qu’elle irait mieux.
Et sept années s’étaient écoulées.



*****


Simon desserra son étreinte et regarda Lorna en caressant son visage, écartant ses longues mèches noires qui le gênaient.
“ Alors ? Tu as tenu ta promesse ... ” murmura-t-il.
Elle hocha la tête.
“ Non en fait ... J’ai quitté l’hôpital il y a trois ans. Mais je ne savais pas où te trouver ... expliqua-t-elle en tremblant légèrement. Et puis ... J’étais encore un peu instable et je me disais que c’était une mauvaise idée.
- Tu m’as manqué tu sais. Tu es toujours aussi belle. ”
Lorna eut un sourire irrationnel. Cela faisait sans doute bien longtemps qu’on ne le lui avait pas dit.
“ La semaine dernière, j’ai su que tu travaillais au Groupe W, dans un article de presse. Comme j’ai découvert que j’avais de la famille sur la Côte Est des États-Unis, j’ai décidé de venir, sur un coup de tête ... ”
Une hésitation effleura furtivement son visage.
“ Je ... Je n’aurais pas dû ... Je devrais peut-être m’en aller, oui m’en aller, ce serait plus raisonnable ... Je ...
- Arrête ! la calma-t-il d’un sourire tendre. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir de te savoir ici. Je suis heureux de voir que tu vas mieux. Je me sentais si coupable de t’avoir laissée ... Pour tout ça ... ”
Elle lui sourit. Il la prit par la main et alla la présenter à ses amis, témoins muets de la scène, qui avaient fini par quitter le bunker pour observer la nouvelle venue.


*****


Je l’ai présentée en toute simplicité à Largo, Joy et Kerensky comme une vieille amie. Ils n’étaient pas dupes, ils savaient à la mine que je faisais qu’elle avait compté énormément pour moi. Ils eurent donc la gentillesse de l’accueillir à bras ouverts, comme faisant partie de notre petite famille depuis toujours.
Nous avons tous dîné chez Largo. Un peu timide, elle avait fini par sympathiser avec tous et Joy s’était escrimée à la mettre à l’aise toute la soirée parmi cette bande de mâles sauvages que nous étions. Je ne crois pas avant cette soirée avoir vu Joy devenir l’amie d’aucune femme. Mais en tout cas, des liens très forts se sont tissés rapidement entre elles. Sans en parler avec des mots, elles savaient instinctivement que toutes deux avaient eu une vie et une enfance difficiles, pour des raisons différentes certes, mais qui les avaient marginalisées. Tout comme Lorna n’avait jamais eu de véritables amis à part moi, Joy n’en n’avait pas eu à part ceux de l’Intel Unit.
A la fin de la soirée, Largo avait aimablement proposé à Lorna de loger dans l’un des appartements d’hôte du Groupe W. Joy et moi avons fait du forcing pour qu’elle accepte, et elle a cédé.
Et puis elle est restée une semaine, puis une autre, puis un mois ... Et puis je lui ai finalement demandé de rester pour toujours.
Je savais que je prenais des risques mais je n’y pouvais rien. Cette femme je l’aimais, ma vie prenait tout son sens quand elle était près de moi et même si je savais tout ce que je risquais à la garder à mes côtés, je refusais de le voir. Même si cela ne devait durer que quelques semaines, quelques mois ou quelques années, je ne pouvais pas la laisser me filer entre les doigts. Parce que la vie, ce n’est rien de plus qu’une accumulation de petits bonheurs et de malheurs plus ou moins graves. Et je trouvais que sans Lorna dans ma vie, à l’aube de ma mort, il m’aurait manqué une multitude de ces petits bonheurs. Je voulais profiter du fait qu’elle était là, pour moi, vivante et heureuse pour ne garder d’elle que cette image.
La vie à deux s’est ensuite écoulée à une vitesse si phénoménale que j’en avais presque le tournis. Cela a duré six mois, mais aujourd’hui, tout me semble si fugace. Je l’ai perdue et il me reste toutes ces images qui défilent à toute allure dans ma tête, et qui me transportent de joie comme de tristesse.
J’étais absorbé par Lorna. A tel point que je n’ai pas su à quel moment exact Largo et Joy ont commencé à sortir ensemble. Mais un jour, je me suis retrouvé à un dîner à quatre, ma Lorna souriant avec bienveillance devant le spectacle de Largo et de Joy qui s’enlaçaient tendrement et savouraient les délices et tâtonnements de leur nouvelle aventure à eux.
Largo m’a dit plus tard qu’il s’était décidé et jeté à l’eau un peu grâce à moi. Il se sentait un peu seul pour aller séduire de jolies jeunes femmes pour ces nuits interminables, il y prenait moins de goût et commençait à se sentir un peu vieux. Il avait vu à quel point j’étais heureux avec Lorna et s’était demandé pourquoi il restait seul comme un idiot alors que quelqu’un l’attendait déjà depuis si longtemps ...
Mes amis ont su pour Lorna plus tard. Au fur et à mesure. Je crois que Kerensky a su le premier. Dès son arrivée au Groupe W, il avait lancé des recherches sur elle par mesure de sécurité. Et il avait découvert pour l’hôpital psychiatrique de Vienne, pour l’ “ accident ” dans ma ville natale en Suisse, et même pour tout ce que j’ignorais ... Je lui en ai voulu au début, furieux que quelqu’un me jette en pleine face ce qu’elle était et que je ne voulais pas voir. Mais finalement, Georgi avait été très bien avec moi. Discret, il m’avait juste promis qu’il n’en parlerait à personne si c’était ce que je souhaitais et que tout cela n’avait pas tant d’importance. Je lui en étais extrêmement reconnaissant, à tel point que j’en viens à me demander si le début de ma “ véritable ” amitié avec lui n’avait pas commencé ce jour-là.
Pour Joy, cela avait été différent. Lorna, avec qui elle s’était liée très rapidement, le lui avait raconté spontanément. Et elle avait tout simplement eu la délicatesse de ne pas m’en parler. Mais maintenant que j’y repense, j’avais observé un changement de comportement de Joy dans son amitié avec Lorna : plus attentive, plus clame, elle la maternait même légèrement, s’assurant que tout allait bien mais avec détachement, comme elle sait le faire. Mais Joy est naturellement douée pour protéger les autres à leur insu, avec efficacité et discrétion. C’est son boulot après tout.
Un jour, après une crise d’angoisse assez violente de Lorna, épuisé et inquiet, j’avais fini par en parler à Largo. Joy était là. Comme un idiot, je les avais réveillés en pleine nuit pour leur parler. J’avais voulu m’en aller et les laisser tranquilles à plusieurs reprises, mais ils ne m’avaient pas laissé faire. Ce sont de vrais amis. Largo avait écouté mon histoire, celle de Lorna, avec patience et attention. Il m’avait juste écouté et c’était ce que je voulais ce soir-là. J’avais peur qu’à un moment ou à un autre, elle ne parte. Encore.



*****
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

A l'aube - Petit Ange Empty
MessageSujet: Re: A l'aube - Petit Ange   A l'aube - Petit Ange Icon_minitimeLun 26 Déc - 19:35

Vous devez vous demander ce qu’il s’est passé ce soir-là ?
Je ne sais pas bien par où commencer. J’ai tellement mal en y repensant, je sens que je n’arriverais plus à respirer si j’essaie d’aller au fond des choses et d’exprimer tout ce que j’ai ressenti et tout ce que j’imagine qu’elle a éprouvé.
Tout a commencé ce matin-là. Joy et Largo avaient une excellente nouvelle à nous annoncer. Elle était enceinte et ils allaient avoir un bébé.
Ma première réaction avait été d’exploser de joie pour mes deux amis, et d’aller les féliciter chaleureusement. Je n’ai pas compris tout de suite. Mais Lorna a éclaté en sanglots. Elle pleurait parce qu’elle savait que jamais plus elle ne pourrait envisager d’enfanter un jour. Et elle pleurait parce qu’elle voyait à quel point j’étais heureux pour mes amis, et parce qu’elle sentait que moi aussi j’aurais voulu connaître ce bonheur.
Elle s’était enfuie en courant.
Nous avons tous passé la journée à la chercher partout, aux quatre coins de la ville, dans tous les endroits qu’elle connaissait. Il pleuvait et c’était comme si le ciel de New York parlait pour elle et me racontait à travers ses larmes froides qui tombaient sur mes épaules fatiguées, ce que devait ressentir celle que j’aimais.
Dans la soirée, Largo avait téléphoné à Joy pour lui demander de rentrer. Il lui avait dit qu’elle devait se reposer et que nous continuerions les recherches sans elle. Mais elle s’était obstinée et avait raccroché brusquement son portable en disant “ Elle est là ! Oh non, mon Dieu ... ”. Puis elle avait crié. Joy appelait d’une rue pleine de boutiques ésotériques dans lesquelles Lorna aimait se balader et acheter des tisanes qui la soulageaient et la déstressaient.
Kerensky et moi sommes partis aussitôt là-bas, faisant promettre à Largo de rester au penthouse au cas où Joy rappellerait.
Lorsque nous sommes arrivés sur place, Joy était allongée sur un trottoir humide, blessée au couteau. Lorna debout à ses côtés, éperdue et hagarde, presque sauvage. La plupart des passants se faisant rares à cette heure de la nuit, marchaient sans s’arrêter, indifférents. Quelques badauds s’étaient arrêtés près des deux femmes, stupéfaits et n’osaient rien faire. D’autres tentaient de s’approcher pour soigner Joy. Mais Lorna était comme folle, elle pleurait, elle criait et menaçait quiconque s’approchait du couteau déjà imprégné de sang, qu’elle avait déniché apparemment sur l’étalage d’un commerçant ...
J’ai essayé de la raisonner pendant que Kerensky tentait d’approcher Joy pour voir si elle était gravement atteinte. Mais voyant que son approche affolait Lorna, Joy lui avait fait signe de s’arrêter. Elle semblait aller bien.
Lorna divaguait. Elle ne semblait pas me reconnaître. En fait, avec le recul, je crois qu’elle était déjà morte depuis longtemps. En tout cas la Lorna que j’aimais était morte. Je n’avais plus devant moi que cette poupée qui lui ressemblait à s’y méprendre et qui souffrait, possédée par un démon qui avalait sa personnalité. Je voulais la sauver, mais je voulais tant aussi qu’elle cesse de souffrir ...
Elle a eu un éclair de lucidité, il me semble. Elle m’a regardé un moment, très bref mais qui m’a semblé interminable tant ce regard était intense. Je crois qu’elle a essayé de me demander pardon. Et elle s’est tranché la gorge.
Je me suis précipité vers elle. La police arrivait. Une ambulance aussi je crois, sans doute appelés par un passant ou par Kerensky. Mais moi je m’en foutais, tout ce que je voulais c’était lui parler une dernière fois. Les larmes qui me nouaient la gorge m’empêchaient de prononcer la moindre parole. Elle ne pouvait plus parler. J’ai juste lu sur ses lèvres qu’elle m’aimait.
Maintenant elle est morte.
Elle m’a laissé seul au monde avec finalement, si peu de petits moments de bonheur.
Que suis-je censé faire sans elle maintenant ?



*****


L’enterrement eut lieu deux jours après, à l’aube. Il pleuvait toujours sur New York. Mais personne ne se souciait vraiment du temps. Les rares connaissances de Lorna s’étaient réunies dans ce cimetière verdoyant, dissimulant leur tristesse et leur hébétude derrière des lunettes noires, protégés par leurs parapluies sombres. Un prêtre prononçait une oraison funèbre dont personne n’avait rien à faire.
Joy pleurait silencieusement et Largo la serrait contre elle, le regard affligé. Elle se désolait d’avoir perdu une amie si fragile qu’elle n’avait pas su protéger d’elle-même, et lui tentait de faire abstraction de ce qu’il ressentait pour se concentrer uniquement sur la douleur de son meilleur ami et de sa compagne.
Kerensky était là aussi, stoïque, il n’avait pas pris la peine d’emmener un parapluie. Il ne regardait personne, n’écoutait rien et regardait fixement le cercueil. Il avait connu beaucoup de personnes mortes et tuées au cours de sa tumultueuse vie, mais jamais il ne s’était rendu à un enterrement. Il réalisait qu’il était juste là pour soutenir Simon et ça lui faisait aussi bizarre que de savoir que la douce Lorna n’était plus.
Simon fit un pas vers le cercueil avant qu’il ne soit mis en terre, à l’issue du discours et de la bénédiction du prêtre. Il voulut dire quelques mots mais se contenta de murmurer qu’il l’aimerait à tout jamais. La rose blanche qu’il tenait entre ses doigts glacés échoua sans bruit sur le bois de merisier et il s’écarta de quelques pas, regardant les employés du cimetière mettre en terre Lorna.
A l’issue de la cérémonie, Largo demanda à Kerensky de reconduire Joy au Groupe W pour qu’elle se repose. Leur enfant allait bien, mais après le choc de son agression, son médecin avait recommandé la plus grande vigilance et un repos total. Largo, lui, décida de rester auprès de son ami. Ils ne parlèrent pas et demeurèrent face à la tombe de Lorna plus d’une heure, sans se résoudre à lui dire au revoir.
“ C’est égoïste de la pleurer ... avait soudain dit Simon. Elle n’était pas heureuse. Elle est bien mieux là où elle est. ”
Largo ne répondit rien et prit son ami par les épaules.
“ Viens on va boire un verre ... ”
Simon acquiesça et ils quittèrent enfin la quiétude pesante de ce cimetière.
*****


Après je me suis senti assez mal pendant un moment. Je n’avais plus envie de rien. Ce n’était pas facile. Enfin ... Surtout pour mes proches, qui me voyaient déprimer. Moi, je me contentais d’écouter mon chagrin pleurer en moi, rien de plus. Je ne pensais pas, je ne gérais rien, et tous les jours je répétais les même gestes, les mêmes phrases mécaniquement, pour me donner l’illusion d’être encore vivant.
Je me suis rendu compte que j’avais fait mon deuil le jour où d’un air béat j’ai tenu dans mes bras le fils de Largo et Joy, dont j’étais le parrain. Après ça la vie m’a paru moins noire, moins vaine. Aujourd’hui, ça va. Je m’amuse, comme avant, je ris comme avant, je sors, comme avant. Et j’aime d’autres femmes.
Je pense que Lorna était mon âme sœur. Dans un monde parfait, je l’aurais épousée, nous aurions fondé une famille et elle n’aurait jamais été malade. Mais voilà, nous vivons dans ce monde-là, et il faut s’y faire. Bon, faire ma vie avec une autre qu’elle ne me tente pas. Je peux aimer d’autres femmes. Je peux même tomber éperdument amoureux. Mais Lorna sera toujours celle avec qui j’aurais dû faire ma vie. A quoi bon fonder une famille si ce n’est pas avec elle ?
Tant pis. Moi aussi je pense que j’aurais fait un bon père et un bon mari. Je ne m’en plains pas après tout, je suis plutôt heureux dans l’ensemble. Elle me manque parfois. Et puis je peux ne pas penser à elle pendant des semaines, des mois.
Et elle me manque à nouveau. Je ne regrette rien, elle m’a rendu heureux, pendant un temps, trop bref. Et je crois que moi aussi je lui ai apporté un peu de bonheur. Sa vie n’aura pas été vaine. Quoiqu’il m’arrive de présent ou de futur, j’aurais au moins la satisfaction d’avoir accompli ça.
J’ai continué à avancer, droit devant moi, sans but, à l’instinct. Ma ligne de conduite, ma façon de vivre. Elle m’a laissé seul, avec ce grand vide au beau milieu du cœur. J’essaie de le combler comme je peux auprès de mes amis, de leurs enfants, de ma famille et de mes maîtresses aussi. Je n’ai rien de plus à ajouter, mais je me sens plutôt bien.
L’aube se lève. J’ai passé la nuit à écrire ces quelques lignes. Tu vois Lorna, j’écris sur toi. A qui sont adressées ces lignes ? Pour qui les ai-je écrites ? Pour toi. J’ignore pourquoi. Peut-être que j’avais envie de te parler en te ... non, en nous racontant. Tu sais, il y a des moments où je me sens seul et où je rêve que tu es là pour me prendre dans tes bras. Quand tu étais en vie, ça n’est jamais arrivé. C’était toujours moi qui te rassurait et te consolait. Je t’aimais.
Les premiers rayons du soleil commencent à briller sur mon bureau, je suis face à la baie vitrée, qui m’aveugle. Je dois arrêter d’écrire. Et puis je prends l’avion pour accompagner Largo, je ne sais même plus où ... Il faut que je te laisse. J’ai du mal à arrêter de t’écrire. Tant que j’écris sur toi, j’ai le sentiment que tu es réelle. Tant que je m’adresse à toi, j’ai l’impression que tu peux me répondre. Mais je me fais des illusions, n’est-ce pas ?
Je m’en vais. Pense à moi de temps en temps et sois heureuse. Moi c’est ce que je fais.
A toi Lorna
Revenir en haut Aller en bas
Valmont
Survivant du vol oceanic 815
Survivant du vol oceanic 815
Valmont


Nombre de messages : 280
Age : 35
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 01/12/2004

A l'aube - Petit Ange Empty
MessageSujet: Re: A l'aube - Petit Ange   A l'aube - Petit Ange Icon_minitimeMar 27 Déc - 16:15

c'ets très très beau. Pauvre Simon, c'etstrès émouvant très bien écrit !
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





A l'aube - Petit Ange Empty
MessageSujet: Re: A l'aube - Petit Ange   A l'aube - Petit Ange Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
A l'aube - Petit Ange
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Bienvenue sur notre forum ^_^ :: Largo Winch :: Fanfictions gen-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser