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 Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise

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Scilia
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MessageSujet: Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise   Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Icon_minitimeLun 26 Déc - 20:34

Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise


cross-over avec Largo Winch


de Petit Ange



***


Qu’est-ce que ça peut bien être ? J’y connais rien en alcool ... La couleur est plutôt ocre et ... Pouah ça sent fort ! Bon ... Après trois ou quatre verres de ce truc, je devrais être à peu près ivre, tel que je me connais. Bien. L’ivresse. C’est bon ça l’ivresse. Depuis que tout ça m’est tombé dessus, il n’y a rien de tel pour oublier. Aller au cinéma aussi, c’est pas mal pour ça. Bon après, il faut éviter les films d’action, les films d’espionnage, les films policiers, et tous ceux évoquant de près ou de loin les mots “ CIA ”, “ agent secret ”, “ agent double ”, “ double vie ”, “ secret ”, “ mensonge ” et “ conspiration ”. Ouais, je sais, ça fait beaucoup de films à éviter. A la fin il me reste quelques comédies balourdes et des nunucheries à l’eau de rose. Et puis les films d’auteur. Pas mal pour améliorer ma culture ça, les films d’auteurs. En un an je vais devenir un vrai pro, je serai bon pour m’habiller en noir, porter des lunettes aux bordures rectangulaires et m’installer dans un loft à New York. Greenwich ou Soho selon mes moyens.
Mes moyens. Je ne sais même pas combien je gagne. Je n’ai jamais fait gaffe. Tout s’est passé si vite. Il y a quelques mois, j’étais encore une petit reporter. Je bossais dans un journal moyen. J’étais assez bon je crois. J’ai même gagné un prix une fois. Le prix Caplan pour “ l’article le plus émouvant de l’année ”. Bah, c’était sympa d’avoir gagné ce prix. Mais je n’ai pas pu aller à la cérémonie. Ce “ truc ” m’était déjà tombé dessus.
Bon. Imaginez un instant. Ne riez pas, n’écarquillez pas les yeux, ne fuyez pas en courant. Imaginez seulement. Imaginez que votre meilleure amie, une fille très sympa, que vous connaissez depuis des années, et pour laquelle vous avez même eu un sévère béguin, et bien imaginez que cette fille ne soit pas celle que vous croyez. Et imaginez qu’elle mène une double vie. Mais pas un cliché, du genre déjà mariée, des amants dans le placard, ou danseuse topless dans un bar de nuit pour arrondir ses fins de mois. Une vraie double vie, et quelque chose de bien tordu.
Votre amie est agent secret. De la CIA. Pire que ça, elle est agent double et travaille pour une organisation criminelle afin de renseigner les services secrets américains sur ses activités. Ah, je vous vois rire, c’est pas beau ça, vous aviez promis ! Eh bien moi, c’est ce qui m’est arrivé. Ma meilleure amie est agent double. Sur le coup, c’est assez impressionnant. Ca le fait, c’est certain, c’est plutôt classe. Là où le bas blesse, c’est que ses ennemis se sont servis de moi, pour me faire écrire un article sur la fameuse organisation criminelle. Ce qui leur permettait de faire d’une pierre deux coups : la détruire elle, et détruire l’organisation.
Alors ils m’ont utilisé. Ils m’ont laissé des indices pour que je suive le gros lapin blanc, comme Alice au Pays des Merveilles. Sauf qu’à la fin du voyage, je ne me suis pas réveillé sous un arbre, me félicitant d’avoir seulement fait un mauvais rêve. Tout ce cauchemar était bien réel, et je ne pouvais plus faire marche arrière. J’étais emmêlé dans les tentacules d’une pieuvre.
J’ai écrit l’article. Il a été publié. Et c’est là que mon destin s’est joué.
Je ne pouvais pas laisser la situation pourrir. Les révélations de mon article mettaient mon amie en danger, me mettaient moi en danger, et mettaient en danger tout un tas de pauvres gens qui n’avaient pas la moindre idée de la mouise dans laquelle ils se trouvaient et qui pensaient aider leur pays. Il n’y avait qu’une seule solution. J’ai démenti mon article. J’ai monté une conférence de presse, on leur a fait croire que j’étais un mythomane camé* et ils ont cru naturellement que j’avais tout inventé parce que mes dents rayaient le plancher et que je voulais devenir un grand journaliste.
Et voilà.
Ils m’ont viré, assez normal je dois dire, et je suis grillé dans la profession à vie.
Depuis, je bosse dans le restaurant de mon amie Fran. Officiellement.
Car si l’opinion publique a été convaincue par le démenti de mon article, ceux au courant, ne l’ont bien sûr pas du tout été. Je n’avais que deux options d’après la CIA qui m’a repêché pour me protéger : programme de protection des témoins ou recrutement.
Je suis un fouineur, un curieux, un passionné. Me contenter d’oublier cette histoire, passer à autre chose, refaire ma vie sous une autre identité, ce n’était pas envisageable. J’y ai pensé bien sûr, mais je ne pouvais pas m’imaginer tourner la page. Alors j’ai choisi l’option recrutement.
Maintenant, je suis de la CIA. Enfin, en passe de l’être, j’apprends.
Syd, ma meilleure amie, celle dont je vous parle depuis une heure, est inquiète pour moi. Je sais qu’elle aurait préféré que je choisisse l’autre alternative. Elle doit savoir de quoi elle parle, ça fait des années qu’elle baigne là-dedans. Quand je pense qu’elle a passé son temps à me mentir toutes ces dernières années, et que moi je n’ai rien vu. Je ne lui en veux pas, mais ça fait bizarre. Je me demande parfois si la femme avec laquelle je parle n’est pas une étrangère.
Enfin bref. Ca fait des mois. Et j’arrive toujours pas à m’y habituer. En ce moment mes instructeurs m’apprennent à “ mentir ”. Étrange hein ? Alors que toute ma vie jusqu’alors, ma vocation, c’était chercher la vérité, et la dévoiler. Ce job ... Mon nouveau job, c’est un peu comme aller à l’encontre de ma nature. Mais j’y suis, j’y reste, je n’ai plus le choix.
Alors à défaut, je me replie vers les seuls choix qu’il me reste : et boire en fait partie.
Enfin non, je vous vois venir. Je ne vais pas virer alcoolo, rassurez-vous. Si un agent du KD ou de l’Alliance se pointe devant moi avec un gros calibre, j’ai plutôt intérêt à savoir comment répliquer, et sans trembler, et sans vision double. Donc alcool modérément.
C’est juste pour ce soir. Dure journée. Rien qui ne va comme je le voudrais. Alors j’ai décidé de me saouler. Pourtant je n’aime pas particulièrement l’alcool. Je bois juste quelques bières avec Syd et Fran de temps en temps. Mais c’est tout.
Je peux comprendre qu’on devienne alcoolique. Au bout de quelques verres, on ne pense plus à rien, ou alors les sujets douloureux auxquels on pense ne nous font plus aucun effet. Le jour où je deviendrais dépressif, je serais sûrement alcoolique en même temps. C’est mieux que d’être suicidaire ...
Mais qu’est-ce que je raconte moi ? Ca y est, un verre, et je délire déjà. C’est bon ce truc. J’en demande un autre au barman. Je ne sais toujours pas ce que je bois. Peut-être du whisky. Quand je suis arrivé au bar, et que je me suis assis devant le comptoir, j’ai demandé “ quelque chose de fort ” avec cet air las et ce soupir désemparé communs aux poivrots occasionnels qui cherchent à se changer les idées l’espace d’une soirée imbibée aux vapeurs d’alcool. Le barman n’a rien dit et m’a servi le “ quelque chose de fort ”.
Jolie formule. J’ai du l’entendre dans un film ou une série télé débile, et je me suis dit que ce serait le bon moment pour l’utiliser. Il y a des tas d’expressions clichés qu’on entend partout au cinoche et qu’on aimerait pouvoir placer un jour dans la vraie vie, comme “ Vas-y mec, fais-moi plaisir “ ou “ C’est à moi que tu parles ? ” ou encore “ Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ”. Quoique cette dernière, je vous l’accorde, est beaucoup plus difficile à caser.
Et ben voilà. Moi je viens de placer mon “ Servez-moi un verre barman, quelque chose de fort ” avec une grosse voix. Pas mal pour une journée ratée ?
Bon, le barman m’apporte mon deuxième verre. Je le bois et je regarde vaguement vers le grand miroir qui décore le comptoir. Dans un box du bar, au fond, à quelques mètres derrière moi, il y a un type en costume gris qui me regarde. Il a une tête bizarre. Il remarque que je l’ai remarqué, et fait semblant de rien. Il boit sa bière tranquillement et regarde sa montre, feintant d’attendre une personne en retard à un rendez-vous.
Bon. Depuis combien de temps m’observe-t-il celui-là ? Je suis peut-être parano. Ok, je conclue un pacte avec moi-même. Si dans deux verres, il est toujours là à me regarder et à faire semblant d’attendre quelqu’un, je deviens soupçonneux. Comment ça je le suis déjà ?
Passons.
Où en étais-je déjà ? Ah oui, je me lamentais sur ma nouvelle vie.
Ce n’est pas que j’aie un problème avec le fait d’être à la CIA et tout ça ... Pour vous dire la vérité, je suis plutôt content de me rendre utile. L’Agence a toujours eu une mauvaise réputation, dans les films, dans la presse, dans l’opinion publique, etc. Mais finalement ils font un boulot important. Comme il est secret, les gens s’imaginent qu’ils font des trucs louches et illégaux et ... Ok, ils font aussi des trucs louches et illégaux, mais c’est pour la bonne cause.
Moi j’ai vu ceux contre qui ils se battent. Ce sont pas des mecs très fréquentables, qui m’ont bien pourri la vie pendant un an. Ils ont tué le fiancé de Syd, ils ont tués tous les gens que j’ai interrogé.
Et ils ont un dentiste aussi.
Un dentiste chinois.*
Lui je l’aime pas du tout. Mais alors pas du tout. Mes molaires du fond en gardent un souvenir indélébile. Je ne suis pas mécontent de lui avoir filé sa raclée à ce gros porc. S’ils m’avaient laissé faire je l’aurais tué. Rien que d’y penser, en avalant le fond de mon deuxième verre, j’ai la rage qui me prend à la tête et les poings qui se serrent.
Calme-toi Will, zen.
Euh non pas de philosophie chinoise, ça me réussit pas.
Donc le disais-je, la CIA fait un job important. Détruire le SD-6, ok, je suis partant, je retrousse mes manches et je vous aide les gars. Le seul truc qui me reste en travers de la gorge, c’est que je n’ai pas eu le choix. Des gens ont décidé pour moi.
Quand j’étais gosse et que j’ai vu “ La Dame du Vendredi ” avec la belle Rosalind Russell (dont j’étais amoureux bien sûr), je voulais devenir comme Cary Grant (en moins prise de tête bien sûr)*. Oui, un peu prétentieux, mais c’est ce job, l’urgence, la curiosité, les rencontres. Chercher, découvrir, révéler. J’ai une telle passion pour la vérité. Ca m’a tiraillé toute ma vie. Et quand j’ai réussi à devenir reporter, j’étais comme un poisson dans l’eau. Mon rêve de gosse c’était d’être Bob Woodward ou Carl Bernstein*. J’avais des copains qui rêvaient d’être des sortes de héros, pompiers, flics, agents secrets. Bof. Moi ce n’était pas mon trip.
Et aujourd’hui ? Ceux-là même qui rêvaient d’être des héros sont architecte, garagiste ou professeur. Et moi, j’ai atterri à la CIA, ironique. Si encore je l’avais décidé ...
Allez, zou pour un troisième verre. Où en est mon type en costume gris ? Ah, toujours là. Toujours bière. Toujours coup d’œil sur la montre. Allez, je lui laisse encore un verre de bénéfice du doute.
Bref, le drame de ma vie, c’est le choix. En l’occurrence même l’absence de choix. C’est vrai qu’au début je l’ai bien cherché. J’ai fouiné, j’ai enquêté. Et quand il y a eu le premier mort, ou plutôt le deuxième si on compte le pauvre Danny, je dois avouer que ma curiosité/conscience professionnelle s’est muée en quelque chose de plus grand.
Une tempête qui battait son plein sous mon crâne, un élan, l’adrénaline, l’excitation du mec qui fait SA grande découverte comme l’ont fait tous les grands hommes et toutes les grandes femmes de l’histoire de nos civilisations. Ce qu’on ressent quand on fait SA grande découverte. C’est très intense. Bon quand je serai un vieux tas d’os, un vieillard sur le point de mourir, entouré de ses enfants et de ses petits-enfants, je sais que je n’aurai aucun regret : parce que j’aurai connu ce grand moment, si rare dans la vie d’un homme.
Mais ce fol emportement a aussi son revers, comme toute bonne chose, le bon et le mauvais, l’équilibre du bien et du mal. Ying et Yang. Oh la, ça me reprend : on n’avait pas dit plus jamais de philosophie chinoise ?
Mon revers à moi a été que je n’ai plus disposé de mon libre-arbitre à partir du moment où j’ai continué. Je me suis donné l’illusion que je pouvais tout contrôler en arrêtant mon enquête après le malheureux “ enlèvement ” orchestré par le père de Syd (lui aussi de la CIA, un truc de famille) pour me faire peur. Mais les hommes du “ Monsieur ” n’ont eu qu’à me passer un coup de téléphone pour que je replonge. Je n’étais plus libre de rien. J’étais leur poupée, leur instrument.
Après tout s’est enchaîné, sans que j’en sois vraiment conscient. J’ai subi. Après Khasinau, c’est le père de Syd qui m’a manipulé. Et quand je me suis retrouvé au pied du mur, je n’avais plus le choix. Ou si, il me restait un choix : celui d’abandonner tout ce qui avait fait ma vie durant des années, famille et amis, ou celui d’entrer de plein pied dans ce monde de fous où j’étais déjà attiré malgré moi. Ce genre de choix est un faux choix. J’ai juste fait ce qu’il me restait à faire.
Et j’en reviens à moi, à mon tabouret de bar, à mon alcool fort qui embrouille un peu mes pensées, à mon troisième verre que je finis et à mon homme en gris qui me surveille toujours.
Donc j’avais vu juste, ce type m’espionne.
Alors qu’est-ce qu’ils disent déjà dans le Manuel de la CIA sur ce genre de situations ? Ah oui, tenter de renverser la situation à son avantage, semer le fauteur de trouble pour le suivre à son tour et découvrir l’identité de son employeur. Génial. Je suis rond comme une queue de pelle, comment veux-tu que je sème ce mec en costume gris pour le filer aussitôt après ?
Je devrais peut-être appeler Syd.
Oh non. Elle se fait assez de soucis comme ça pour moi. Et puis il va falloir que j’apprenne à me débrouiller sans elle, elle a d’autres chats à fouetter.
Vous allez me dire que je suis horrible ... Enfin non peut-être pas, sauf si vous connaissez Syd et que vous savez à quel point cette fille est géniale mais, parfois je souhaiterais ne jamais l’avoir connue.
Ah vous voyez, vous me trouvez horrible ! Hey ! C’est pas une raison pour me jeter de la salade pourrie sur ma jolie veste b ... Ok, ok, sur mon horrible veste beige !
Pf, je dois être vraiment rond pour penser que les spectateurs imaginaires de mes pensées veulent me jeter de la laitue au visage. Bref.
J’aime Syd, si, si, promis, j’adore cette fille. Mais vous trouvez pas que ma vie aurait été plus simple si je ne l’avais pas connue ?
Ah, j’en vois qui rangent leur salade pourrie, donc vous me donnez raison.
Je ne regrette pas de la connaître. Et je le regrette en même temps. C’est comme si en s’obstinant à me maintenir dans son cercle de proches toutes ces années, malgré la vie dangereuse qu’elle menait et tous ces ennemis qu’elle récoltait, elle m’avait destiné malgré moi à cette vie qu’est la sienne. Il y a eu Danny, et maintenant moi. Qui paiera la prochaine fois pour le seul crime de faire partie de sa vie ? Fran ?
Je sais que je délire. Mais ce que je pense, même si c’est une pensée qui a une vague odeur d’alcool et d’amertume, a du vrai. Après ça, je ne peux pas la condamner. Je l’aime. Elle aussi a le droit d’avoir des amis, et de la famille, quelles que soient ses activités. Mais ces doubles vies sont si dangereuses et vicieuses.


Dernière édition par le Lun 26 Déc - 20:37, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise   Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Icon_minitimeLun 26 Déc - 20:35

C’est drôle de se dire tout ça. Bientôt, je ferai la même chose que Syd. J’ai déjà commencé en mentant à Fran. Alors vous voyez ?
Le barman m’a apporté un quatrième verre. Je n’ai pas le souvenir de lui avoir demandé. Pas grave. Je regarde vers le miroir. Et ben voilà, le mec en gris est toujours là. Et il fait toujours semblant d’attendre quelqu’un en détournant son regard du mien. Foutu espion.
Bon. Qu’est-ce que je fais alors ?
Déjà, qui est-il et pourquoi me surveille-t-il ? KD ? SD-6 ? SVR ? Le “ Monsieur ” ?
CIA ? Oui, je sais, ils sont dans mon camp, mais je suis une jeune recrue, alors autant me surveiller, qui sait. Personne ne sait très bien ce qu’on m’a fait quand j’étais prisonnier du dentiste chinois ... Argh. Décidément. Il faudrait que je songe à quelqu’un d’autre, on va finir par croire que j’en suis tombé follement amoureux, de l’autre tortionnaire.
Autre théorie : ce mec me surveille effectivement, mais il n’est pas espion. Peut-être un mari jaloux ? Ah non, c’est vrai, je n’ai pas de copine. On ne se moque pas ! Je voudrais bien vous voir trouver une petite amie avec toutes les catastrophes qui me sont tombées dessus.
Ou alors il est gay. Et il est subitement tombé fou de mon corps.
Mouais. Je devrais peut-être pas finir mon quatrième verre.
Tiens, le mec en costume gris qui fait semblant d’attendre quelqu’un semble bouger. Il regarde vers l’entrée. Une jolie femme arrive et le rejoint à son box. Il l’embrasse et lui propose de s’asseoir.
Ok, il ne faisait pas semblant d’attendre quelqu’un. Paranoïa un, Will zéro.
Je vais peut-être le finir ce quatrième verre finalement ...

****

Un téléphone, vite, un téléphone ... Saletés de portables, il faut toujours que ces bestioles me lâchent quand j’en ai besoin. Tiens, la jolie fille là, je la vois ranger le sien dans son sac. Hmm ... Mignonne en plus ...
“ Mademoiselle ! ”
Elle se retourne et me laisse venir à elle. Un petit sourire charmeur ... Que fait-elle ? Ah, elle me répond aussi par un sourire, très beau d’ailleurs. Elle a de grands yeux verts ... Mais c’est qu’elle me plaît de plus en plus.
“ Excusez-moi de vous déranger, surtout si tard dans ces rues mal fréquentées, mais j’aurais besoin d’un petit coup de main. Ma voiture est tombée en rade, là, vous voyez, cent mètres plus loin, et j’aurais besoin de téléphoner à un ami qui m’attend à un rendez-vous ... ”
Elle hésite un peu, alors je lui mets une deuxième couche de mon sourire charmeur, mâtiné d’un regard à la “ pas de raison de craindre un mec aussi sympa que moi ”. Et elle fond, c’est gagné mon ptit Simon. J’adore les filles de la Côte Ouest, rien à voir avec les new yorkaises, généralement parano et compliquées.
“ Je vais vous prêter mon portable ... ” dit-elle en ouvrant son sac à main.
Voyons voir ... Ouf ... En plus de tout ça, elle a un décolleté très intéressant ... Ca y est, je suis amoureux !
“ Je m’appelle Simon, Simon Ovronnaz, je continue, avec mon bagou spécial “ technique d’approche numéro quatre ”. Je suis en voyage d’affaires à Los Angeles. Pas facile de s’y retrouver en territoire étranger.
- Et vous venez d’où ? s’intéresse-t-elle en mettant enfin la main sur son téléphone.
- New York.
- Oh ? J’adore cette ville, ma sœur vit là-bas. ”
T’as décroché le gros lot Simon : ELLE A UNE SŒUR ! ! ! Et qui vit à la Grosse Pomme, qui plus est. Y a pas à dire, un ange* s’est penché au-dessus de ma tête ce soir. Oui bon, la voiture qui lâche dans un bas quartier de Los Angeles, pas terrible, mais les anges se rattrapent vite dans le coin.
“ Et c’est quoi votre petit nom ? fais-je tandis qu’elle tape son code Pin.
- Vonda. ”
Ay ay ay, ça c’est un prénom. Vondaaaaaa ... Je sens que je vais en faire des tas de jolis rêves ...
“ C’est très mignon, ça, Vonda. Je suis à vous dans deux minutes. ”
Ah oui, j’avais presque oublié mon coup de fil à passer, d’ailleurs je l’aurais oublié si elle ne m’avait pas tendu son portable. Alors ... Mince, c’est quoi déjà le numéro de Largo ? Je suis habitué à utiliser la mémoire d’habitude ... Bon alors attends ... 593 ... Et après ? Euh ... Pf. Ah oui, 1447.
Bon ça sonne, au moins je ne viens pas d’inventer ce numéro. Un petit clin d’œil pour Vonda. Elle rougit légèrement, je lui plais. Fantastique tout ça. Bon, on répond.
“ Allô ? je tente au hasard.
- Bob, mais où tu es passé ? s’écrie une voix hystérique à l’autre bout du fil. HEIN ? CA FAIT TROIS HEURES QUE JE T’ATTENDS ! TU M’HUMILIES DEVANT TOUTE MA FAMILLE ET ... ”
Oups. Je raccroche. Faux numéro. Finalement, c’était peut-être 1474. Bon, je compose le bon numéro et je pense au pauvre Bob et au savon qu’il va prendre quand il rentrera chez lui ce soir. A sa place, je ne rentrerais pas. Pas commode la fille.
“ Ici Largo Winch. ”
Ah bah ça y est, je suis au bon numéro. J’aime bien sa façon de répondre au téléphone, ça fait très grand décideur, businessman occupé, imposant et déterminé. Faudrait que je trouve un truc bien moi aussi pour répondre au téléphone. Parce que le “ Allô, Simon tombeur de ces dames, j’écoute ” ça ne fait pas très sérieux, surtout quand c’est Kerensky ou Joy à l’autre bout du fil. Quoique ... Ils me connaissent. C’est plus gênant pour les filles qui croient être l’unique soleil de ma vie. Oui ben quoi ? Je ne peux pas être l’homme d’une seule femme, je plaide coupable. Mais je suis comme ça, on me changera pas alors ...
“ C’est Simon.
- Ah enfin ! T’exagères ! Je te signale que notre emploi du temps est serré et que si je prends du retard, Sullivan va m’épingler !
- Ben quoi ? C’est toi le grand patron non ? Bon, de toute façon ce n’est pas de ma faute, je suis tombé en rade.
- Où ça ?
- Au coin de la 28è et Baxter. Mais rassure-toi, je suis en charmante compagnie ...
- Ce n’est pas le moment de draguer Simon. ”
Tiens, bizarre. Sa voix est différente. Trop sérieux. A ça y est, j’ai compris.
“ Joy est avec toi ?
- Oui, elle a déjà pris ses clés de voiture. On vient te chercher. Alors pose-toi quelque part, attends-nous et ne fais pas de folies de ton corps ! ”
Argh. Dommage Vonda. Bon je prendrai son numéro.
“ Ok ... Euh attends ... Là, je suis devant un bar qui s’appelle la “ Cave ”. Vu la circulation, j’ai le temps d’y boire un verre avant que vous n’arriviez.
- Ok, on se met en route. ”
Waw, déjà raccroché ! Ah je suis sûr que c’est Joy qui l’a exhorté à se dépêcher en lui lançant un regard noir et une moue pressante. Et c’est qu’il file droit à chaque fois le loustic. Je le comprends, remarque, Joy me fait peur parfois, avec ses faux airs de sergent-chef instructeur à l’armée.
“ Vos problèmes se règlent ? ”
Mince, je manque à tous mes devoirs, j’avais oublié ma jolie Vonda.
“ Oui, des amis vont passer me prendre ... lui dis-je en lui rendant son portable.
- C’est dommage. J’allais me rendre au théâtre, voire une amie jouer. Vous auriez pu m’accompagner. ”
Note pour plus tard : POURQUOIIIIIIIIIIIIIIIII ? ? ? ? ?
Ahem. Calme-toi.
“ Peut-être pas ce soir, mais on pourrait se rattraper disons ... Demain ? ”
Ok, demain soir je suis censé superviser la sécurité lors d’une réception mais Joy sera assez grande pour le faire toute seule. Après tout c’est elle le sergent-chef instructeur. Parfois, je trouve qu’elle a des faux airs de Lèvres-en-Feu* dans M.A.S.H. Hum ... Il faudrait qu’on essaie le coup de la douche, un jour avec Largo et Kerensky*.
Je vois ma donzelle se dandiner légèrement. Elle a l’air d’accord.
“ Vous me donnez votre numéro ? ”
Yes, elle me mange dans la main.
Alors elle prend son portable pour entrer en mémoire mon numéro, je lui dicte, et youpla boum, demain je vais passer une excellente nuit !
Elle me fait coucou de la main (j’adore sa manière de faire coucou, elle est très gracieuse) et saute dans un taxi.
“ Waouh ! ”
J’en suis encore tout émoustillé. Une bonne douche froide ? L’endroit n’est pas approprié. Alors je vais plutôt boire un verre, ça va calmer mes ardeurs. Parce que là, je suis chaud comme la braise. Et je m’en voudrais que le sergent-chef instructeur Joy Lèvres-en-Feu me trouve dans cet état pitoyable.
Alors j’entre dans le bar. La “ Cave ”. Mouais pas très glamour comme nom.
D’accord d’accord ... L’intérieur non plus n’est pas très glamour. Ca sent à plein nez le bistrot de fortune où vont se perdre les cadres moyens après une rude journée de travail. Ca me change des bars branchés que je fréquente avec Largo. Je me vois très bien m’asseoir au comptoir près d’un de ces mecs dépressifs et lui dire “ mauvaise journée ? ”. The phrase cliché qu’on entend dans les nanars à la téloche. Ex aequo avec “ Barman, un verre, quelque chose de corsé ! ”.
Bon allez, je joue le jeu.
Il y a un type assis au comptoir, qui a l’air à côté de ses pompes. Un blond, de taille moyenne, plutôt pas mal physiquement. Par contre il porte une veste beige très moche. Bah, il a l’air sympa.
Allez banco, adjugé, je prends place à côté de lui.
“ Barman, un Bloody Mary* ! ” je commande sur un ton dynamique qui a l’air de sortir mon voisin de sa torpeur.
Il me regarde. Oui, ce type a tout l’air du gars franc et sympa à qui il est arrivé une sale crasse. Je ne sais pas pourquoi, parce que je ne le connais pas, ce sont peut-être ses grands yeux bleus flagrants de sincérité, mais je ne peux pas m’empêcher de le trouver sympathique .
“ Mauvaise journée ? ”
Yes, vingt sur vingt, je suis number one de la phrase cliché de l’année !
“ Si ce n’était que ma journée ! ”
Oh la ! Il a l’air sévèrement attaqué par l’alcool ! Pas bourré, mais déjà plongé dans un degré considérable de confusion.
“ Ca ne doit pas être si terrible que ça ! je continue. Moi j’ai vraiment une vie mouvementée, et je ne m’en plains pas ! Remarquez, j’ai pas intérêt à me plaindre, j’adore ça ! ”
Il rit.
“ Pensez ce que vous voulez, mais votre vie ne peut pas être plus mouvementée que la mienne ! ”
Amusant. Téméraire. Ok, je le prends au mot et j’allonge vingt dollars sur la table.
“ Je vous parie ce que vous voulez que ma vie est beaucoup plus cinglée que la vôtre.
- Tenu. Commencez, je suis sûr de gagner. ”
Ben il a l’air vraiment sûr de lui. Son ton est assez grave mine de rien. Il ne doit pas être aussi bourré que ce que j’avais imaginé. Bon, je me lance quand même.
“ Ok, je suis chargé de la sécurité internationale de la plus grande multinationale du monde, et je dois protéger mon meilleur ami, Largo Winch en personne, des centaines et des centaines d’ennemis qui rôdent autour de lui et de son Groupe. Résultat, mes journées sont faites de poursuites, de bagarres, d’attentats, de trahisons et j’en passe. Essayez de faire mieux. ”
Il boit une gorgée de Whisky.
“ Facile. Moi j’étais journaliste, j’ai découvert un scandale, une conspiration d’une organisation criminelle se faisant passer pour une branche de la CIA et pour rester en vie j’ai été obligé de m’enrôler de force dans les services secrets. ”
Ah oui quand même. Je m’incline.
“ Vous avez gagné, dis-je.
- Merci. Je vais garder vos vingt dollars pour m’acheter de l’aspirine demain matin. Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais je suis comme qui dirait rond. Je vous précise que je suis bourré, comme ça vous pourrez toujours vous dire demain matin que je racontais n’importe quoi. Faire la sourde oreille, c’est souvent ce qu’il y a de mieux à faire.
- Oh vous en faites pas mon vieux. Les agents secrets ça me connaît. Je bosse avec un ex du KGB et une ancienne de la CIA.
- Waw ! Et ils cohabitent sans se massacrer ?
- Ben couci couça, ça dépend des jours. Ma collègue s’appelle Arden, vous la connaissez peut-être.
- Oh non, mon entrée à la CIA est récente. Oh la, j’aurais de sacrés emmerdements s’ils savaient que je vous raconte ça. Eh bien vous savez quoi ? Je m’en fous ! J’ai mal au crâne à force de me méfier de tout. Vous voyez, là, derrière, les deux qui se roulent des pelles dans leur box ? ”
Je tourne la tête vers le couple qu’il désigne. La fille est mignonne. Mais le mec avec son costume gris, je ne le vois pas bien.
“ Je croyais qu’ils étaient là pour moi ... poursuit-il en levant les yeux au ciel.
- Eh ben apparemment ils ont des projets plus agréables pour passer leur soirée. ”
Ma remarque le fait sourire.
“ Oui, comme vous dites. Je m’appelle Will.
- Simon. ”
On se serre la main. Mon Bloody Mary arrive et je commence à le siroter.
“ Alors comme ça vous êtes un pote de Largo Winch ? Dommage que je ne sois plus journaliste, je vous aurais bien demandé de me pistonner pour une interview exclusive. Il est pas bavard dans la presse votre copain.
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Scilia
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Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Empty
MessageSujet: Re: Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise   Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Icon_minitimeLun 26 Déc - 20:35

- Il préfère se préserver et continuer à vivre simplement.
- Ca c’est bien. Ca me rappelle une amie à moi. Elle porte sur ses épaules un lourd, très lourd héritage. Et elle fait ce qu’elle peut pour l’assumer tout en menant en parallèle l’illusion d’une vie normale. Qu’est-ce que la vie peut être compliquée parfois ... ”
Je hausse les épaules.
“ Si j’ai qu’un conseil à te donner Will ... Euh, tu permets que je te tutoies ?
- Vas-y Simon, te gêne pas.
- Bon, si j’ai qu’un conseil à te donner, c’est de laisser courir. Laisse tout courir. Te rends pas malade, ça sert à rien. Mon amie, l’ancienne de la CIA, elle est si carrée, et stressée. Ce sont les services secrets qui l’ont rendue comme ça. Et son éducation y est pour beaucoup. Bah, c’est une chic fille, mais elle a tendance à se prendre trop la tête, et à regarder la vie avec trop de sérieux. Elle ne voit pas l’essentiel : et l’essentiel c’est que le monde qui s’offre devant nous est magnifique, plein de richesses, et qu’il faut en profiter, parce que la vie s’écoule aussi rapidement qu’une poignée de sable. T’as peut-être connu des galères, tu te retrouves embarqué dans une vie que tu n’as pas choisie, une vie assez dure, ok. Il faut faire avec. Mais, c’est dangereux de se fermer aux autres. Ou de noyer ses problèmes dans un bar glauque. ”
Will me sourit. Ah il a une meilleure tête, ses traits semblent s’animer.
“ Très belle philosophie épicurienne. Et au moins, elle n’est pas chinoise. ”
Hein ? Mais pourquoi il me parle de philosophie chinoise lui ?
“ Bon, tu vas mettre en application mon conseil ?
- Je vais essayer. Je ne suis pas déprimé, ce n’est pas ça. Mais il me tombe des trucs dessus, et je ne contrôle plus rien. J’ai la trouille. C’est mon problème principal.
- Si tu n’avais pas la trouille, c’est là que tu aurais un problème. La peur est un excellent moteur. Il ne faut pas faire l’erreur de se prendre pour un surhomme tout ça parce que tu rends la justice avec un flingue. Ce n’est que du vent tout ça. ”
Le barman lui apporte un autre verre, mais il le refuse.
“ Bon, c’est pas tout ça, mais il faudrait que je rentre chez moi. Demain j’ai un briefing important. J’aurai une de ces gueules de bois ... ”
Le pauvre, c’est vrai qu’il n’a pas l’air très frais. Heureusement je suis magnanime. Je lui note rapidement sur un bout de papier la recette de MON cocktail anti-gueule de bois, un remède infaillible et imparable que j’ai concocté au bout d’années et d’années de beuveries sauvages. Je devrais peut-être le faire breveter. Je ferais sans doute fortune. Bah, je ne suis pas si ambitieux que ça, et j’ai déjà un job sympa.
“ Tiens, plus radical que le mélange détartrant de la cafetière, mais ça marche.
- Merci Simon. ”
Il hésite et regarde le couple qui se pelote dans le box au fond du bar.
“ Ah merde, je suis trop parano. Mais il y a cette impression tenace qui me reste. Je suis persuadé qu’on me surveille.
- Ca doit être l’alcool mon vieux.
- Ouais, t’as raison. J’y vais. Ravi de t’avoir connu Simon.
- Moi de même. Oh, et si tu as accès à mon casier par la CIA, tout ça c’est du passé ! ”
Il éclate de rire.
“ Pigé. ”
Oui, vraiment sympa ce type. Bon allez, au cas où il aurait raison, je surveille un peu le couple. Ah ben non, ils n’ont prêté aucune attention à son départ, et ils continuent à se bouffer le visage. Beurk. Je ne suis pas très pudique, mais là, ils vont s’étouffer s’ils continuent. Ils devraient songer à rejoindre une chambre d’hôtel.
Bon, ça fait vingt minutes. Largo et Joy ne vont pas tarder à arriver. Il est temps que je paie. Mais où il est ce barman ? Hé hooooooo ? Y a quelqu’un ? Ca ne se fait pas de laisser son bar sans surveillance et ...
Attends une minute.
Il a laissé son tablier sous le comptoir et il est parti. Mais ...
Quelque chose attire mon attention. Un petit flacon, a moitié dissimulé sous le tablier. Je lis l’étiquette. Pento ... Pentothal ? Du sérum de vérité mais ...
Will !
Aussitôt je me rue au dehors, pour voir où a disparu mon blondinet de la CIA imbibé d’alcool. Résultat ? Aucune trace. Et merde. Soudain j’entends un fracas, un chat qui miaule, des poubelles qui sont bousculées. Des bruits de lutte. Le boucan provient d’une ruelle adjacente au bar.
Je me précipite et je vois ce que je m’imaginais : Will aux prises avec le barman, qui essaie de l’enlever et de l’enfermer à l’arrière d’un fourgon grand ouvert, prêt à démarrer.
“ Hey ! ”
Oups il m’a vu. La bonne nouvelle c’est qu’il délaisse Will temporairement. La mauvaise c’est qu’il sort un flingue à silencieux et me vise avec.
Et paf, je suis bon pour un plongeon derrière les poubelles. J’entends les balles siffler vaguement autour de moi, mais leur bruit est camouflé par le silencieux, et je ne sais plus trop bien me repérer par rapport à elles pour les éviter. Vite, il faut que je trouve quelque chose d’intelligent à faire pour éviter de prendre une balle perdue.
Tiens ? Le mec a arrêté de tirer. Ma tête se hasarde au-dessus de la louée poubelle qui me servait de bouclier et je peux voir que Will, à terre, a donné un coup aux jambes du faux barman pour le déséquilibrer. Il est tombé et Will rampe pour l’empoigner et le frapper au visage.
Hey ! Mais c’est qu’il a pas mal de ressources pour un type à moitié drogué et bourré.
Oups je retire ce que j’ai dit, il a l’air d’avoir un vertige. Il se prend la tête violemment, je crois qu’il va avoir un malaise. Bon, allez, sors de ton trou Simon !
Je me dégage de mes poubelles, d’ailleurs mon costume sur mesure est bon pour une note de teinturier exorbitante, et je me jette sur le barman qui reprend ses esprits et est sur le point de s’attaquer à Will. Bon je plonge vers lui et on roule sur le sol. Je donne un coup à l’aveuglette et je m’en prends un dans la mâchoire. Mais euh ! J’ai rendez-vous demain soir moi ! Il n’aurait pas pu me frapper ailleurs qu’au visage ? Dans le ventre ? Qu’est-ce qu’il fait ? Il n’essaie pas de me mettre KO ?
Argh, j’ai compris. Il veut récupérer son flingue, qui a glissé sous le van quand Will l’a déséquilibré. Ah mais non mon faux barman, ça ne se passera pas comme ça, je ne vais pas te laisser faire ! Qu’est-ce que tu crois ?
Allez, un coup de genou, là où ça fait très très mal. Bien visé ! Il a le souffle coupé et plisse les yeux de douleur. Son dernier souci pour l’instant, c’est de récupérer ce flingue. Bien fait ! En plus, il n’était même pas bon son Bloody Mary !
Allez je me dégage, et je m’apprête à me relever. Je n’ai plus qu’à l’assommer pour de bon ou à ramasser le flingue, comme bon me semble.
Eh bien bon me semble rien du tout. Je sens un objet contendant me frapper de plein fouet derrière le crâne. Je vois pleins de points noirs et j’ai à peine le temps de tourner le dos pour constater que le couple du bar, le mec en costume gris accompagné de sa dulcinée, vient d’arriver pour prêter main forte au faux barman. Argh. Will avait raison.
C’est ma dernière pensée et après, je sombre dans les vapes.

****

“ Bon, ben si tu passes par New York, n’hésite pas à me faire un petit coucou ! ”
Will sourit à Simon.
“ J’y manquerai pas. Et toi, si tu reviens à Los Angeles ... ”
Simon fit une grimace.
“ Non merci, je ne garde pas un souvenir exquis de l’hospitalité des gens ici ... expliqua-t-il en frôlant sa grosse bosse derrière le crâne.
- Toi au moins tu peux sortir ... soupira Will. Moi je suis encore bon pour une semaine d’hospitalisation ...
- Ben tu sais, des gouttes de pentothal diluées dans de l’alcool fort ... Tu as de la chance de t’en tirer avec un lavage d’estomac. ”
Will hocha la tête et Simon se pencha vers son ami, assis sur le bord de son lit d’hôpital.
“ Allez, entre nous, ils te voulaient quoi ? Et ils bossaient pour qui ces types ?
- Laisse tomber Simon. Si je te le dis, après je serai obligé de te tuer.
- Essaie toujours !
- Désolé, ça faisait partie de mon top ten des phrases de cinéma que je rêvais de prononcer un jour.
- Eh bien tu n’as pas fini avec ton “ nouveau job ” !
- Je suis sérieux Simon, si mes supérieurs apprenaient que j’ai trop parlé ...
- Promesses, toujours des promesses ! Je te signale que tu étais drogué au sérum de vérité. Mais vrai de vrai, ils voulaient savoir quoi ces mecs ? Hein ? Tu connais des secrets d’État ? Hein ?
- Simon, la ferme. ”
Le Suisse éclata de rire.
“ D’accord mon Willounet, je te laisse ! Promis, je ne te harcèlerai plus à ce sujet ! Par contre ... Si tu pouvais m’avoir le numéro de ta copine là, Sydney, elle est miam miam ...
- Simon ... le gonda Will.
- Ben quoi ? Je te signale qu’avec tes bêtises j’ai été obligé de poser un lapin à Vonda ! ”
Will lui lança un regard désapprobateur, mais n’empêche qu’il devait une fière chandelle à Simon et ses amis. En effet, le faux barman et le faux couple faisaient partie du KD et voulaient faire parler Will au sujet du Projet Christmas, sur lequel il travaillait depuis quelques temps pour le compte de la CIA*. Impossible de le kidnapper, sous peine d’attirer l’attention de la CIA, ils avaient prévu de le faire boire et de le droguer à son insu, pour l’interroger ensuite dans le van, juste à côté du bar. Une fois les informations obtenues, ils l’auraient balancé sur le trottoir et il ne se serait souvenu de rien.
Heureusement que Simon était là d’une part. Puisque ses deux amis, Largo et Joy, qui devaient le rejoindre, les ont retrouvés, guidés par les bruits de lutte émanant de la ruelle sombre près du bar, et ont empêché le couple venu en renfort du barman de tuer Simon et de mettre leur plan à exécution.
Après ça, Will et Simon s’étaient retrouvés hospitalisés tous les deux, Will pour son lavage et Simon, pour son poignet fracturé lorsqu’il était tombé au sol après avoir été assommé à la matraque par le couple. Pendant leur hospitalisation, les deux hommes avaient fait plus ample connaissance et Simon s’était tu sur ce qu’il avait appris des activités de Will, qu’il lui avait révélé sous l’emprise du pentothal.
En effet, très rapidement, un homme prétendant être l’ “ oncle ” de Will était venu lui “ rendre visite ” pour lui “ apporter des chocolats ”. Ahem en clair : une ponte de la CIA est venue interroger Will pour qu’il fasse son rapport et s’assure qu’aucun secret de l’Agence n’avait été dévoilé dans cette histoire. Tous des tordus à la CIA ... Mine de rien, enfin malgré la grosse bosse sur le crâne et le poignet fracturé, la situation avait amusé Simon. C’était rigolo de voir tous ces agents secrets défiler autour de Will, faisant semblant d’être tout sauf des agents de la CIA, pour “ s’assurer qu’il allait bien ”.
Enfin dans le lot, Will avait tout de même reçu d’intéressantes visites de deux charmantes demoiselles nommées Sydney et Fran. Simon avait bien essayé de faire jouer son charme auprès d’elles, puisque le plan Vonda était tombé à l’eau, malheureusement les deux jeunes femmes n’étaient pas très réceptives. Pf, elles ne savent pas ce qu’elles manquent.
Quant à Largo et Joy, ils avaient été remerciés chaleureusement par Will, qui, vaguement leur a expliqué qu’on avait dû le prendre pour quelqu’un d’autre et qu’il ne comprenait pas pourquoi ce barman et ce couple l’avaient agressé. Simon avait confirmé son histoire, goguenard, mais ses deux amis, le connaissant bien, comprirent qu’il mentait. Malgré les interrogatoires poussés et soutenus de Joy Lèvres-en-Feu, le Suisse avait tenu bon, sous les applaudissements d’un Largo hilare. Puis les deux jeunes gens avaient laissé tomber, souhaitant un prompt rétablissement à Will, et promettant à Simon qu’ils auraient une “ sérieuse discussion ” une fois de retour à New York.
Et le retour pour New York approchait, Simon disait donc adieu à Will.
“ Bon, mon ptit gars, je vais retourner dans ma cambrousse new yorkaise, sourit Simon. Alors fais gaffe à toi et moralité, ne mets plus jamais les pieds dans un bar.
- Je vais faire mieux que ça, je vais rayer définitivement de mon vocabulaire le mot alcool, et à partir de maintenant, je suis aveuglément mon intuition. ”
Simon acquiesça et tendit à Will sa main valide. Celui-ci l’empoigna.
“ C’est sympa de te connaître Simon.
- Si ces radins de la CIA te paient un jour des vacances, toi et moi, on ira s’éclater quelque part, et draguer des jolies filles.
- C’est-à-dire que je suis un grand romantique moi ...
- Tsst tsst tsst ... Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre ... Ce sont des mecs comme toi qui nous cassent nos baraques, à nous, les séducteurs impénitents. Allez Will, j’y vais. Surveille tes arrières ! ”
Le Suisse salua une dernière fois son nouvel ami et disparut. Une fois seul dans sa chambre, Will se rallongea et regarda fixement au plafond, rêvassant.
“ Bon ... pensa-t-il. Je suis en plein dans les emmerdes. Ca fait des mois. Que voulez-vous que je vous dise ? Autant m’y habituer. Après ... On verra. Ce n’est pas Confucius qui a dit que ... Argh. M’ÉNERVENT CES CHINOIS ! ”


Fin





* voir le deuxième épisode de la saison 2 d’Alias
* voir le dernier épisode de la saison 1 d’Alias
* Film de Howard Hawks, 1940. Célèbre comédie américaine se situant dans le milieu du journalisme où Cary Grant un rédacteur en chef capricieux fait tout pour conserver l’amour de sa journaliste préférée. Le film est connu pour le cynisme, la profusion et la rapidité des dialogues de ses personnages ( 240 mots la minute )
* Journalistes célèbres du Washington Post, qui ont révélé le scandale du Watergate, qui a conduit à la démission de Nixon.
* oui je suis d’humeur à bichonner le Doudou dans cette fic
* M.A.S.H. satyre de Robert Altman, Palme d’Or à Cannes en 1970. Dans ce film, racontant la vie d’une antenne médicale militaire pendant la guerre de Corée, la très stricte infirmière en chef est surnommée Lèvres-en-Feu après que ses ébats avec un Colonel aient été diffusé à la radio du camp militaire. Et je ne sais pas pourquoi elle me fait toujours penser à Joy ...
* oui alors à titre explicatif, pour ceux qui n’ont pas vu M.A.S.H., il y a une scène culte au cours de laquelle, Elliot Gould, Donald Sutherland et Tom Skerritt, conspirent contre Lèvres-en-Feu pour qu’elle aille prendre sa douche seule, et s’amusent à détruire la tente pour qu’elle se retrouve toute nue au beau milieu du camp. Valàà, tout ça pour dire que le Doudou a encore une fois l’esprit mal placé. (comment ça c’est de ma faute ?)
* Message perso pour roulure : gnark gnark gnark !
* voir le début de la saison 2 d’Alias
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Cath
Stagiaire CSI
Stagiaire CSI



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MessageSujet: Re: Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise   Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Icon_minitimeMer 28 Déc - 0:00

bravo

Merci de nous faire partager ce très joli cross écrit avec brio.

Je l'avais déjà lu mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le relire.

En plus j'aime beaucoup ces deux personnages si semblables sur certains points alors les réunir avec autant de talent...

A quand la prochaine :ange: ?

Cath
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MessageSujet: Re: Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise   Will, Simon, le barman, le couple et la philosophie chinoise Icon_minitime

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