Bienvenue sur notre forum ^_^
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Bienvenue sur notre forum ^_^


 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

 

 Wrong way

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeMer 28 Déc - 20:58

Wrong Way


***


Kerensky observait, sans le montrer, la jeune femme qui occupait le poste voisin du sien. Valérie, garde du corps de Largo, était cantonnée au bunker alors que son patron et sa femme, Joy, étaient en voyage à l’étranger avec son remplaçant. Deux mois plus tôt, suite à une tentative d’enlèvement sur Paolo, l’héritier des Winch, elle avait été grièvement blessée au bras gauche et avait porté un plâtre qui lui avait été enlevé quinze jours auparavant. Son médecin ne l’estimait pas encore prête à reprendre du service et l’inactivité lui pesait tant, de même que la condescendance dont faisait preuve tous ses nouveaux amis, qu’elle avait décidé de passer quelques heures au bunker. Le Russe avait noté des changements dans le caractère généralement enjoué de la jeune femme. Elle était plus irritable et moins à l’écoute. Il avait une petite idée pour expliquer son comportement mais savait d’avance qu’aborder le sujet n’allait que la braquer encore plus.

— Tu veux ma photo ? S’enquit Valérie d’un ton glacial.

Il préféra éluder la question et se repencha sur le problème de décryptage que lui posait un logiciel pakistanais qui promettait, une fois la solution trouvée, de faire des merveilles. Val poussa un soupir d’énervement et essaya de se concentrer sur le dossier qu’elle étudiait. Ce fut peine perdue, elle sentit une sourde douleur dans sa poitrine quand elle attrapa un dossier qu’elle faillit lâcher. Elle tenta de contrôler la douleur en se concentrant sur sa respiration jusqu’à ce qu’elle se rende compte que c’était impossible. Ses mains commencèrent à trembler, elle avait de plus en plus chaud et du mal à respirer. Tentant de paraître la plus naturelle possible, elle récupéra son sac dans le tiroir du bureau et en sortit un tube de comprimés. Elle en fit glisser deux dans sa main sous le regard scrutateur de Kerensky.

— Qu’est-ce que c’est ?
— Qu’est-ce que ça peut te faire, répliqua-t-elle sèchement. Il y a longtemps que je n’ai plus besoin de baby-sitter.
— Valérie, je crois que tu as un problème.
— Et moi, je crois t’avoir demandé de te mêler de tes affaires, le rabroua-t-elle en allant remplir sa tasse vide de café.
— Tu ne pourras jamais reprendre ton job si tu…
— Je t’ai dit que ça suffisait ! S’écria Valérie avec rage. Je sais ce que j’ai à faire et ce n’est certainement pas toi qui vas m’empêcher de vivre ma vie !

Il savait parfaitement à quoi elle faisait allusion. Une brève liaison qui s’était finie aussi vite qu’elle s’était commencée car il y avait mis un terme sans vraiment lui donner d’explication valable. Georgi se leva et jeta un coup d’œil dans le sac à main ouvert, posé sur le poste de travail. Un flacon orange, étiqueté à son nom, était visible. Il déchiffra son contenu et dû se rendre à l’évidence, ce n’était pas de l’aspirine mais le nom ne lui indiquait pas de quoi il s’agissait, il ne le connaissait pas.

— Je t’interdis de…, commença Valérie en le voyant faire.
— Je croyais que c’était de l’aspirine, répliqua durement le Russe en se saisissant du flacon.

Avec une vivacité qu’il ne lui avait jamais vue, elle lâcha sa tasse qui explosa sur le sol tandis qu’elle se jetait sur lui pour lui arracher son bien. Le flacon échappa à Kerensky et roula jusqu’à l’escalier. La jeune femme était devenue une véritable furie et Georgi eut un peu de mal à la maîtriser.

— Que prends-tu ?
— Lâche-moi ! Rugit-elle tandis que le Russe raffermissait sa prise sur ses bras qu’il maintenait dans son dos.
— Je veux une réponse, insista-t-il.
— Va te faire voir, Kerensky !
— Salut tout le… monde, fit Simon qui venait d’entrer dans la pièce et dont la voix mourait au fur et à mesure qu’il découvrait la scène. Qu’est-ce qui se passe ?
— Tu tombes bien, l’accueillit Georgi qui pour une fois ne regretta pas l’arrivée tardive (il était midi passé) du Suisse. Ramasse ce flacon et lis-moi le nom qui y est inscrit.
— Mais que…
— Simon, dis-lui de me lâcher tout de suite, siffla Valérie avec colère.
— Obéis, renchérit Kerensky.
— A qui ? Demanda Simon en secouant la tête. Est-ce que vous allez m’expliquer ce qui se passe à la fin ?
— Ne…aie, s’écria la jeune femme tandis que Georgi resserrait sa prise.
— Elle se drogue.

Le visage de Simon exprima d’abord l’étonnement avant que toute une foule de petites choses lui revienne en mémoire concernant Valérie. Avec lenteur et en espérant que son ami se trompait, il ramassa le flacon orange et déchiffra l’étiquette avec soin.

— Bon Dieu, Val ! S’exclama-t-il en constatant que Kerensky avait raison. Tu prends cette saloperie depuis quand ?
— Je prends des médicaments qui m’ont été prescrit par mon médecin alors maintenant tu me lâches, ok ?
— Tu promets de rester tranquille ?
— Je te promets de ne pas te foutre une raclée, ça te va ?

Le Russe consentit à la libérer après quelques minutes. Simon s’attendait à ce qu’elle se venge sur Kerensky mais elle n’en fit rien, se contentant de s’asseoir comme il le lui avait demandé. Il récupéra le flacon que Simon tenait toujours et décrocha son téléphone.

— Dénophérol, prononça-t-il dès que son correspondant eut répondu.

Il écouta la réponse sans quitter des yeux Valérie. Une gamme d’émotions le traversait tandis que son interlocuteur lui expliquait qu’il s’agissait d’un puissant antalgique prescrit dans des cas désespérés mais ses traits restèrent impassibles. Simon avait du mal à croire que la jeune femme put se droguer. Il était tombé dedans parce que c’était un moyen pour lui de s’évader de la vie minable qu’il menait à l’époque. Sullivan l’avait fait pour se prouver qu’il pouvait encore être à la hauteur d’une femme de vingt ans sa cadette mais Val… Il n’arrivait pas à trouver de raison valable.

— Tu comptais nous en parler quand ? S’enquit Kerensky une fois qu’il eut raccroché.
— Parler de quoi ? Demanda Simon alors que le silence s’éternisait.
— Rien qui ne vous regarde. Rends-les-moi, je rentre.
— Il est où ? Renchérit le Russe en gardant soigneusement le flacon dans sa main.
— Bon dieu, de quoi tu parles Kerensky ? S’énerva Simon devant le dialogue muet de ses deux amis qui se fusillaient du regard.
— Tu étais obligée de compliquer les choses, ragea la jeune femme en lui arrachant ses comprimés de la main. Comme d’habitude, il a fallu que tu te mêles de ce qui ne te regarde pas, continua-t-elle en fourrant dans son sac les quelques affaires personnelles qui était dans son tiroir.
— Qu’est-ce que tu fais ? L’interrogea Simon en la voyant faire.
— Je ne reviendrais pas, annonça Valérie en prenant son sac.
— Tu ne peux pas faire cela à Largo et Joy, tenta Kerensky dans son dos.

La jeune femme s’arrêta, poussa un lourd soupir avant de se retourner vers les deux hommes. Elle savait qu’ils s’inquiétaient pour elle et que Georgi n’avait agi ainsi que pour la forcer à dévoiler son secret mais c’était trop dur. Elle aurait tellement voulu avoir plus de temps.

— Tu n’auras qu’à leur expliquer.
— Crois-tu vraiment que se soit à moi de leur annoncer que tu as un cancer ? Lança-t-il d’une voix glaciale.

Simon crut avoir mal entendu. Son regard passa de l’un à l’autre de ses amis et il comprit, à leurs visages graves et fermés, que c’était la triste réalité. Valérie malade ? Les cancers se soignaient de mieux en mieux, cela ne pouvait être aussi sérieux qu’elle le pensait, il y avait des traitements, la chimiothérapie ! Elle ne pouvait pas baisser les bras, pas elle qui était si combative et si dynamique. Il n’avait jamais vu une femme aussi forte à l’exception, peut-être, de Joy. Elle devait se battre. Il allait prononcer ses pensées à voix haute quand il s’aperçut qu’elle avait quitté le bunker. Kerensky était retourné s’asseoir et contemplait son écran d’un œil morne.

— Bon sang, tu ne vas pas la laisser partir sans rien faire, s’écria Simon furieux devant le manque de réaction de son comparse.
— Que veux-tu que je fasse ? Elle ne veut pas de notre aide.
— Mais…
— Tu veux faire quoi, s’enquit le Russe, l’emmener de force à l’hôpital ?
— Je sais pas… lui parler, la faire changer d’avis ! Merde, reste là si tu veux, moi je vais lla voir, conclut Simon en sortant du bunker.

***

La nuit était tombée depuis longtemps. Valérie somnolait dans un vieux rocking-chair, près d’un feu de cheminée qui menaçait de s’éteindre. Elle était épuisée. Elle avait roulé une bonne partie de l’après-midi. Elle avait fui New York non sans aucun remords mais parce qu’elle n’avait pas quoi su faire d’autre. Le regard de Kerensky l’avait poursuivi tout au long du chemin. Elle avait vu passer une lueur indéfinissable dans ses yeux bleus quand il avait su. Oui, elle se droguait, pas par plaisir mais parce que le mal progressait un peu plus chaque jour. Un craquement à l’extérieur de la maison la tira de sa somnolence. Elle récupéra l’arme qui était cachée dans le coffre à bois et sortit par la porte arrière du chalet qu’elle occupait. Le silence l’enveloppa, uniquement rompu par le bruit de quelques oiseaux nocturnes. Le clair de lune lui permit de se diriger sans peine jusqu’au coin de la maison. Une voiture était garée un peu plus bas. Elle ne l’avait même pas entendue, se morigéna-t-elle intérieurement. Cela ne pouvait être qu’un voleur. Personne ne savait qu’elle possédait ce chalet, qui jadis appartenait à ses grands-parents, et les touristes étaient plutôt rares dans le coin en hiver. Durant l’été, le lac attirait énormément de monde mais la… Valérie poussa un soupir de contrariété avant de sortir de sa cachette et de pointer son arme sur la silhouette qui se tenait devant la porte d’entrée. Impossible de reconnaître qui que soit avec l’anorak sombre et le bonnet de laine qu’elle portait.

— Levez les mains ou je tire, et je préfère vous prévenir que je vise bien !

Un rire narquois fut la seule réponse à son injonction. Son visiteur impromptu obéit et se tourna lentement vers elle. La jeune femme laissa échapper un juron en le reconnaissant.

— Nom de dieu, qu’est-ce que tu fiches ici ?
— Je viens prendre de tes nouvelles.
— Ne te fous pas de ma gueule, Kerensky. Tu n’as certainement pas fait tout ce chemin juste pour savoir si…
— Simon a tenté de te rattraper après ton départ mais il n’y a pas réussi. Je suis meilleur que lui pour remonter une piste.
— Ouais, ben tu dois être aussi le meilleur pour rebrousser chemin sans te perdre, non ? Lança Val avant de faire demi-tour pour rentrer chez elle.
— Je ne vais même pas avoir droit à l’hospitalité légendaire des gens du Maine ?
— Va en enfer !
— J’y suis déjà allé et Satan lui-même m’en a chassé.

Elle poussa un soupir d’agacement quand il entra dans la cuisine à sa suite mais ne le chassa pas. Il était près de trois heures du matin et il n’y avait pas un hôtel potable à des lieux à la ronde.

— Va pour l’hospitalité mais tu t’en vas demain matin.
— C’est plus que je n’en espérais.

Elle ne prit pas la peine de répondre et passa dans la pièce voisine dont elle ressortit quelques minutes plus tard, deux couvertures et un oreiller dans les bras.

— Canapé-Kerensky, Kerensky-canapé. Maintenant que les présentations sont faites, bonne nuit.
— J’imagine que tu ne seras plus là quand je vais me réveiller.
— Possible, j’avais envie d’aller chasser, fit-elle en haussant les épaules comme si cette activité lui était coutumière.
— C’est étrange.
— Quoi ? Ne put-elle s’empêcher de demander exaspérée.
— J’ai toujours cru que tu ne tirais que lorsque c’était inévitable.
— J’aurais peut-être mieux fait de le faire il y a dix minutes alors !
— L’hospitalité comprend aussi quelque chose à manger ? S’enquit le Russe qui n’avait pas pris le temps de dîner.
— Est-ce qu’il y a marqué bonniche sur mon front ? Tu es grand, tu ouvres les placards, tu trouves ce que tu cherches et surtout tu me laisses tranquille !
— L’accueil est tellement chaleureux que je pourrais décider de prolonger mon séjour, lança Kerensky l’air de rien alors qu’elle allait pénétrer dans ce qu’il supposa être sa chambre.
— Qu’est-ce que tu veux ? Grinça Valérie en lui lançant un regard noir.
— Pourquoi poser la question alors que tu connais la réponse ? Répondit-il tranquillement en s’installant à table après avoir trouvé un demi-jambon et du pain de seigle.
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeMer 28 Déc - 20:58

Ce type avait le don de la mettre hors de ses gonds. Ce n’était pas nouveau, cela avait commencé dès son arrivée au groupe mais là, il dépassait les bornes. Inutile de lui demander comment il l’avait retrouvée, elle l’avait vu à l’œuvre et savait qu’il était capable de dénicher une tête d’épingle dans une botte de foin. Si elle ne répondait pas, il était capable de mettre sa menace à exécution et de rester indéfiniment. Tout ce qu’elle demandait, c’était de passer quelque temps tranquille, loin de New York et des gens qu’elle y connaissait, loin de la vie devenue trop rapide et sans saveur pour elle. La paix avait un prix. Il ne lâcherait pas prise. Elle le savait, lui aussi. Avec une lenteur mesurée, Valérie s’approcha et s’assit sur la chaise qui faisait face à celle de son invité. Elle se leva aussitôt et vaqua quelques minutes près de la cuisinière, mettant de l’eau à chauffer et sortant deux tasses ainsi que des sachets de thé. Elle ne savait pas s’il en buvait et s’en moquait royalement. De toute façon, elle n’avait pas autre chose à lui proposer ayant fait de maigres provisions avant de venir. Elle comptait aller en ville le lendemain pour faire ses courses. Kerensky continua son frugal repas dans un silence quasi-religieux. Le sifflement de la théière fit sursauter Valérie qui avait laissé son regard se perdre à travers la fenêtre de la cuisine. Elle les servit et revint s’asseoir, après avoir rajouté deux cuillères de miel dans chaque tasse.

— Cela fait deux mois, commença-t-elle d’une voix monocorde. Après l’enlèvement de Paolo… ils ont trouvé quelque chose dans mes examens sanguins. Vérification faite, j’ai appris que j’avais un cancer de l’utérus. Fin de l’histoire, conclu-t-elle en évitant de le regarder.
— Pas de traitement ? S’enquit Kerensky.
— Oh si les trucs habituels dans ce cas là mais c’est trop tard. Il est en train de se généraliser.
— Chimiothérapie ?
— Non. Il me reste moins de six mois et je refuse de les passer dans un hôpital, assura-t-elle les larmes aux yeux.

C’était la première fois qu’elle parlait de sa maladie à l’un de ses proches et, même si elle lui en voulait de s’être imposé, elle était, d’une certaine façon, soulagée de pouvoir en parler. Valérie l’observa tandis qu’il portait sa tasse à ses lèvres. Il se demandait sans doute quoi lui dire. La compassion n’avait jamais été le fort du Russe, elle le savait. Elle s’étonnait même qu’il ait fait plus de quatre heures de route pour la voir. Ses mains, qui serraient sa tasse, la brûlaient mais elle ne les ôta pas. C’était une douleur qu’elle pouvait contrôler, sur laquelle elle avait un certain pouvoir, contrairement à… l’autre. Le contrôle. Cela avait toujours revêtu une grande importance pour elle depuis qu’elle officiait comme garde du corps, à tel point que cela avait empiété sur sa vie privée, la rendant aussi aride que le désert du Sahara. Est-ce qu’il avait des remords de l’avoir abandonnée après leur liaison aussi courte que torride ? Non, ce n’était pas son genre. Il y avait des squelettes dans son placard mais certainement pas de remords et encore moins de regrets la concernant. Elle ne s’expliquait pas sa présence mais l’essentiel n’était-il pas qu’il soit là ?

C’était la première fois qu’il voyait des larmes dans ses yeux émeraudes, habituellement si rieurs, sérieux ou concentrés. Ce n’était pas son genre de craquer, elle était de ses rares femmes que rien ne pouvait ébranler, du moins était-ce qu’il avait toujours cru. Apparemment il avait eu tort, ce qui lui arrivait un peu trop souvent à son goût. S’il avait pu imaginer une seule seconde ce que cachait son changement de comportement… Qu’aurait-il fait ? Il y avait des forces qu’il ne pouvait pas combattre. La maladie en était une. Il était capable de désamorcer des bombes, de se battre au corps à corps, de tuer un homme à plus de trois cents mètres ou encore de sortir vainqueur d’une bagarre mais que pouvait-il faire contre un cancer ? Rien. Cette constatation l’effraya quelque peu. Malgré tout le contrôle dont il avait fait preuve toutes ces années, il se rendait compte à quel point il était illusoire d’espérer contrôler la vie. Les choses suivaient leur cours. Naissance et mort inextricablement liées l’une à l’autre.

— Quels sont tes projets ?
— C’est pour y réfléchir que je suis venue ici. Je vais… aller me coucher, reprit-elle plus bas, je suis épuisée.
— Ce n’est pas une mauvaise idée, fit Kerensky tout en rangeant le jambon et le pain à leur place.

Valérie se leva et posa sa tasse dans l’évier. Elle se sentait littéralement vidée après cette brève conversation. Peut-être le fait qu’il ne lui ait pas dit ce qu’il pensait réellement de sa décision. Il ne l’avait pas questionnée, ne l’avait pas jugée, ne l’avait pas incitée à choisir une autre voie que celle qu’elle avait décidé de suivre. Suivant son instinct, elle posa un rapide baiser sur sa joue quand il s’approcha d’elle pour poser sa tasse. Elle s’enfuit aussitôt après dans sa chambre, laissant Georgi indécis quant à la signification de son geste. Il fit rapidement la vaisselle avant de s’allonger sur le canapé qui faisait face à la cheminée.

***

Un bruit de verre brisé le sortit soudainement de son sommeil. Kerensky se redressa brusquement et chercha machinalement l’arme qu’il gardait sous son oreille. Il se rappela aussitôt où il était et se précipita dans la chambre voisine.

— Valé…

Le lit était vide. Il ne l’avait pas entendue sortir, elle devait donc toujours être dans la maison. Il s’approcha et la trouva étendue, inerte, sur le sol jonché des morceaux bleutés d’un vase et de fleurs qu’il supposa être tombé de la table de nuit pendant la chute de la jeune femme. Elle était brûlante, constata-t-il en la prenant dans ses bras. Brûlante, inconsciente et à des dizaines de kilomètres du premier centre hospitalier ! Il commença par l’allonger sur son lit, vérifia son pouls qui battait irrégulièrement et alla chercher de l’eau fraîche et une serviette de toilette propre qu’il trouva dans la salle de bain. Georgi s’assit au bord du lit et posa le linge humide sur son front. Il ne sut si c’était le contact frais qui la fit entrouvrir les yeux une demi-heure plus tard ou autre chose mais il en ressentit un immense soulagement.

— Com…pri… més…, murmura-t-elle avec difficulté, les traits visiblement déformés par la douleur.

Kerensky avait repéré le flacon orange qui lui avait permis de tout découvrir le matin même sur la table de nuit. Il l’ouvrit et l’interrogea du regard.

— D…deux.

Il lui mit les deux comprimés dans la bouche et lui fit avaler un peu d’eau. La crise semblait sur le point de se passer mais il n’arriva pas à la laisser quand elle fut sur le point de se rendormir. Il posa sa main sur son front et constata que sa température était redevenue normale, de même que son pouls qui avait retrouvé un rythme régulier. L’aube se levait quand il s’assoupit dans le fauteuil voisin du lit de la jeune femme.

***

— Tu ne peux pas rester.

Valérie avait prononcé ses mots avec autant de détachement qu’elle avait pu, comme si son départ l’indifférait, ou mieux la soulagerait, mais il n’était pas dupe, elle le savait. Cela faisait deux jours qu’il était là. Il l’avait forcée à garder le lit la journée qui avait suivi son malaise, s’occupant au mieux d’elle en lui préparant de la soupe, en la distrayant quelque peu ou simplement en étant là, près d’elle, tandis qu’elle se reposait. La jeune femme n’aurait jamais imaginé Kerensky aussi dévoué et attentionné si elle ne l’avait vu de ses propres yeux. Le lendemain, il l’avait laissée seule le temps de faire des courses, prétextant qu’il avait besoin de prendre l’air alors qu’elle savait que c’était uniquement pour lui éviter de se fatiguer ou, pire encore, d’avoir une crise au volant de sa voiture et d’avoir un accident. Ce qui était sans doute préférable à son sens car cela aurait abrégé ses souffrances même si elle ne l’aurait jamais avoué.

Il était satisfait de lui. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas vécu aussi simplement mais New York ne lui manquait pas le moins du monde. Elle allait mieux mais pour combien de temps ? Ne put-il s’empêcher de se demander en la regardant, droite comme un i, au centre de la cuisine. Il y était aussi, épluchant les légumes qu’il avait achetés le matin-même pour le dîner. Son regard effleura le bouquet de fleurs qu’il lui avait ramené. Il avait été satisfait de la lueur de surprise et de joie qu’il avait surprit dans ses yeux verts. Il lui avait aussi ramené quelques magazines et assez de provisions pour soutenir un siège avait-elle plaisanté. Il n’allait pas feindre de ne pas avoir entendu. Elle avait détaché chaque mot avec application, essayant de leur donner une teinte neutre. Il était congédié par la maîtresse des lieux. Sauf qu’il n’avait aucune envie de quitter ce doux refuge. Non seulement parce qu’il s’inquiétait pour elle dans le cas où une nouvelle crise surgirait mais aussi parce qu’à son grand étonnement il aimait prendre soin d’elle.

— Nous sommes vraiment obligés d’avoir cette conversation ? S’enquit-il tout en coupant ses légumes.
— Oui.
— Cela ne pourrait pas attendre…
— Georgi, je veux que tu t’en ailles et je veux que tu le fasses tout de suite !

Il nota qu’elle avait utilisé son prénom, chose qu’elle ne faisait quasiment jamais utilisant son nom de famille comme chacun des membres de l’Intel Unit. Sa présence la dérangeait parce qu’elle ressentait les mêmes choses que lui. Il y avait trop de risques que ce rapprochement impromptu ne les fasses retomber dans les bras l’un de l’autre. Non qu’ils se soient consciencieusement évités après leur idylle mais il y avait une différence entre passer quelques heures au bunker, où ils n’étaient pas vraiment seuls, et dans un chalet de montagne isolé de tout.

— C’est vraiment ce que tu souhaites ?

Oui… non… que répondre ? Elle avait autant envie qu’il reste qu’il parte. Elle avait apprécié ces deux jours plus qu’elle n’aurait su le dire. Il était réconfortant d’avoir quelqu’un près de soi, pas forcement pour parler mais pour être là, juste là. Mais s’il restait, elle ne pourrait pas empêcher ce qui allait arriver. Elle avait trop envie qu’il ne la touche à nouveau, trop envie de glisser ses mains dans ses cheveux blonds qui lui caressaient agréablement la peau quand il couvrait son corps de baisers passionnés, trop envie de se sentir simplement vivante entre ses bras. Elle n’avait pas le droit de lui faire cela. Elle l’aimait trop pour… Oui, elle l’aimait ce grand dadais qui avait préféré ne pas donner suite à leur interlude dans le bunker, songea-t-elle avec un soupir. Trop pour le laisser s’accrocher à elle car la fin était inéluctable et elle ne voulait pas lui faire de mal. Si les choses avaient été différentes peut-être que… mais elle ne l’était pas. Il fallait qu’elle garde en mémoire cet état de fait.
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeMer 28 Déc - 20:59

— Ton silence est éloquent.
— Ne commence pas avec ta psychologie de prisunic !
— Tes paroles sont aussi éloquentes que ton silence, répondit-il avec un léger sourire en coin. Il adorait la provoquer.
— Tu vas me demander de m’allonger sur le canapé et de te parler de mon père ? Ironisa Valérie avec une grimace.
— Je devrais ?
— Bon Dieu, tu ne peux pas être sérieux deux minutes !
— Il faudrait savoir, la dernière fois tu me reprochais de l’être trop.
— Je n’ai jamais…
— Si, tu as dit cela avec ce cher Simon si je me souviens bien, cela doit remonter à deux semaines environ.
— Ne change pas de sujet !
— Quel est le sujet ? Demanda-t-il innocemment en transvasant des oignons dans une cocotte.
— Ton départ !

Il prit le temps de faire revenir ses oignons, de remplir la cocotte avec le reste des légumes, de la remplir d’eau et de la fermer avant de songer à lui répondre. Il savait que l’attente allait l’agacer un peu plus, qu’elle devait, en ce moment même, songer au meilleur moyen de se débarrasser de lui.

— Tu disais ?
— Je disais que tu vas prendre tes affaires et partir dans moins de dix minutes si tu ne veux pas que je mette le feu à ta voiture !
— D’une part, c’est une voiture de location et d’autre part, si tu la brûles, tu m’empêches de partir.
— Tu as décidé de me faire tourner en bourrique, ce soir, ce n’est pas possible ! Pesta Val en tentant de se calmer. Les médicaments avaient tendance à la rendre beaucoup moins patiente qu’avant.
— Non. J’ai décidé que je ne partirais d’ici que lorsque tu feras de même. Il est hors de question que tu restes seule à des kilomètres des secours et…
— Georgi, cela n’est pas ton problème, cela ne te concerne pas.
— Si, depuis que j’ai franchi le seuil de cette maison, assura-t-il d’un ton sans appel.
— Je t’ai fait confiance, je t’ai accueilli ici alors que j’aurais mieux fait de te jeter dehors, comment peux-tu…, s’emporta Valérie avant de se taire, brusquement interrompue par les lèvres chaudes et humides qui avaient pris possession de sa bouche.

Elle essaya de résister. De toutes ses forces. Elle songea à le repousser quand il la serra contre lui mais toute sa volonté fut balayée quand il força le sanctuaire de sa bouche. Sa langue se vrilla autour de celle du Russe, provoquant un déluge de sensations toutes plus agréables les unes que les autres au creux de ses reins. Il avait agi sur une impulsion. Il avait désiré sa bouche qui lui disait de partir alors que ses yeux parlaient un autre langage. Il avait eu envie de la toucher, de se fondre en elle. Il n’avait jamais pu oublier le plaisir qu’ils avaient partagé la seule et unique fois où ils avaient fait l’amour. Il s’était fait violence pour ne pas succomber de nouveau à ses charmes, construisant une barrière de plus entre lui et le monde extérieur qui venait de voler en éclat. Si elle l’avait repoussé… Si elle n’avait pas répondu avec autant d’ardeur à ses baisers, il ne l’aurait pas conduite dans la chambre, il serait parti comme elle le lui avait demandé mais… elle ne l’avait pas fait.

***

Quatre mois et il n’avait toujours aucune idée de l’endroit où elle se cachait. Il ne savait même pas si elle était toujours en vie. Quand il s’était réveillé, ce matin-là, après lui avoir fait l’amour une bonne partie de la nuit, il était seul. Elle était partie. Sans un mot. Il avait regagné au plus vite New York mais sa visite à son appartement n’avait servi à rien. Largo et Joy n’étant toujours pas rentrés, il s’était renseigné auprès de Simon. Le Suisse n’avait pas vu Valérie depuis le jour où il avait apprit qu’elle était malade. Georgi n’avait pas répondu à ses questions quand il lui avait demandé où il avait passé les trois jours précédents. Il était allé au bunker et avait vérifié si des opérations par carte bancaire avaient été faites par la jeune femme. Il s’était heurté à un mur : elle avait fermé son compte une heure auparavant. Il la connaissait et savait qu’elle devait avoir des papiers à un autre nom. Elle avait pu réserver une place d’avion ou de train, louer une voiture, ou n’importe quoi d’autre sans qu’il ne puisse le savoir. Il était dans une impasse et elle le savait. Elle connaissait ses méthodes d’investigations, elle le connaissait mieux que n’importe qui.

Le souvenir de la conversation qu’il avait eu avec Largo et Joy, à leur retour, l’effleura brièvement. Ils n’avaient pas comprit. Du moins Largo n’avait pas comprit le comportement de sa garde du corps. Joy savait. Elle était de la même trempe que lui, qu’elle. Elle savait à quel point la déchéance physique était difficile à supporter pour les gens de leur espèce, qu’il était plus facile de fuir ses amis que de lire de la pitié dans leurs yeux. Ils n’avaient pu que se faire à la situation. Il n’y avait plus personne pour répondre à leurs questions.

Une sorte de réponse vint, deux semaines plus tard, adressée à Kerensky. Une enveloppe, qui ne contenait rien d’autre qu’un des objets fétiches de la jeune femme, lui annonça la triste nouvelle. Elle avait été affranchie en Italie et avait mis près d’une semaine pour lui parvenir. Il était seul quand il avait ouvert l’enveloppe et avait fait glisser dans sa main une chaîne en or et la petite boussole qui y était attachée. Il avait comprit le message aussi sûrement qu’un coup de téléphone. Elle était partie et lui offrait un souvenir de ce qui avait été l’un des meilleurs moments de sa vie. Il avait retourné la boussole et avait déchiffré les mots qu’elle y avait fait graver à son intention. Un sourire fugace apparu sur ses lèvres, imaginant Valérie les prononcer devant lui, avant qu’il ne soit prit d’une rage sourde. Il saisit la première chose qui était à sa portée – son portable – et le projeta avec force contre le mur. Pourquoi cela devait-il toujours finir ainsi ? Se demanda-t-il en prenant sa tête entre ses mains. Il mit quelques minutes à reprendre contrôle de lui-même. Quand il se sentit prêt, il se leva et sortit du bunker. Il devait annoncer la nouvelle aux autres. Ses poings étaient fermés quand il prit l’ascenseur. Dans sa main droite, il serrait le dernier présent d’une femme qu’il n’avait pas été plus capable de garder que les autres.


The End
Revenir en haut Aller en bas
Valmont
Survivant du vol oceanic 815
Survivant du vol oceanic 815
Valmont


Nombre de messages : 280
Age : 35
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 01/12/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 0:15

c'ets mimi triste mais mimi !!
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 0:54

c'est court comme commentaire, mais c'est bienvenue lol
Revenir en haut Aller en bas
macsam
Survivant du vol oceanic 815
Survivant du vol oceanic 815
macsam


Nombre de messages : 264
Age : 48
Date d'inscription : 01/10/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 13:14

Sur que cette fic est triste, mais elle est bien écrite.
Dit maman Scillia t'aurai pas une fic qui parle mariage et couche coulotte?? par un grand hazard car c'est la deuxième fic que je lis qui parle maladie, étant moi-même malade............... j'aimerai changer un peu de registre................
Revenir en haut Aller en bas
Valmont
Survivant du vol oceanic 815
Survivant du vol oceanic 815
Valmont


Nombre de messages : 280
Age : 35
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 01/12/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 15:55

Citation :
c'est court comme commentaire, mais c'est bienvenue lol

Etant donné que si je devellope mes commentaires à chacune de tes fics je vais dire la même chose ben je fais tout petit histoire de me repeter qu'un peu.


Citation :
Dit maman Scillia t'aurai pas une fic qui parle mariage et couche coulotte

Dame Scilia a une tendance au romantisme desespere ce qui fait que c'ets rarement tout rose^^

Citation :
c'est la deuxième fic que je lis qui parle maladie, étant moi-même malade...............

^j'espere que ce n'est pas trop grave,

Scilia tu entend la dame ? change de registre !
Revenir en haut Aller en bas
Scilia
Propriétaire exclusive de Viggo
Propriétaire exclusive de Viggo
Scilia


Nombre de messages : 1253
Age : 49
Localisation : Dans les bras de Sheldon et Warrick pour... ;)
Date d'inscription : 10/09/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 16:53

Citation :
Dame Scilia a une tendance au romantisme desespere ce qui fait que c'ets rarement tout rose^^

mea culpa

Citation :
j'espere que ce n'est pas trop grave,

oui, moi aussi. soigne toi bien en tt cas

Citation :
Scilia tu entend la dame ? change de registre !

mais euh !!! Ceci dit, j'ai une fic que j'ai pas publié ici qui devrait te plaire mac... enfin je sais pas trop parce que, comme dit Valmont, c'est pas tout rose non plus lol
Revenir en haut Aller en bas
Valmont
Survivant du vol oceanic 815
Survivant du vol oceanic 815
Valmont


Nombre de messages : 280
Age : 35
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 01/12/2004

Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitimeVen 30 Déc - 21:32

Citation :
mea culpa

ça c'est sur ^^



Citation :
mais euh !!!

y'a pas de maieuh qui tienne sinon je dis à tout le monde le nombre de fic pas finit que tu as ^^


Citation :
Ceci dit, j'ai une fic que j'ai pas publié ici qui devrait te plaire mac...

et c'ets quoi cette fic my dear ? je veux voir moua !!!!


Citation :
comme dit Valmont, c'est pas tout rose non plus lol

de toute façon Valmont n'aime pas le rose ^^
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Wrong way Empty
MessageSujet: Re: Wrong way   Wrong way Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Wrong way
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Bienvenue sur notre forum ^_^ :: Largo Winch :: Fanfictions gen-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser