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 Mort / Vivant par valm.csi

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Lady Heather
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MessageSujet: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:12

ai decouvert par hasard cette auteuse qui ecrit admirablement bien
une version non slash de cette fic existe mais je prefere de loin celle ci
Lady H.
*************************************************************
TITRE : Mort / Vivant
AUTEUR : valm.csi
RESUME : Les inspecteurs de Philadelphie font une découverte qui fait renaître l'espoir du côté de Manhattan... Celui qu'ils croyaient mort réapparaît, mais est-il toujours le même?
DISCLAIMER : les personnages ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de CBS, etc...

Prologue

A genoux, dans la grange, face à deux des hommes qui l'avaient embarqués depuis New York jusqu'à ce trou perdu, Danny comptait les secondes qui le séparaient de sa propre mort. Il leva la tête vers celui qui tenait le flingue... un gamin! Il allait se faire descendre par un môme qui n'avait même pas la moitié de son âge!

"Tire pas", le supplia-t-il, sans espoir.

"Bute-le", rétorqua l'autre, sèchement.

L'homme, en retrait, venait de remettre au gamin l'arme avec laquelle tout prendrait fin.

Les yeux de Danny étaient obstrués de larmes. Mourir était une chose. Mourir de cette façon, assassiné froidement par des inconnus, loin de chez soi, dans une obscure et muette solitude, après avoir subi quantité de coups et de menaces, et sans avoir rien pu faire pour venir en aide à son meilleur ami, le savoir mort. Tout ça, c'était pire que toutes les armes du monde. Pire que la mort en elle-même.

Philadelphie - Août 2006

Chapitre 1

Les inspecteurs Vera et Jeffries pénétrèrent dans un immeuble abandonné, dans le nord de la ville. Un véritable taudis transformé en squat et devenu un nid à junkies.

C'était un appel anonyme au 911 qui avait tout déclenché. Un homme était en train de mourir, il lui fallait un médecin...

Mais le coin était dangereux. Pas question d'envoyer des ambulanciers au casse-pipe. On avait donc envoyé l'artillerie lourde pour déblayer le terrain.

"Pourquoi les stups auraient besoin de nous, hein?" fulmina Vera alors que lui et son coéquipier se frayaient un chemin jusqu'à la pièce sombre où se trouvait le corps, ainsi que leur "colis". "Depuis quand on s'occupe des camés? Vivant, en plus!"

"C'est toi qui t'es proposé pour le ramener à Lilly, je te rappelle", le tempéra Jeffries de sa grosse voix douce.

"Et ils pouvaient pas nous l'amener?" continua à gronder Vera, en passant le plus loin possible d'un fauteuil rongé par les mites dans le couloir.

"Il faut croire que non."

Vera poussa un soupir de mécontentement. Ils atteignirent finalement leur but, accueillis par le détective Nevison, de la brigade des stups.

"Alors?" s'enquit Vera, se passant de tout préambule superflu.

"Mike Daniels, overdose", résuma Nevison. "On prévoyait de faire une descente ici, dans quelques jours, alors quand on a reçu l'appel, on en a profité pour avancer un peu la date."

Vera lui lança un regard impatient. Nevison laissa donc tomber les explications: "On a trouvé un type qui pourrait vous intéresser."

"Tiens donc!"

Les trois hommes gagnèrent alors la pièce voisine, où se trouvaient deux agents en uniforme, et un type menotté assis sur un lit. Un junkie, visiblement nerveux et agité.

"Quand on est arrivé ici, on a eu la surprise de voir ce jeune homme chercher de quoi se défoncer alors que son pote était en train de crever."

"Je cherchais pas de la came", gronda le prisonnier.

Apparemment, ce n'était pas la première fois qu'il servait ce refrain au détective Nevison, mais celui-ci n'était toujours pas décidé à le croire: "Alors pourquoi t'as essayé de te barrer, hein?"

Pas de réponse.

"Ça, tu le nies pas", constata Nevison.

"Va te faire foutre..."

"Là, tu vois, je vais faire comme si j'avais pas entendu!" s'énerva Nevison avant de s'adresser de nouveau aux deux inspecteurs de la criminelle: "Ecoutez, on a arrêté pas mal de types, là. On a saisit un bon paquet de drogues, et des armes. On n'a pas vraiment le temps de s'occuper de son cas."

"Qu'est-ce qu'il a de si spécial?" questionna Jeffries.

"Oui, en quoi il pourrait intéresser l'inspecteur Rush?" ajouta Vera.

Nevison interpella alors le junkie: "Vas-y, dis-leur comment tu t'appelles et d'où tu viens."

Vera et Jeffries se tournèrent vers le jeune homme, le premier haussa un sourcil curieux, le second croisa les bras, patiemment. "Comment tu t'appelles?" demanda-t-il cependant, devant le mutisme de leur mystérieux prisonnier.

"Allen", laissa tomber le junkie.

"Allen", répéta Vera. "Et tu as un petit nom qui va avec?"

Mais il n'obtint pas de réponse. A part un rapide coup d'oeil que leur inconnu lui lança, et dans lequel il perçut de la tristesse. Une surprenante détresse, même.

"Tu n'as aucun papiers?" intervint Jeffries.

Allen secoua la tête négativement.

"Tu vis ici?"

"Ouais, ça va faire... huit ou neuf mois, je sais plus."

"Et avant ça, tu étais où?"

"J'en sais rien", répondit-il, avec un agacement grandissant.

Vera fronça les sourcils un peu plus, et croisa le regard de son coéquipier. Ils commençaient à comprendre ce que son cas avait de si spécial.

Chapitre 2

C'est entouré de ses deux nouveaux amis qu'Allen fit son entrée au quartier général de la police criminelle de Philadelphie.

L'inspecteur Lilly Rush et son supérieur, Stillman, observèrent leurs imposants collègues installer le jeune homme derrière un bureau. Âgé d'une trentaine d'années, il semblait à peine peser la moitié du poids de Jeffries. Ses vêtements, sans être tout à fait misérables, semblaient n'avoir jamais connu de machine à laver. Ses cheveux, bruns clairs, aux reflets blonds, étaient filasses et hirsutes. Son regard bleu lançaient des éclairs tout autour de lui. Il se triturait les mains avec nervosité, et se balançait presque imperceptiblement d'avant en arrière sur sa chaise.

"Les premiers symptômes de manque", commenta Stillman.

"Merci, les gars", dit Lilly aux deux gaillards qui étaient allés lui chercher son "colis spécial".

"Mais y'a pas de quoi", lui assura Vera, sa bonne humeur retrouvée, avant de leur apprendre le peu de chose qu'ils avaient sur lui.

Stillman l'écoutait sans lâcher un seul instant Allen du regard, jusqu'à ce que Lilly aille s'asseoir près de lui au bureau.

"Inspecteur Lilly Rush", se présenta-t-elle.

Allen la fixa du mieux qu'il put, mais c'était comme s'il ne contrôlait plus ses yeux. Ceux-ci étaient fuyants, injectés de sang, et ils trahissaient la moindre de ses émotions. A commencer par la méfiance.

"Alors comme ça, poursuivit-elle, vous ne savez pas qui vous êtes."

Stillman se posta debout près d'eux. Un junkie en manque n'avait pas ce qu'on appelait des comportements prévisibles. Peut-être auraient-ils dû lui laisser les menottes?

"Je cherchais pas de la came", répondit Allen.

Ça avait bien plus d'importance à ses yeux que toutes les questions qu'ils pouvaient bien lui poser et auxquelles il n'avait de toute façon pas de réponse.

"Qu'est-ce que vous cherchiez, alors?" demanda-t-elle avec douceur.

Son calme et sa gentillesse semblèrent avoir un effet réellement apaisant sur Allen, qui immédiatement, gagna en confiance: "Je voulais seulement l'aider", dit-il.

"Qui? Mike?" intervint Stillman.

Allen acquiesça. "Je savais qu'il planquait de l'adrénaline quelque part. Au cas où..."

... il arrive ce qui était arrivé.

"... mais ils m'ont pas laissé le temps de leur expliquer... ils croyaient que je cherchais juste de quoi me défoncer, c'est tout... alors que Mike était en train de crever..."

Il s'interrompit, avec sur le visage une expression implorante. Il ne demandait qu'une chose: que quelqu'un lui dise qu'il le croyait. Il n'était pas un monstre d'égoïsme. Il avait vraiment voulu aider son ami.

"Pourquoi de l'adrénaline?" voulut savoir Lilly.

"En cas d'overdose", expliqua Stillman. "Une piqûre d'adrénaline dans le coeur et c'est reparti. Du moins jusqu'à l'arrivée des secours. Ça aurait pu suffire. Comment vous savez ça, vous?" s'enquit-il alors, auprès d'Allen.

Celui-ci renifla nerveusement, et ferma ses poings, ne supportant plus ses mains qui tremblaient.

"Je le sais, c'est tout", dit-il.

Stillman haussa les sourcils, un poil étonné. Cet homme l'intriguait sérieusement. Lilly aussi, mais pas exactement de la même façon.

"Vous me croyez?"

"Oui", répondit aussitôt Lilly. "Bien sûr qu'on vous croit."

Allen baissa la tête, cachant ainsi son soulagement.

"Allen? C'est bien comme ça que vous vous appelez?"

"Non... c'est comme ça qu'ils m'ont appelé", rectifia-t-il.

"Alors quel est votre vrai prénom?"

"J'en sais rien. J'arrive pas à m'en souvenir. J'ai essayé, mais..."

Il se frotta le front avec le dos de sa main, essuyant la sueur qui commençait à perler sur son visage, puis son balancement d'avant en arrière s'intensifia.

Lilly jeta un regard inquiet à Stillman qui haussa les épaules. Ils pouvaient tout à fait poursuivre un peu leur interrogatoire.

"A quand remonte vos plus anciens souvenirs", demanda-t-elle alors à Allen.

Il secoua la tête. Cet effort de mémoire le rendit plus nerveux qu'il ne l'était déjà.

"Novembre", lâcha-t-il finalement.

"Novembre de l'année dernière?" vérifia Stillman.

Il hocha la tête mais ça se vit à peine tellement il était agité.

"Laissez-moi deviner", dit alors Stillman. "La cicatrice que vous avez là..." Il écarta une mèche de cheveux sur le front d'Allen, qui eut un mouvement de recul. "Elle aussi, remonte à novembre?"

Allen leva les yeux vers lui. Il ne le contredit pas. Mais ne put rien affirmer non plus.

"Est-ce que vous allez m'aider?"

"C'est pour ça que vous êtes là", le rassura Lilly.

A Stillman, elle glissa: "Je peux vous parler?"

"Bien sûr", dit-il.

Et ils s'écartèrent de quelques pas.

"On devrait appeler un médecin, et l'isoler avant que son état empire et qu'il nous fasse une crise."

"C'est une sage décision", commenta-t-il d'un air absent.

Décidément, il ne parvenait pas à lâcher leur mystérieux junkie du regard. Lilly fit donc le tour de Stillman, innocemment, afin qu'il la regarde, elle. Tentative réussie. Il lui demanda: "Que pensez-vous de lui?"

Elle haussa les épaules: "Je ne sais pas trop. Sa perte de mémoire est peut-être due à la drogue, ou bien un coup sur la tête, ou un choc émotionnel ou traumatique. Peut-être un accident. On devrait se renseigner auprès du bureau des personnes disparues."

Stillman acquiesça et lâcha: "Sa tête ne m'est pas inconnue."

Comme il lui cachait la vue, Lilly se pencha sur le côté et observa attentivement Allen. Elle plissa les yeux, tenta de l'imaginer en meilleure santé, avec des cheveux en moins, et quelques kilos en plus.

"A quoi pensez-vous?" lui demanda-t-elle ensuite, incertaine.

"On va relever ses empreintes et lancer une recherche dans le fichier national. Quelque chose me dit qu'on est pas au bout de nos surprises."

Une grosse poignée de minutes plus tard, ils entrèrent dans une salle d'interrogatoire dans laquelle Allen avait été installé, pour ne pas dire enfermé, en attendant mieux.

Il était assis sur le sol dans un coin de la pièce, toujours agité, et de plus en plus fiévreux. Il souffrait, mais semblait mettre un point d'honneur à ne pas en faire des tonnes, aidant son esprit à lutter contre son corps, silencieusement.

"Un médecin va venir vous donner quelque chose pour vous soulager", lui dit Stillman.

"Je replongerai pas..." murmura-t-il dans un souffle.

Lilly perçut la conviction avec laquelle il venait de prononcer ces mots. Sachant enfin à qui ils avaient affaire, elle pria pour qu'il n'abandonne jamais.

S'agenouillant ensuite près de lui, elle posa une main sur son genou.

"On sait qui vous êtes", lui annonça-t-elle.

Allen ne parut pas pressé de connaître la réponse. Il la voulait, bien sûr, plus que tout au monde, mais elle lui faisait peur. Il prit son courage à deux mains, et regarda Lilly, avec appréhension. Elle lui dévoila alors sa véritable identité: "Vous vous appelez Daniel Messer."

Il resta étrangement immobile, accueillant la nouvelle non pas avec indifférence, mais avec une sorte de soulagement résigné. Ce n'était qu'un nom pour lui, qui ne signifiait pas ce qu'il était vraiment. Mais c'était son nom. Daniel Messer.

"Vous faites partie des nôtres", lança Stillman.

"... Quoi?"

Danny et Lilly lui lancèrent chacun un regard différent: le premier lui renvoyait son incompréhension, pour la deuxième, c'était plutôt de l'étonnement. Comment Stillman pouvait faire durer le suspense, après tout ce que Danny avait déjà dû traverser? Cependant, elle ne pouvait rien lui reprocher. Son patron avait vu juste. Le visage de Danny Messer lui avait semblé familier, depuis le début.

"Vous faites partie de la police scientifique de New York", expliqua Lilly en se tournant de nouveau vers Danny.

Puis elle se tut et l'observa avec compassion. Ça lui faisait pas mal de choses à assimiler en peu de temps. Peut-être n'était-il pas tout à fait prêt à tout entendre...

"Vous vous êtes trompés..." fit Danny, incrédule. "New York? C'est pas possible..."

"Danny, on ne s'est pas trompés", lui affirma alors Stillman.

Il lui montra un papier officiel. Un avis de recherche, avec sa photo, son nom. Danny eut d'abord quelques difficultés à se reconnaître, mais il dut bien admettre que la ressemblance ne faisait aucun doute. C'est le visage qu'il avait vu dans le miroir, il y a quelques mois. Il avait bien changé, depuis, mais au fond c'était bien lui. Et puis ses empreintes digitales ne pouvaient pas se tromper.

"Vous êtes porté disparu depuis le 27 octobre 2005. Ça fait neuf mois et trois semaines que tout le monde vous cherche", ajouta Stillman. "C'est très long."

Danny pencha sa tête en arrière, contre le mur, et ferma les yeux. Lilly avait déjà du mal à croire que leur junkie de Philadelphie était en réalité un flic de New York. Alors elle n'imaginait même pas à quel point ça pouvait être difficile à admettre pour lui. Elle sentit sa peur, dans sa voix quand il murmura: "Qu'est-ce qui m'est arrivé?"
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:16

Chapitre 3

Pendant des mois, Danny s'était efforcé de se souvenir de son passé. Qui il était, d'où il venait, ce qui lui était arrivé. En vain.

Les premiers temps, sa tête le faisait tellement souffrir qu'il avait eu du mal à penser à autre chose qu'à la douleur. Lancinante et aiguë, elle brouillait les pistes avec une effrayante facilité. Ses blessures, se résumant à des marques de coups sur tout le corps, ne l'avaient pas aidé non plus, lui rendant la tâche impossible.

Finalement, son ami Mike, qui l'avait récupéré sur le bord d'une route un matin d'octobre, l'avait convaincu. Il fallait passer à la vitesse supérieure. L'aspirine ne suffisaient plus. Ce qu'il lui fallait, c'était une bonne petite ligne de coke. Pour que la douleur s'en aille, que son esprit y voit plus clair, pour que la vérité lui apparaisse.

Au bout du compte, il en était arrivé à se défoncer uniquement pour éviter d'affronter son incapacité à se souvenir de quoi que ce soit. Sans s'en rendre vraiment compte, il s'était enfermé dans un cercle vicieux infernal, une spirale qui l'entraînait inexorablement vers le bas. Il avait fallu que son ami meurt pour que ça change. L'un avait plongé dans les ténèbres tandis que l'autre voyait enfin le bout du tunnel. Le chemin vers l'air libre était encore bien long, mais ce qu'il avait vécu jusque là n'avait que trop duré.

Danny Messer, se répétait-il. Police scientifique de New York. Pas question d'oublier ça. Pas question de replonger, non plus. Allen, le junkie, était mort, en même temps que Mike. Danny n'était pas un junkie. Il était de l'autre côté de la barrière. C'était un flic. Un bon flic? C'est pas la question... La question, c'était de savoir s'il allait tenir le coup. Malgré la fièvre qui le brûlait de l'intérieur, et le froid qui l'enveloppait à l'extérieur. En plein mois d'août, ça n'avait pas de sens. A chacun de ses plus infimes mouvements, le contact de ses vêtements contre son corps lui faisait mal, comme du papier de verre lui arrachant l'épiderme, mettant sa peau à vif. Ne pas replonger... malgré cette désagréable sensation de manque à laquelle il était pourtant si facile de remédier. La solution, il l'a connaissait. Le soulagement serait si intense, si immédiat... et il en fallait si peu pour se sortir de ce corps tremblant et malade, et se mettre à planer... une fois de plus ou une fois de moins, qu'est-ce que ça pouvait faire?

Daniel Messer, pense à autre chose! Imagine... quoi? Un paysage paisible, un endroit où il se sentait bien? Mais comment imaginer une chose pareille, tel paradis, après des mois d'enfer? Comment imaginer quoi que ce soit quand on n'avait plus aucun souvenir du passé?

Un homme le regardait. Visage rond, regard perçant. Sur ses lèvres, un léger sourire. Triste, mais paradoxalement, avec une expression sincèrement heureuse sur le visage. Il était assis sur la couchette, près de lui, et ils s'observaient silencieusement. Danny ne se rappelait pas avoir entendu la porte de la cellule s'ouvrir...

Je dois le connaître. Sinon, il ne me regarderait pas de cette façon. Je ne suis pas un inconnu pour lui, comme il l'est pour moi. Mais qui est-ce?

Appuyé sur le côté, contre le mur, Danny redressa sa tête. Un frisson glacial lui parcourut alors tout le corps, et il se remit à trembler. Ce que lui avait refilé le médecin ne faisait plus effet depuis longtemps. Il sentit son t-shirt coller contre son dos humide de transpiration. En fait, chaque centimètre carré de son corps était humide de transpiration.

"Vous êtes qui?" demanda-t-il d'une voix faible.

Il réalisa que cette question était difficile à entendre pour cet homme, même s'il semblait s'y être préparé.

"Je suis Mac Taylor", répondit-il.

Il constata que Danny avait beaucoup maigri. Il n'avait plus que la peau sur les os. Il s'était rasé, récemment, mais ses cheveux n'avaient pas été coupés depuis plusieurs mois. Sa peau était terne, ses yeux injectés de sang. Ils avaient d'ailleurs perdu de leur lueur. Et sans ses lunettes, il devait vivre dans un monde un peu flou.

Pour compléter sa métamorphose physique, une cicatrice ornait son front. Une plaie ouverte à la base du cuir chevelu, au-dessus de l'oeil gauche, et qui n'avait pas été suturée, ni même jamais soignée convenablement. D'autres cicatrices, plus ou moins anciennes, recouvraient ses bras, mais elle retinrent à peine l'attention de Mac. Tout ce qu'il voyait, c'était les marques de piqûres.

"Vous êtes flic, vous aussi?" demanda alors Danny, sans doute pour détourner l'attention.

Mac acquiesça.

"A New York, à ce qu'on m'a dit"... ajouta Danny.

"Manhattan", précisa Mac.

Ça semblait si irréel de faire à nouveau la connaissance de Danny, des années après leur première rencontre... Ce dernier fermait les yeux, tentant de s'imaginer les rues de Manhattan. Mais c'était comme s'il n'avait jamais mis les pieds dans cette ville. Il ne parvenait pas à se remémorer quoi que ce soit, pas même le plus infime détail. New York était un point noir sur une carte. Anéantie, comme son passé.

"Comment on peut oublier d'où on vient?" songea-t-il tout haut.

Il rouvrit les yeux: "Vous êtes mon patron, pas vrai?"

"En effet", approuva Mac.

"Est-ce qu'on est amis?"

Celle-là, Mac ne s'y était pas attendu. Il hésita: "Disons que... tout n'a pas toujours été facile entre nous, mais que si je suis là aujourd'hui, ce n'est pas seulement parce que je suis ton patron. C'est un peu plus personnel que ça."

Danny changea de position, et se mit à frissonner de fièvre. Il replia ses jambes contre lui.

"Vous m'avez cherché?" demanda-t-il d'une voix fébrile. "Pendant tout ce temps?"

"Jour et nuit. Et je regrette de ne pas avoir cherché où il fallait..." avoua alors Mac. "Danny, je peux faire quelque chose?"

Ça lui faisait mal de le voir comme ça. Danny semblait faire tout ce qu'il pouvait pour s'empêcher de craquer. Pour ne pas supplier qu'on lui donne quelque chose, comme le faisait tous les drogués en manque. Il secoua la tête négativement.

"Vous êtes venu seul?" demanda ensuite ce dernier.

"Non."

Mac s'apprêta à lui dire que Stella l'avait accompagné, et que Don Flack était probablement en route, mais Danny l'en empêcha: "Je veux voir personne."

Il se frotta ensuite le bras, là où les marques de piqûres le démangeaient. Il prit une profonde inspiration, puis l'expira longuement. Son souffle était saccadé, se transforma en un gémissement désespéré. "Je veux pas qu'ils me voient comme ça..."

"Je comprends", lui assura Mac.

"J'y arriverai pas..."

"Bien sûr que si!"

Il posa une main sur le bras de Danny qui s'efforçait par tous les moyens de ne pas sombrer. Comment l'aider?

"Je t'ai vu te sortir de situations très difficiles, Danny. Tu m'entends? Tu y arriveras."

Danny reposa sa tête contre le mur, leva les yeux au plafond.

"Je peux pas être des vôtres, je vous crois pas", murmura-t-il.

"Pourtant, c'est la vérité."

Danny ferma les yeux. Ce Taylor, il avait décidément réponse à tout. Et il ne doutait de rien. Tout le contraire de lui. Mais c'était peut-être ce dont il avait le plus besoin en ce moment...

"Qu'est-ce qui s'est passé?"

"Je ne sais pas exactement. Tout ce que je sais, c'est que des gens t'ont enlevé."

"Qui?"

"Des trafiquants."

Danny fronça les sourcils: "Pourquoi?"

"Certainement pour assurer leur fuite."

Une porte s'ouvrait sur son passé. Mais Danny sentait que Mac y opposait une résistance. Il en savait plus qu'il n'en disait.

Mac ne voulait en effet pas trop dévoiler de détails sur toute cette affaire. Car c'était elle qui avait conduit Danny là. Et l'enquête était encore loin d'être terminée. Il était persuadé qu'il n'aiderait pas Danny en lui révélant tout ce qu'il savait, et tout ce qu'ils avaient découvert. Il voulait absolument éviter d'influencer ses souvenirs.

"Toi et Don vous enquêtiez sur un meurtre, et vous vous êtes retrouvé pris au piège, au mauvais endroit, au mauvais moment", concéda-t-il cependant.

Une diversion, peut-être. Mais pas seulement.

"Qui est Don?"

"Il est détective au NYPD. Et c'est aussi ton meilleur ami."

Mon meilleur ami est détective au NYPD? pensa Danny. Comment peut-on... oublier son meilleur ami? Comment c'est possible?

Il est ici?"

Mac fit une grimace dubitative, et Danny revint presque aussitôt à la charge: "Qu'est-ce qu'ils lui ont fait?"

"C'est à lui que tu devrais poser la question. A moi, il ne m'en a jamais parlé. A vrai dire, il n'en a jamais parlé à personne... Pas à ma connaissance."

"Vous devez bien vous douter de quelque chose?"

Mac hésita, mais face au regard implorant de Danny, il lâcha: "Quand on l'a retrouvé quelques heures après votre disparition, on a su qu'ils avaient torturé. Ils cherchaient à découvrir ce que vous saviez sur eux."

"Il a réussi à s'enfuir, alors?"

Mac acquiesça: "Écoute-moi. Je sais que tout ce qui t'arrive en ce moment est incroyablement difficile à supporter. Mais je vais tout faire pour t'aider à t'en sortir. On va tous t'aider à surmonter ça. Tu veux?"

Danny le fixa du regard, mais resta silencieux. Mac n'avait pas le souvenir d'avoir un jour été observé aussi longtemps par Danny. Mais ce qu'il vit valait tous les détours: la peur commençait à faire place à l'espoir, et le soulagement l'emportait sur le désespoir.

"D'accord", accepta Danny.

"D'accord?" sourit Mac. "Très bien!"

Il posa sa main sur la nuque de Danny, approcha un peu plus près son visage du sien et lui dit: "Ne renonce jamais, Danny. Tu ne le regretteras pas."

Chapitre 4

"Mademoiselle... ?"

Un brin de fille aux cheveux gras se retourna en un éclair vers la voix, et se trouva nez face à la plaque d'un inspecteur de la criminelle. Un certain Scotty Valens. Latino. Sexy. Elle sourit. "Qu'est-ce que je peux faire pour toi, beau gosse?"

"Vous connaissez... comment il s'appelle déjà? Allen?"

"Où il est?" demanda-t-elle, le visage soudain fermé. "Il paraît que c'est lui qui a rameuter tous ces flics, ici. Vous..."

"En effet. Il a appelé le 911 parce que votre ami Mike a fait une overdose dans la pièce à côté, vous êtes au courant?"

La fille eut un petit rire nerveux. "Mike, c'était pas mon ami. C'était un putain d'enfoiré."

"Pour quelle raison?" demanda alors une femme aux longs cheveux frisés qui se trouvait derrière Valens, scrutant des yeux chaque recoin de la pièce.

"Il m'a laissé tomber", expliqua la fille. "Vous avez perdu quelque chose, ou quoi?"

"Non, rien", sourit Stella.

"Mike vous a laissé tomber pour qui?" reprit Valens.

La fille reporta son attention sur lui. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire?

"Pour Allen", dit-elle avec une grimace de mépris. "Où est-ce qu'il est?" insista-t-elle.

Scotty se tourna vers Stella, qui haussa les sourcils d'étonnement, avant de demander à la fille: "Comment ça, "il vous a laissé tomber pour Allen"?"

"Quoi? Vous voulez que je vous fasse un dessin?" l'agressa-t-elle.

Si elle n'était pas déjà en manque, elle s'y dirigeait à grands pas. Ses yeux, aux veines éclatées lui sortaient presque des orbites, et elle trépignait sur place.

Stella vint à hauteur de Valens et s'adressa à la fille: "Dites-nous plutôt qui a trouvé Allen, et quand."

"C'est Mike, et moi. Et ça fait déjà belle lurette..."

Elle s'interrompit. Valens et Stella ne tardèrent pas à comprendre ce qui se passa dans la tête de leur junkie hallucinée. Elle se pencha vers eux et siffla: "Les renseignements sont en dérangement, messieurs dames. A partir de maintenant, c'est payant."

Stella n'hésita pas. Elle trouva dans sa veste un billet de vingt dollars qu'elle plaqua dans la main de la fille.

"On l'a trouvé près d'Allentown, au bord de la route", continua-t-elle docilement. "Il était dans un sale état. Il savait plus son nom, ni ce qui lui était arrivé. Alors Mike a décidé de le prendre avec nous pour le ramener ici. Vous savez, comme un petit animal perdu, sans collier. Il avait pas le moindre papier sur lui."

"Et ensuite?"

Elle haussa les épaules. Le crédit n'était pas tout à fait épuisé, alors elle continua un peu: "Il faisait plein de cauchemars. C'était horrible, il me faisait flipper, avec ses délires. Et puis il avait super mal à la tête. J'ai dit à Mike qu'il fallait l'amener à l'hosto, mais il voulait pas. Enfin disons que c'est Allen qui voulait pas. Au début, il se défonçait à l'aspirine, mais il est vite passé à la marijuana."

"Et puis à la coke?"

"Ben, pour ça, il lui fallait du fric, beaucoup de fric, et il avait que dalle."

"Alors?"

La fille secoua la tête, faussement navrée. Puis elle leva la main devant les yeux de Valens et frotta son pouce contre son majeur et son index. Stella lui refila un autre billet.

"Quelle générosité!" se ravit la fille.

"La suite", exigea Stella.

"Allen a trouvé un petit boulot", lui annonça-t-elle.

"Lequel?"

"Il livre des trucs."

"De la came?" demanda Valens.

"Quoi d'autre, hein?" railla-t-elle.

"Pour qui?"

"Ah non, ça c'est au-dessus de vos moyens..."

"Peu importe", dit Stella. "On n'est pas des stups, de toute façon. Continuez."

La fille reporta toute sa maigre attention vers la femme flic aux cheveux bouclés. Elle lui faisait plus confiance qu'à Valens. Et c'est elle qui avait le fric...

"Allen a droit à cinq pour cent de ce qu'il livre."

Il n'a jamais eu d'ennuis avec la police?"

"Non, ça jamais. Il sait y faire pour les éviter. Et il a intérêt parce que le type pour lequel il bosse, c'est pas un tendre. Si ce mec a des ennuis avec les flics à cause d'un de ses mulets..."

Elle leva la tête et passa son index sur son cou, d'une oreille jusqu'à l'autre.

"Compris", dit Stella.

"Bon!" s'exclama la fille en se tournant vers Valens. "Vous allez me dire où est ce fils de pute, ou il faut que je te su..."

Scotty lui écrasa le poignet: "Hey, pas de gros mot, ma jolie."

"Allen est mort", intervint Stella, excédée par cette gamine. "Désolée de vous l'apprendre."

Mais la fille n'eut pas l'air de s'en étonner plus que ça. Elle n'exprima aucune tristesse, pas la moindre petite émotion.

"C'est ce qui arrive aux traîtres", laissa-t-elle tomber. "Vous voyez ce sac, là-bas? Ce sont ses affaires. Prenez-les, je veux plus les voir."

Valens alla chercher le sac qu'elle leur avait désigné, puis ils s'en allèrent.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:22

Chapitre 5

Don Flack arriva à Trenton ce soir-là. La ville, située à quelques kilomètres au nord de Philadelphie, était aussi facile à trouver que le nez au milieu de la figure, ce qui n'était pas tout à fait le cas de l'adresse que lui avait donné Mac au téléphone. Une bicoque de trois étages, à vendre, que le propriétaire avait eu la bonté de prêter, pour deux ou trois jours, aux autorités de la ville.

"Comment va-t-il?"

Mac venait tout juste de le rejoindre dehors, dans la petite cour devant la maison.

"Il a vu un médecin", dit Mac. "On attend les résultats de ses examens."

"Comment ça, on attend? Il va si mal que ça? Quels examens?"

Mac leva la main en signe d'apaisement. Il lui fallait calmer le jeu tout de suite. Ils avaient des choses à se dire. Don fit alors un effort pour masquer un peu mieux son inquiétude et son impatience.

"Danny n'a aucun souvenir de tout ce qui s'est passé avant son enlèvement, et quelques heures après. Il n'a plus de passé. Il ne sait pas qui il est, ni d'où il vient. Il ignore qui nous sommes."

"Je sais, Mac. Tu me l'as déjà dit au téléphone..."

"On va lui faire passer un scanner quand on sera de retour à New York", continua Mac. "Et des examens sanguins sont en cours."

Le détective fronça les sourcils. Il réalisa, à la tête du lieutenant Taylor, que ce qu'ils s'étaient dit au téléphone ne couvrait finalement qu'une petite partie de la réalité.

"Qu'est-ce qu'ils cherchent?"

"Un tas de choses. En particuliers la présence d'agents pathogènes dans son organisme, types infections virales ou infectieuses..."

"De quoi tu parles?" s'impatienta Don, méfiant.

"Je parle de toutes les saloperies qu'un toxicomane peut risquer d'attraper en se piquant avec n'importe quelle seringue usagée. Maladies infectieuses, MST, le SIDA, et j'en passe."

Le visage de Don s'assombrit. C'était assez brutal de la part de Mac, de lui annoncer tout ça de cette façon.

Qu'est-ce que..."

Don s'interrompit. Qu'est-ce que... quoi, au juste?

"Je suis désolé", dit Mac. "Danny est devenu accro à la cocaïne. La police de Philadelphie l'a retrouvé dans un squat. J'aurai voulu te l'annoncer autrement, mais..."

"Ça va", lui affirma Don. "Te fatigue pas."

Il resta un moment silencieux, le regard dirigé au-dessus du lieutenant, vers la maison. Vers Danny. Il encaissait la nouvelle avec un sang-froid apparent. Mais au fond de lui, tout s'écroulait. Pourquoi fallait-il qu'une bonne nouvelle soit toujours suivie d'un tas de mauvaises nouvelles?

"Il y a autre chose que je devrais savoir?" demanda-t-il. "Pourquoi on est là, par exemple?"

"Danny travaillait pour un trafiquant de drogue à Phila. Ça signifie très probablement qu'il est en danger de mort, là-bas. Tout ce qu'on peut faire pour l'instant, c'est faire circuler la rumeur de sa mort."

"Et pourquoi on rentre pas à New York?"

"Ce n'est pas à toi que je vais l'expliquer, Don. Tu sais bien que la dernière chose dont Danny a besoin, c'est de faire la une des journaux..."

"C'est vrai", lui accorda Don, en connaissance de cause.

Les médias étaient sans pitié. Toujours à la recherche du sensationnel, au détriment de la souffrance et de la fragilité de ces gens qu'ils offraient en pâture à leurs lecteurs, avides du malheur des autres.

"Il a seulement besoin qu'on l'aide à refaire surface", reprit Mac avec un signe en direction de la maison. "Ici, ce sera très bien. On l'a installé au dernier étage, il y a tout ce qu'il faut, là-haut... enfin presque."

Mac dépassa Flack, posa une main sur son épaule et le poussa doucement vers la maison. Il ne manquait plus que lui, là-haut...

"Qu'est-ce que tu vas faire?" lui demanda Flack.

"J'ai une enquête à terminer. Je reviens dès que possible."

Oscar Wilde avait raison. Le meilleur moyen de se débarrasser d'une tentation, c'est d'y céder. Sauf que là, c'était bien pire qu'une simple tentation. C'était un besoin physique, un cri intérieur, une effroyable obsession qui lui faisait oublier le fait même qu'il était vivant, et qu'il devait donc manger, boire, et dormir. Comme tout être humain normal.

Quelques grammes de poudre blanche...

PENSE A AUTRE CHOSE!


Danny se tapa la tête contre le mur, les yeux fermés de toutes ses forces. Allen devait mourir. Il n'existait même plus. Il n'avait même jamais existé.

Tu es Danny Messer, et tu viens de New York. Tu es un putain de flic! Tu n'appartiens plus au monde des camés, redescends sur terre... Mac Taylor est ton patron, Don Flack est ton meilleur ami. Détective Don Flack, de New York. N'oublie jamais ça. Et les flics de Phila, eux aussi, ils sont de ton côté... finalement.

Dire qu'il avait passé le plus clair de son temps à les éviter. S'il avait su qu'il était des leurs, et qu'ils le recherchaient pour lui rendre sa vie et non lui prendre sa liberté... Sa tête heurta une nouvelle fois le mur. Il resta ainsi sans bouger, les paupières toujours closes. S'il avait su, tout aurait été si simple... si différent!

Il ressentit une présence, non loin de lui, près de la fenêtre. Un grand brun l'observait de ses yeux inquiets. Des yeux d'un bleu profond.

"Ça pourrait aller mieux, pas vrai?" devina celui-ci.

Les larmes aux yeux de tant lutter contre lui-même sans être sûr d'être assez fort pour tenir le coup, Danny pivota et posa son épaule contre le mur, faisant face à Don Flack. Le meilleur ami dont il n'avait pas le moindre souvenir. Cet inconnu qui semblait si bien le connaître, lui.

"Je m'en veux tellement..." souffla Danny.

"De quoi?"

"De pas me souvenir. Je suis désolé."

Don se pinça les lèvres, en colère contre lui-même, certainement pas contre Danny.

J'avais oublié le son de ta voix, Danny. Si quelqu'un doit s'en vouloir, ici, c'est moi. Parce que j'ai aucune excuse pour ça.

Il suivi le regard de son ami, par la fenêtre. Le soleil couchant projetait l'ombre immense de la maison sur le terrain, derrière. Il y avait un jardin, une clôture, et puis plus loin les vestiges d'un terrain de basket, et les premières maisons d'un lotissement de banlieue. Des hommes, des femmes, des enfants, avec leur quotidien, des vies insouciantes...

"Tu n'as pas à t'en vouloir", lui dit Flack. "Je t'assure. Tu n'as rien à te reprocher."

Danny hocha légèrement la tête. Peut-être qu'il valait mieux le croire, après tout.

Les deux hommes échangèrent un long regard. Et puis un sourire finit par se dessiner sur les lèvres de Don.

"Content de te revoir, Messer."

"Et moi, de faire ta connaissance..." fit alors Danny.

"Au fait, je crois que je me suis pas présenté", fit remarquer le détective. "Donald Flack Jr. Appelle-moi Don, d'accord?"

Il lui tendit la main. Danny la regarda tout d'abord comme s'il ne se souvenait plus comment s'en servir, et finalement la lui serra.

"D'accord. Et toi, appelle-moi... comme tu avais l'habitude..."

Ils restèrent ainsi main dans la main pendant quelques secondes, avant que Don l'attire vers lui et le serre dans ses bras. Il savait que la réaction de Danny pouvait lui faire regretter ce geste. Il était un inconnu pour lui, et quand un inconnu vous prenait dans ses bras, même s'il prétendait être votre meilleur ami, même si de toute évidence il était sincère et que vous saviez qu'après tout ce temps vous devriez être le plus heureux des hommes, et bien vous aviez tous les droits, et toutes les bonnes raisons du monde de vous sentir mal à l'aise, et de le rejeter.

Mais ce n'est pas ce qui arriva.

Mal à l'aise, Danny l'était. L'amnésie, la sensation de manque et tout ce que ça entraînait, la fatigue, la fin d'une vie, aussi. Celle d'Allen. La mort de Mike. Et Danny, le flic de New York. Cet étranger à lui-même... Cet inconnu. Tout ça se bousculait dans son esprit, et ça l'effrayait.

Alors, brusquement, là dans les bras de son ami, Danny décida de ne plus se raccrocher qu'au présent. Uniquement au présent. Et le présent, c'était Don. Il ferma de nouveau les yeux, s'agrippa un peu plus à lui, et sentit l'étreinte devenir plus forte, plus chaleureuse.

Don avait l'impression de tenir un petit oiseau dans sa main. Il fallait serrer juste assez pour ne pas qu'il s'envole, mais pas trop pour ne pas le blesser. Danny semblait si fragile. Il était le même, et pourtant si différent.

Ce n'est rien. C'est juste une question de temps, maintenant.

Tu restes?

Bien sûr, Danny. Je suis là pour toi. Uniquement pour toi. Je te laisserai pas tomber.

Je te laisserai plus tomber.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:23

Chapitre 6


Le long des 80 kilomètres qui séparaient Phila d’Allentown, les lieutenants Mac Taylor et John Stillman eurent une discussion très intéressante sur l’affaire qui les réunissait. L’occasion pour Mac de revenir sur les événements d’octobre 2005. Le jour où Flack et Danny avaient vu le piège se refermer sur eux, et leur vie prendre un sérieux virage.

New York - Octobre 2005

Accompagné par l’ancien légiste, Sheldon Hawkes, Danny pénétra dans un immeuble du nord de Manhattan, et ils se dirigèrent vers la cage d’escalier, en bas de laquelle un corps avait été découvert.

Ils rejoignirent le détective Don Flack, du NYPD, qui salua les deux enquêteurs armés de leur matériel, avant de leur faire un résumé de la situation:

"Je vous présente Stephen James", annonça-t-il. "Apparemment victime d’une chute dans les escaliers. On a retrouvé son porte-feuille un peu plus loin."

Il leur désigna alors un coin sombre situé près de la porte d’accès au rez-de-chaussée.

"Ses papiers et carte de crédit sont là, mais il n’y a pas le moindre dollar en liquide", précisa-t-il.

"Et qu’est-ce que ce monsieur James est venu faire par ici?" s’étonna Sheldon.

"Pourquoi il habiterait pas dans l’immeuble?" intervint Danny en s’approchant de la victime après avoir fait un petit tour du périmètre.

"Les chaussures", expliqua Sheldon.

Danny y jeta donc un œil. Elles valaient bien dans les trois cent dollars.

"Autant pour moi", dit-il.

Un type qui avait les moyens de s’offrir de telles pompes devait avoir une sacrée bonne raison de s’aventurer dans ce quartier.

"Il est journaliste au Daily", poursuivit Flack. "J’ai contacté son employeur: il est pigiste pour eux, et écrivain à ses heures perdues. On n’a donc aucune idée de son emploi du temps et encore moins de ce qu’il fait ici."

Sheldon était penché au-dessus du corps; tandis que Danny commençait à prendre quelques photos des lieux.

"Il écrivait quoi, comme bouquins?" voulut savoir Sheldon.

"Désolé, doc", fit le détective. "J’ai pas poussé mon enquête assez loin pour l’instant. Alors? On l’a aidé à mourir, où il a fait ça tout seul?"

Sheldon sourit. Lui non plus n’avait pas eu le temps de pousser plus avant ses investigations. Car bien évidemment, il ne faisait que commencer. Flack le savait, mais il adorait ce genre de répliques acerbes. Elles fusaient comme des balles de revolver, et Sheldon, depuis peu sur le terrain, commençait tout juste à s’y habituer. Et quelque chose lui disait qu’il était sans doute devenu une des victimes préférées du détective…

"Des témoins?" demanda Danny.

"Aucun des résidents de l’immeuble n’a vu ou entendu quoi que ce soit", lui fit savoir Flack. "Personne ne connaît son nom. Ils ne l’ont jamais vu, ne lui ont jamais parlé. Ce type a peut-être du succès avec ses bouquins, mais ici, il est aussi populaire qu’un cafard."

"Soit quelqu’un a menti, soit la personne qu’il est venu voir n’était pas là", suggéra Sheldon en fouillant la victime.

Tu as les noms de tout le monde?" vérifia Danny auprès du détective.

"Affirmatif", lui fit savoir celui-ci, en agitant son calepin dans sa main, dans lequel toutes ses notes étaient inscrites.

Les deux hommes observèrent Sheldon, qui venait de trouver, dans la poche intérieur de la veste de James, un carnet de notes assez semblable à celui du détective, mais contenant de toutes autres informations.

"Les dernières choses qu'il a écrite sont une heure et une adresse. Un rendez-vous... mystérieux", les informa Sheldon avant de tendre sa trouvaille à Flack.

Danny se colla à son épaule et ils lurent les notes de James.

"C'est dans environ quatre heures", fit remarquer Flack après avoir jeté un oeil à sa montre.

"C'est l'adresse d'un entrepôt, près des docks", ajouta Danny. "A vingt minutes d'ici."

Les experts décidèrent alors de terminer leurs investigations sur la scène du crime, pendant que le détective se renseignait sur le propriétaire de l'entrepôt. Celui-ci se trouvait dans le New Jersey, pour affaires, et après quelques minutes de discussion, Don obtint de lui l'aimable autorisation d'enquêter sur sa propriété privée, sans mandat, et sans même avoir à lui expliquer ce qu'ils comptaient vraiment y trouver. L'entrepôt était à l'abandon, et le propriétaire prévoyait de le raser pour y construire ses futurs nouveaux bureaux. Faites comme chez vous! s'était-il écrier avant de raccrocher.

Le corps de James fut emmené à la morgue, puis Sheldon rentra au labo, laissant Danny et Flack se rendre à l'entrepôt, histoire de savoir avec qui la victime avait rendez-vous. Une occasion qui pouvait ne pas se présenter une seconde fois.

Ils avaient près d'une heure d'avance sur l'horaire. De quoi faire consciencieusement le tour du bâtiment, et de constater que ses alentours étaient déserts.

Ils entrèrent ensuite à l'intérieur, par une petite porte à l'arrière. Une chaîne brisée traînait sur le sol, avec un cadenas solidement fermé pris dans ses maillons. Ça voulait peut-être dire que le mystérieux rendez-vous de Stephen James était déjà là.

D'un côté, le long de la façade ouest, se trouvait une série de petits locaux anciennement destinés à l'administration, à la logistique et au personnel, ce genre de choses. De l'autre côté, une grande partie de la façade est était réservée au chargement des camions, avec trois portails mécaniques roulants conduisant aux rampes de chargement. Le reste constituait l'entrepôt lui-même: de grands rayonnages métalliques scellés au sol, et du vide. Le désert. A l'intérieur comme à l'extérieur.

Danny et Flack se mirent à inspecter les lieux, armés de leurs lampes de poche. Le soir tombait, et l'obscurité gagnait rapidement du terrain.

Le détective jeta un oeil à sa montre. Ils leur restait encore quarante-cinq minutes de tranquillité. Dans la première pièce qu'il visita, il trouva quelques déchets abandonnés de nourriture. Emballages de sandwichs, serviettes en papiers, et des miettes éparpillées un peu partout. Bande de porcs...

Danny, accroupi au milieu du grand carré vide de l'entrepôt, avait quant à lui découvert une sorte de poignée métallique qui semblait ouvrir une sorte de compartiment dissimulé dans le sol. D'après l'inégalité des dépôts de poussières sur la poignée et autour de l'ouverture, Danny en conclut qu'elle avait dû servir récemment. Mais ça, il ne put le dire à personne...

Flack entendit un grand bruit de chaîne, puis un grincement métallique, une grande porte qui s'ouvre, un véhicule. Au moins un. Il éteignit aussitôt sa lampe, et dégaina son arme. Il savait que Danny se trouvait à découvert. De l'intérieur de la petite pièce, appuyé à l'encadrement de la porte, il essaya de le repérer précisément. Mais tout ce qu'il vit, c'était un groupe d'hommes, armés lourdement, qui faisaient entrer une voiture et une fourgonnette à l'intérieur de l'entrepôt. Il appela aussitôt les renforts. Ce faisant, il perçut un mouvement, près des grands rayonnages. Danny avait réussit à se planquer à temps. Mais pas assez bien. Ils allaient finir par s'apercevoir de sa présence, tout comme il venait de le faire...

Danny tenta, pendant que les hommes armés étaient encore occupés à s'organiser, de se rapprocher de Don. Dès qu'il l'eut en visuel, celui-ci lui fit signe de ne plus bouger. De là où il était, le détective savait que c'était trop risqué d'aller plus loin. Pas question que Danny le rejoigne dans la petite pièce. Il lui faudrait dans ce cas parcourir trois bons mètres complètement à découvert. Pas question.

Danny le voyait parler à voix basse à la radio. Les renforts n'allaient pas tarder. Il fallait tenir jusqu'à leur arrivée. A deux contre tous ces hommes, ils n'avaient aucune chance de s'en sortir. Il ouvrit sa main en grand, paume dirigée vers Don. Puis il replia deux doigts.

Don précisa aux renforts que les individus armés étaient au nombre de huit. L'un d'eux apparut dans son champ de vision... Il fit signe à Danny de se barrer vite fait. Il était loin d'être le plus croyant des hommes, mais il pria le ciel pour que ce type et sa Kalashnikov ne s'aperçoive pas qu'à moins de deux pas de là, tassé par terre, un enquêteur de la police scientifique retenait sa respiration à son passage.

Danny profita des trois secondes que l'homme lui accorda en s'allumant une cigarette, pour filer. Direction la petite porte à l'arrière du bâtiment par laquelle ils étaient entrés.

Cette fois, les prières de Flack furent sans effets. Danny réapparut, finalement. Un flingue sur la tempe, les mains en l'air. Ils le forcèrent à se mettre à genoux, d'un coup de crosse au niveau des reins.

"C'est qui, ce type?" s'enquit un homme en colère qui s'approcha de son complice et de son otage.

Ils le fouillèrent, et trouvèrent son arme. Et son insigne.

"C'est un flic", annonça l'autre.

"On peut savoir ce que tu fous là?" s'écria l'homme. "Tu es seul?"

Don n'entendit pas la réponse de Danny, mais s'aperçut qu'elle déplut à l'homme. A sa façon de le prendre par une oreille et de se pencher vers lui pour lui parler, il sut que Danny n'avait pas intérêt à lui mentir une fois de plus...

"T'as appelé des renforts?" demanda l'homme d'un ton sifflant.

"Ils vont pas tarder à arriver", lui assura Danny.

"Ah oui?"

Danny grimaça. Ce connard allait finir par lui arracher l'oreille! Mais il la lui rendit brusquement, d'un geste furieux, et il se retrouva avec le canon d'un revolver dirigé pile entre ses deux yeux.

"Police! Lâche ton flingue!"

Danny aspira une grande bouffée d'air. Sauvé! Non, pas vraiment... Ils avaient maintenant tous leurs canons dirigés vers le détective.

"Putain, Don!" s'exclama Danny d'un air inquiet.

"Toi, lâche ton flingue!" corrigea l'homme. "Ou alors t'es mort."

Il fit un signe de tête en direction de ses hommes, prêts à tirer. Alors Don leva une main, lentement, et posa son arme sur le sol. Gagner du temps, il fallait gagner du temps...

"Ils vont nous tuer tous les deux..." murmura Danny dans un souffle, effrayé par le sort qu'ils allaient réserver à Don, sans penser une seule seconde à celui qui l'attendait.

Il allait même pas tirer...

Il vit deux hommes s'approcher de son ami pour le désarmer, et puis l'assommer. Don s'écroula sur le sol, et il vit du sang s'écouler de sa tête. Il ne s'était même pas rendu compte qu'il avait voulu se précipiter vers lui, jusqu'à ce qu'il entende crier:

"Reste où tu es!"

Pendant qu'il se faisait plaquer au sol, et menacer une fois encore par l'arme du type en colère. Celui-ci cria alors une dernière fois: "On remballe! Magnez-vous!"

Les sirènes de police venaient de retentir en sourdine à ses oreilles. Elles approchaient. Lentement. Trop vite à son goût. Pas assez à celui de Danny

"Qui étaient ces hommes?" voulut savoir Stillman.

"Des gros bonnets de la drogue. La mafia New Yorkaise", résuma Mac. "Ils étaient là pour une transaction avec un de leurs associés de Chicago."

"Chicago?"

"On a pu remonter jusqu'à une filière implantée là-bas grâce à un des types que le détective Flack a permis d'identifier."

Stillman remarqua une pointe d'amertume dans la voix du lieutenant Taylor.

"Je sens qu'il y a un "mais", devina-t-il.

Mac le lui confirma par un petit sourire désabusé, en y repensant.

"Don est encore jeune, mais s'il le fallait, je n'hésiterai pas à mettre ma vie entre ses mains. J'ai toute confiance en lui. Alors... ça fait très mal quand on vous fait comprendre que la parole d'un flic comme lui a moins de crédibilité que celle d'un trafiquant de drogue."

Stillman secoua la tête d'un air dégoûté. Certaines choses étaient vraiment désagréables à entendre.

"Pourtant, il a bien vu ce qu'il a vu?" s'étonna-t-il. "Comment ont-ils pu remettre en cause son témoignage?"

"Ce trafiquant, Mo' Wilkins, s'est construit un alibi en béton du côté de Chicago", expliqua Mac. "Et de notre côté, on n'avait pas la moindre preuve de sa présence à New York. Ses avocats n'ont eu qu'à claquer des doigts pour le tirer d'affaire."

Il était conscient que ça n'expliquait pas tout, mais son collègue de Phila était un homme intelligent et patient. Sa conduite, prudente, les amenait en douceur à leur but.

"Il était détruit", lui confia ensuite Mac. "Physiquement et psychologiquement. Et quasiment toute l'affaire reposait sur lui."

"C'était bien trop lourd à porter", en conclut Stillman. "Ça a dû être un sacré coup dur..."

Mac ne répondit rien. Il revoyait dans son esprit l'image d'un Don Flack triste et malheureux, mais qui se battait de toutes ses forces pour se relever. Ils l'avaient abattu deux fois. Il s'était relevé trois. Il en fallait, du courage, pour ça. Et de l'espoir, aussi.

"Et pour Danny?" reprit Stillman. "Pas le moindre indice?"

"On a suivi quelques pistes, à New York et à Chicago. Mais elles ne nous ont mené nulle part. Plus le temps passait et plus les chances de le retrouver vivant s'amenuisaient."

"Vous le croyiez mort, jusqu'à hier, n'est-ce pas?"
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:23

Mac devait bien l'avouer. Il acquiesça et dit: "Même Don avait commencé à l'admettre. Ça ne signifie peut-être pas grand-chose pour vous", réalisa-t-il soudain.

Stillman sourit. Là aussi, il y avait un "mais". Sauf que là, les explications étaient inutiles.

Ils arrivèrent aux abords d'Allentown, par le sud. Grâce aux indications de la copine de Mike, ils prirent une route qui menait un peu plus à l'est, et s'arrêtèrent pour ainsi dire au milieu de nulle part, près d'un panneau routier indiquant la direction de Philadelphie, à 45 miles de là.

Le lieutenant Stillman gara la voiture sur un large bas-côté, et les deux hommes en descendirent, balayant les alentours du regard.

"La fille a dit que Danny se trouvait au bord de cette route. Elle se souvient qu'elle l'a vu alors qu'elle regardait par sa fenêtre", rappela Stillman.

"Donc côté passager", poursuivit Mac. "Et ils roulaient dans..." Il tendit le bras: "Cette direction."

Quelques minutes plus tard, ils s'engagèrent sur un chemin de terre, à pieds, leurs vestes sous le bras, le haut de la chemise de Mac déboutonnée, la cravate seulement desserrée pour Stillman.

Ils longèrent un pré où paissaient une demi-douzaine de vaches et de veaux, un champ de maïs, et au milieu de quelques arbres, ils remarquèrent une petite grange. Elle était certainement la propriété d'une des trois fermettes qui se partageaient les terres sur lesquelles ils s'étaient invités.

"C'est ma première enquête de voisinage de ce type", remarqua Mac que le grand air et le soleil du mois d'août rendait plutôt serein.

La troisième maison fut la bonne.

A mesure qu'ils expliquaient à la maîtresse des lieux la raison de leur présence ici, ils voyaient son visage se décomposer, et ses épaules s'affaissaient lentement. Ils tenaient quelque chose...

"Madame Green?" la réveilla Mac.

"Je ne l’ai pas cru", dit-elle d’un air absent.

"Qui n’avez vous pas cru?" intervint à son tour Stillman.

La femme aux cheveux châtains et au teint clair regarda les deux lieutenants tour à tour. Elle secoua légèrement la tête, comme pour remettre un peu d’ordre dans tout ça, et prendre la décision qui s’imposait.

"Daniel!" appela-t-elle soudain.

Mac eut un léger mouvement de recul, surpris. Il fut à deux doigts de se pincer pour vérifier qu’il ne rêvait pas. Daniel? Quelle coïncidence! Il se retrouvait dans un environnement inédit, avec un nouveau coéquipier, à enquêter sur une affaire qui jusqu’il y a quelques heures, se destinait à prendre la poussière, malgré tous leurs efforts, leur hargne, et leur inébranlable volonté pour qu’il en soit autrement. Du jour au lendemain, tout avait changé. Danny était vivant. Et maintenant qu’ils l’avaient retrouvé, ils pouvaient s’atteler à leur seconde priorité: découvrir ce qui s’était passé, et envoyer les coupables derrière les barreaux.

Discrètement, toutefois, Mac se pinça la peau du bras. Ce fut pour lui un véritable soulagement de ne pas se réveiller à moitié sur son bureau, tard le soir, avec la marque d’un stylo sur la joue, un torticoli, des courbatures, et une déception sans nom de voir qu’encore une fois son rêve le plus cher refusait de se réaliser.

"Chéri", dit-elle à un jeune homme d’une vingtaine d’années qui descendait les marches du premier. "Ces messieurs sont de la police."

Le jeune Daniel Green, à l’allure arrogante, sembla en prendre un coup face à ces deux hommes d’âge mur qui personnifiaient à merveille l’autorité et l’expérience, et imposaient naturellement le respect.

"Raconte-leur ce que tu as vu dans la grange."

Le garçon regarda sa mère sans comprendre.

"L’année dernière", insista-t-elle, ouvrant de grands yeux qui disaient "tu n’as quand même pas oublié?"

"Tu veux parler de..."

"Oui! De quoi d’autre?"

Daniel Green se tourna vers les deux hommes. "J’ai vu un type se faire descendre, là-bas. Une balle dans la tête."

"Quand exactement?" demanda Stillman.

"Octobre dernier. Le 27."

"Vous êtes sûr de vous", vérifia le lieutenant de Philadelphie, tandis que Mac cherchait la poche interne de sa veste.

"Oui, monsieur… on va pas ça tous les jours", répondit Green.

Mac lui montra alors une photo: "Est-ce que c’est lui?"

Le garçon plissa les yeux, pencha la tête, devant la photo de Danny Messer.

"… mouais, on dirait bien."

"Comment ça?"

"Et bien", se défendit Green. "C’était il y a longtemps, j’étais loin, et il faisait sombre…"

Il haussa les épaules d’un air sincèrement navré.

"Est-ce que vous avez prévenu quelqu’un?" s’étonna Stillman, visiblement pas du tout au courant de cette histoire, malgré ses recherches aux archives du QG de Phila, avant leur départ pour Allentown. "Il me semble que ceci n’est mentionné dans aucun rapport de police."

"J’ai cru que j’avais piqué un délire", expliqua Green.

Mac et Stillman froncèrent les sourcils en même temps, se posant la même question, que Stillman s’empressa de formuler: "Comment avez-vous pu douter d’une chose pareille?"

"Disons que… j’avais un sacré coup dans le nez. Je savais que si je le disais à quelqu’un, on ne me croirait pas."

Soudain au centre de l’attention, sa mère eut un léger tic nerveux. Elle se justifia: "On n’a jamais retrouvé personne avec un trou dans la tête. Il n’y avait aucun cadavre dans cette grange, pas la moindre preuve de ce qu’il racontait. Personne n’en a parlé dans les journaux ou à la télévision. Rien! Comment j’aurais pu me douter… même lui n’en était plus sûr!" s’exclama-t-elle en tournant la tête vers son fils.

"Vous voulez bien nous raconter ce que vous avez vu exactement?" le pria alors Mac, afin d’éclaircir certains points qui lui paraissaient encore bien sombre.

"J’étais dans la grange, ce soir-là, et j’ai entendu un bruit de moteur. Je me suis planqué, parce que j’ai cru que c’était mon père qui me cherchait. J’avais piqué une de ses bouteilles… enfin bref", s’interrompit-il avec un geste du bras. "Deux types sont entrés. Ils traînaient cet homme de force", dit-il en désignant la photo que Mac avait gardé à la main. "Ils l’ont fait se mettre à genoux, et là, un des deux types lui a tiré une balle dans la tête. Ensuite ils sont repartis."

"Qu’avez-vous fait?"

"Je…" commença-t-il, hésitant. Mais personne n’était là pour lui souffler la bonne réponse, cette fois. "… je me suis barré."

"Vous n’avez pas essayé de lui porter secours? Vous l’avez laissé là-bas, sans rien faire?" le questionna Mac avec une pointe d’hostilité dans la voix.

"J’ai eu la trouille!"

"Vous dites pourtant que vous les avez vu repartir?"

"Oui, je sais…"

"Mais quoi?" demanda Stillman avec une patience de glace.

"Il fallait que je rentre…"

Green jeta un œil vers sa mère. Elle croisait les bras en attendant la suite. Une suite qu’elle n’avait pas l’air de connaître.

"Il fallait que je… j’avais fait…"

Les deux lieutenants comprirent, au geste qu’il fit, ce qui avait empêché le jeune Green de faire ce qu’il aurait dû faire, avant toute chose.

"Vous avez fait dans votre pantalon", acheva Mac à sa place. "Vous avez pensé à votre petit confort, avant de penser à lui", lui reprocha-t-il en lui mettant la photo de Danny sous le nez.

"Mais il était mort, de toute façon!" s’insurgea ce dernier.

Madame Green ouvrit de grands yeux ronds, pour la seconde fois. C’est elle la première qui comprit le silence et l’expression contrariée des deux hommes.

"Il a survécu!"

"Oui, madame", lui apprit Stillman. "Apparemment, la balle n’a pas suivi le trajet escompté."

La mère et le fils échangèrent un regard médusé, et paniqué en même temps.

"J’aimerais jeter un coup d’œil à cette grange", lança finalement Mac, qui avait d’autres priorités que de leur donner des explications balistiques, médicales ou même légales sur ce qu’ils avaient vu, fait, ou pas fait en l’occurrence.

En marche vers la grange, Stillman posa d’autres questions à Daniel Green, qui semblait n’avoir qu’une envie: se barrer en courant, en emportant sa honte avec lui, comme savait si bien le faire.

"Vous aviez déjà vu un de ces hommes, auparavant?"

"Non, aucun d’eux."

"Vous pouvez nous décrire leur véhicule?"

"Je l’ai pas vu. Mais d’après le moteur et les traces de pneus, je dirais que c’était une fourgonnette."

"Personne d’autre n’a assisté à la scène?"

"Non, monsieur."

"Des traces de pneus, vous dites?" intervint Mac. "Vous êtes retourné là-bas combien de temps après?"

"Environ… une heure après. Je voulais vérifier que j’avais pas rêvé."

"Qu’avez-vous trouvé d’autre?"

"Du sang."

"Oh, vraiment?" s’en étonna Mac. "Et malgré ça, vous n’avez rien fait. Vous êtes allé vous coucher, bien sagement. Et quand vous vous êtes réveillé le lendemain, avec votre gueule de bois, vous avez préféré tout oublier."

Mac lança un regard interrogateur à Madame Green. Elle aussi, avez préféré oublier…

"Ecoutez… je ne l’ai su qu’un mois après! Des traces de pneus, il y en a des dizaines tout autour de la grange. Et évidemment qu’il y a du sang, sur le sol. On y tue du bétail de temps en temps. Je vous l’ai dit : nous n’avions aucune preuve!"

"Avec tout le respect que je vous dois, madame Green. Les preuves, c’est notre travail."

"Qu’est-ce que vous pensez trouver, après tout ce temps?" demanda Stillman à Mac une fois qu’ils eurent pénétré à ‘intérieur de la bâtisse.

Madame Green et son fils attendaient près d'une des deux entrées, silencieux comme des tombes. Daniel leur avait montré sa cachette, leur expliquant qu'il y avait un tracteur garé au fond de la grange derrière lequel il avait pu se dissimuler dix mois auparavant. A une quinzaine de mètres de là se trouvait le lieu du crime. Là où Danny s'était réveillé, seul, sans savoir où il était, ce qu'il faisait là, ou simplement qui il était.

Le sol étant composé uniquement de terre, de poussières, et de résidus de foin, il était impossible d'espérer y trouver la moindre trace de sang. Les passages répétés du tracteur et d'autres véhicules, drainant sous leurs pneus autant de pluie et de neige qu'il était possible d'imaginer, avaient tout effacé.

Il ne leur restait qu'un seul espoir de prouver le témoignage de Daniel Green, et celui, encore plus incertain, de Danny Messer:

"La balle", dit Mac en éclairant chaque recoin de la grange, en commençant par les cloisons de bois qui les entouraient.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:27

Chapitre 7

Il plaça ses mains devant son visage. Elles tremblaient. Autour de lui, tout était encore plus flou que d'habitude. Et puis il y avait cette espèce de lumière rougeâtre qui saturait l'air. Comme dans l'antre d'un photographe, sauf qu'aucun cliché n'était pendu à un fil, et qu'aucun photographe n'avait jamais mis les pieds ici. Et ce bourdonnement. Ce bruit sourd, continuel, qui paralysait son esprit, et son corps.

Il essaya de se lever du fauteuil dans lequel il avait l'impression... non, dans lequel il s'enfonçait vraiment, plus qu'il n'était possible de l'être. Mais bien sûr, il n'y avait rien à faire pour s'en sortir. Ses gestes étaient lourds, et ralentis, comme dans un mauvais rêve. C'était incroyablement frustrant et pénible, de courir de toutes ses forces, sans jamais parvenir à avancer d'un pouce...

La seringue devant ses yeux. Elle tremblait elle aussi. Logique. C'était sa main qui la tenait. Trouver la veine... je vais me louper. La sueur de son front coulait sur son visage, brouillait sa vue.

Son bras le piqua. C'était fait. Mais ça lui faisait mal. Le bourdonnement s'intensifiait. Les veines dans sa tête battaient la chamade, elles enflaient, enflaient... Il avait chaud, et froid aussi. Et envie de cracher ce qu'il avait dans la bouche et l'empêchait de respirer. C'était pâteux, sans consistance. Mais d'où ça sort ? Plus il essayait de s'en débarrasser, plus ça devenait envahissant. Il essaya de se lever une nouvelle fois, mais tout ce qu'il arriva à faire, c'est se pencher tant bien que mal sur le côté. Il enfonça ses doigts dans sa gorge, il fallait qu'il enlève ce truc de sa bouche, sinon il allait étouffer...

Mais c'était de pire en pire. Il tira sur ses bras, s'accrochant aux bras du fauteuil mouvant... Est-ce que quelqu'un pourrait m'aider ? Juste me tendre la main ? et parvint à s'extirper tant bien que mal de son emprise. Sa tête se mit à tourner, sa vision se troubla carrément, et il se sentit tomber en avant, ses pieds décollèrent du sol, comme si la gravité n'existait soudain plus. Il attendit alors le moment où sa tête heurterait le sol, et où peut-être il verrait son cauchemar prendre fin. C'est qu'un putain de rêve, tu vas te réveiller... Après un ralenti vertigineux, il sentit un poids sur ses épaules. Qu'est-ce que... Quelqu'un criait?

"Réveille-toi!"

Oh non, il ne criait pas. Il l'appelait, c'est tout. Calmement.

"Danny?"

Celui-ci prit une profonde inspiration. Sa bouche était pâteuse, mais sans plus. Quand il ouvrit les yeux, il retrouva son lit, dans la pièce du troisième étage de la maison, et son inconnu de meilleur ami, Don, qui lui avait tendu la main, pour l'empêcher de s'ouvrir le crâne... Oh, merde.

Il toussa une fois, et bien qu'il ne fut pas encore tout à fait réveillé, il eut la présence d'esprit de se tourner du côté opposé à Don, pour vomir sur le sol, au pied du lit.

Le détective attendit que ça passe. Mais les vomissements terminés, Danny ne se retourna pas. Il était épuisé. Physiquement, et nerveusement. Il pleurait. Don s'approcha de lui, se pencha et posa une main sur son front brûlant. Et puis il l'aida à se retourner. Danny était léger comme une plume, et toujours aussi fébrile.

"J'ai essayé de m'en sortir, Don... je te jure que j'ai essayé! Mais je pouvais pas, j'avais trop peur... et ma tête..."

"Chut... ça va aller, Danny, je suis là."

Don s'assit, posa la tête de Danny sur son torse, et l'entoura de ses bras.

"Je veux pas retourner là-bas, il fait trop froid..." continua-t-il, d'une voix qui s'évanouissait dans le silence.

"C'est fini, je te promets", lui murmura Don, en caressant ses cheveux.

Danny se recroquevilla, agrippa la bas du t-shirt de Don, et se serra contre lui. Et puis, enfin apaisé, il ne bougea plus. Lentement il se rendormi.

Le jour s'était levé. Par la fenêtre ouverte, il regardait les rayons du soleil caresser sa peau, se demandant depuis combien de temps il ne s'était pas réveillé comme ça, sans crier. Sans avoir peur. Sans avoir mal. Du moins jusqu'à ce qu'il émerge de sa torpeur. Il se redressa, et s'assit au bord du lit. C'était la meilleure façon de faire passer la nausée. Il baissa la tête, regarda ses pieds. J'ai pas gerbé, juste là ? Il y a... combien de temps, au juste ?

Un bruit, dans la pièce à côté. Don.

"Comment tu te sens?"

Fatigué, désespérément fatigué, et perdu. Malade comme un chien. Et dégoûtant. Je me supporte pas moi-même...

"Parfaitement bien", répondit Danny à la place.

Don le rejoignit sur le lit, s'assit à côté de lui. Il l'observa et dit: "Je vais te préparer quelque chose à manger, ça devient urgent..."

"Pas tout de suite, je vais gerber."

"OK, ça peut attendre un peu", concéda alors Flack.

Danny regardait par la fenêtre, droit devant lui. La douce chaleur du soleil lui faisait du bien. Il se laissa finalement aller, doucement, jusqu'à avoir sa tête posée sur l'épaule de Don. Ils restèrent ainsi un long moment. Et Don finit par passer son bras autour de la taille de Danny, qui brisa le silence: "Alors c'était pas un rêve, quand tu m'as pris dans tes bras en me disant que c'était fini?"

"Non, c'était pas un rêve. C'est vraiment fini."

Danny prit une profonde inspiration et expira l'air longuement, comme un long soupir de soulagement.

"Le pire est derrière toi, maintenant", lui assura Don d'une voix grave et douce.

Danny ne répondit rien. Il ferma les yeux. Savourant chaque seconde.

"Tu sais ce qui te ferait du bien?"

"Pas faim..." bredouilla Danny qui ne parvenait décidément pas à se maintenir éveillé.

"On verra ça après", lui assura alors Don.

"Après quoi?"

"Debout!"

Danny redressa la tête, Don se leva et lui tendit la main.

"Après quoi?" insista Danny.

"Une bonne douche. Tu en as besoin, crois-moi."

"J'ai pas envie, je suis crevé..."

Don claqua des doigts devant le visage de Danny. Celui-ci ouvrit les yeux en grand, s'efforçant de fixer le regard de Don qui s'était agenouillé à sa hauteur. "Danny, si tu ne le fais pas pour toi, je t'en prie, fais le pour moi."

Danny poussa son ami d'un faible coup de poing sur l'épaule. Un lointain sourire se dessina sur ses lèvres. Puis il leva les bras en signe d'abdication et cette fois c'est lui qui tendit la main à Don.

Il se laissa conduire jusqu'à la salle de bain. Là, Don ferma le battant des toilettes, et Danny put soulager ses muscles en coton en s'asseyant dessus. Il tenait à peine debout, il savait qu'il allait devoir se forcer à manger quelque chose. Sans ça, la prochaine fois qu'il se réveillerait, il serait à l'hôpital, nourri par intraveineuse...

"Déshabille-toi", lui dit doucement Don en repliant les manches de sa chemise avant de se pencher dans la cabine de douche pour faire couler l'eau chaude.

Mais en se retournant vers Danny, il s'aperçut avec un pincement au coeur que son ami avait à peine assez d'énergie pour ça. Alors il l'aida. D'abord le t-shirt. Il prit le bas du vêtement et le fit glisser sur le corps de Danny, jusqu'à le faire passer au-dessus de sa tête, avant de le balancer sur le sol. Danny se laissait faire comme un enfant. Un enfant malade, au visage triste et au corps fatigué. Ses yeux étaient fixés au sol.

"... l'impression d'être mort... je te jure, je tiendrai pas le coup..." Il secoua la tête: "Je suis déjà mort."

Don l'entendit à peine, à cause du bruit de l'eau dans la douche. Mais il avait lu sur ses lèvres. Il s'agenouilla encore une fois. Et posa une main sur la poitrine de Danny. Celui-ci sentit un frémissement lui parcourir tout le corps.

"Danny, tu n'es pas mort", lui souffla Don. "Je sens encore battre ton coeur."

Danny plongea son regard dans celui de Don et y vit de la tristesse. Il tendit sa main vers son visage et essuya une larme qui coulait sur sa joue.

Don, lentement, fit glisser sa main plus haut. Danny pencha la tête sur le côté, ferma les yeux, pour que dure cette caresse sur son cou, sa nuque. Pour qu'elle dure toujours. Sa respiration se fit plus profonde, les battements de son coeur plus forts. Don avait raison. Il était vivant.

Don se releva. Il prit les mains de Danny et l'aida à se lever. Ensuite, il continua de le déshabiller, lui enlevant son pantalon. Et toujours sans aucune réticence, Danny se laissa faire.

Les vapeurs d'eau chaude commencèrent à sortir de la cabine de douche. Don rajouta un peu d'eau froide et guida Danny à l'intérieur, sous le jet. Et puis il l'observa. Les poings serrés, Danny restait immobile, attendant que son corps s'habitue à la température de l'eau, à sa force, et à sa douce caresse en même temps.

Il s'appuya ensuite au mur carrelé, à côté de lui. Là où le jet n'atteignait pas son visage. Là où il put rouvrir les yeux, et reprendre son souffle, sans risquer de boire la tasse.

Il laissa Don s'occuper de tout. Le savon dans ses cheveux, sur son corps, les caresses de ses mains sur sa peau... Ses forces l'abandonnaient peu à peu. Il se laissa glisser contre le mur.

"Ça va aller?" s'inquiéta Flack.

Danny acquiesça, assis sous la douche. Au bout d'un moment, il dit, en forçant cette fois la voix pour être audible malgré le bruit de l'eau:

"Je crois que tu avais raison, Don!"

"A propos de quoi?"

"Le pire est derrière moi."

Don se fendit alors d'un large sourire, dont Danny eut un aperçu quand les robinets furent fermés. Don se saisit d'une grande serviette chaude et commença à sécher les bras de Danny, son torse, ses cheveux, avant de la passer derrière son dos pour l'envelopper avec. Il le serra ensuite dans ses bras et l'aida une nouvelle fois à se relever. Ils firent quelques mètres et gagnèrent le lit dans la chambre. Danny s'assit et, légèrement frissonnant, d'un froid agréable et sain, se drapa confortablement dans la serviette pendant que Don lui préparait du linge propre.

"Tu as froid?"

"Un peu", avoua Danny.

"Attends", fit Don en s'approchant de lui et en frottant ses mains contre lui à travers la serviette, avec tendresse mais efficacité.

"Don?"

"Oui?"

"Je suis content que tu sois là."

"Moi aussi, Danny. Tu peux pas savoir à quel point."
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:30

Chapitre 8

"Qu'est-ce que ça a donné?" s'enquit Stella, au retour de Mac et Stillman au QG de Phila.

"On a envoyé de nouveaux éléments au labo", lui apprit Mac.

Elle haussa les sourcils, agréablement surprise: "Ne me dis pas que je dois te supplier à genoux pour en savoir un peu plus?"

Il secoua la tête: "On a eu beaucoup de chance, avoua-t-il. On a ramené un bout de planche avec une balle de revolver coincée à l'intérieur."

"Une balle?" intervint Scotty Valens, présent lui aussi dans le bureau de Stillman.

"Calibre 45", précisa ce dernier.

"Et d'où vient cette planche?" reprit Stella.

"Elle appartenait à une grange, près d'Allentown", précisa Mac. "Tout près de l'endroit où Danny a été récupéré."

Elle fronça les sourcils d'un air interrogateur. Et ce fut Stillman qui expliqua comment ils avaient su où chercher, grâce à un certain Daniel Green, rond comme une queue de pelle au moment des faits.

Les faits. Peu à peu, ils se mettaient en place dans leurs esprits. Ils reconstituaient avec de plus en plus de précision les événements.

A genoux, dans la grange, face à deux des hommes qui l'avaient embarqués depuis New York jusqu'à ce trou perdu, Danny comptait les secondes qui le séparaient de sa propre mort. Il leva la tête vers celui qui tenait le flingue... un gamin! Il allait se faire descendre par un môme qui n'avait même pas la moitié de son âge!

"Tire pas", le supplia-t-il, sans espoir.

"Bute-le", rétorqua l'autre, sèchement.

L'homme, en retrait, venait de remettre au gamin l'arme avec laquelle tout prendrait fin.

Les yeux de Danny étaient obstrués de larmes. Mourir était une chose. Mourir de cette façon, assassiné froidement par des inconnus, loin de chez soi, dans une obscure et muette solitude, après avoir subi quantité de coups et de menaces, et sans avoir rien pu faire pour venir en aide à son meilleur ami, le savoir mort. Tout ça, c'était pire que toutes les armes du monde. Pire que la mort en elle-même.

Le gamin était enfin prêt. Du moins c'est ce qu'il croyait. Il pressa son doigt sur la détente. Au dernier moment, il détourna un peu la tête, comme s'il redoutait d'être éclaboussé, ferma juste un oeil, et le coup partit, la détonation étouffée par un silencieux.

Pour Danny, ce fut le trou noir. Son corps heurta le sol et forma un nuage de poussière autour de lui. Puis plus rien. L'inertie. Le néant.

L'homme approcha. Du pied, il fit basculer Danny sur le dos, et vit sa blessure à la tête.

"J'ai bien cru que tu allais le louper", dit-il, avec sévérité. "Allez, on se casse."

Ils le laissèrent alors seul ici. Les tueurs mais aussi le témoin de la scène. Ils déguerpirent comme des lapins.

La balle, au lieu de finir sa course entre les deux yeux de Danny, avait suivi une trajectoire non prévue. Déviée, à pleine vitesse au niveau de l'os frontal, elle avait provoqué une perte de connaissance instantanée, et sans doute un traumatisme crânien. Fort heureusement, celui-ci avait fini par se résorber de lui-même. Mais le choc avait valu à Danny des maux de tête carabinés pendant de longs mois, et causé son amnésie. La balle avait fait table rase de tout ce qui s'était passé dans sa vie avant ce jour.

Et puis elle alla terminer sa course dans une des planches qui cloisonnaient la grange, éclatant le bois, restant coincée à l'intérieur, protégée des intempéries et de toute autre altération extérieure, attendant bien sagement qu'un expert de la police scientifique la sorte de là.


"Avec un peu de chance", conclut Mac, "on pourra en retirer de l'ADN à partir de sang ou de cellules épithéliales."

"On n'a plus qu'à attendre, et croiser les doigts", dit Stella, songeant à quel point Danny avait eu de la chance, malgré tout.

Combien de fois avait-il failli y rester? Peut-être plus souvent qu'en 5 ans de service au sein de la police scientifique.

"On revient de l'hôpital", fit alors savoir Scotty. "Le médecin a bien voulu nous communiquer les premiers résultats de ses examens."

"Son bilan correspond à celui d'un toxicomane en parfaite santé", le relaya Stella. "A part peut-être une légère carence en fer... et puis il y a ça." Elle sortit une enveloppe de sa poche. "C'est le résultat de son test HIV. Le médecin a préféré le séparer des autres pour des raisons... que l'on peut comprendre", hésita-t-elle. "Je ne l'ai pas ouverte."

Scotty parut légèrement embarrassé. Son patron lui fit un signe de la tête, et ils sortirent tous les deux du bureau, laissant les deux experts de Manhattan seuls.

"Où est Lilly?" entendit Mac.

"A Trenton", répondit Scotty. "Elle..."

Puis la porte se referma sur eux.

"Qu'y a-t-il?" s'enquit Mac.

C'était étrange. Elle n'avait pas décacheté l'enveloppe, mais c'était comme si elle connaissait déjà la réponse.

"La fille qu'on a interrogée au squat", commença-t-elle. "Elle nous a fait comprendre certaines choses qu'on ignorait de Danny."

Mac croisa les bras, attendant la suite avec appréhension mais patience. Stella cherchait ses mots, et les lui prononçait à mesure qu'elle les trouvait: "Danny a eu des comportements à risques... je ne parle pas seulement des seringues..."

"Tu veux parler de rapports sexuels non protégés, c'est ça?" la soulagea Mac.

"Très probablement", acquiesça-t-elle. "Lui et son ami, Mike... ils étaient très proches, et... Mac, j'ai très peur de ce qu'on va découvrir..."

"Stella", l'interrompit-il d'une voix douce.

Elle se figea. Que se cachait-il derrière le calme et l'apparente sérénité du lieutenant Taylor?

"Il y a quelque chose que je devrais savoir?"

"En effet", lui confirma-t-il.

"Quoi?" fit-elle avec un étonnement méfiant.

Mac pinça alors la fameuse enveloppe entre son pouce et son index, et Stella la lui laissa, incertaine. Quand elle le vit la décacheter, elle protesta timidement du regard. Ce n'était pas à Danny de faire ça?

Il déplia la lettre, lut ce qu'elle contenait, puis posa les yeux sur Stella. Elle détestait ça. Quand elle n'arrivait pas à lire ce qu'il y avait d'écrit sur son visage. Et ce n'était pas parce qu'il n'éprouvait aucune émotion. Depuis la mort de sa femme, six ans auparavant, il était devenu plus renfermé et impassible. Mais depuis dix mois, il se lâchait. Colère, tristesse, détermination, abatement, espoir... tout s'était enchaîné, jusqu'à la bonne nouvelle.

"Pitié, Mac..." supplia-t-elle entre ses dents.

"Le test est négatif", annonça-t-il.

Elle ouvrit de grands yeux étonnés, et poussa un long soupir de soulagement, en se jetant dans ses bras.

"Il devra refaire le test dans trois mois", lui rappela-t-il, incapable de faire le moindre geste, coincé dans l'étreinte de Stella.

"Oui, je sais", se reprit-elle alors, reprenant ses distances. "Mais..."

Un grand et magnifique sourire illumina son visage, et celui de Mac, aussi.

"C'est une excellente nouvelle", admit-il... en lui ouvrant cette fois-ci les bras, pour qu'ils puissent s'en réjouir tous les deux, sans que l'un deux ne meurt étouffé.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:35

Chapitre 9

Il y avait une douce musique dans sa tête. Une mélodie qu'il reconnaissait, et qu'il aimait beaucoup. Une de ces chansons qui le transportait dans un monde pétillant, là où le paradis n'avait pas de frontières. Un air sensuel... sexuel. "Let's Get It On". Marvin Gaye avait inventé la chanson à lui faire décoller les pieds du sol. A chaque pas, il avait l'impression de flotter.

I've been really tryin', baby

Il entra dans la pièce baignée de lumière et de musique. Elle venait de nulle part, et de partout en même temps.

Tryin' to hold back these feelings for so long

Il était là...

And if you feel like I feel, baby

Don se tourna face à lui, l'enveloppant de son regard bleu, l'inondant de son plus beau sourire.

Come on...

Danny l'attrapa par la boucle de sa ceinture et l'approcha de lui. Tout près. Don se laissait guider. Il fredonnait la chanson, tout bas, d'une voix grave et sensuelle, et puis il se mit à caresser ses bras nus.

So much to give

Danny s'extasia, ça lui filait des frissons. Il défit la boucle, glissa la ceinture hors de ses passants, déboutonna le pantalon de Don et glissa sa main à l'intérieur.

... never be wrong, if the love is true

Il le caressa doucement, tendrement, et sentit Don soupirer de plaisir. Don l'embrassait dans le cou, caressait sa nuque d'une main, et de l'autre griffait son dos et malaxait ses fesses.

Don't you know how sweet and...

Il adorait ça, quand Don lui mordillait le lobe de l'oreille, léchait le creux de son cou, enfouissait sa main dans ses cheveux, et l'embrassait sans arrêt, passant sa langue sous son menton, et remontait lentement

... wonderful...

jusqu'à ce que leurs lèvres entrent en contact.

... life can be

Elles s'unirent avec passion. Et puis la langue de Danny rencontra celle de Don, et il joua avec, d'abord timidement, et puis il se mit à l'embrasser pleinement, profondément, comme si c'était la dernière fois, jusqu'à son dernier souffle. Il sentait les mains de Don, quelles mains! se glisser sous son t-shirt, et parcourir chaque centimètre carré de sa peau brûlante, lui caressant la taille, le creux des reins... Une seconde après, il n'avait plus de t-shirt. Ils continuaient de s'embrasser langoureusement, passionnément, leurs deux corps enlacés...

Come on come on come on baby

Don le plaqua contre un mur et lui défit sa ceinture. Danny décida de l'aider. Plus vite, plus vite... je prends feu...

Let me love you

Danny quitta la saveur suave et délicieusement appétissante de ses lèvres, et d'un mouvement félin, se retourna. Lové contre lui, il gémissait sous les longs baisers de son amant, sous ses mains, de plus en plus baladeuses et entreprenantes. Baise-moi. Elles baissèrent son pantalon, l'une d'elle s'insinua dans son entrejambe, entra en lui.

Let me groove you! Ooooohh!

Lentement, et puis de plus en plus profondément. Il pencha la tête en arrière, contre l'épaule de Don. Il voulait caresser son dos, ses hanches, sa nuque, se raccrocher à quelque chose, mais Don le repoussa un peu plus fort contre le mur, et puis entra en lui pour de bon.

Let's get it on

Il gémit un peu plus fort quand Don posa ses mains sur ses hanches et le pénétra plus intensément. Leurs respirations s'accéléraient.

You don't have to worry

Il lui prit une main et la guida contre sa cuisse, l'amena à sentir sa propre érection, et à le caresser, de haut en bas, au rythme de ses coups de rein, de plus en plus rapides et forts. L'excitation atteignait son paroxysme. Ils haletaient, l'un contre l'autre... Pur moment de jouissance, jusqu'à l'accomplissement...

Oh Don... Donnn!

Il avait inventé l'amour.

Ooooh!

Danny se réveilla brusquement, sursautant non pas de peur, cette fois, mais de surprise. Il avait la bouche ouverte en "o". Ivre de jouissance. Mais ce n'était qu'un rêve, et apparemment, aucun son n'était sorti de sa bouche. Il vérifia que rien d'autre n'était de sortie, et fut soulagé de voir que du côté de son pantalon, c'était relativement calme.

"Un cauchemar?" voulut savoir Don.

"Non", répondit Danny précipitamment, sans même le regarder. Il préféra fixer le mur, droit devant lui, en pensant à la chose la moins excitante du monde, oubliant de toutes ses forces la présence de cet homme, comme si c'était possible, tout ça en ayant l'air de rien. Il coupa sa respiration quelques secondes, pour tenter de ralentir son rythme cardiaque, mais il eut vite l'impression d'asphyxier.

"Danny, qu'est-ce que tu as?"

"Rien!" affirma-t-il aussitôt. "J'ai juste... un peu mal à la tête", mentit-il. "Ça va passer."

"Sûr?"

Il acquiesça. Au bout d'un moment, il tourna finalement la tête vers Don. L'inspecteur de Phila, Lilly Rush, était avec lui. Ils étaient là, à quelques mètres, depuis un bon moment, à discuter autour d'un café pendant qu'il dormait. Danny se glissa au bord du lit, posa ses pieds au sol, et puis se leva en s'aidant de la table de chevet. Il se dirigea vers la salle de bain, sans un mot, et ferma la porte derrière lui.

Quand il en ressortit, il alla les rejoindre, et s'assit à la table. Son pas était mal assuré. Il était affaibli. Il avait vomi le peu qu'il avait réussit à avaler ces dernières quarante-huit heures.

"Je vais te préparer quelque chose", lui dit Don avant de disparaître dans la cuisine.

Lilly avait remarqué, et elle était certaine que Don l'avait également remarqué, que Danny osait à peine les regarder en face. Surtout Don.

"Vous vous êtes souvenu de quelque chose?" s'enquit-elle avec curiosité.

"... je..." hésita-t-il. "Non, je crois pas."

Elle sourit. Son regard scintillait d'une lueur complice. Elle se doutait de quelque chose. Danny n'osa plus rien dire, il respirait à peine. Est-ce qu'il avait parlé pendant son sommeil? Est-ce qu'il avait gémit de plaisir, s'était tortillé d'extase, ou crié le prénom de son ami? Ou pire encore?

Le silence durait depuis trop longtemps. Il ouvrit la bouche, pour lancer un sujet de conversation, mais rien ne lui vint. A part ces images, et ces sensations...

"Vous rougissez", lui glissa-t-elle.

Merde ! se reprocha-t-il.

Il se saisit d'une bouteille d'eau, sur la table, et en vida la moitié, d'un coup.

Calme... Respire...

Il se rendait compte à quel point son comportement pouvait paraître bizarre. Pourvu qu'ils ne s'inquiètent pas davantage pour lui, ce serait tellement dommage. Mis à part l'atmosphère de malaise qui régnait, et qu'il avait lui-même créé, il ne s'était pas senti aussi bien depuis très longtemps.

Un bol rempli d'un potage brûlant se posa devant lui. Une cuillère. Puis Don s'assit à sa droite.

"Merci", dit-il... ... chéri... baise-moi.

Danny se pinça les lèvres.

N'y pense plus, c'est seulement un rêve...

Et il termina la seconde moitié de la bouteille. Et tandis que Lilly et Don se regardaient, au-dessus de leurs cafés, avec une expression indécise sur le visage, il s'appliqua à déguster son breuvage comme s'il était seul au monde.

Ils échangèrent quelques banalités, auxquelles Danny ne participa que brièvement, et puis Lilly décida qu'il était temps pour elle de voir si on avait pas besoin d'elle ailleurs.

"Je dois vous laisser, j'ai du travail qui m'attend."

Elle se leva, en même temps que Don, et mit une petite tape sur l'épaule de Danny, qui lui lança un petit coup d'oeil et un sourire. Elle savait. Elle avait parlé avec Don pendant un long moment, l'avait observé, lui, avec attention, pendant de longues minutes. Elle savait.

"Prenez soin de vous, Danny. Je passerai vous voir avant que vous ne repartiez, d'accord?"

Il acquiesça.

Puis Don raccompagna la jeune femme jusqu'à sa voiture.

A son retour, Don resta extraordinairement silencieux. Danny avait redouté les questions indiscrètes voire inquiètes. Pourquoi pas quelques reproches. Mais il n'en fut rien. Danny se mit à réfléchir à la meilleure façon de briser ce silence, mais il n'y arrivait décidément pas. Il sentait que le regard de Don se posait sur lui, de temps à autre. Parfois leurs regards se croisaient, pour se décroiser aussitôt, à l'initiative de Danny exclusivement. Don finit son café. Il débarrassa la table et gagna une nouvelle fois dans la cuisine.

Danny avait envie de se taper la tête contre la table. Réfléchir. Pourquoi était-ce devenu aussi difficile? Est-ce que ça ne l'avait d'ailleurs pas toujours été? Non. Pas quand il planait. Là-haut, il était capable de réfléchir à la vitesse de la lumière. Pas toujours bien, mais vite.

Don réapparut. Danny ferma les yeux. Qui était cet homme? Qui était-il vraiment? Quelle place tenait-il dans sa vie passé? Dans son coeur? Pourquoi n'était-il pas capable de s'en souvenir de façon certaine? Qu'est-ce qui l'empêchait de lui poser la question, bon sang? Si ce n'était la peur de la réponse.

Réfléchir... Un ami ne l'aurait pas touché de cette façon, sous la douche. Un ami ne le regarderait pas de cette façon. Un ami ne l'aurait pas prit dans ses bras avec autant de chaleur et de tendresse, même quand ça allait très mal. Je sens encore battre ton coeur... Sa main, caressant sa poitrine, sa nuque... c'était pas un rêve !

Mais si Don l'aimait vraiment, qu'est-ce qu'il attendait pour le lui dire? Qu'est-ce qu'il attendait pour le prendre dans ses bras et l'embrasser? Qu'est-ce qu'il attendait pour faire de ce rêve une réalité?

Il sursauta. Don était juste derrière lui, penché à son oreille, une main sur son épaule. "Danny, t'angoisse pas", lui chuchota-t-il. "Tu peux tout me dire, tu le sais, ça?"

Danny le regarda ensuite s'asseoir de nouveau à sa place.

"Absolument tout?" lui demanda-t-il.

Don se rapprocha de lui, posa ses coudes sur la table, et attendit que Danny se lance. Celui-ci lui prit la main, croisa ses doigts dans les siens. Pour y puiser un peu de courage. Et pour vérifier qu'ils partageaient bien plus que de l'amitié. Don avait l'air incroyablement serein.

Pourquoi faut-il que ça vienne de moi ? songea Danny avant de lâcher:

"J'ai rêvé que... toi et moi..."

Il soupira, incapable d'aller plus loin, et baissa la tête.

"C'était bien?" le questionna Don.

Danny redressa lentement la tête.

Si c'était bien? Foutrement bien, oui! Fantastique, même! Comment on peut espérer cacher quelque chose à un détective, hein?

"Est-ce que..."

Don sourit devant les hésitations de Danny: "Est-ce qu'on l'a réellement fait?" devina-t-il. "Oui, Danny. On l'a fait."

Ce dernier avait du mal à dissimuler son soulagement. C'était si intense qu'il était à deux doigts non pas d'en rire mais d'en pleurer. Comme un barrage qui retient un lac trop grand pour lui, et qui finit par céder.

"On dirait que tu as réussi à ouvrir la boîte à souvenirs", lui fit remarquer Don.

Danny eut un petit frisson. Quelque part, au fond de lui, il redoutait que cette boîte, c'était celle de Pandore. Il avait attendu ce moment depuis très longtemps, et maintenant qu'il était là, qu'il se présentait enfin à lui, ses doutes et ses inquiétudes reprenaient le dessus. Il avait si peur de découvrir qui il était. Daniel Messer valait-il la peine qu'on lui redonne vie?

"Danny, regarde-moi."

Don lisait dans ses pensées. Danny aimait vraiment cet homme qu'il avait rencontré quelques heures auparavant. Il avait l'impression de le connaître depuis bien plus longtemps que ça. Il était tellement bien avec lui. Il se sentait plus fort, quand il était dans ses bras. Il n'avait plus peur de rien. Il était tout ce qui le raccrochait à l'illusion que son passé valait la peine qu'on s'en souvienne.

"Tu es quelqu'un de bien."

"Je te crois pas", murmura Danny.

Don s'approcha de lui, et déposa un baiser sur ses lèvres. Juste histoire de le convaincre du contraire. Danny se rappela alors ce qu'il s'était dit quand Don lui avait assuré, la veille, qu'il n'avait rien à se reprocher. Il s'était dit que peut-être il valait mieux le croire, après tout.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:37

Chapitre 10

"Don, tu as une sale tête. Tu devrais te reposer."

"Mac", répliqua le détective. "Tu as le droit de garder le silence. Tout ce que tu diras pourra être retenu contre toi, ça te dit quelque chose?"

Le lieutenant Taylor leva les mains en l'air, amusé. Et il rejoignit le porche de la maison, près des marches sur lesquelles le détective était assis.

"Tu as bonne mine", dit-il ensuite à Danny, assis sur la même marche, à côté de son ami.

Il portait une tenue de sport gris clair et noire, un poil trop grande pour lui, mais dans laquelle il se sentait bien. Mieux que dans ses vêtements élimés et sales de ses dernières semaines. Mieux, après une bonne douche et quelque chose dans l'estomac.

Il avait toujours ses horribles cernes sous les yeux, sa cicatrice et sa maigre silhouette, mais il tremblait beaucoup moins. Mac percevait encore un peu de fébrilité dans ses gestes, à sa façon de tenir la cigarette qu'il partageait avec Don, mais il ne souffrait plus de l'intérieur. Les symptômes de manque s'étaient évaporés. Un sourire était même dessiné sur ses lèvres.

Mac éprouvait un profond réconfort à entendre Flack plaisanter, et à voir Danny ainsi. Il avait eu raison de faire confiance à Don. Le lien qui unissait les deux hommes, meurtris dans leur âme et dans leur chair, semblait plus fort que jamais. Indestructible. Est-ce que tout pouvait encore redevenir comme avant? Danny reviendrait-il un jour dans son équipe, Don redeviendrait-il le flic qu'il avait été? S'ils le voulaient vraiment, ils y parviendraient. De cela il était persuadé. Ça ne dépendait plus que d'eux.

"On va marcher un peu?" proposa Mac à Danny.

Celui-ci tira une dernière bouffée sur sa cigarette, puis la tendit à Don. Ensuite il se leva, et précéda Mac sur le trottoir dans la rue. Sans un mot. Fatigué, mais serein. Les mains dans les poches de sa veste de sport. Son long pantalon, du moins celui de Flack, formaient des plis à ses chevilles, dissimulant en grande partie ses tennis.

"Ses examens sont bons", glissa Mac au détective. "Il n'a rien de ce qu'on pouvait craindre."

Don poussa un soupir de soulagement.

"Et ton enquête?" voulut-il savoir alors que Mac s'apprêtait à rejoindre Danny.

Le lieutenant esquissa un sourire rassurant:

"Elle suit son cours. Tu peux dormir sur tes deux oreilles, Don. On en reparle demain? A tête reposée?" proposa-t-il.

"Ça marche", accepta Don.

"Les nouvelles sont bonnes, patron?"

Mac parcourut les derniers mètres qui le séparaient de Danny, piqué par la nostalgie et l'émotion. Cette question, Danny la lui avait sûrement déjà posée un jour. Et il était heureux qu'il la lui pose une nouvelle fois, car il avait pensé ne plus jamais le revoir vivant.

"Elles sont... très encourageantes, Danny."

Ce dernier baissa la tête. Content de l'apprendre, mais sans plus. Plus vraiment emballé à l'idée d'en savoir davantage. La raison, Mac la devinait. Si les dix derniers mois étaient un mystère pour lui, ils ne l'étaient pas pour Danny. Et il y avait certainement des choses qu'il tenait à garder secrètes. Des choses qu'il ne voulait pas que les flics découvrent, indépendamment du fait qu'il ait lui aussi appartenu à la police, dans une vie antérieure.

"Je sais que tu as travaillé pour un trafiquant. Tu livrais de la came pour lui.

"Ouais, et alors? Qu'est-ce que vous voulez savoir", fit-il, sur la défensive.

"Son nom?"

"Pas question."

"Ça, c'est ce que répondrait Allen, tu crois pas?"

Danny secoua la tête d'un air désabusé.

"Il est mort, c'est ça? Allen n'existe plus, vous l'avez rayé de la carte", devina-t-il. "Et moi, je suis flic, je "fais partie des vôtres", pas vrai? Je risque plus rien..."

Mac haussa les épaules, d'un air de dire "C'est exactement ça, pourquoi n'en serait-il pas ainsi?"

"Vous doutez vraiment de rien", lui reprocha subitement Danny. "Ce type est un malade, je vous aiderai pas à le coincer."

Il se détourna, le visage fermé. Il fit quelques pas, mais se dit que tôt ou tard il devrait rentrer, et que s'il s'éloignait trop, il n'aurait peut-être pas la force de regagner la maison tout seul, sans risquer un malaise. Alors il s'arrêta et s'assit sur un muret. Mac le rejoignit, sans se presser, lui laissant le temps de réfléchir.

"Et si je te dis qu'on a seulement besoin de connaître les noms de ses clients. Juste quelques uns, tu peux faire ça?"

Danny regarda le lieutenant Taylor s'asseoir à côté de lui.

"Vous êtes sérieux? C'est tout ce que les stups de Phila me veulent? Les noms de quelques clients?"

"Il y a bien des moyens d'atteindre une cible, Danny. Ils le savent. Et ils se contenteront de ce qu'on leur donnera."

"On"? A cet instant, Danny réalisa un peu mieux ce que Stillman avait voulu dire par "vous faites partie des nôtres". Sans ça, il serait probablement en garde à vue, avec les autres camés du squat, à devoir marchander des noms contre sa liberté. Il était flic, entouré et protégé par des flics. Danny Messer n'avait vraiment rien à craindre... Mais Allen? Ils avaient beau essayer d'effacer cette partie de sa vie, une partie qu'ils ne comprenaient pas, qui allait à l'encontre de tout ce pourquoi ils se battaient chaque jour, il était loin d'être tout à fait mort. Danny lui-même avait beau essayer de s'en convaincre, il devait bien admettre qu'Allen occupait encore une énorme partie de son être. Et Allen avait promis...

"Je balancerai personne, c'est clair? Je peux pas."

A cet instant, Danny n'en avait rien à faire de décevoir Mac. Et si celui-ci était effectivement déçu, et bien il n'en montra rien:

"Je comprends", dit-il.

Il comprenait, en effet, qu'il était encore trop tôt. Il faudrait du temps pour que Danny prenne définitivement la place d'Allen. Beaucoup de temps avant qu'il redevienne lui-même, qu'il récupère sa vie, ses souvenirs, son passé, et tout ce qu'il avait réussi à construire, à New York. Tout ce pourquoi il s'était battu chaque jour, lui aussi. Ce n'était qu'une question de temps. Rien d'autre.

De toute façon, les stups avaient déjà de quoi occuper la justice de Phila un bon moment.

Ils demeurèrent silencieux quelques minutes, et puis Mac réalisa que Danny observait quelque chose, un peu plus loin, et même quelqu'un. Mac dirigea son regard dans le même sens, et vit Stella qui approchait. C'était la première fois que Danny la revoyait depuis dix mois, et Mac était somme toute assez curieux d'assister à leurs retrouvailles. Même si pour Danny, elles avaient tout lieu d'être une découverte.

Mac ne pensait pas se tromper en se disant que Danny ne considérait pas Stella comme une parfaite inconnue. Ses yeux, légèrement plissés à cause de sa mauvaise vue, brillaient néanmoins d'une lueur songeuse. Peut-être quelque chose dans la démarche fonceuse et élégante de la scientifique lui rappelait une vague sensation de souvenir. A moins que ce ne soit le balancement rythmé de ses longs cheveux bouclés qui dansaient autour de sa tête, et sur ses épaules. Ou bien les traits droits de son visage, son sourire franc, sa voix?

"Bonjour, Danny", dit-elle avec une joie toute contenue mais parfaitement perceptible.

"Stella", présuma-t-il tout en serrant la main qu'elle lui tendit.

Elle eut un petit pincement au coeur, émue.

"Je vois qu'on t'a déjà parlé de moi", s'étonna-t-elle agréablement.

Et puis elle s'assit à son tour sur le muret, à côté de lui. Il ne la lâcha pas du regard, et garda sa main dans la sienne. Il la tenait avec tendresse, contre sa cuisse, et la caressait avec son pouce, sans même vraiment s'en rendre compte. Il échangea un sourire avec elle. Comment ne pas succomber à sa mine réjouie?

Il ferma un instant les yeux, mais dut les rouvrir parce que sa tête tournait un peu, et puis il regarda devant lui, au loin. Les habitants, dans le voisinage, se faisaient rares, et leurs maisons clairsemées offraient à certains endroits une vue imparable sur l'horizon.

Danny éprouvait un profond sentiment d'apaisement à se retrouver entre ces deux personnes, sans avoir à répondre à des questions, à rendre des comptes, ni même à leur parler. Comme avec Don.

La conviction qu'il appartenait au même monde qu'eux, leur famille, se renforçait un peu plus chaque minute.

Finalement, Mac se leva, une main sur son épaule. Il leur dit qu'ils allaient tous passer la nuit dans la maison et qu'ils repartiraient le lendemain pour New York. Prétextant devoir passer quelques coups de fil et installer ses affaires et celles de Stella au deuxième étage, il les laissa seuls.

Danny le regarda s'éloigner. Il aurait voulu lui dire, à lui et aussi à Stella, qu'il avait essayé de s'en sortir. Que par deux fois il avait cru avoir la volonté suffisante pour décrocher. Mais ça signifiait que par deux fois il avait échoué. Et si Don pouvait comprendre et pardonner son meilleur ami pour ça, peut-être n'était-ce pas le cas pour tout le monde. Si cette troisième tentative n'était pas couronnée de succès, malgré ce tout nouvel entourage, malgré son besoin grandissant de retrouver son passé et la vie qu'il avait laissé derrière lui, alors elle serait la dernière. S'il baissait les bras, et qu'il replongeait dans la drogue encore une fois, alors plus personne ne pourrait rien pour lui.

Il sentit une légère pression sur sa main. Stella cherchait son regard.

"A quoi tu penses?" lui demanda-t-elle doucement.

"Je..." commença-t-il, hésitant.

Si j'abandonne, alors je meurs... pensa-t-il, tête basse.

Stella passa sa main libre sur le front de Danny, écartant une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, d'un geste quasi maternel. Il tourna la tête vers elle, et vit le regard attendri qu'elle posait sur lui. Pas de tristesse, pas de pitié.

"Je suis bien, ici, avec vous", lui dit-il finalement.

Il serra sa main un peu plus fort. Elle s'approcha un peu plus près de lui, en lui prenant le bras affectueusement.

"Mike ne te manque pas trop?" voulut-elle ensuite savoir.

Un peu." Mais en y réfléchissant mieux, il ajouta: "Plus maintenant."

Stella ne lui demanda pas pourquoi il éprouvait si peu de peine envers celui qui avait été son ami pendant dix mois. Elle attendit simplement qu'il reprenne la parole, peu importe le sujet de conversation qu'il choisirait, d'ailleurs. L'entendre, le voir, le sentir vivant contre elle, c'était déjà un cadeau.

"Quand je l'ai trouvé, il était déjà mort", lui confia-t-il. "C'est moi qui l'ai tué..."

"Comment ça?"

"Ça faisait deux jours que j'avais rien pris. Je lui avais refilé les doses qui me restaient. Parce que c'était mon ami. Et je l'ai tué."

"Tu ne lui as pas planté l'aiguille dans le bras?" vérifia-t-elle.

Il la regarda avec l'air de dire "bien sûr que non, et je sais ce que vous allez dire".

"Alors?" fit-elle comme un prof qui attendait la conclusion d'un raisonnement.

"Je sais, je ne l'ai pas vraiment tué. Mais ne me dites pas que j'y suis pour rien."

Stella se pinça les lèvres, haussa les épaules. Elle fit ce qu'il lui demanda, et ne le contredit pas. Mais c'était à contre-coeur.

"Tu as essayé de lui sauver la vie, Danny. Je le sais. J'ai récupéré tes affaires, et j'y ai trouvé une ampoule d'adrénaline. Ce n'est pas ce que tu cherchais quand la police de Phila t'a arrêté?"

"Comment vous le savez?"

"Le lieutenant Stillman nous a beaucoup parlé de toi. J'aurai aimé que tu croises cet homme beaucoup plus tôt. Il a tout de suite su que tu n'étais pas comme..."

"Mike", termina Danny.

"Comme n'importe lequel de ces junkies", rectifia-t-elle.

"C'est pareil. Vous savez, moi aussi, j'aurai préféré que ça se passe autrement. Je donnerai n'importe quoi pour changer ce qui s'est passé. Pour que Mike ne prenne jamais cette route... pour que je me réveille deux minutes plus tard, et que quelqu'un d'autre me retrouve et m'amène à l'hôpital..."

Il secoua la tête et se tut. Les regrets lui faisaient trop mal.

"Malheureusement, on ne peut pas revenir en arrière", ajouta Stella.

Et puis avec un large sourire, elle constata: "Il ne reste plus qu'à aller de l'avant!"

Danny hocha la tête, et esquissa lui aussi un sourire. Elle avait raison. Le mal était déjà fait. Don avait raison: le pire était derrière lui. Le meilleur restait à venir.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:52

Chapitre 11

"... quelle heure?" marmonna Don d'une voie endormie, en se tournant sur le dos, sans même ouvrir les yeux.

Il savait que Danny était près de lui. Celui-ci lui prit d'ailleurs le poignet pour regarder à sa montre, à la faible lueur des étoiles et de la lune.

"Onze heures et demi", lui apprit-il en lui rendant son bras.

Il se demanda si Don ne s'était pas subitement rendormi, mais celui-ci finit par se tourner sur le côté, en repositionnant son coussin, et ouvrit les yeux. Danny était assis contre le montant du lit, genoux repliés contre lui.

"Ça va?" s'enquit Don.

Il obtint une faible réponse affirmative, puis Danny lui apprit que Mac et Stella se partageaient l'étage du dessous, et qu'ils repartaient le lendemain, tous ensemble, direction Manhattan.

"Tant mieux", fit Don, rassuré.

Ce qui semblait loin d'être le cas pour Danny.

"T'inquiète pas", lui dit-il alors, posant une main sur la sienne, que Danny serra avec une nervosité palpable. "Tu vas adorer New York."

Mais les mots ne semblaient pas suffire. Don s'en rendait bien compte, malgré l'obscurité de cette nuit d'été.

"Approche", dit-il.

Danny resta sans bouger, songeur. Et puis finalement se glissa tout contre Don, qui l'enlaça de ses bras protecteurs et posa sa jour sur son front encore légèrement fiévreux. Blotti ainsi contre lui, Danny se sentit déjà mieux. Plus fort.

Il parvint même à fermer les yeux sans que d'horribles images lui viennent brusquement à l'esprit, et sans avoir l'impression de tomber dans un trou sans fond.

"Parle-moi", Don.

"De quoi?"

Danny pencha sa tête en arrière. Les deux hommes s'écartèrent juste assez l'un de l'autre, et, yeux dans les yeux, Danny lui demanda: "Pourquoi tu m'as pas dit ce qu'il y avait entre nous?"

"Peut-être parce que je ne le sais pas vraiment moi-même."

Danny fronça les sourcils. "Si toi, tu ne le sais pas, qui peut bien le savoir?" le questionna-t-il comme s'il existait une réponse possible, et logique, à cette interrogation.

"J'en sais rien", sourit Don. "Comment tu le ressens, toi?"

Danny réfléchit, et puis: "Je crois que je t'aime", dit-il simplement, en reposant sa tête contre l'épaule de son ami.

Don ferma les yeux quelques secondes. Lui revenait en pleine figure la pire journée de sa vie. Dans "je t'aime", il y avait toujours la même question "est-ce que tu m'aimes aussi?" Et toujours ce même silence.

Danny avait trouvé un nouveau jeu. Quelque chose qu'il n'avait jamais fait avant, du moins pas avec lui. Il lui prenait la main, et puis croisait et décroisait ses doigts dans les siens, suivait les lignes de sa main, dessinait des formes géométriques dans sa paume, et caressait sa cicatrice.

"Je voudrais tellement que tu me pardonnes, Danny", reprit-il soudain. "Je m'en veux tellement."

Et il se tut.

"T'arrête pas", lui murmura Danny.

"Je m'en veux de t'avoir laissé tomber comme je l'ai fait. Je regrette les choses que je t'ai dit, et encore plus celles que j'ai pas eu le courage de te dire..."

"Je me souviens de rien."

"Mais moi je me souviens", insista Don en se redressant un peu, forçant ainsi Danny à s'écarter et à le regarder en face.

"Tu serais pas là si tu m'avais vraiment laissé tomber", lui dit Danny. "Alors quoi que tu aies fait, Don", lui assura-t-il. "Je te pardonne."

Ils partagèrent ensuite un long silence. Têtes posées sur le même oreiller. Main dans la main. Ni l'un ni l'autre ne pouvait détacher son regard de l'autre. Don brisa alors un silence vieux de dix mois: "Je t'aime."

Et puis il s'approcha et déposa un baiser sur la bouche de Danny. Un tendre baiser que celui-ci lui rendit, spontanément, en prenant son temps.

Ils s'écartèrent, rien qu'un petit peu, et Danny sourit: "Raconte."

"A propos de ce que je t'ai dit, l'autre jour..." commença Danny, alors qu'il venait d'atteindre le coeur de l'entrepôt.

Don leva les yeux au plafond avant de lui lancer un regard désapprobateur.

"Quoi!" s'exclama Danny. "Tu trouves pas que c'est le moment idéal pour en parler? Il n'y a personne, ici."

"Il faudrait peut-être commencer par vérif..."

"IL Y A QUELQU'UN?" cria Danny avec impatience et un air de défi sur le visage.

Pas de réponse. Aucun bruit. Pas le moindre mouvement ne vinrent perturbé le calme et le silence qui les entouraient.

"A quoi tu joues, là?" lança Don, mécontent.

Danny s'approcha de lui: "Ce que je t'ai dit", insista-t-il. "Ça tient toujours."

Ils se trouvaient à quelques centimètres l'un de l'autre.

"Et qu'est-ce que tu veux que je te dise?" rétorqua le détective.

"J'en sais rien! Dis-moi d'aller me faire foutre! N'importe quoi! Mais dis quelque chose!"

"Ce soir, Danny. Si tu veux, on en parle ce soir, après le boulot."

Don se détourna et se dirigea ensuite vers la façade ouest, là où se trouvaient les anciens bureaux, les minuscules locaux administratifs ou peu importe à quoi ils avaient pu servir.

"Quatre fois!" lui rappela sèchement Danny en lui agrippant le bras pour le retourner face à lui.

Don fronça les sourcils, interrogateur, avant de comprendre à quoi il faisait allusion.

"La première fois, on n'était pas en état de réfléchir", admit Danny. "C'est vrai. La deuxième, c'était quoi, pour refaire un essai? Pour être sûrs qu'on l'avait vraiment fait? Peut-être. Mais la troisième fois, on l'a fait parce qu'on en avait vraiment envie, tous les deux. Quatre fois, Don."

Ce dernier détourna le regard. Il ne voulait pas en entendre davantage, il n'était pas là pour ça... Mais Danny éleva la voix: "Qu'est-ce que ça signifie pour toi?" s'écria-t-il en le frappant à l'épaule d'un coup de poing qui le fit reculer d'un pas. "Hein? Je suis quoi, pour toi?"

"Tais-toi..."

"Putain! RÉPONDS-MOI!"

Pendant un instant, Don oublia de réfléchir. Tout ce qu'il voulait, c'était le faire taire. Et le seul moyen qu'il connaissait, c'était de lui prendre le visage des deux mains, et de poser ses lèvres contre les siennes. Rapide et efficace.

Mais l'effet de surprise passée, Danny entoura Don de ses bras, et lui rendit son baiser, allant chercher sa langue, caressant sa nuque, enfouissant ses doigts dans ses cheveux pour le retenir plus fort contre lui. Pour l'empêcher de se redresser de toute sa taille... Danny détestait se mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser. ça l'horripilait, littéralement. Mais, leurs deux corps enlacés, et leurs langues emmêlées, Don l'embrassa encore, et encore, jusqu'à ce que le manque d'oxygène devienne un problème.

Front contre front, ils reprirent leur souffle.

"On peut pas continuer comme ça."

"Don..."

Mais le détective s'éloigna de Danny, recula de quelques pas: "Je suis désolé."

"Quoi! C'est tout?" s'indigna Danny. "Tu peux pas faire ça!" Il réduisit à nouveau la distance: "Tu peux pas m'embrasser comme ça et me laisser tomber juste après. T'as pas le droit."

"C'est perdu d'avance..."

"Foutaises!" s'emporta Danny en lui mettant un autre coup sur l'épaule.

"Arrête ça!"

"Dis le moi, que tu m'aimes pas!"

Il le cogna encore une fois, mais cette fois, il y avait un mur. Don ne pouvait plus reculer.

"DIS-LE!"

"Va te faire foutre, Danny!"

Ce fut à son tour de le frapper. Aux épaules, des deux mains, pour l'éloigner. Et pour enfin se remettre au travail. Quelqu'un allait finir par les entendre. Le mystérieux rendez-vous de Stephen James, le journaliste enfermé dans un des frigos de la morgue, pouvait très bien arriver en avance, et les surprendre. Et il pouvait mettre les voiles sans même qu'ils s'en rendent compte. Pas question d'en arriver là.

Clic!

Don se retourna. Danny avait dégainé son arme.

"Qu'est-ce que tu fous! Pose ça!"

"Tu sais que tu vas me rendre dingue?"

Don avait du mal à en croire ses yeux: "Toi aussi, si tu ranges pas ton flingue."

Danny appuyait le canon de son arme contre sa gorge, prêt à se faire sauter la cervelle.

Oh, seigneur, songea Don. Un accident est si vite arrivé...

"Je le vois dans tes yeux."

"Quoi! Qu'est-ce que tu vois?" s'impatienta Don avec colère.

"Pourquoi tu le dis pas?" persista encore Danny tandis que Don fondit sur lui pour lui arracher l'arme des mains.

"Ça suffit, maintenant", rétorqua-t-il brutalement.

"Je l'ai vu..." insista Danny.

"MERDE!" coupa Flack.

Il remit le cran de sécurité, en constatant avec effroi jusqu'où était capable d'aller Danny pour obtenir ce qu'il voulait.

"Tu veux la vérité? reprit-il. Je ne peux pas t'aimer. Nous deux, c'est pas possible. Et si tu veux une déclaration officielle, alors je te la donne: je te laisse tomber."

Il rendit alors son arme à Danny, qui la reprit sans un mot, mais avec un regard du plus sombre qui soit.

"Je te préviens", ajouta Don. "Si tu veux te faire sauter la cervelle, tu le fais pas pendant le service."

"Je t'emmerde."

"Génial! On est sur la même longueur d'onde!" s'exclama-t-il, faussement ravi. "On peut bosser?"

Sans même attendre la réponse, il s'éloigna.

"Je laisserai pas tomber."

"Putain, Danny! On peut pas seulement rester amis?"

"C'est pas ce que je veux."

"Alors quoi? Tu veux tout foutre en l'air? Pour une histoire de cul?"

Danny tenta de rester impassible, mais il venait de se produire une espèce d'onde de choc qui ne pouvait rester sans conséquences...

"Une histoire de cul qui pourrait détruire ta putain de carrière", fulmina Danny. "Je le savais. Ce serait tellement plus facile si tu étais pas détective Don Flack Junior, hein?"

Flack hésita. Cette discussion prenait une tournure vraiment moche. Il aurait bien voulu qu'elle cesse dès cet instant, mais c'était bien mal connaître Danny.

"T'as intérêt à la fermer tout de suite", tenta-t-il cependant.

"Sinon quoi? Tu vas me buter? Vas-y, qu'est-ce que tu attends? Je suis sûr que ta réputation en souffrira pas."

Don secoua la tête, agacé par l'entêtement de son coéquipier, son ami... Il ne pouvait rien dire ni rien faire pour l'arrêter.

"C'est vrai, quoi!" poursuivit Danny. "C'est pas comme si tu t'envoyais un mec? Un collègue de la scientifique qui veut jouer au flic. Un petit con qui a déjà fait plus de conneries que t'en feras jamais dans toute ta vie. Je sais même pas pourquoi Mac m'a engagé dans son équipe! J'ai peut-être gagné sa confiance, mais j'ai jamais été foutu de la garder. J'ai tué un flic, Don. Et ça aurait pu être toi!"

"Tu l'as pas tué!"

"Et alors? Tout le monde l'a pensé! Quelle différence ça fait?"

"J'ai jamais douté de toi."

Danny poussa un long soupir. C'était une des choses dont il était vraiment certain. Une des raisons pour lesquelles il l'aimait.

"Tu sais quoi?" fit-il plus calmement. "Tu as raison. Nous deux, c'est pas possible. Je ferais mieux de laisser tomber, moi aussi. Je te mérite pas. Même pas en tant qu'ami."

"Alors c'est ça? Soit on est amants, soit on n'existe plus l'un pour l'autre?"

"Ça résume assez bien la situation", admit Danny. "Je te laisse le choix, d'accord?"

Don se retrouvait au pied du mur. Il se détourna, et lança dans l'inspection approfondie, et muette, de l'entrepôt. Il ne préférait pas répondre. Pas tout de suite. De toute façon, il ne savait pas quoi répondre. Il ne pouvait se résoudre à faire un choix. A tout perdre.

Il entra dans une des petites pièces, et constata la présence de détritus récents. Un bruit de chaîne retentit alors...

Il n'avait fallu que quelques minutes pour qu'ils soient arrachés l'un à l'autre.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:53

Et maintenant, ils étaient là, enfin réunis, à s'observer dans le blanc des yeux. Et Don avait fait son choix. Il l'avait fait depuis longtemps, dès le lendemain de ce jour. Un jour trop tard, à son réveil à l'hôpital. La douleur des blessures, les coupures, les bleus, les os brisés, n'étaient rien comparés à cette horrible souffrance face à l'absence. Quand il avait réalisé que toute cette putain d'histoire n'était pas un cauchemar mais la réalité, il avait cru qu'on lui arrachait les tripes, et qu'on lui broyait le coeur.

Une partie de lui voulait croire que Danny était toujours en vie. Pour ça, il avait tenu bon. Il s'était battu, de toutes ses forces. Mais parfois, et de plus en plus souvent au fil des jours, et des mois, tous ses espoirs devenaient poussières, et lui avec, tout entier, rongé par la culpabilité et le remords. Tellement qu'il avait failli en crever. Mais là encore il avait tenu bon. Parce que c'était sa rédemption. Et parce qu'au fond, tout au fond de lui, l'espoir ne s'était jamais tout à fait éteint.

"Je me suis souvent demandé si quelqu'un m'attendait, quelque part", lui glissa Danny. "Je me disais que peut-être je manquais vraiment à une personne, tu comprends?"

Don ne le comprenait que trop bien. Ils s'enlacèrent, ne sachant même pas lequel d'entre eux avait amorcé le geste en premier.

"Je me sens tellement bien quand tu me sers dans tes bras", murmura Danny. "Je sais que ça n'a plus vraiment d'importance, et qu'on n'aurait sûrement pas pu éviter ce qui s'est passé, mais je te pardonne. Tout ce que tu veux. Absolument tout."

"C'est un peu risqué, tu crois pas?"

"Ce qui est risqué, c'est de me dire que tu m'aimes alors que je suis plus le même."

"Je sais qui tu es."

Danny leva la tête vers Don, et lui sourit. Cet homme le connaissait mieux qu'il ne se connaissait lui-même. Et il lui avait dit qu'il était quelqu'un de bien. Il lui avait dit qu'il l'aimait. Don l'embrassa, comme s'il voulait s'emparer de son sourire, mais Danny ne lui laissa pas si facilement. Ils échangèrent de tendres baisers, quelques mots doux et des sourires, lèvres contre lèvres, avant de se laisser peu à peu happer par le sommeil.

Don se réveilla en pleine nuit. Mais pas à cause d'un mauvais rêve, ou d'un quelconque besoin. Il n'avait ni soif, ni trop froid, ni trop chaud... pour l'instant.

Danny était allongé tout contre lui, son dos collé contre sa poitrine. Et il avait prit sa main, encore. Il jouait avec, l'étreignait avec force et douceur en même temps. Don effleura sa nuque, l'embrassa tendrement juste derrière l'oreille. Il ne savait pas quelle heure il était, mais il était l'heure de dormir. Et même si Danny avait beaucoup dormi ces dernières heures, Don devinait qu'il n'était pas éveillé pour rien. Était-ce un cauchemar, la peur de rentrer à New York, ou bien un mauvais souvenir qui refaisait surface? Ou tout autre chose?

"Don", chuchota Danny qui venait de réaliser que celui-ci s'était réveillé. "Il faut que tu m'aides."

"Qu'est-ce que je dois faire?" accepta Don avant même de savoir où il allait mettre les pieds...

Danny entra dans un bar-discothèque. Une sorte de boîte de nuit qui ne payait pas de mine vue de l'extérieur, mais qu'on pouvait aisément qualifiée de "branchée". La musique lui parut assourdissante par rapport à la dernière fois. Le boum-boum des percussions faisait trembler son coeur en rythme dans sa poitrine.

Il se fraya un chemin parmi les clients de la boîte et les rayons de lumières bleutées et blanches, et atteignit le fond de la grande salle. Là, il se dirigea vers une porte qui conduisait aux toilettes, situées au sous-sol. Un des types de la sécurité lui jeta un coup d'oeil autoritaire, mais ne bougea pas d'un cil. Il l'avait reconnu.

En bas des marches, sur sa gauche, se trouvaient les toilettes des femmes. Une fille aux cheveux hirsutes qui avait dévalé les marches derrière lui, le dépassa en le bousculant à l'épaule, et grogna:

"Tu peux pas regarder où je vais, connard?"

Avant de disparaître à l'intérieur. Danny n'y prêta pas attention, et continua sa progression. D'ici, la musique émettait des sons étouffés, faisant trembler les murs sourdement. Un type sortit des toilettes pour hommes et faillit lui rentrer dedans. Il s'appelait Billy, et il venait de se shoutter. Il posa sur Danny ses yeux injectés de sang.

"Allen?" s'exclama-t-il, incrédule. "Qu'est-ce que tu fous là?"

"Il est là?"

"J'en sais rien! Il doit encore être en train de te chercher, putain! On te croyait mort, non de Dieu!"

Danny secoua la tête. Il connaissait suffisamment bien les effets de la coke pour savoir qu'il irait plus vite s'il se débrouillait seul. Il s'apprêta à s'enfoncer un peu plus dans ce couloir sombre, mais Billy l'arrêta: "Hey, mec! T'en veux? C'est de la super bonne!"

Billy chercha dans ses poches à la recherche de quelques grammes de poudreuse, mais cette fois, c'est Danny qui l'interrompit: "Billy, fais-moi plaisir: cherche pas."

"Allez, te fais pas prier! Je te dois du fric..."

Danny sentit un truc froid et douloureux lui broyer la nuque. Il ouvrit la bouche de surprise et de douleur, mais aucun son n'en sortit.

"Casse-toi, Billy", dit une voix glaciale juste derrière lui.

Malgré les larmes qui lui montaient aux yeux, Danny vit le visage de Billy finir de se décomposer, et il fila comme une ombre à l'étage supérieur. La poigne, solide et ferme, qui lui enserrait le cou, d'une oreille à l'autre, lui faisait un mal de chien.

"Je crois à la mort de personne tant que j'ai pas vu de cadavre", reprit la voix.

"Je sais", parvint à articuler Danny. "C'est pour ça que je suis là."

Il reçut alors un coup dans le bas du dos, pile entre les reins, et s'écroula à genoux sur le sol. Il avala sa salive difficilement, et respira un bon coup, tout en se massant la nuque.

Seven, l'homme à la voix de glace et aux mains de fer, se dirigea vers son bureau, et fit un signe de tête à quelqu'un, derrière Danny. Avant que ce dernier ait pu se retourner, une autre main l'agrippa par le bras, lui arrachant une protestation de colère. Ce type-là, il l'avait toujours détesté et craint. Parfois plus que Seven.

"Hey, Mario! Comment ça va, aujourd'hui?"

Pour toute réponse, Danny se vit entraîner sans douceur sur quelques mètres, jusqu'à l'endroit précis où il avait prévu de se retrouver.

"Fouille-le", ordonna Seven, assis à son bureau, à l'adresse de son homme de main.

Danny leva les bras, sans la moindre résistance, et laissa les grandes mains rugueuses de Mario le tripoter de haut en bas, et puis de bas en haut, probablement à la recherche d'un micro, plus que d'un flingue. Pendant ce temps, Seven l'observait fixement.

"C'est bon", annonça Mario avant de s'écarter de trois pas.

Seven et Danny étaient maintenant seuls face à face. Ses cheveux aussi noirs que l'ébène, coiffés en un décoiffé maîtrisé et millimétré, étaient aussi sombres que son regard, et contrastaient impeccablement avec le teint fantomatique de son visage. Il travaillait son look avec minutie. Ses fringues valaient aussi chers qu'ils en avaient l'air. Pas de costume trois pièces, pour lui. Plutôt des pantalons, de préférence en jean, et noir, une ceinture de bad boy, avec une chaîne, des chemises hors de prix, et une veste en cuir noire, blanche et rouge. Il portait une chevalière à une main, et un cercle métallique à son pouce. Il devait avoir dans les quarante ans. Il en paraissait trente. Son corps était mince, mais athlétique. Danny l'avait vu soulever un homme de terre d'un seul coup de poing. Il était impitoyable. Et ça se voyait dans son regard.

"Tu es clean, pour une fois", sembla-t-il apprécier.

Danny ne répondit rien. Tant que Seven ne lui permettrait pas de parler, il ne parlerait pas. Mario était là pour veiller à ce que les règles soient bien respectées. Il avait déjà failli se faire arracher la tête et le bras, ça suffisait pour aujourd'hui. Pas question de lui demander la permission de s'asseoir. Non seulement il essuierait un refus catégorique, voire douloureux, mais en plus il n'avait pas l'intention de s'éterniser ici. Il tiendrait bon. Malgré ses muscles affaiblis, et ses genoux en coton, il ne lâcherait pas.

"Est-ce que je dois m'attendre à voir les flics débarquer dans mon club?" voulut savoir Seven.

"Pas si je sors d'ici vivant."

"Oh, vraiment?" s'en amusa-t-il froidement.

Dans sa tête, ça voulait dire que Danny les avait prévenu, d'une façon ou d'une autre. Et ça, ça ne lui plaisait pas du tout.

"Je te laisse deux minutes pour sauver ta peau. Parce qu'en espérant sortir d'ici vivant, tu me demandes de faire une exception, avec toi. Mais je te rappelle que tu as trahi ma confiance, et que pour l'instant, tout ce que tu mérites, c'est que je t'arrache les yeux."

"Je suis flic."

Seven eut un petit rire. Mario aussi. Les deux hommes échangèrent un regard faussement impressionné.

"Tu es quoi, au juste? Un agent infiltré? Tu appartiens au FBI? Allen, te fous pas de ma gueule, je suis pas d'humeur."

"Je m'appelle pas Allen."

Le visage de Seven se referma comme une huître. Sa fureur était rentrée, mais les éclairs que ses yeux lançaient le trahissait.

"Tu as retrouvé la mémoire", devina-t-il.

"Disons plutôt que c'est eux qui m'ont retrouvé."

"Génial", laissa-t-il tomber comme une brique dans une mare. "J'ai engagé un flic."

"Personne ne le sait. Et personne ne le saura. Tous les deux, on a plus à y perdre qu'à y gagner."

Seven soupira, et regarda Danny en biais. Il tapota ses doigts sur son bureau, d'un air songeur. Étrangement, il fit un signe de la tête à Mario. Celui-ci quitta alors la pièce.

"Comment se fait-il qu'ils t'aient pas retrouvé plus tôt?" reprit alors Seven. "Je veux dire, on sait bien que les flics sont pas des flèches, mais là..."

"Je viens de New York", lui avoua Danny. "Et je compte bien y retourner."

Seven sourit. Allen n'avait jamais manqué d'aplomb. Il n'aurait d'ailleurs pas été surpris, s'il avait connu Danny. Mais ce n'était pas le cas, et ça ne serait sûrement jamais le cas.

"Tu es venu conclure un marché, c'est ça", dit Seven sur un ton plus affirmatif qu'interrogatif. "Je te laisse partir, je t'oublies, toi, Allen, ou qui que tu sois. Et en échange... tu la fermes?"

"Je t'en donne ma parole. Ils n'entendront jamais parler de toi."

"Est-ce qu'un flic a le droit de faire ça?"

Danny tressaillit quand Seven se leva de son fauteuil pour fondre sur lui. Il devait bien le dépasser de vingt centimètres. Et dans l'état où se trouvait Danny, il lui suffirait de peu d'efforts pour le mettre en pièces. En plus, ils étaient vraiment seuls, cette fois. Et c'était rarement bon signe.

"T'es pas un flic comme les autres, toi, hein?"

D'aucun aurait baissé les yeux, mais pas Danny. Même si au fond il n'en menait pas large, en apparence il lui opposait une forte rivalité.

"Tout ce que je sais, c'est que je te balancerai pas."

Seven recula et s'assit sur son bureau. Il croisa les bras. Il réfléchit encore un moment et dit:

"Je te crois."

Danny ne s'en sortait pas encore vainqueur. Seven n'avait encore rien décidé. Il pouvait choisir de laisser s'en aller Danny sans plus rien savoir de lui, ou bien le tuer. Entre les deux, les possibilités étaient nombreuses, et toutes plus inquiétantes les unes que les autres.

"Ton vrai nom, c'est quoi?"
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:53

Le temps était compté. Si cette discussion n'aboutissait pas dans les quelques minutes qui venaient, alors plus aucun marché ne serait possible.

"Allez, de toute façon, je finirai bien par le découvrir", insista Seven.

"Messer. Danny Messer."

"Danny Messer", répéta Seven. "Police de New York. Tu es la plus belle connerie de ma vie, tu le sais, ça? C'est vraiment dommage, je t'aimais bien."

Il se releva, s'approcha une nouvelle fois de Danny, mais encore plus près. Il posa une main sur son épaule, enfonça ses doigts dans sa chair, serrant très fort.

"Quelqu'un t'a vu entrer?"

"Non", lâcha Danny.

"A part Billy, est-ce que quelqu'un t'a vu?"

"Je crois pas", dit-il en tentant de se dégager de son emprise.

"Tu vas sortir par derrière, d'accord?"

Danny acquiesça autant qu'il lui était possible. Il agrippa le bras de Seven qui le faisait de plus en plus souffrir, le suppliant du regard d'abréger ça rapidement.

"Je ne veux plus te revoir, je ne veux plus jamais entendre parler de toi, tu m'entends?" siffla-t-il. "Si jamais j'ai le moindre problème avec les flics, et que j'entends ne serait-ce que la moindre allusion à un certain Danny Messer de New York, je te jure que tu es un homme mort. Vraiment mort. Je t'en donne ma parole."

Il lâcha prise. Les deux hommes se fusillèrent un instant du regard, et Danny partit. Il regagna la sortie, l'air libre, et rejoignit la voiture qui l'attendait une centaine de mètres plus loin. Chaque mètre en paraissait dix, chaque seconde une minute...

Il monta à bord, côté passager.

"Comment ça s'est passé?" s'enquit Don.

"Démarre."

Don jeta un oeil dans le rétro, par où était arrivé Danny, mais la rue était déserte.

"Qu'est-ce qu..."

"Je t'expliquerai en route. Démarre!"

Don obtempéra. Il quitta la ruelle, s'engagea sur une artère principale de Phila, et prit au nord, direction Trenton.

"Comment il l'a prit?"

"Plutôt bien."

"Alors c'est réglé?"

Danny soupira. Il avait l'impression que son bras gauche était paralysé, et les muscles de son épaule et de son cou le faisaient grimacer de douleur au moindre de ces mouvements.

"Si on veut", dit-il.

"Comment ça "si on veut"? s'emporta Don en réalisant l'état de Danny. "Et qu'est-ce qu'il t'a fait, ce fils de pute?"

Il amorça un geste dans sa direction, mais celui-ci l'écarta brutalement.

"C'est bon, Don! Ça va!"

"Tu trouves?" lui reprocha le détective, incrédule.

"Je sais que tu étais pas d'accord!" cria alors Danny. "Tu me l'as suffisamment répété!"

Don songea à tous les risques que Danny avait prit. Tous les risques qu'il lui avait laissé prendre. Pour quoi? Pas grand-chose. Peut-être même qu'il avait empiré la situation? C'était quelque chose que Danny avait déjà fait dans le passé. Ça avait même failli lui coûter son boulot. Mais là, c'était de sa vie qu'il s'agissait.

"Il savait que j'étais pas mort. Il le savait!" se justifia vivement Danny. "Si j'étais pas allé lui parler, il me chercherait encore! Et crois-moi, il aurait fini par me retrouver. Tu t'imagines peut-être que j'ai pas hésité? Que ça m'a fait plaisir de le revoir?"

"Tu aurais dû me laisser venir avec toi..."

"C'était la dernière chose à faire."

"Pourquoi?"

"Parce que je veux pas te mêler à ça!"

"C'est déjà fait. Je suis sûr qu'en cherchant un peu, je peux le retrouver. Parce que tout ce qu'il te fait, il le fait à moi. Et je le laisserai pas faire!"

"C'est vraiment gentil, Don, mais FOUS-LUI LA PAIX!" coupa Danny. "Il est dangereux, j'ai pas envie que tu le connaisses, même pas son nom. Tu peux comprendre ça? Je t'aime! S'il veux faire du mal à quelqu'un, ce sera à moi."

Don était bien loin d'adhérer à cette idée, mais Danny insista, avec colère: "Laisse-moi au moins faire ça pour toi!"

Il ajouta un bon vieux juron, en frappant le tableau de bord de ses poings. Ça faisait autant de bien au moral que de mal aux articulations. Mais c'était un excellent moyen d'évacuer toutes les émotions négatives qui le tiraillaient de toute part. Après ça, il resta un moment immobile et muet.

"J'ai vraiment cru qu'il allait me buter."

Don se tourna vers lui. Il venait d'arrêter la voiture au bord d'un trottoir. Danny ferma les yeux, baissa la tête, comme s'il cherchait à retenir des larmes.

"Danny, si un jour tu te sens menacé par lui, promets-moi de me dire son nom. S'il y a le moindre doute que ce type cherche à te faire du mal, dis-le moi, d'accord?"

Don attendit une réponse. Il attendrait jusqu'au lever du jour, s'il le fallait. Mais il voulait une promesse. Au lieu de ça, Danny, sans qu'il l'ait lui-même sentit venir, éclata en sanglots. Alors Don passa son bras sur ses épaules, et l'approcha de lui.

"Je tiens trop à toi pour rester à l'écart de tout ça", insista-t-il.

Danny pleura encore un peu. A trop vouloir tout garder pour lui, il avait fini par ne plus rien pouvoir retenir. Il serra Don plus fort dans ses bras, malgré un élancement de douleur à l'épaule, et puis il lui murmura à l'oreille: "Je te le promets. Mais il ne me fera rien, pas tant que je la fermerai sur son compte. Alors toi, promets-moi de ne pas chercher à savoir qui il est."

"C'est promis."

Danny s'écarta de lui, le regarda de ses yeux brillants de larmes. Comme pour être sûr que ce n'était pas des paroles en l'air.

"Je te le jure", lui assura Don qui semblait décidément lire dans ses pensées.

Danny détourna la tête. N'avait-il pas déjà pleuré toutes les larmes de son corps? Là, il sentait qu'il allait recommencer, pas à cause de ce qu'il ressentait envers Seven et du mal qu'il pouvait faire, mais à cause de Don et de tout le bien qu'il lui procurait. C'était trop. Il ne comprenait pas comment, ni pourquoi ça lui arrivait à lui. En quelques heures tout avait basculé, et pour une fois dans le bon sens.

"Je te mérite pas", souffla Danny.

"Bien sûr que si!" s'exclama Don en déposant un baiser sur ses lèvres. "Enlève-toi cette idée de la tête, par pitié!"

Il reprit le volant, s'engagea de nouveau sur la route. Danny fronça les sourcils, se demandant ce qui le faisait sourire. Il sécha ses larmes d'un revers de manche et dit: "A quoi tu penses?"

"Je pense aux neuf mois et trois semaines qu'on a à rattraper."

Le regard de Danny s'illumina, et il eut un petit rire. "Et on commence quand?"
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:56

Chapitre 12

Des souvenirs. C'était tout ce qu'il avait face à lui. Le miroir de la salle de bain lui renvoyait les souvenirs que Seven lui avait laissé. Sur son cou et son épaule: des hématomes violacés et encore douloureux. Sous ses yeux: des cernes dignes des plus grands insomniaques de ce monde. Sur ses bras, les marques de piqûres. Dans son regard, le poids du passé, celui de ces derniers mois. Et puis l'incertitude qui enveloppait tout le reste. Son passé, son avenir. La seule chose qui ne lui faisait pas peur, c'était le présent. C'était le seul moment où il se sentait vraiment bien. Bien mieux, merci Don.

"On ne peut pas défaire ce qui a été fait, et l'avenir est ce qu'on en fait", songea-t-il tout haut, face à son reflet. "Alors pourquoi je m'inquiète?"

"Carpe diem", approuva Don.

Il était apparu comme par enchantement dans la pièce. Adossé à la porte, qu'il avait refermé doucement derrière lui. Danny se tourna vers lui, et croisa les bras. Donald Flack Jr s'était faufilé ici avec la discrétion d'un chat, et il le regardait avec... appétit. Celui du chat qui va dévorer le canari. Danny lui adressa un sourire délicieusement provocateur et Don fondit sur lui. Ils unirent leurs lèvres, et leurs langues, et s'embrassèrent à pleine bouche, prenant à peine le temps de respirer. Ils se déshabillèrent l'un l'autre, frénétiquement. Et puis Don souleva Danny de terre, et celui-ci se retrouva assis sur la machine à laver. Le proprio n'avait heureusement pas eu le temps de tout déménager. Dieu le bénisse. Et aussi cette pharmacie de Phila, ouverte 24h/24, fournisseur officiel des amants imprévus.

Pendant que Don se chargeait de l'aspect "technique" de leurs ébats, Danny lui mordilla la lèvre inférieure en le caressant partout où ses mains avaient accès. Leurs baisers devinrent plus intenses. La passion les dévorait petit à petit. Leur étreinte fusionnelle consumait leur peau nue.

Danny se laissa prendre par Don, croisa ses jambes autour de sa taille. Ce n'était peut-être pas le meilleur endroit pour faire l'amour, mais c'était moins froid que le sol carrelé de la salle de bain, et moins loin que le lit de la chambre...

Quand Don le pénétra, Danny enfonça ses ongles dans la chair de son dos, et gémit à la fois de plaisir et de surprise. Cependant, Don ressentit une légère crispation oppresser le corps de son amant.

"Ça va?"

"T'arrête pas", haleta Danny.

"Sûr?"

"A cent pour ceeennnt..." échappa-t-il quand Don bougea en lui.

Et il prit appui à l'aide d'une de ses mains sur le dessus de la machine, tandis que de l'autre, il s'agrippait toujours à Don. Ils échangèrent un rapide coup d'oeil.

"Dis-le moi, si je te fais mal."

Danny lui sourit et glissa sa main sur l'épaule de Don, le long de son bras, et lui prit la main, lui léchant avidement les doigts: "Continue, j'adore ça..."

Don effectua alors un petit mouvement de va et vient, et sentit peu à peu la respiration de Danny devenir plus profonde et plus régulière, et la jouissance l'envahir.

Ils se remirent à s'embrasser, se lécher et se caresser avec ardeur, puis Don accéléra le mouvement, glissant sa main entre leurs deux corps, jusqu'à...

"Oh, putain de merde!" grogna Danny. "Comment j'ai pu t'oublier!"

Il se cambra en arrière et se laissa pénétrer plus intensément, plus profondément...

"Qu'est-ce que tu m'as manqué..." lâcha Don entre deux à-coups.

Danny pencha la tête en arrière, les yeux révulsés, excité à l'extrême par les halètements grandissants du détective, et des siens. Le moment venu, Don posa sa main in extremis sur la bouche de Danny afin d'étouffer un cri irrépressible, causé par un fantastique orgasme simultané.

Mais il dut le laisser vite reprendre de l'air, parce que si lui était essoufflé, Danny, lui, était épuisé. Difficile de courir un marathon après trois jours sans avoir rien pu avaler que de la flotte...

Ils s'enlacèrent de nouveau, et restèrent quelques minutes à échanger quelques tendres baisers, effleurant leurs lèvres, dans une étreinte silencieuse. Danny serra ensuite Don dans ses bras, posa son menton sur son épaule, et s'immobilisa. Don lui laissa un moment de répit, et puis il lui caressa les cheveux.

"On devrait penser à ne laisser aucun indice derrière nous..."

Le rire de Danny valait bien tout l'or du monde. Son regard pétillait de reflets bleus et d'argent. Après dix mois de silence et d'absence, la vie leur souriait enfin.

"Tout est prêt", annonça Don quand Danny sortit de la salle de bain. "Mac et Stella sont en bas, avec le café, les croissants, et les inspecteurs de Phila. Et puis le docteur..."

"Billings", devina Danny.

"C'est ça", confirma Don. "Ils nous attendent, alors allons-y."

Danny parut hésiter. Il portait le même pantalon de sport que la veille, et un t-shirt bicolore à l'effigie des Dodgers. Aux mots prononcés par Don, il fut subitement submergé par l'appréhension du départ. Il lui fallait quelque chose pour se donner du courage, et vite. Parce que le simple fait de franchir la porte le terrifiait d'une façon qu'il trouvait détestable, car stupide. Mais c'était plus fort que lui...

Il s'approcha de Don avant que celui-ci n'atteigne la poignée. Et puis il le retourna face à lui, et le plaqua contre la porte. Don fronça les sourcils, mais en voyant l'air inquiet de son ami, il comprit qu'il lui fallait un tout petit peu plus de temps. Ils joignirent leurs mains, entrecroisant leurs doigts avec quiétude. Danny voulait retarder l'échéance, autant qu'il voulait faire durer leur agréable complicité. Seul à seul.

"Merci, Don. Pour tout", lui murmura-t-il. "Sans toi, je..."

Il s'interrompit, ne préférant même pas penser à l'endroit où il se trouverait s'il avait baissé les bras. S'il s'était enfui...

Don déposa un baiser sur ses lèvres:

"Mac et Stella en auraient fait autant... presque autant que moi", lui assura-t-il.

Danny esquissa un sourire. Le "presque" avait une sacrée importance, dans cette histoire.

"Sans parler de ceux qui sont restés à New York", poursuivit Don. "J'en connais un qui doit trouver le temps long. Quelqu'un à qui tu manques énormément."

"Qui?"

"Hawkes. Sheldon Hawkes. Vous travailliez souvent ensemble. Tous les deux, vous formiez une belle paire", fit-il remarquer avec une joie nostalgique.

Danny sembla se détendre un peu. Et puis il gagna encore plus en sérénité et en confiance à force de mêler sa langue à celle de Don. Leurs mains toujours liées, ils flirtaient comme deux ados, en secret, derrière la porte. Combien de temps? Difficile à dire. Mais pour Mac et les autres, le temps était venu de s'activer un peu. Quelqu'un frappa. Une fois. Deux fois. Ils entendirent des voix. Danny s'écarta de Don à regret, lui tenant la main jusqu'à la dernière seconde. Car Don devait bien se résoudre à ouvrir cette foutue porte. Mac entra sans se faire prier dans la pièce, suivi par le docteur Billings. Celui qui était venu l'avant-veille au soir. Le vieux docteur Billings. A l'allure guillerette d'un papy de publicité pour bonbons au caramel d'antan.

Après de rapides échanges civilisés, Mac et Don s'éclipsèrent sur le palier, laissant Danny aux mains du doc.

Mac croisa les bras. Il avait deux mots à dire au détective, avant qu'ils ne descendent rejoindre les autres. Don ne tarda pas à découvrir de quoi il s'agissait exactement.

"Tu sais pourquoi je ne me suis pas inquiété de vous voir partir en pleine nuit?" lui demanda Mac.

Don ne répondit rien. Il n'était pas le moins du monde étonné d'apprendre que malgré leurs précautions, lui et Danny s'étaient fait repérer. Mac était un excellent flic, et aussi un ancien marine. Autrement dit quelqu'un à qui on ne la faisait pas.

"Tu veux savoir pourquoi je n'ai même pas essayé de te contacter pendant ces trois heures?"

Ce n'était pas l'enquêteur de la scientifique, ni le militaire qui parlait. Pas le lieutenant Taylor, mais seulement Mac, qui s'adressait à un ami: "Parce que je sais à quel point tu tiens à Danny. Et je sais que je peux compter sur toi."

"Et alors... quoi?" s'impatienta Don.

"Danny n'est plus celui qu'on a laissé il y a dix mois. Il a subi un grave traumatisme", lui rappela Mac. "Et ça fait des semaines qu'il s'injecte de la coke dans les veines. Je te garantis qu'il est encore loin d'être guéri de tout ça."

Puis il se tut quelques instants. Il voyait bien que derrière son entêtement et son attitude défensive, Flack résistait à l'envie de lui avouer l'objet de leur mystérieuse quête nocturne. Mac n'avait plus qu'à creuser un peu en surface...

"Il est sous notre responsabilité. On n'a pas le droit de trahir la confiance qu'il nous a accordé. Tu comprends?"

... pour découvrir enfin la vérité:

"J'avoue", concéda alors Don, levant les mains. "C'était risqué. Mais ça aurait été bien pire de ne rien faire."

Mac attendit patiemment la suite. Avec un calme impressionnant. Après tout, les deux hommes étaient revenus sains et saufs. C'était bien là l'essentiel.

"Il est allé parler à son dealer."

Mac resta de marbre. Don se doutait bien que ça faisait sans doute partie des nombreuses possibilités que Mac avait envisagé, pendant ces trois heures. Mais de là à ne pas trahir la moindre émotion, c'était étonnant.

"Il le fallait", ajouta Don. "Pour un tas de bonnes raisons."

"Très bien."

"Danny connaît ce type bien mieux que n'importe qui, il a fait ce qu'il devait... Très bien?" réalisa-t-il subitement.

A son grand désarroi, Mac se contenta de hocher la tête. C'était tout ce qu'il voulait? La vérité, mais sans les explications, sans aucune justification, ni excuses? Rien d'autre? C'était plus de la confiance, c'était de l'inconscience...

"Mac, je suis plus un infirme cloué sur un lit d'hôpital. Lâche-toi! Dis-moi que c'était stupide, et qu'on n'aurait dû le faire à ta façon! Je peux encaisser!"

"Je le sais."

Don écarta les bras en signe d'impatience. Alors qu'est-ce qu'il attendait pour lui balancer ses ressentiments à la figure?

"Ce qu'il y a entre toi et Danny, ça dépasse tout ce que j'avais imaginé", lui révéla Mac. "Tu as fait plus pour lui en deux jours que tu ne l'as fait pour toi en dix mois."

Don détourna son regard de celui de Mac. Il aurait préféré affronter les griefs du lieutenant Taylor, et pas entendre un truc comme ça. C'était trop dur... Tellement vrai.

"Vous avez pris des risques, sans aucun doute", insista Mac. "Mais on n'a rien sans rien. Je sais que vous avez prit la meilleure des décisions. Parce que vous l'avez prise ensemble."

Le silence suivit. Un silence qu'aucun des deux ne semblait vouloir interrompre. Finalement, Don sursauta légèrement quand Mac posa une main sur son bras. Il était temps de rejoindre les autres, à l'étage du dessous.

"A la prochaine initiative de ce genre", lui glissa Mac. "Pensez à couvrir un peu mieux vos arrières."

Un reproche? Enfin!

"Tu vois", lui fit remarquer Don. "C'était pas si difficile!"


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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 22:56

Mac haussa les sourcils avec un petit sourire au coin des lèvres. Il devait bien admettre, qu'au fond de lui, ça le démangeait depuis un moment... Il mit une petite tape sur l'épaule du détective, et le précéda dans les escaliers. Don le suivit avec une expression de reconnaissance sur le visage. Et sans lui avoir promis qu'il n'y aurait pas de prochaine fois...

"Je suis agréablement surpris", confia le docteur Billings à Mac une demi-heure plus tard. "Il n'a pratiquement plus aucun symptôme de manque. Cependant, il est extrêmement anxieux."

"Y a-t-il une raison particulière à ça?" s'inquiéta Mac.

"Pas vraiment."

Les deux hommes se trouvaient sur le palier, mais du second étage, cette fois. Ils entendirent Danny refermer la porte du dernier étage, au-dessus d'eux, et descendre à la suite du docteur Billings, afin de rejoindre tous les autres.

"A moins que ce ne soit le fait de ma seule présence", plaisanta Billings à voix basse, "je pense que c'est en grande partie dû à son amnésie. Il sait que c'est une atteinte cérébrale très sévère, et qu'il n'a pas réagit comme il l'aurait du. Cependant..."

Danny passa entre les deux hommes, avec un sourire cordial à l'attention du docteur, et un regard un peu moins serein vers Mac. Le doc lui tapota l'épaule avec bienveillance, et une fois seul avec le lieutenant, poursuivit: "Il y a des signes encourageants."

"Tels que?"

"Des cauchemars moins nombreux, et dirons-nous... moins horribles. Et il m'a confié être sujet à quelques réminiscences, depuis plusieurs semaines. Des images et rêveries incluant des lieux et des personnes qu'il a l'impression de connaître, mais qu'il ne souvient pas d'avoir déjà vu, voyez-vous?"

Mac avait effectivement eu cette impression, la veille. Quand Danny avait vu Stella pour la première fois depuis dix mois, son regard s'était mis à briller d'une lueur étrange. Un souvenir flou, venu du plus profond de sa mémoire, l'avait envahi.

"Je pense qu'il est en train de retrouver ses repères", se félicita Billings.

Quand Danny entra dans la pièce où étaient réunis les inspecteurs de Phila, Stella et Don, il jeta un oeil à son ami, qui lui répondit avec un froncement de sourcils rassurant. Sa conversation avec Mac, quelques minutes plus tôt, s'était déroulée sans trop de heurts, et tout était réglé.

Puis Danny fit le tour, en commençant par John Stillman:

"J'ose à peine vous demander si vous vous souvenez de moi", fit celui-ci.

"Je me souviens de tout ce que vous m'avez dit", lui assura Danny. "Et vous portiez une très jolie cravate."

Stillman entendit un petit rire, provenant de l'endroit où se tenait Lilly Rush, et eut une petite moue amusée. Les deux hommes échangèrent une poignée de main chaleureuse.

"Bien dormi?" lui demanda ensuite Stella.

"La nuit a été mouvementée", lui avoua Danny. "Et vous?"

"Comme un bébé!"

"Danny, je vous sers un café?" lui proposa finalement Lilly.

Il s'approcha d'elle, et la serra dans ses bras. Lilly ne sut pas trop comment réagir. Elle écarta les bras, timidement surprise:

"C'est juste un café..." fit-elle, en lui caressant le dos, en fin de compte.

"C'est bon de vous revoir", lui dit-il en s'écartant d'un pas. "Avec du lait et beaucoup de sucre, s'il-vous-plait Lilly."

"Avec plaisir, Danny!" sourit-elle comme à son habitude, avec des étoiles dans les yeux.

"Je n'étais pas nettement emballé à l'idée de le faire en dehors du cadre médical, mais je dois dire que ce sevrage m'a tout l'air d'être une réussite", admit Billings. "Il faut dire que la volonté de ce garçon est prodigieuse, et son ami lui est d'un grand soutien. Ça ne sera pas tous les jours faciles, mais votre aide lui est précieuse, et je ne doute pas qu'il se rétablisse. Il redeviendra celui qu'il a été. Changé par son expérience, mais au fond, toujours le même."

Mac l'écoutait, tourné vers le petit groupe rassemblé dans la pièce à côté. Et tandis qu'il réglait les derniers détails avec le doc, il vit que Flack et Stillman s'étaient engagés dans une discussion qui paraissait grave et sérieuse, et Danny qui commençait à déguster son café brûlant aux côtés de Stella et Lilly, écoutant sans un mot ce qui se disait autour de lui. Mac ignorait s'il écoutait plutôt Stillman et son ami, assis à côté de lui sur l'accoudoir du canapé, ou bien Lilly qui avait pris place près de lui, et Stella qui se servait un nouveau gobelet de café à quelques pas de là.

Mac les rejoignit enfin, après avoir remercié Billings qui devait partir voir ses patients à l'hôpital de Trenton. Il se dirigea vers son confrère de Phila, qui disait justement à Don: "... jamais s'avouer vaincu..." avant qu'il ne s'aperçoive de la présence de Mac. Il lui tendit alors un dossier qu'il tenait dans ses bras croisés:

"Lieutenant Taylor, vous avez fait une sacrée découverte."

Mac, qui se voyait remettre le privilège de découvrir de quoi il s'agissait, prit connaissance du dossier, sous le regard perçant de Don Flack. Mac lui lança un petit coup d'oeil, histoire de lui faire gentiment comprendre que ça ne se faisait pas d'observer quelqu'un ainsi... et Don soupira, incapable de déchiffrer quoi que ce soit dans l'attitude de celui-ci. Il croisa les yeux de Danny, levés vers lui. Et aperçut son sourire, dissimulé derrière son gobelet fumant. Ce qu'il y avait dans ce dossier, c'était sûrement rien de bien méchant...

"Danny", fit Mac en s'approchant de lui, les interrompant dans leurs pensées. "Je voudrais que tu me racontes tout ce dont tu te souviens, tout ce qui s'est passé à Allentown."

Après quelques gorgées de café, Danny se lança: "Billy Paul."

Mac prit une chaise à s'assit face à lui, lui offrant toute son attention.

"Vous savez, la chanson avec Martin Luther King..."

"Let em' in", intervint Stillman.

"C'est ça", le remercia Danny. "Et bien je l'ai entendu il y a trois ou quatre mois. Et elle m'a rappelé quelque chose. Sur le coup, j'ai pas su quoi, exactement. Et quand j'ai arrêté d'essayer de m'en souvenir, ça m'est revenu..."

Des vibrations désagréables se propageaient en lui, tout autour de lui. Le sol était froid et dur. Le grondement d'un moteur lui parvint de plus en plus clairement. Et Billy Paul chantait envers et contre tout, sa chanson.

Danny avait mal aux côtes. Peut-être que s'il se tournait sur le dos, ça irait mieux... Une méchante secousse lui arracha un râle de douleur. Un nid de poule, très probablement... Il ouvrit enfin les yeux. Tout était si sombre. Il vit une main inerte posée à hauteur de son visage. Il serra son poing. Et constatant que c'était sa main à lui. Une autre secousse, plus violente, lui fit lever la tête, et il la tourna de l'autre côté. Il la reposa sur le sol dur. Elle lui faisait mal, comme tout le reste de son corps...

Entre deux clignements d'yeux, qu'il avait un mal fou à garder ouverts, il vit une paire de chaussures. Des baskets noires, au moins du 43, ou 44, tout près de lui. L'une d'elle disparut de son champ de vision, et quelque chose se posa en haut de son dos et l'écrasa au sol.

Danny ouvrit la bouche pour crier mais ça lui était impossible. Quelqu'un lui prit les mains, et les lui attacha derrière le dos. Il entendit le cliquetis d'une paire de menottes, sentit le métal se refermer brutalement sur ses poignets. Puis la porte arrière s'ouvrit violemment. Il n'avait même pas réalisé que le véhicule s'était arrêté. Un courant d'air froid l'enveloppa, et il fut soulevé de terre, puis traîné à l'extérieur...

Ce qu'il se rappelait ensuite, c'était le gamin qui tenait un flingue, pointé vers lui. Il ferma alors les yeux, et le coup de feu partit.


"Je me suis réveillé dans... cette grange, et... je me suis tiré. Le plus loin possible. Je savais pas où aller. J'ai marché... jusqu'à ce que j'atterrisse au bord de la route, et que Mike me prenne avec lui dans sa camionnette."

"Ce gamin qui a tiré. Tu pourrais me le décrire?"

Danny reprit un peu de café, l'air songeur. "Je me souviens pas vraiment de son visage. Je sais seulement qu'il devait pas avoir plus de seize ou dix-sept ans. Blanc. Cheveux bruns, très courts... C'est tout."

Mac et le lieutenant Stillman échangèrent un regard. Ils semblaient partager le même avis, mais sur quoi? Don croisa les bras, et Mac sentit alors sur lui ses yeux bleus, perçants et insistants. Il sortit donc une photo du dossier et la lui montra.

Ce qui parut évident à Don, à première vue, c'était que la description de Danny, aussi vague soit-elle, correspondait aux traits distinctifs du gamin sur la photo. Mais il ne l'avait jamais vu, ni à l'entrepôt, ni après, quand il avait été torturé. Il le fit savoir à Mac qui montra donc la photo à Danny.

Celui-ci l'observa attentivement. L'adolescent avait été photographié par des services de police. Il tenait une pancarte dans ses mains, avec des chiffres, et sur laquelle on pouvait aussi lire "Chicago Police Dpt".

"C'est lui qui t'a tiré dessus?" entendit-il vaguement.

Alors comme ça, il avait été arrêté. A Chicago... Don avait fait allusion à cette ville, la veille, mais en lui épargnant les détails. Danny savait seulement que ça avait un rapport avec leur dernière enquête, et son enlèvement. Les questions de Mac ne faisait que le lui confirmer. Ces trafiquants, venus du Michigan pour conclure un deal à New York, l'avaient emmené avec eux pour assurer leur retour jusqu'à Chicago, mais quand ils n'en avaient plus eu besoin, ils s'étaient arrêté en chemin, au milieu de nulle part, pour se débarrasser de lui. D'une balle dans la tête... Ils avaient presque réussi.

Mac préféra lui ôter la photo des yeux.

"Respire à fond", lui glissa quant à lui Don, en lui prenant délicatement le gobelet presque vide qu'il tenait dans ses mains.

Danny regarda avec perplexité le gobelet quitter ses mains, jeta un coup d'oeil à son ami comme s'il se demandait pourquoi il faisait ça. Et puis il réalisa ce que ce dernier venait de lui dire. Respirer. Danny ne s'était même pas rendu compte qu'il était quasiment en apnée depuis quelques secondes, ni qu'il serrait le gobelet un peu trop fort, entre ses mains tremblantes. Il se laissa tomber contre le dossier du canapé et suivit le sage conseil de Don.

Stella, de son côté, de ce petit geste attentionné de la part du détective envers Danny. Il était véritablement aux petits soins pour lui. Elle capta le regard de Lilly, à sa droite, et remarqua son sourire attendri, à elle aussi.

"Je m'en souviens pas", regretta Danny en se prenant la tête entre ses mains. "J'y arrive pas."

"C'est rien", dit Mac sur un ton apaisant.

Ils faisaient décidément tous preuve d'une grande patience, à son égard. Ça le changeait. Il sentit alors une main se poser sur son genou. Lilly. Elle était d'accord avec Mac. Ils l'étaient tous. Ça ne servait plus à rien de se torturer. Et ils avaient raison.

"On a retrouvé une balle dans la grange", reprit Mac. "On y a prélever d'infimes échantillons ADN. Suffisamment pour établir une correspondance. C'est ton ADN, Danny. Ce qui veut dire que ta cicatrice au front provient d'une blessure par balle. Rien de moins."

Danny l'écoutait attentivement, se massant le front anxieusement. Ça, il le savait déjà.

"On a entré les caractéristiques de cette balle dans le fichier balistique national", poursuivait Mac. "Et on sait avec quelle arme elle a été tirée."

Il agita le dossier au bout de son bras: "Ce garçon a été arrêté à Chicago le mois dernier, à la suite d'un vol à main armé. C'est de son arme qu'il s'agit. C'est lui, le tireur."

Un frisson glacial parcourut Danny. Ça allait tellement vite. Il se leva et se dirigea, sans un regard à quiconque, vers la porte.

"Danny?" entendit-il.

Il se tourna, et croisa le regard de Don, puis de Mac.

"J'ai juste besoin de prendre un peu l'air, dit-il. Je..."

Il fit un geste vague de la main. Un grand bol d'air frais, et vite, lui ferait le plus grand bien.

"Je reste dans le coin", les rassura-t-il, au cas où.

Puis il s'éclipsa. C'est Stella qui réagit la première. Elle fit un petit signe à Lilly, et les deux femmes partir le rejoindre. Personne n'avait envie de le laisser seul.
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 23:00

"Est-ce qu'on a de quoi remonter jusqu'à Mo' Wilkins?" voulut alors savoir Don en se postant face à Mac qui venait de se lever.

"C'est trop tôt pour le dire. Je compte bien aller interroger ce gamin à Chicago dès que possible. S'il refuse de balancer Wilkins, on va trouver de quoi le faire parler."

D'après ce que Stillman savait, Mo' Wilkins était le cerveau de l'affaire, du moins du côté de Chicago. Toute la bande de New York, à qui Don devait lui aussi une belle cicatrice et de multiples tortures, était sous les verrous, et malgré cela, les truands du Michigan qui avaient enlevé Danny couraient toujours. Et ça ne pouvait plus durer. Stillman voyait une immense détermination dans le regard du détective. Du ressentiment aussi. Il avait des comptes à régler. Les liens qui l'unissaient à Danny Messer étaient tels qu'il en faisait une affaire personnelle.

"On ne le laissera pas s'en tirer, cette fois", lui promit Mac. "Ses avocats ne pourront rien pour lui."

Les deux aînés observèrent le détective Flack, qui parut légèrement apaisé. Celui-ci mit une tape dans le dos de Mac et sortit rejoindre les autres.

Stillman pivota face à Mac: "Vous lui avez dit ce qu'il voulait entendre, on dirait", fit-il remarquer.

Mac ne le contredit pas. Oui, Don avait besoin de croire en la justice. Plus qu'en la vengeance. Mais c'était un détail que Stillman n'avait pas besoin de connaître. Quand Don avait été au plus bas, tandis que Wilkins savourait sa victoire, Mac en était quasiment venu aux mains pour empêcher Don de faire une grosse bêtise...

Mo' Wilkins allait quitter le poste de police de Manhattan sans passer par la case prison. Entouré de ses deux avocats, il feignait l'innocence outragée, mais au fond il jubilait. Mac suivait de peu le convoi, et lança un regard défaitiste à Don. Mais celui-ci avait déjà deviné que Wilkins allait s'en tirer...

"Je vais le crever, ce fils de pute."

"Ne..." commença Mac en lui barrant la route.

La fureur de Don le rendait cependant difficile à maîtriser, et à raisonner.

"Il ne dira rien, Don!"

"Tu crois ça? Laisse-moi passer..."

Mais Mac le serrait très fort, lui empoignait les avant-bras avec fermeté, tandis que Don voyait Wilkins disparaître.

"Lâche-moi..." lutta Don.

"Laisse le partir."

"Mais il sait ce qui s'est passé! Il sait où est Danny!"

"On finira nous aussi par le découvrir!"

"Quand! Ça fait six mois qu'on tourne en rond! On peut pas le laisser s'en tirer comme ça!"

"C'est ce qu'on a de mieux à faire, pour l'instant!"

Don repoussa Mac, qui dut relâcher son emprise. Le détective prit alors la même direction que Wilkins et sa clique. Pour lui casser la gueule, et lui faire avouer jusqu'à la moindre parcelle de vérité.

"Ça ne servira à rien!" cria Mac en se précipitant à sa suite. "Danny est mort!"

Don s'arrêta brusquement, et fit face à Mac. C'était comme si ses yeux bleus avaient soudain virés au noir. Il s'en prit encore une fois à lui, en le repoussant sans douceur avec ses poings.

"On n'en sait rien, Mac!"

"Six mois, tu l'as dit toi-même. Six mois qu'il n'a pas donné le moindre signe de vie! Qu'est-ce que ça peut signifier d'autre!"

Silence. Autour d'eux, tout était calme. Une atmosphère pesante et tendue les entourait. Quelques regards se détournaient, par compassion, ou gêne. Le temps que l'orage se passe...

Don ne faisait pas attention à ses collègues, ni à ce qu'ils pouvaient bien penser. Il balança un pot à crayons posé sur un bureau, fracassant ainsi ce silence de mort, et fonça dans la direction opposée à Wilkins, pour rejoindre la salle d'interrogatoire qu'il venait de quitter.

Là, il s'empara de la chaise sur laquelle cet enfoiré s'était assis, et la balança de toutes ses forces contre le mur. Elle se brisa. Il s'appuya ensuite au mur, et se laissa glisser lentement jusqu'au sol. Mac l'observa avec une tristesse révoltée et un sentiment de profonde injustice enfouir son visage dans ses mains. Il aurait tellement voulu trouver les mots pour le réconforter. Mais il avait déjà un mal fou à se convaincre lui-même qu'ils retrouveraient un jour Danny, mort ou vif. Il préféra se taire et laisser à Don le temps de réfléchir à tout ça et de commencer à accepter la possibilité qu'il ne reverrait plus jamais Danny. Il n'y avait que de cette façon qu'il pourrait reprendre le dessus, et redevenir celui qu'il avait été. Aussi bien en tant que flic, qu'en tant qu'homme. Même si ça lui semblait insurmontable, il fallait qu'il se laisse convaincre, peu à peu. Sans pour autant perdre tout à fait espoir. Car il y avait une énorme différence entre refuser de voir la réalité en face, et ne pas perdre espoir...


C'était comme si tous les obstacles possibles et imaginables s'étaient dressés un à un devant eux. Mais aujourd'hui, c'était différent. Ils avaient Danny. Et puis ils tenaient une piste, qu'ils ne lâcheraient pas avant que justice soit rendue.

"Je compte plus les fois où j'aurais pu y rester", songeait Danny tout haut.

Ils étaient à l'arrière de la maison, sur l'estrade donnant sur une cour herbeuse où poussait un grand saule et quelques fleurs. Lui, accoudé à la balustrade, fumant une cigarette. Stella, appuyée contre un des piliers de bois soutenant l'auvent, et Lilly assise en haut des quelques marches qui menaient à un petit chemin de terre qui traversait la cour.

Il n'y avait bien que pour Stella que ça semblait irréel de se trouver dans un endroit pareil, et dans ces circonstances. Pour Lilly, il s'agissait après tout d'une enquête (presque) comme une autre, et Danny, lui, était habitué à ce chaos de ces derniers mois. Mais les habitudes ne demandaient qu'à être perdues.

Elle ne savait quoi lui répondre. Dire qu'il ne parlait que des derniers mois... C'était sans compter son adolescence obscure, parsemée d'événements tragiques, et toutes les situations périlleuses auxquelles il avait dû faire face en tant que flic.

"Mauvais karma", se dit Danny, pensivement.

"C'est comme ces putains de chats", lança une voix derrière eux. "Tu dois avoir neuf vies, ou un truc comme ça."

Don apparut près d'eux, et posa ses mains sur la balustrade, entre Stella et Danny.

"Quand je pense que je déteste ces bestioles", poursuivit-il, avant de s'adresser à son ami: "combien de tes vies tu as bousillées, au juste?"

Danny haussa les épaules: "Sûrement plus de la moitié..."

"Vous détestez les chats?" s'enquit brusquement Lilly auprès de Don.

Stella avait du mal à en croire ses oreilles. Ils avaient une drôle de conversation...

Le détective fit une moue navrée, et lui précisa: "Je suis allergique."

Comme si ça pouvait excuser sa grossièreté, pensa-t-il.

"Mais si ça peut vous rassurer", conclut-il alors en lui désignant Danny d'un signe de tête, "j'adore celui-là."

Lilly éclata de rire. Stella ouvrait de grands yeux intéressés... Quant à Danny, le chat au mauvais karma, qui avait déjà usé pas mal de ses neuf vies, se dit qu'il comptait bien faire durer celle-ci autant que possible. Donald Flack Jr... toujours les mots qu'il faut, hein ? Il croisa son regard.

Stella se mit à sourire avec attendrissement, une nouvelle fois, quand les deux hommes s'approchèrent l'un de l'autre pour se serrer dans leurs bras. C'était quelque chose qui avait dû beaucoup manqué à Danny, dernièrement. Le réconfort. Le soutien. Les marques d'affection. Parce que même avant toute cette histoire, il ne s'était jamais laisser approcher si facilement. Comme tout félin qui se respecte...

Elle fronça un sourcil, quand il lui sembla que Danny retint Don de s'éloigner. Le second, en voyant ce dernier s'en accommoder parfaitement. La cigarette se consumait lentement entre les doigts de Danny.

Stella adressa à Lilly une moue stupéfaite. Et constata que celle-ci haussa les sourcils d'un air entendu. Stella arrondit sa bouche en un O assez comique. Alors c'était donc ça! Voilà pourquoi Don avait souffert si durement, bien plus que n'importe qui d'autre, après la disparition de Danny! Ce n'était pas parce qu'il avait été lui aussi enlevé, et qu'il avait subit des tortures, physiques et morales, ni même parce qu'il s'était senti infiniment coupable de s'en être sorti, et pas Danny. Il s'en voulait de l'avoir laissé entre les mains de ces criminels, et encore plus d'avoir été ensuite incapable d'aider à le retrouver, et à mettre les véritables coupables derrière les barreaux... Pas une seconde Don n'avait pensé à ce qui lui était arrivé à lui. Jamais elle ne l'avait entendu se plaindre, ni s'apitoyer sur son propre sort. C'était comme s'il n'avait pu survivre que dans l'attente de ce jour.

Danny relâcha son étreinte. Il arborait un sourire rayonnant, ses yeux plongés dans ceux de Don. Il y avait fort à parier que celui-ci lui avait glissé quelques mots à l'oreille. Peut-être d'autres comparaisons, subtiles et croustillantes, concernant son côté félin?

Lilly se leva.

"Hum, on devrait y aller", suggéra Stella, soudain de retour sur terre.

Et quelques minutes plus tard, tout ce petit monde se regroupa devant la maison, fermée à double tour, les clés dissimulées sous un pot de fleurs, comme convenu avec le propriétaire.

Les inspecteurs de Phila souhaitèrent un bon retour à leurs collègues de New York. Lilly et Danny furent les derniers à s'adresser la parole: "Tâchez de bien retomber sur vos pattes, d'accord?" lui lança-t-elle.

Danny apprécia cette dernière métaphore: "Je vous promets de faire de mon mieux", lui assura-t-il, avec une sérénité retrouvée.

Puis il lui fit un signe d'au revoir, ainsi qu'à Stillman, qui lui répondit avec un sourire confiant.

"Envoyez-nous de vos nouvelles!" ajouta-t-elle.

"Promis!" conclut Danny en tapant deux fois sur le toit de la voiture de Mac, juste avant de monter à bord.

Stella avait prit place dans celle de Don, et tous les quatre filèrent sur la route qui les séparait de Manhattan.

Chapitre 13

Sheldon Hawkes était débordé. En l'absence de Mac et de Stella, il avait pas mal de choses à gérer. Mais comment trouver la moindre petite raison de s'en plaindre?

"Lindsay!" l'attrapa-t-il au détour d'un couloir du labo. "Où en sont les analyses toxicologiques?"

"Sheldon, vous voulez que je vous aide à transporter tous ses dossiers?"

"Non, ça ira!"

Ils firent quelques pas, et il les déposa du mieux qu'il put sur le comptoir de la réception.

Lindsay remarqua sans mot dire la maîtrise du geste de son coéquipier, et répondit à sa question: "Tout ce qu'on a trouvé, c'est une forte concentration de globules blancs dans..."

"Hey, doc! Il paraît qu'on forme une belle paire, tous les deux?"

"...!"

Sheldon se tourna vers la voix. Sa bouche bée et ses yeux arrondis de surprise laissèrent soudain place à une joie infinie.

"Oh, Danny..."

Ils tombèrent dans les bras l'un de l'autre.

"... quand je pense que la dernière chose que je t'ai dit, c'est "à tout à l'heure"..."

"Désolé", lui confia Danny. "Ça a été un peu plus long que prévu."

Sheldon le tapota dans le dos. Il n'était pas du genre à se laisser si facilement envahir par les larmes, mais là, les circonstances ne lui laissaient pas le choix. Il recula d'un pas pour voir le visage de l'homme qui lui avait le plus manqué dans sa vie.

Danny vit ses yeux humides, mais aussi son incroyable sourire. Il était agréablement surpris que sa seule présence puisse rendre cet homme aussi heureux. Quoi que ces derniers temps, cet état de fait s'était inlassablement répété... Il avait l'impression d'être le jouet préféré qu'un enfant avait perdu, et qu'il retrouvait enfin. Et même s'il était sale et un peu abîmé, c'était toujours un super jouet.

Sheldon avait quant à lui été prévenu, mais ça lui faisait un sacré choc de voir Danny comme ça. Il ignorait ce qu'il avait eu réellement à traverser, mais à le voir si affaibli, un peu perdu dans un univers qu'il avait pourtant bien connu, à voir sa cicatrice, et son visage marqué par les épreuves, il devina que ça n'avait pas dû être facile. Loin de là.

"J'ai quelque chose pour toi", fit alors Sheldon en disparaissant soudain vers un endroit inconnu.

Danny se retrouva alors face à une jeune femme qui avait suivi les retrouvailles avec une douce expression sur le visage. Elle lui tendit la main:

"Lindsay Monroe", se présenta-t-elle. "On ne se connaissait pas depuis très longtemps, mais... bon retour parmi nous!"

"Merci", répondit Danny en lui serrant la main. "Lindsay", répéta-t-il ensuite, pour se la mettre en mémoire une fois pour toute.

Don les rejoignit alors, suivit de près par Sheldon, qui remit à Danny quelque chose qui lui appartenait: ses lunettes.

Quand Danny les eut sur le nez, il regarda un peu partout autour de lui, pour s'habituer à sa nouvelle vision des choses. Une vision plus claire. Des visages nettement heureux.

"C'est génial, ici", dit-il. "Je crois que je vais m'y plaire."
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MessageSujet: Re: Mort / Vivant par valm.csi   Mort / Vivant par valm.csi Icon_minitimeJeu 27 Juil - 23:01

Chapitre 14

Chicago - septembre 2006

Toute confrontation comportait des risques. C'est pourquoi elles étaient toujours si bien surveillées. Qu'ils soient suspects, coupables, victimes ou bien témoins, tous avaient un point commun: ils la redoutaient.

Mac tournait en rond, dans la pièce blanche. Une pièce réservée à ce genre de visite à haut risque, dans l'enceinte même de la prison. Danny était assis tranquillement à la table, située au centre, sur une des cinq chaises, qui seraient bientôt toutes occupées. Tranquillement? En apparence, seulement. Après la coke, Danny était passé à la nicotine. Pour se détendre, s'occuper les mains, et l'esprit. Cette nouvelle habitude restait toutefois occasionnelle, et réservée aux situations stressantes, comme cette confrontation.

Sur la table, le cendrier se remplissait. La bouteille d'eau se vidait peu à peu. Le temps passait. Le silence régnait.

Du mouvement. Un bruit. Quelqu'un derrière la porte. Elle s'ouvrit. Le moment était venu.

"J'ai parlé à l'avocate de Byers. On devrait pouvoir conclure un arrangement intéressant pour les deux parties."

"Très bien", répondit Mac.

Le conseiller juridique du département de police de New York, Stuart Dingel, s'assit près de Danny. Son client, pour ainsi dire. Il en avait beaucoup entendu parler, mais ne l'avait rencontré que quelques jours plus tôt. Et il savait déjà qu'il n'oublierait jamais cet homme et que toute cette histoire serait la plus marquante de sa carrière. Il suivait cette affaire depuis ses prémices, et en connaissait les moindres détails. Il avait défendu Don Flack, face à Mo' Wilkins et ses cerbères. Il avait perdu une bataille, certes. Mais il avait une sacrée revanche à prendre.

"Vous êtes prêt?" demanda-t-il à Danny.

Celui-ci écrasa son mégot dans le cendrier, en expirant une volute de fumée qui s'évanouit dans les airs. Et puis il hocha lentement la tête, sans même un regard à Dingel.

Mac les savait prêts, tous les deux. Ils avaient simplement une façon très différente d'appréhender cette fameuse rencontre. Tandis que Dingel l'attendait de pied ferme, résolu à en démordre jusqu'à son dernier souffle, Danny la redoutait, calmement et en silence. Le pire pour lui était de ne pas savoir à quoi s'attendre. Il ignorait même quelle allait être sa propre réaction, face à l'homme qui avait appuyé sur la détente, un jour d'octobre 2005. Celui qui avait manqué de le tuer. D'un rien. Celui dont l'avocate entra finalement dans la pièce. Byers la suivait, menottes aux poignets, dans son habit rouge de détenu, et il s'assit sur la chaise la plus éloignée du mort, vivant.

Dès cet instant, Jimmy Byers et Danny Messer ne se quittèrent plus du regard.

Ils se souvenaient l'un de l'autre, à un point qu'ils n'avaient sans doute pas soupçonné jusqu'à maintenant. Chacun devait à l'autre, sans le savoir, un tas de nuits blanches et de cauchemars.

"On abandonne les charges qui pèsent sur mon client", disait l'avocate de Byers. "En échange, il vous dit tout ce qu'il y a à savoir sur Wilkins et sa bande."

"Vous voulez parler du vol à main armée pour lequel on l'a arrêté et de la tentative de meurtre qu'on pourrait lui coller sur le dos", vérifia son confrère new yorkais. "Tentative de meurtre commis sur la personne de Daniel Messer, ici présent."

Une précision qui ne surprit personne mais qui fit son petit effet. Ils n'avaient pas fait le déplacement depuis Manhattan pour entendre des exigences, et des promesses. Ils voulaient du solide.

"Il témoignera au procès", assura l'avocate en supplément. "Vous pourrez juger Wilkins pour ses exactions commises à New York. C'est ce que vous voulez, non?"

"Plus que jamais," sourit Dingle, en se tournant vers Byers. Celui-ci lâcha: "Je sais comment Wilkins fabrique ses alibis."

"Intéressant."

"Sortez-moi de là, et je balance tout", ajouta-t-il, les yeux toujours fixés sur Danny, et la cicatrice sur son front.

"Il est inutile de préciser que mon client n'est pas en sécurité, ici," ajouta l'avocate. "Il lui faut une protection".

"Cela va sans dire", confirma Dingle. "Il sera en sécurité jusqu'au procès."

"Et après?" s'inquiéta Byers.

Dingle lui sourit: "Et bien si nous obtenons la condamnation de Wilkins et ses complices, nous ferons en sorte que le programme de protection des témoins suive son cours. Avec changement d'identité, nouveaux papiers, nouvelle vie et tout le tralala."

Ça semblait lui convenir. Quant à son avocate, elle venait tout simplement d'obtenir tout ce qu'elle avait espéré pour son client. Restait plus qu'un petit détail, dont Dingle s'occupa: "Danny, il me faut votre accord".

Mac vit Byers tressaillir, et pâlir d'un coup. Il se rendait soudain compte que sa liberté, sa vie, reposait sur la décision d'un homme qu'il avait en théorie assassiné froidement, un an auparavant. Un homme qui maintenant le regardait fixement, non pas avec colère, haine, ou reproche. Mais plutôt avec... intérêt, et curiosité.

Tout était déjà réfléchi, pour Danny. D'un côté il avait un adolescent qui avait obéit aux ordres. Le simple exécutant, qui prenait aujourd'hui le risque de se racheter en balançant les siens. Un adolescent qui pouvait espérer repartir de zéro et recommencer une vie meilleure. De l'autre, il y avait Wilkins. Un truand irrécupérable. Le commanditaire. Un trafiquant de drogue sans foi ni loi, à qui il devait des mois et des mois de souffrances, presque un an de sa vie. Et sans doute plus. Un type qu'il voulait voir derrière des barreaux, au moins autant que Don. Rien que pour ça, ça ne valait même pas la peine d'hésiter. Pour la première fois, il prit la parole, et lança: "Où je dois signer?"

Épilogue

Don Flack pénétra silencieusement dans la pièce du labo, et se plaça de l'autre côté de la table sur laquelle Stella et Danny étudiaient les empreintes relevées sur l'arme d'un crime. Il patienta quelques instants, attentif, laissant le temps aux deux experts de scanner une de ces empreintes afin de la comparer aux fichiers informatisés de la base de données. C'était important pour Danny. Il réapprenait son boulot, mine de rien.

Finalement, Stella hocha la tête d'un air satisfait:

"Danny, tu peux rentrer chez toi, maintenant. Je m'occupe du reste."

Dans le regard de la jeune femme, Flack perçut une insistante détermination. Apparemment, ce n'était pas la première fois qu'elle tentait de renvoyer Danny chez lui. Après la longue journée qu'il avait traversé, et son périple à Chicago, il était encore étonnant de le voir ici à cette heure tardive. Il avait de quoi être fatigué. Mais grâce à Don, elle n'imaginait pas essuyer un nouveau refus, ou entendre un autre prétexte douteux pour rester un peu plus longtemps.

"OK, à demain", abdiqua subitement Danny. Facilement. Très facilement. Trahissant ainsi le fait qu'il avait attendu que le détective finisse enfin sa journée, et vienne le chercher.

Elle eut comme une impression de passage de relais, et sans tout à fait l'inquiéter, ça lui fit un petit pincement au coeur. Depuis son retour de Philadelphie, Danny semblait éviter à tout prix de se retrouver seul avec des inconnus. Que ce soit à l'extérieur, sur une scène de crime, où même au labo, il esquivait ce genre de situation avec une habile discrétion, mais qui n'échappait pas aux regards avertis.

Stella espérait seulement qu'il finirait par s'en sortir pour de bon, peu à peu, à mesure qu'il retrouvait la mémoire et gagnait en assurance. Il ne méritait pas de souffrir davantage. "A demain, Danny", lui répondit-t-elle avant qu'il disparaisse. "Don?"

Celui-ci s'arrêta sur le seuil et se tourna vers elle. Il devina sa question, et la rassura: "T'inquiète pas, ça lui passera."

Elle lui sourit, et lui adressa un petit signe d'au revoir. Ils se saluèrent, et elle les regarda s'éloigner à travers les parois de verre. Non, ces deux-là ne méritaient pas de souffrir davantage.

Mac croisa les deux hommes, en grande discussion, vers le chemin des vestiaires. Ils se mettaient d'accord sur l'endroit où ils passeraient la soirée.

Don savait déjà tout ce qui s'était passé à Chicago, et tout ce qui allait en découler. Mais il ne savait pas encore comment ça s'était passé. Et il était de ceux qui voulait tout savoir. Absolument tout. Quant à Danny, il n'avait rien à lui cacher. Surtout pas à lui. Et surtout pas en ce moment.

"Mo' Wilkins est sous les verrous", leur annonça Mac. "Et croyez-moi, avec notre affaire et le dossier que la police de Chicago a monté contre lui pendant ces derniers mois, il n'est pas prêt d'en sortir."

Ils accueillir la nouvelle avec une joie contenue et un profond soulagement. Ils échangèrent un regard complice. La journée se terminait à merveille.

"Tous les deux", ajouta Mac, "vous mériteriez une médaille..."

Danny n'eut pas l'air très emballé par cette perspective: "Je me contenterai d'une bière chez Sulli", confia-t-il.

"Il y a un type qui fait de très bons hot-dogs sur la 42ème", intervint ensuite Don.

Mac fit une moue affirmative, et posa sa main droite sur l'épaule du détective, et sa gauche sur celle de Danny: "Comptez sur moi", promit-il. "Dès que l'occasion se présentera, je m'en souviendrai."

De cela, ils ne doutèrent pas un seul instant.

"Passez une bonne soirée, on se voit demain," conclut Mac avant de s'éloigner, léger et serein, vers d'autres horizons. Son bureau, probablement.

Danny et Don pensèrent que si quelqu'un méritait une médaille, c'était bien Mac. Parce qu'il n'avait jamais baissé les bras, qu'il avait toujours été là, pour l'un comme pour l'autre, et que ça ne changerait jamais. Quoi qu'il arrive.

"Qu'est-ce qu'on disait?" fit Don.

"On va chez toi", lui rappela Danny.

Don fronça les sourcils. Il esquissa un sourire: "Et juste avant?"

"Avant? Je m'en souviens pas..." fit mine de réfléchir Danny. "Je sais pas de quoi tu parles."

Il fila aux vestiaires, afin d'y récupérer ses quelques affaires, et rejoignit son ami aussitôt après. Bien sûr qu'il s'en souvenait. Et Don aussi. Comment pouvaient-ils oublier le temps qu'il leur restait encore à rattraper...

FIN
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