Sasha et Joy s'étaient installées sur la terrasse. Cette dernière avait ramené quelques bricoles à grignoter mais Sasha n'avait pas faim. L'accusation de Nikolaï l'avait anéantie. Elle avait l'impression d'être de retour en Russie où la police, et n'importe qui en fait, pouvait être achetée. Joy la tira de ses sombres pensées en lui posant une question.
- Cela faisait longtemps que vous ne l'aviez pas revu ?
- Dix ans, murmura Sasha, je l'ai cru mort pendant dix ans
- Mort ? s'étonna Joy
- Vous ne connaissez pas la mafia russe, mademoiselle Arden
- Joy, la corrigea t elle. Vous souhaitez peut être vous changer ? proposa t elle en regardant la robe longue de Sarah. Nous devons faire à peu près la même taille.
- Vous avez des affaires ici ? Je croyais que c'était l'appartement de monsieur Winch.
- Ca l'est mais…
- Oh, je vois, dit Sasha en souriant. Dois-je vous féliciter pour votre mariage ?
- Nous n'avons pas encore fixé de date, fit Joy en répondant au sourire de la jeune femme
- Cela va vous paraître étrange mais je suis contente pour vous… je vous envie, Joy
- Merci. Je suis certaine que l'on va vous débarrasser de ce Valensky, dit-elle pour la rassurer
- Vous ne le connaissez pas, il est pire que les deux autres à qui j'ai été vendu. Il…
Sasha avait les larmes aux yeux en se remémorant certaines scènes horribles qui parsemaient les souvenirs de ces cinq dernières années. .
- Je serais ravie si vous pouviez me prêter quelques vêtements, Joy, dit-elle en se reprenant
- Venez avec moi
***
- C'est bien ce que je pensais, dit Kerensky en levant le nez de son ordinateur, Valensky a d'étroit contact avec la mafia
- Cela ne va pas nous simplifier la tache, dit Largo
- Non mais j'ai encore une ou deux relations qui pourraient m'aider à trouver de quoi faire pression
- Dites, ce n'est pas que je n'ai pas confiance mais… vous êtes sûrs qu'elle ne l'a pas volé cet argent ? Elle aurait pu profiter de…
La voix de Simon diminuait au fur et à mesure qu'il parlait, il cessa quand il vit le regard assassin que lui lançait Kerensky.
- Je vais essayer de résumer les choses simplement pour ta petite tête de capitaliste. Sasha est à lui, il l'a payé une certaine somme et dans la tête de ce type, c'est... un meuble. Si on te le vole, tu fais quoi ?
- J'appelle la police, c'est évident, dit Simon
- Bien. Mais dans ce cas précis, ton meuble vient de Russie et tu n'as pas les papiers d'exportations
- Ce que je ne comprends pas, c'est comment il va se débrouiller pour récupérer Sasha une fois que la police l'aura retrouvée, fit Largo en faisant les cent pas
- Il retirera sa plainte tout simplement, annonça le russe, ce ne serait pas la première fois et j'imagine qu'il leur a fait croire qu'il y avait quelque chose entre Sasha et lui
- La police ne marchera jamais, dit Largo
- Crois-moi sur parole, on peut quasiment tout faire avaler à un flic en… l'aidant un peu, dit Kerensky avec un clin d'œil complice
- Y a un truc qui va pas dans ton histoire, dit Simon en regardant les deux hommes, je n'aurais jamais accusé mon meuble de m'avoir volé de l'argent !
Kerensky et Largo secouèrent la tête en même temps tout en levant les yeux au ciel.
- Ben quoi, vous avez déjà vu un meuble voler ? A part dans ma sorcière bien-aimée mais…
***
Nikolaï Valensky regardait par la fenêtre de son bureau. Sasha avait disparu depuis deux jours, ni Ivan ni la police n'avaient trouvé le moindre indice pour retrouver la jeune femme.
- Où es-tu Sasha ? dit-il dans la pièce vide
Cela faisait cinq ans qu'il l'avait racheté à un de ses compatriotes qui vivait sur la cote ouest et qui avait du retourner en Russie au plus vite. Nikolaï s'était attaché à elle, même s'il ne le montrait jamais. Il restait persuadé que la police la retrouverait avant lui mais il ne s'inquiétait pas de cette histoire de vol. Il sourit en imaginant la punition que Sasha allait recevoir quand il se rappela quelque chose. Il avait un moyen de pression intéressant concernant la jeune femme, il décrocha son téléphone et composa un numéro international, en Suisse pour être exact.
***
Joy regarda la jeune femme endormie. Elles se trouvaient dans la
chambre d'ami qui jouxtait celle de Largo. Sasha avait été étonné d'apprendre que Joy était garde du corps. Il paraissait inconcevable à la jeune russe qu'une femme puisse exercer ce métier. Elles avaient bavardé longuement de choses et d'autres. Joy s'était aperçut que Sasha évitait soigneusement toutes les questions qui avaient un tour trop intime. Elle avait aussi le sentiment qu'elles avaient énormément de choses en commun alors qu'elle venait de deux mondes différents. Elle leva la tête en entendant du bruit dans le couloir et sortit doucement en refermant la porte derrière elle.
- Tout va bien ? demanda Largo en l'enlaçant
- Oui, nous avons discuté et elle s'est couchée il y a un peu moins d'une heure
- Merci, dit Kerensky en hochant la tête, je te suis reconnaissant pour…
- Tu es malade ? fit Joy pour le taquiner
- Je sais que tu es avare de détails concernant ta vie privée mais tu ne nous as pas dis… comment vous êtes-vous rencontrés ? fit Largo avec curiosité
- Elle avait des ennuis, je l'ai aidé
- Quelle histoire romantique, railla Joy
- Elle n'a pas vraiment eu le temps de l'être. Son "propriétaire" l'a retrouvé le lendemain. On m'a dit qu'elle avait été tuée et ils lui ont raconté la même chose à mon sujet.
- Tu veux dire que pendant dix ans chacun a cru que l'autre était mort ? s'étonna Joy
- Oui
- Comment as-tu su qu'elle était dans ce club ? demanda Largo
- On m'a parlé d'une chanteuse russe, je suis allé la voir, répondit Georgi vaguement
- Vous avez trouvé un moyen pour la sortir de là ? s'enquit Joy
- Quelques contacts à voir et éventuellement la police, dit le russe
- La police ? s'étonna Simon qui les avait rejoint
- Elle " travaille " avec Valensky depuis cinq ans, elle sait certainement des choses qui pourraient les intéresser, nota Kerensky
- Mais elle n'a aucune preuve de son identité, dit Largo
- Non, il a gardé son passeport dès son arrivée. Je pense qu'il faudra faire une petite visite à son bureau, histoire de le récupérer
- Pour l'instant c'est nous qui avons besoin de récupérer, dit Largo en baillant
- Bonne idée, répondit Joy
- Je…
- Ne dis rien, le coupa Largo, tu me le diras quand nous serons tous installés sur la terrasse pour fêter notre réussite
Kerensky hocha la tête et entra dans la chambre de Sasha. Largo et Joy rejoignirent la leur tandis que Simon restait au milieu du couloir, seul.
- Bonne nuit, Simon. Ca va aller, tu veux qu'on te prépare une chambre ? Oh zut, il n'y en a que deux ! Ce n'est pas grave, Simon va aller dormir sur le canapé, dit-il en remontant le couloir en bougonnant
***
Kerensky ferma la porte et laissa son regard s'habituer à la pénombre. Il soupira en s'adossant à la porte. Si on lui avait dit 72h plus tôt qu'il allait retrouver Sasha, il ne l'aurait jamais cru. Il était aller écouter cette chanteuse russe pris d'une soudaine mélancolie. La Russie lui manquait cruellement ce soir-là, le fait d'être seul lui avait paru moins supportable qu'à l'ordinaire. Il avait l'habitude de la solitude mais le bonheur récent de Joy et Largo… une pointe de jalousie peut-être. Ce n'était pas les aventures qui lui manquaient mais le fait de partager autre chose avec quelqu'un que quelques heures passées à faire l'amour. Il savait où aller quand il recherchait ce genre de plaisir mais il ne savait pas à qui ouvrir son cœur. L'idée l'avait fait rire, il devenait sentimental avec l'âge, ce qu'il ne s était jamais permis avec son travail. Parfois, quand le sommeil le fuyait, il imaginait ce qu'aurait pu être sa vie s'il n'avait pas été recruté par le KGB. Aurait-il continué à vivoter comme il l'avait fait auparavant ? Aurait-il fini comme certains de ses compatriotes, dans le caniveau, mendiant quelques roubles pour acheter de la vodka ? Jamais il n'avait imaginé ce que l'avenir semblait lui réserver. Sasha… il la connaissait si peu et pourtant il n'avait jamais pu oublier son sourire, le goût de sa peau, l'odeur de ses cheveux… Il se rendit compte avec stupeur qu'il l'avait recherché dans toutes les femmes qu'il avait côtoyées. Kerensky s'approcha doucement et la regarda. Elle était allongée sur le coté gauche dans un big tee-shirt qui ne pouvait être qu'à Joy. Le drap gisait sur le sol, dévoilant des courbes avantageuses qu'il suivit du regard. Il se déshabilla et vint se coucher près d'elle. Instinctivement, Sasha se retourna et se colla contre lui. Il l'a prit dans ses bras et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Georgi se rendit compte à ce moment précis que la vie lui avait donné ce qu'il désirait ardemment sans oser se l'avouer. Il s'endormit en songeant qu'il devrait peut être raccrocher pour fonder une famille avec Sasha… un enfant de la femme qu'il aimait… un fils…
***
Ils se retrouvèrent tous les cinq dans la salle à manger pour prendre un copieux petit-déjeuner. Sasha se sentait reposée mais encore un peu gênée de s'imposer au milliardaire et à ses amis. Joy lui sourit, semblant deviner ses pensées.
- Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer, dit-elle à sa nouvelle amie
- Vous vous tutoyez maintenant, nota Simon
- Tu es jaloux peut-être ?
- Non, non, je constate jusque la solidarité féminine n'est pas un mythe
Sasha les regarda et sourit. Joy et Simon lui faisaient irrémédiablement penser à sa sœur Tatiana et son frère Boris. Elle se retrouva transportée des années en arrière lorsqu'elle était enfant et qu'elle se chamaillait avec ses sœurs. Son grand frère était toujours là pour veiller sur elles mais il n'y avait qu'avec Tatiana qui il se disputait, provoquant un tel remue-ménage que leur père était obligé d'élever la voix, ce qu'il ne faisait quasiment jamais.
- Sasha, répéta Kerensky doucement
- Je suis désolée, j'étais… ils me font penser à ma famille, dit-elle en désignant Simon et Joy
- Nous ? s'exclamèrent les deux intéressés en même temps
- Oui, Tatiana et Boris étaient tout le temps en train de se chamailler mais au fond ils s'adoraient
Joy et Simon se regardèrent un court moment avant de secouer la tête.
- Non, on ne s'aime pas, dit Simon
- On a vraiment rien en commun, renchérit Joy écœurée
- Vous discuterez de tout cela plus tard, les coupa Largo avant qu'ils ne recommencent leur manège. Sasha, Kerensky et moi allons aller voir la police mais…
Largo ne savait pas comment poser la question, Georgi le fit à sa place.
- Tu as "travaillé" pendant un long moment pour Valensky, est ce que tu aurais quelque chose qui pourrait nous permettre de négocier avec la police ?
- Il ne m'a jamais laissé mettre le nez dans ses affaires, répondit-elle doucement, je n'étais qu'un jouet alors les confidences…
- Je sais que ce n'est pas évident mais le moindre détail pourrait aider, dit Joy
- Vous n'avez jamais vu quelqu'un se faire descendre ? demanda Simon avec son tact habituel qui lui valu un regard noir de la part de Kerensky et Joy
- Il y a… la police a du classer l'affaire depuis longtemps. Nous ne sommes pas en Russie. Je vais leur dire qui je suis et ils verront bien que je n'ai pas pu voler cet argent
- C'est votre parole contre celle de Valensky. Pour les inspecteurs, vous êtes entrée illégalement sur le territoire, dit Largo
Sasha réfléchissait à toute vitesse. Etant entrée irrégulièrement aux Etats-Unis, elle serait renvoyée d'office en Russie. Le retour dans son pays natal ne lui déplaisait pas, à condition de ne pas être reprise par la mafia ce qui était une autre histoire. Elle avait aussi une autre raison de rentrer. Ce n'était pas le moment de lui en parler aussi Sasha chassa cette idée de son esprit. Il y avait bien quelque chose qui pourrait faire du tort à Valensky.
- John Malloy, murmura Sasha
- L'agent de la CIA qui a disparu il y a deux ans ? s'exclama Joy
La russe hocha la tête avant de fermer les yeux pour laisser ses souvenirs remonter à la surface.
Flash-back
Sasha venait de finir de chanter, la salle lui avait paru aussi fade qu'à l'habitude. Elle aimait chanter mais plus les jours passaient plus elle détestait les soirs où Nikolaï lui ordonnait de le faire.
- Aidez-moi
Sasha se retourna, croyant trouver quelqu'un derrière elle mais le couloir était vide. Elle se dit que la fatigue devait lui jouer des tours et continua d'avancer vers le bureau de Valensky.
- S'il vous plaît, murmura la voix
Sasha chercha à en deviner la provenance et se retrouva devant la réserve d'alcool du club. Elle hésita, la main sur la poignée, à ouvrir la porte. Nikolaï la tuerait si elle découvrait quelque chose ayant trait à ses affaires. La voix parla à nouveau et Sasha, ne résistant pas à la curiosité, ouvrit la porte. La faible lumière du couloir éclaira la réserve et elle découvrit un homme. Il était allongé sur le sol, les mains attaché derrière le dos, son visage était tuméfié et du sang coulait de ses lèvres. Il tenta de sourire en découvrant la jeune femme mais elle trouva que cela tenait plus de la grimace que du sourire.
- Aidez-moi à sortir, supplia l'homme
- Je ne peux, protesta Sasha horrifiée
- Je travaille pour… CIA, murmura l'homme, John Malloy… contacter l'agence
Sasha considérera l'homme qui venait de s'évanouir. Elle ne savait que faire, il était vraisemblablement en danger mais elle aussi si Nikolaï se rendait compte qu'elle avait parlé avec cet agent. Elle ne put s'empêcher de se demander ce qu'il faisait au club. Elle s'aperçut soudain que la lumière était plus faible. Elle pivota lentement et vit Valensky qui lui souriait.
- Je crois que tu as mis ton nez où il ne fallait pas, ma jolie
- Nikolaï, je…
- Emmenez-les dans la voiture, ordonna t il à l'un de ses hommes
Ils avaient roulé longtemps, Sasha craignait de ce qui se passerait à leur arrivée. Elle avait toujours fait en sorte de ne pas se mêler des affaires de Valensky dans l'espoir de rentrer un jour chez elle. Hélas, à cause de ce Malloy, elle risquait de finir sa vie dans… une carrière, constata t elle quand la voiture s'arrêta.
- Descends, Sasha, dit Nikolaï
Elle obéit et regarda Malloy qui était tiré sans ménagement du coffre. Les trois hommes de Nikolaï les firent avancer à quelques mètres de la voiture, au bord d'un ravin.
- Sasha... ma délicieuse Sasha… je ne pensais pas me débarrasser de toi un jour du moins, pas de cette façon
- Nikolaï, j'allais aller te voir pour te dire que…
- Ne me mens pas, cria t il durement
- Je t'en prie, je n'ai jamais…
Valensky la gifla avec force, Sasha tomba à genou sur le gravier. Nikolaï fit les cent pas en réfléchissant. Il tenait à elle mais ne risquait-elle pas de le trahir ? D'un autre coté, il faudrait qu'il s'en débarrasse un jour. Il était s'éloigna de quelques pas et eut une idée. Il sortit l'arme qui ne le quittait jamais depuis ses 18 ans, celle que son père lui avait offerte, et se dirigea vers Sasha.
- Prends-le, ordonna t il
Elle regarda l'arme qu'il lui tendait et secoua la tête. Elle n'avait jamais touché d'arme et ne voulait pas le faire.
- Prends-le, cria t il en la faisant sursauter
A contre cœur, Sasha prit l'arme. Elle lui parut glacée et elle eut envie de la jeter au loin. Mieux, si elle avait su tirer, elle aurait éliminé les quatre hommes et serait repartie avec l'agent de la CIA. Valensky mit fin à ses pensées en la remettant brutalement debout.
- Tues-le, fit-il froidement en guidant sa main pour viser Malloy
- Non !
- Cela me permettra de m'assurer que tu ne parles pas, fit Nikolaï froidement
- Je ne veux pas le…tuer
- Choisie Sasha, tu meurs ou il meurt !
- Tu ne peux me demander ça ! cria t elle
- Tu es à moi, dit-il en l'attrapant par les cheveux, je peux te faire faire ce que je veux !
Valensky partit d'un rire sinistre. Il fit un signe discret à l'un de ses hommes et prit la main de Sasha, celle qui tenait l'arme. Il visa l'homme au cœur et appuya sur la détente sous le regard horrifié de Sasha qui tenta de dévier le tir. Elle n'y réussit pas et fut stupéfaite de voir Malloy encore vivant.
- La prochaine fois que tu seras trop curieuse, pense à cet homme, murmura Nikolaï au creux de l'oreille de Sasha
Il lui maintint la tête, pour qu'elle voie l'un de ses hommes abattre l'agent John Malloy, avant de reprendre son arme. Il était content du petit jeu qu'il venait de faire subir à Sasha. Si elle avait été plus maligne, elle l'aurait vu retirer les balles ou aurait essayer de le tuer.
Fin flash-back- Ils ont jeté le corps dans le ravin, conclu t elle d'une voix triste
Simon ne trouvait rien à dire à cette regrettable histoire. Largo serra la main de Joy dans la sienne. La jeune femme semblait choquée qu'un de ses anciens collègues ait fini de telle manière. En réalité, elle se disait qu'elle aurait très bien pu mourir comme John Malloy, elle avait eu beaucoup de chance. Le visage de Kerensky ne montrait aucune émotion, il paraissait semblable à lui-même alors qu'en réalité il bouillait de rage. Ce Valensky lui avait joué un tour cruel, Georgi savait ce qu'il ferait si se retrouvait en face de cet homme. Il lui ferait payer cher les années que Sasha avait passé avec lui. Elle remarqua qu'il serrait les poings et posa tendrement sa main sur la sienne. Georgi sentit, à ce simple contact, sa colère s'évanouir.
- Ils seront intéressés ? demanda t elle doucement
- Je pense, affirma Largo, je suis désolée pour…
- Ce que j'ai vécu ? Vous êtes gentil mais vous n'y êtes pour rien, fit-elle en lui souriant
- Quelqu'un a dit : " Plus la douleur sur terre est grande, plus l'âme montera les barreaux du paradis ", dit Simon, je pense que vous serez logé au dernier étage, rajouta t il avec un petit clin d'œil
Joy tiqua, si Simon commençait à être cultivé où allait le monde ? Elle trouva néanmoins une répartie qu'elle pensait être à la hauteur.
- Si ça marche en sens inverse, tu vas aller directement au fin fond de l'enfer
***
Largo, Simon et Kerensky se présentèrent au commissariat central de New-York. Les trois hommes avaient jugé plus prudent que Sasha et Joy restent au groupe W. Ils attendirent une bonne vingtaine de minutes avant que deux inspecteurs se dirigent vers eux.
- Messieurs, il paraît que vous avez des informations concernant une affaire, dit Penhall en guise de salutation
- Parfaitement. Nous pourrions peut être en discuter dans un endroit plus tranquille, suggéra Largo en jetant un œil dans le commissariat bondé
- Suivez-nous, répondit Hanson en regardant les trois hommes
Il était pour le moins inhabituel de voir trois hommes se présenter pour donner des informations sur un vol. Encore moins quand l'un d'eux s'appelait Largo Winch et était l'un des personnages les plus influents de la ville. Hanson regarda le brun qui semblait ne pas tenir en place, il semblait mal à l'aise de se retrouver dans un endroit rempli de policiers. Kerensky vit Hanson poser son regard sur lui et découvrir la minuscule bosse de son arme.
- Vous avez un permis pour ça ?
- Evidement, répondit le russe en suivant ses amis
***
Sasha tournait en rond dans sa chambre. Quand elle était dans cet état, il n'y avait qu'une seule chose qui la calmait. Elle ne l'avait pourtant pas fait depuis des années car Nikolaï ne voulait pas qu'elle s'abaisse à faire ce genre de travaux. Elle se faufila discrètement dans l'appartement et ne vit nulle trace de Joy. Sasha sourit, elle se sentait soudain libre comme elle ne l'avait pas été depuis longtemps, et cela simplement en parcourant un appartement vide. Elle trouva la pièce qu'elle voulait et se mit à la recherche de ce qu'elle avait besoin.
***
Joy entra dans l'appartement au moment même où Largo, Kerensky et Simon sortirent de l'ascenseur.
- Je croyais que tu ne devais pas la quitter, fit le russe en colère
- Je suis descendue trente minutes pour vérifier quelque chose avec Sullivan. Elle était dans la chambre et, à moins qu'elle ne sache voler, elle ne risque pas de s'échapper, répondit Joy sur le même ton
Largo tenta de calmer la discussion en mettant la main sur l'épaule de Kerensky. Simon sourit en regardant ses deux collègues.
- Espèce de smogoff (12) , cria Sasha
Le reste de la phrase se perdit dans une cacophonie qui ressemblait à des casseroles qui tombent sur du carrelage. Les quatre amis bondirent à la source du bruit, Joy et Kerensky armés, et s'arrêtèrent sur le seuil de la cuisine. Aucun des quatre ne savaient comment réagir en découvrant la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Sasha était devant le plan de travail, un attendrisseur pour viande (13) à la main et frappait rageusement une escalope de dinde. Le couvercle d'une casserole gisait à ses pieds. Elle ne s'était pas rendu compte que ses nouveaux amis l'observaient et continuait de parler au pauvre morceau de viande en russe. Simon partit d'un grand éclat de rire et les autres suivirent. Sasha se retourna vers la porte et rougit en voyant le petit groupe. Largo regarda sa cuisine et fut étonné par le nombre de casseroles qui étaient sur le piano (14).
- Je ne savais pas que j'avais autant d'ustensiles de cuisine, avoua t il en entrant dans la pièce
- Faut dire que comme cuisinier, j'ai vu mieux, fit Simon avec un clin d'œil, ma pauvre Joy, toi qui n'est pas un cordon bleu non plus… vous allez mourir de faim !
Sasha les regarda entrer à tour de rôle, Joy lui sourit et souleva le couvercle d'une cocotte pour voir ce qu'elle contenait.
- J'espère que vous ne m'en voulez pas de…, commença Sasha
- Pas du tout, tout cela sent terriblement bon, répondit Largo en se laissant imprégné des odeurs
- Je voulais vous remercier pour ce que vous faites, dit-elle en souriant, et cuisiner me manquait
- Vous en avez fait pour une armée, constata Simon en chapardant un morceau de fromage sur le comptoir
Sasha regardait anxieusement Kerensky qui n'avait toujours rien dit et attendait sur le seuil de la cuisine. Il ne savait pas comment réagir à vrai dire. Il venait de constater qu'il connaissait très peu de choses sur la jeune femme. Il rangea son arme lentement et approcha de Sasha. Il sourit en constatant qu'elle avait un peu de farine sur le bout du nez.
- Si j'ai bien compris, on mange russe ce midi ? demanda t il doucement
- Goulash, Karadjordjeva slitzna (15) et Kissiel au miel (16)
- Euh… vous êtes sûre que c'est comestible, s'inquiéta Simon en entendant le nom des plats
- Le meilleur repas que tu pourras manger de sitôt à mon avis, dit Largo avec un petit signe discret vers la sortie
- Si on allait mettre la table, proposa Joy en acquiesçant du regard
- Quoi ? Mais il est que 11h, protesta Simon
Joy leva les yeux au ciel et l'attrapa par le bras. Largo les suivit laissant les deux russes ensemble. Kerensky attendit que la porte fut refermée avant d'appliquer l'idée qu'il avait eue en découvrant Sasha dans la cuisine. Il la prit dans ses bras et l'embrassa sur le bout du nez pour enlever la trace de farine, il descendit le long de son cou, derrière son oreille avant de s'arrêter devant ses lèvres. Sasha sentait son souffle sur sa bouche et n'avait qu'une envie qu'elle s'empressa de satisfaire, étonnant Georgi par son audace. Elle glissa ses mains sur les hanches du russe, les glissa sous son pull noir et les remonta lentement le long de son dos. Georgi sentit une onde de plaisir le traverser et se détacha des lèvres de la jeune femme.
- Si tu continues comme cela, je te fais l'amour sur le comptoir, dit-il d'une voix rendue rauque par le désir
- Tu crois qu'ils le remarqueraient, demanda Sasha coquine
- On va le savoir tout de suite, répondit-il en allant fermer la porte
Sasha le regarda revenir vers elle de sa démarche féline et attrapa quelque chose derrière elle. Kerensky n'eut pas le temps de réagir qu'elle le bombarda de farine. Sasha éclata de rire en le regardant couvert de la poudre blanche. Elle n'avait pas eu l'intention de couper court à leur moment d'intimité mais avait agi sous l'impulsion du moment. Georgi passa sa main dans ses cheveux et la regarda. Il se rendit compte qu'il ne l'avait jamais vu rire et qu'elle était magnifique. Des mèches de cheveux roux s'échappaient de sa tresse et elle avait presque les larmes aux yeux à force de rire.
- Tu vas le payer, dit-il en prenant un autre sac de farine et le vidant sur la tête de la jeune femme
Elle essaya de l'éviter et de se ruer vers la porte. Elle réussit à l'atteindre et à l'ouvrir quand Kerensky l'attrapa par la taille. Ils étaient couverts de farine mais cela ne les empêcha de s'embrasser. Sasha glissa sur le carrelage et Georgi ne réussit pas à maintenir son équilibre. Ils finirent tous les deux, dans un vacarme épouvantable, sur le sol sous l'œil médusé de Joy, Largo et Simon qui étaient venus voir ce qui se passait.
- Je suis désolée, fit Sasha qui ne pouvait pourtant pas s'empêcher de rire
- Tu crois que…, commença Simon en ayant une idée derrière la tête
Entrant dans la cuisine, il se précipita sur le paquet de farine qu'avait utilisé Sasha et l'envoya en direction de Joy. Cette dernière se baissa et Largo se retrouva couvert de farine à sa place. Joy éclata de rire en le voyant. Il ne fut pas en reste car il l'attrapa par la taille et se colla contre elle. Sasha et Kerensky, toujours par terre, regardèrent le couple en souriant. Simon riait comme un beau diable mais son rire se tarit vite en remarquant le sourire complice des deux couples. Chacun ramassa autant de farine qu'il put et la lança vers le suisse qui fini de vider son sac de farine sur Joy. Ils reprirent leur souffle et éclatèrent de rire.
- Il y a longtemps que je n'avais pas autant rit, dit Sasha en regardant Georgi
- Je te promets que ce n'est que le début, lui murmura t il à l'oreille
Sasha le regarda interrogative. Voulait-il lui faire comprendre qu'une fois cette histoire finie, si elle en avait la possibilité et après lui avoir révélé un autre pan de son passé le concernant, ils auraient peut être un futur commun ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger d'avantage, le russe lui tendait la main pour l'aider à se relever.
***
Après s'être changé, le groupe se retrouva dans la salle à manger pour déguster le repas de Sasha et lui raconter leur entrevue avec les inspecteurs de police.
- Je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, dit Simon en se resservant du goulash pour la troisième fois, c'est délicieux !
- Merci, dit Sasha en souriant
Elle se sentait plus à l'aise depuis leur bataille de farine et commençait même à prendre l'habitude de Kerensky et Joy en lançant des piques à Simon.
- En fait, ils savaient qu'il y avait anguille sous roche sans pouvoir le prouver, constata Joy
- Exact. Ils sont intéressés par l'histoire que tu nous as racontée mais cela ne suffit pas, dit Kerensky
- Sincèrement, je ne vois pas ce que je peux dire de plus. Après cette… histoire, Nikolaï ne m'a plus jamais laissé seule
Georgi allait répliquer quand son portable sonna. Il regarda le numéro du correspondant s'afficher et ne le reconnut pas.
- Allô, fit-il d'une voix froide
- Je crois que vous avez quelque chose qui m'appartient, déclara une voix d'homme
- Vraiment ? répondit Kerensky en se doutant de l'identité de l'inconnu
- Ca tient en cinq lettres : Sasha
- Elle ne vous appartient pas
- Je serais d'avis d'en discuter quelque part avec l'intéressée
- Où et quand ?
- Ce soir 20h, 4807 Astoriastreet, dit l'homme en raccrochant
Sasha avait compris aux quelques paroles prononcées par le russe qu'il s'agissait de Nikolaï. Elle sentit son cœur se serrer. Au moment où elle commençait à reprendre confiance en elle, Nikolaï revenait dans sa vie. Joy vit le visage de Sasha se décomposer lentement, il était hors de question que ce Valensky la reprenne. La garde du corps ferait ce qu'il faudrait pour cela. Largo dut lire dans ses pensées car il leur suggéra une idée.
***
- Tu es certain d'y arriver ? demanda Kerensky en vérifiant le matériel qu'il avait installé
- Je n'ai pas le choix, murmura Sasha en se rhabillant
- Simon et moi nous serons dans une camionnette et interviendrons dès que cela tournera mal, dit Joy pour la rassurer
- Et moi, je serais où ? questionna Largo
C'était son idée et il avait bien l'intention d'en voir l'application sur le terrain. Le plan était risqué mais il voulait en faire partie. Il connaissait déjà la réponse que Joy lui fit..
- Tu restes ici, je ne veux pas t'avoir dans les pattes. Je ne pourrais pas te protéger convenablement
- Il t'est déjà venu à l'esprit que j'étais un grand garçon et que je pouvais me défendre tout seul ?
Joy fit mine de réfléchir.
- Mmmm… non, tu ne pourrais pas, répondit-elle en lui souriant
- Je viens et ce n'est pas négociable, fit Largo en voyant qu'elle allait insister
- Je pense que Joy a raison, murmura Sasha
- Ah, tu vois ! S'écria Joy victorieuse
- Sasha, si ces types sont aussi durs que je le crois, on ne sera pas trop de trois pour vous aider
- Soit mais il est hors de question que vous soyez blessé, Joy ne me le pardonnerait jamais
- Je vous le promets, dit Largo tout en sachant que ce genre de promesse était difficile à tenir
***
La rue était déserte quand Kerensky et Sasha arrivèrent. Le russe vérifia que ses armes étaient en place et se tourna vers Sasha.
- Tout va bien se passer
Sasha hocha la tête alors que son esprit lui criait le contraire. Elle allait retourner vivre avec Nikolaï et il lui ferait payer très cher son escapade. Elle inspira profondément en fermant les yeux.
- Sasha…je ne suis pas vraiment doué pour… je n'aurais même jamais imaginé proposer cela un jour à une femme mais…
Elle le fit taire d'un baiser. Sasha savait ce qu'il allait dire mais sa demande ne se présentait pas vraiment au moment opportun. De plus, elle avait encore une chose à lui avouer avant de pouvoir seulement songer à partager la vie de l'homme qu'elle aimait.
- Ya loublou tsiber (17), murmura t elle avant de sortir de la voiture
Kerensky chassa le malaise qu'il ressentait. Il devait conserver une attitude professionnelle s'il voulait la protéger efficacement. Ils se dirigèrent vers l'entrepôt du 4807 Astoriastreet. La porte s'ouvrit, on les attendait.
- Salut Sasha, dit un des hommes qui les attendaient, tu es de retour à la maison on dirait
- Pas touche, dit Kerensky d'un air méchant en voyant l'homme commencer à toucher Sasha
- Oh, tu as ramené ton garde du corps, dit un second homme. Viens par-là, joli cœur, il faut que je te fouille
Kerensky se laissa faire, il s'était douté qu'ils ne verraient pas Valensky sans avoir été désarmé. Du moins, c'est ce que penseraient les hommes qui les fouilleraient. Ils furent conduit vers le fond de l'entrepôt. Un homme vêtu de blanc les attendait, il sourit en voyant Sasha et l'accueillit comme si elle était une vieille amie et non sa chose.
- Sasha, tu as l'air d'aller mieux. Qui est-ce ? demanda Valensky en désignant Kerensky du regard
- Un ami, répondit la jeune femme
Nikolaï fut surpris, elle baissait toujours les yeux quand elle s'adressait à lui alors qu'elle venait de prononcer ses mots en le fixant de ses yeux verts.
- J'ignorais que tu avais des amis. Peu importe, tu reviens avec moi
- Je ne veux plus vivre avec toi, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi, répondit sèchement Sasha
Nikolaï allait la gifler mais son bras fut retenu par Kerensky. Les deux hommes se dévisagèrent un long moment, aucun ne voulant laisser l'avantage à l'autre. Ils finirent par capituler en même temps.
- J'ai peut être quelque chose qui va te faire changer d'avis, dit Valensky mielleusement
Il fit signe à deux de ses hommes qui allèrent chercher un jeune garçon. Il avait les cheveux blonds et des yeux aussi verts que ceux de Sasha. Kerensky ne laissa rien paraître mais il fut étonné que la jeune femme ne lui ait pas dit qu'elle était mère. Avait-elle eu peur qu'il la rejette à cause de cela ?
- Mama (18), cria le garçon en apercevant Sasha
***
Simon, Largo et Joy décidèrent que le moment était venu d'intervenir. La présence du gamin n'augurait rien de bon et il ne fallait pas qu'il fut blessé. Joy frappa à la porte de l'entrepôt. Comme personne ne répondait, elle insista. Un homme sortit, l'arme à la main, et lui demanda ce qu'elle voulait.
- J'ai besoin d'aide, fit-elle d'une voix apeurée, je suis poursuivie par deux hommes
- Que voulez-vous que j'y fasse ? Demanda l'autre durement avec un fort accent
- Si vous m'aidez, nous pourrions peut-être passer un bon moment, dit-elle en ôtant deux boutons à son chemisier
Largo la trouvait très convaincante dans son rôle d'aguicheuse et à la place de l'homme aurait dit oui sans hésiter.
- Vous êtes combien là-dedans, continua t elle avec un sourire, on pourrait peut être s'amuser un peu
L'homme dit quelques mots en russe et deux comparses le rejoignirent. Il leur expliqua brièvement la situation tout en indiquant Joy de la tête. Les deux hommes acquiescèrent. Joy entra en prenant bien soin que les trois hommes ne la quittent pas des yeux, ce qui permit à Simon et Largo de se glisser derrière eux. Joy assomma celui qui lui avait ouvert de la crosse de son arme tandis que ses deux amis maîtrisaient les deux autres.
- Elle aurait de l'avenir comme rabateuse, dit Simon
Cette remarque lui valu un regard meurtrier de la part de Joy qui préféra ne pas répondre. Elle leur fit signe de se déployer.
***
Sasha observait, impuissante, son fils entre les mains de Nikolaï. Il tenait fermement le garçon par le cou pour l'empêcher de retrouver sa mère.
- Alors tu ne veux pas changer d'avis ?
- Espèce de monstre ! Lui aussi tu l'as fais entrer illégalement rugit Sasha. C'était quoi cette fois, un bateau qui te ramenait des marchandises ?
Valensky sourit, elle était moins bête qu'il ne l'avait cru en fin de compte.
- Non, j'ai sorti le grand jeu pour ton fils, fit-il en insistant sur le dernier mot. Toi contre la vie de ce moutard
- D'accord, répondit-elle du tac au tac, a condition qu'ils sortent tous les deux vivants
- Bien sur, pour qui me prends-tu ? demanda Nikolaï faussement vexé
Sasha se tourna vers Kerensky et lui lança un petit sourire triste. Il hocha la tête quand elle lui demanda de veiller sur son fils mais ne dit pas un mot. Il pensait à Joy, Simon et Largo qui devaient les surveiller depuis quelques endroits de l'entrepôt.
- Fais-le venir ici, Nikolaï
- Tu me prends pour un abruti ? Explosa t il. On va se le faire à la manière des vieux films américains, vous avancez tous les deux en même temps
L'enfant voulu se précipiter vers Sasha mais Nikolaï le retint et lui lança d'une voix glaciale.
- Va doucement, petit, sinon je la tue
Le gamin hocha la tête et mesura son impatience. Il était à quelques mètres de sa mère et on lui demandait de ne pas se précipiter dans ses bras, alors qu'il ne l'avait pas vu depuis deux ans. Il prit sur lui de faire ce que lui disait l'homme qui l'avait capturé et avança lentement. Arrivé à mi-chemin, Sasha se baissa et prit son fils dans ses bras.
- Je suis désolée, murmura t elle à l'oreille du garçon. Tu vas aller avec cet homme, tu peux lui faire confiance c'est… un ami
- Je te sauverais, maman, répondit-il en lançant un regard vengeur à Nikolaï
- Non, tu ne dois prendre aucun risque. Je veux que tu grandisses, que tu oublies toute cette histoire, que tu es enfin une vie normale, dit Sasha durement
- Pas sans toi. Quand il m'a dit que j'allais te voir…
- Vous avez fini cette scène touchante de retrouvailles ? dit Valensky agacé
Sasha embrassa son fils une dernière fois et l'envoya en direction de Kerensky qui avait suivi toute la scène. Il accueillit le garçon avec un sourire et le cacha derrière lui. Nikolaï attrapa le bras de Sasha et la tira rudement vers lui.
- Tu n'aurais jamais du partir, je vais devoir te punir, Sasha. Tuez-les, ordonna t il froidement à ses hommes
- Non ! Tu avais dis que…, protesta Sasha
- J'ai mentit, répondit-il en souriant
Il l'entraîna vers le fond de l'entrepôt, dans ce qui semblait être des bureaux.
***
Joy, Largo et Simon avaient assisté à toute la scène, cachés derrière des caisses. Joy montra un homme à Simon qui hocha la tête et se déploya vers la gauche. Largo fit de même vers la droite. Ils sortirent au moment où les quatre sbires avançaient sur l'enfant et Kerensky. Ce dernier le prit par la taille et s'élança vers une pile de cartons pour se protéger des tirs. Il souleva son pull et ôta l'arme qu'il avait caché dans une prothèse pour se faire un faux-ventre. L'homme qui l'avait fouillé n'y avait vu que du feu Le gamin ouvrit des yeux ronds et plaqua ses mains sur ses oreilles, le bruit des tirs était assourdissant. Joy et Kerensky firent mouche, Largo toucha un des hommes au bras et Simon préféra sauter sur le dernier qui s'était approché près de lui.
***
Nikolaï projeta Sasha contre le mur. Il savait qu'il n'aurait pas du s'attarder mais il voulait lui faire payer sa désobéissance.
- Sale garce, tu pensais pouvoir me quitter ! Heureusement la police à remis la main sur toi.
- Pourquoi as-tu menti ? Je ne t'ai jamais rien volé, Nikolaï !
- Exact mais il fallait bien que je donne une raison à ses imbéciles de policiers pour te retrouver ! Comment aurais-tu pu me voler alors que je ne te laissais jamais seule ?
- Pourquoi ? demanda Sasha qui ne voyait pas en quoi elle était si importante aux yeux du russe
- Je pensais qu'après avoir vu l'agent de la CIA se faire tuer, tu aurais été plus prudente, Sasha et si tu veux savoir pourquoi… je n'ai qu'une faiblesse dans ma vie, toi, avoua t il en la regardant
- Si tu m'aimes vraiment, rends-moi ma liberté !
- Pour que tu ailles avec ce type ? Hors de question, j'ai d'autres projets pour toi, fit-il en lui caressant la joue
- Je veux juste retrouver mon fils, supplia Sasha
- Ton fils doit être mort à l'heure qu'il est ma belle slave
Nikolaï attrapa Sasha et l'allongea violemment sur le bureau.
- Alors comme cela tu pensais ne jamais revoir Nikolaï, hein ? fit-il en arrachant les pans de son chemisier. Qu'est ce que… ?
Il envoya une claque magistrale à Sasha qui se cogna la tête contre le bureau. Nikolaï arracha le micro que Kerensky avait installé sur la jeune femme. Sa colère redoubla de violence et il donna un coup de poing dans le ventre de la jeune femme qui se pliât en deux.
- Tu as tout enregistré, ebanaschka (19)!
Nikolaï releva la jupe de Sasha mais elle ne faisait plus attention à ce qu'il disait ou faisait. Elle avait remarqué quelque chose de luisant caché sous la veste de Nikolaï. Elle tendit la main quand il l'embrassa rageusement et se saisit de son arme. Kerensky lui avait appris quelques petits trucs avant de partir et elle ôta le chien sans problème. Valensky se redressa lentement en sentant l'arme sur son coté droit.
- Lâches-moi ! cria Sasha
- Tu ne sais pas te servir de ça ! Tu n'as même pas été fichu de tirer sur ce type il y a deux ans ! dit-il en se penchant pour l'embrasser à nouveau
Le coup parti sans que Sasha le voulut vraiment. Nikolaï la regarda surpris et porta la main à son coté droit.
- Tu m'as tiré dessus ! hurla t il en voulant l'étrangler
Sasha sentit l'odeur du sang qui était sur les mains de Nikolaï, elle se débattit comme elle put avant de se rappeler qu'elle n'avait pas lâché l'arme. Elle la leva vers la tête de Nikolaï et tira.
***
Deux des quatre hommes de Valensky était mort, les deux autres étaient simplement assommés. Joy et Simon les attachaient tandis que Kerensky confia le jeune garçon à Largo. Il se dirigea à grand pas vers les bureaux où Sasha avait été emmené. Tout le monde se figea quand les deux coups de feu retentirent.
- Mama ! hurla le gamin qui échappa à la surveillance de Largo et se précipita vers les bureaux
Kerensky le rattrapa à mi-chemin et tous deux virent une forme se diriger vers eux. Le russe leva son arme mais la rebaissa quand il reconnut Sasha. Elle avait l'esprit embrumé et marchait en vacillant, l'arme de Nikolaï toujours à la main. Elle avait tué un être humain. Cette phrase résonnait dans sa tête tel une litanie. Elle l'avait tué et avait tué à travers lui tous les hommes qui l'avaient possédée. Joy la regarda et fit un geste pour aller vers elle mais Largo la retint. Il détailla la jeune femme du regard. Le sang qui maculait son chemisier n'avait pas l'air d'être le sien, ses yeux semblaient chercher quelque chose qui pourrait lui faire reprendre pied. Kerensky laissa le jeune garçon aller ver sa mère. Sasha le vit et lui sourit tendrement. Elle lâcha l'arme et tomba lentement à genoux. Le gamin se précipita dans ses bras en pleurant. Ils restèrent enlacés un long moment sous le regard de Simon, Largo, Joy et Kerensky. Ce dernier tourna le dos à la mère et l'enfant et sortit discrètement. Simon le suivit
- Hey, où tu vas ? Attends ! fit le suisse en voyant qu'il ne s'arrêtait pas
- Tu ne peux pas aller voir ailleurs si j'y suis ? demanda le russe excédé
Il n'avait vraiment aucune envie d'entendre Simon parler de tout et n'importe quoi. Kerensky se sentait mal. Il n'y avait pas de place pour lui dans la vie de Sasha. Elle allait retourner élever son fils en Russie et retrouver le père de l'enfant. Pourquoi diable ne lui avait-elle pas dit ? A moins que le père ne soit… Vladimir ! Cette évidence le frappa de plein fouet. Dans ce cas, il avait tué le père du petit qui le lui reprocherait toute sa vie.
- Tu peux m'écouter deux minutes ?
- Quoi, rugit le russe qui n'avait qu'une envie : fuir cet entrepôt le plus vite possible
- Ce que tu peux être aveugle par moment ! s'exclama Simon
- Pardon ?
- Quoi ? T'as pas remarqué ! Je croyais qu'on vous apprenait à additionner deux plus deux au KGB ! Quel âge il a ce gamin à ton avis ?
- 9 ou 10 ans, répondit Georgi qui ne voyait pas ou il voulait en venir
- Tu as vu la couleur de ses cheveux ! Et quand tu es parti, elle a prononcé son nom figures toi ! Il s'appelle Georgi ! lança Simon comme si cela expliquait tout
Kerensky le regarda incrédule, il n'avait vraiment pas envie de jouer aux devinettes et se demanda si le fait de mettre une balle dans la tête du suisse lui ferait du bien ou non. Il dut avoir un regard meurtrier car Simon recula légèrement.
- Hey, c'est avec elle que tu dois t'expliquer pas avec moi !
- Tu es en train de sous-entendre que…
- C'est ton fils, dit une voix derrière eux
Simon s'éclipsa en voyant Sasha et retourna voir Largo et Joy qui jouaient les gamins et méchant-sitters.
- J'aurais dû te le dire dès que je t'ai retrouvé mais… je n'ai pas pu. Je ne savais pas comment…
- C'est mon… fils, répéta Kerensky froidement
- J'étais persuadée que tu étais mort ! Vladimir a fait en sorte que personne ne soit au courant, il m'a renvoyé dans ma famille un peu avant l'accouchement. C'est mes sœurs qui l'ont élevé jusqu'à ce qu'il ait 8 ans. Après le meurtre de Malloy, Nikolaï m'a empêché de partir en Russie. J'ai du lui avouer l'existence de Georgi et nous avons fait un marché. Je ne voyais plus mon fils et en échange, Nikolaï le mettait dans un pensionnat suisse. J'ai fait ce que je croyais le mieux pour lui et…
- Sasha…, la coupa Kerensky, c'est vraiment MON fils ?
Elle acquiesça de la tête en ne pouvant s'empêcher de craindre une mauvaise réaction de la part du russe. Découvrir que l'on avait un fils de 9 ans était une nouvelle plutôt dure à digérer. Elle sentit qu'il était sur le point de les rejeter.
- Je comprends, dit-elle en sentant ses larmes couler, je ne te demande rien
Elle allait faire demi-tour quand Kerensky la surprit en l'attrapant par la taille. Elle leva son visage vers lui et constata qu'il souriait. Ses yeux bleus étaient emplis de fierté, il avait un fils ! Lui qui songeait la veille seulement à fonder une famille, il se retrouvait avec un garçon de 9 ans ! La vie était pleine de surprise, se dit-il avant de reporter son attention sur la jeune femme.
- Je ne m'attendais pas à…
- Je sais, je suis désolée… j'aurais vraiment voulu que…
Kerensky la fit taire d'un baiser enflammé. Sasha y répondit ardemment en se pressant contre lui.
- Hum… dites les amoureux, il y a de jeunes yeux par ici qui n'ont pas besoin de voir… enfin vous voyez quoi ! dit Simon en souriant
Kerensky se promit de le tuer à la première occasion, un suisse de plus ou moins sur terre… qui le remarquerait ? Il se tourna néanmoins vers le petit groupe, un bras autour de la taille de Sasha.
- Georgi, fit-elle à son fils, je voudrais te présenter quelqu'un
Le garçon approcha en souriant. Il avait déjà une idée de l'identité de l'homme. Il avait entendu Joy, Simon et Largo en parler pendant que Sasha était avec Kerensky. Ils s'étaient sans doute imaginé que le garçon ne parlait que le russe.
- Je…, fit Sasha doucement, je te présente ton papa
Georgi junior déposa un baiser sur la joue de sa mère et se jeta dans les bras de Kerensky. Il ne dit pas un mot mais tout le monde pu voir à quel point il était ému.
- Finalement, il a un cœur, constata Simon en souriant
***
- Papa, maman ! Cria Georgi en pénétrant dans le bunker
Kerensky et Sasha relevèrent la tête en même temps de leurs ordinateurs et regardèrent leur fils approcher en bousculant Sullivan.
- 'scuses moi, tonton John !
- Qu'est ce qui se passe ? On dirait un tornade, dit Simon en souriant
- C'est trop géant, oncle Simon !
- Géant, soupira Kerensky, cela fait six mois qu'il est là et il a déjà pris les termes capitalistes de Simon
- Je n'y peux rien si ton fils m'adore !
- Alors qu'est ce qui est géant, demanda Largo pour empêcher les deux hommes de s'étriper
- Mon projet scientifique a eu le premier prix, dit-il fièrement en exhibant sa médaille
- C'est magnifique mon chéri, dit Sasha en l'embrassant
Elle regarda le petit groupe qui était dans le bunker. Chacun avait su les accueillir avec tellement de chaleur et d'amour que Sasha se demandait si son cœur n'allait pas exploser par moment. Après les retrouvailles entre père et fils et l'enquête de la police - concluant que Sasha n'avait pas volé d'argent ni été mêlée au meurtre de l'agent de la CIA - simplifiée grâce à l'enregistrement qui contenait les aveux de Valensky. Sasha avait été persuadée qu'elle rentrerait avec son fils par le premier avion mais Joy lui avait réservé une surprise.
Le moment où elle s'était absentée pendant que Sasha faisait la cuisine, elle l'avait passé avec Sullivan à trouver un moyen pour que Sasha puisse rester sur le territoire américain. John s'était arrangé avec les services d'immigrations, ce qui avait permis à Sasha et Georgi de rester aux Etats-Unis jusqu'à ce que la jeune femme n'épouse Kerensky quelques semaines plus tard. Largo n'avait pas été en reste en proposant à Sasha de travailler pour le groupe, ou plutôt de s'occuper de la paperasserie de son mari qui rendait souvent ses rapports en retard (mais ceci est une autre histoire). Il va s'en dire que la jeune femme avait accepté avec joie. Depuis ils formaient une famille unie, dans laquelle Georgi junior évoluait à son aise et avait vite trouvé ses marques. Joy caressa son ventre en souriant, dans quelque semaines Largo et elle allait pouponner et vu le bonheur qui se dégageait de la famille Kerensky, elle avait hâte que le bébé arrive. Simon fit apporter une tournée de limonade et regarda le petit groupe. Il était le seul à ne pas encore avoir trouvé chaussure à son pied mais, à vrai dire, il n'était pas tellement pressé. Il y avait tellement de belles femmes qu'il n'avait pas encore rencontrées.
- A Georgi, puisse t il être moins borné que son père, dit Simon en lançant un toast
Pour une fois, Kerensky ne répondit pas et se contenta de sourire au suisse. C'était un peu grâce à lui s'il avait une famille, s'il ne l'avait pas rattrapé quand il était parti de l'entrepôt… Le russe refusa de penser à ce qui se serait passer. Il enlaça sa femme et leva son verre en l'honneur de son fils.
Kanietz (20) (1) imbécile
(2) Mon amour
(3) ca va faire plaisir à ma soïra de retrouver un de ses doudous même si je ne suis pas certain que 21 jumpstreet se passait à New-York mais un p'tit changement de décor ne devrait pas gêner bcp de monde
(4) Evidement si Doug était là ; Tom Hanson ne pouvait pas être loin !
(5) aveugle
(6) je t'aime
(7) La phrase originale est une réplique de Mark Darcy dans le film Bridget Jones : " Ce que j'essaye de vous dire d'une manière très confuse c'est que… je vous aime tel que vous êtes "
(
Vous pouvez lire Frigo, qui est un cross-over LW-The Sentinel dans lequel l'idée de foyer est reprise pour donner une fic étonnante
(9) quelle coïncidence !
(10) merde
(11) La réaction peut sembler disproportionnée mais elle ne l'est pas du tout quand on est cyberdrogué et qu'on voit quelqu'un s'approcher de notre pc adoré grrrr pas touche ^___^
(12) traduisez le par ce que vous voulez c'est un mot que j'ai inventé
(13) Ca ressemble à un espèce de marteau avec des " pointes " de chaque cote, très pratique
(14) Pas celui pour faire de la musique mais celui de cuisine, c'est une cuisinière professionnelle à 6, 8 ou 10 feux si j'ai bonne mémoire
(15) C'est un plat qui existe réellement mais qui est yougoslave. Ce sont des escalopes de dinde très fine avec du jambon et du fromage le tout roulé et pané. C'est délicieux mais je doute que nos amis puissent courir un marathon après un tel repas lol
(16) Ce sont des gâteaux à base de fécule de pomme de terre
(17) Je t'aime
(18) maman
(19) garce
(20) Fin