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 Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours

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Scilia
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Scilia
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MessageSujet: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeSam 11 Sep - 18:27

Un doudou à Paris

par Raf roceane@club-internet.fr


Résumé : Simon tente de refaire sa vie après avoir été renvoyé du groupe W....

Genre : romance, nc17/lemon, action

***

Le jour se levait sur la banlieue parisienne. Simon composa le numéro du digicode et poussa la porte. Il était épuisé, il avait travaillé toute la nuit. Il traversa la cour intérieure pour rejoindre le bâtiment du fond, puis grimpa l'escalier en bois en essayant de ne pas faire trop de bruit. Il atteignit le premier étage et, après avoir cherché dans ses poches pour trouver ses clés, il entra dans la pièce qui lui servait de " lieu de vie " depuis maintenant un peu plus de six mois. Des canettes vides, des cartons de pizzas, des serviettes en papiers avaient envahi tous les coins du petit studio qui était dans la pénombre. En effet, Simon ne prenait plus la peine d'ouvrir les doubles rideaux depuis longtemps. Il ne voulait plus voir la lueur du jour parce que cela lui rappelait la vie et lui, quelque part, était mort six mois auparavant. Il sourit brièvement en entendant la radio de l'appartement du dessus. Sa voisine devait être en train de se préparer pour une nouvelle journée de travail. Il avait eu l'occasion de la croiser une ou deux fois le soir alors qu'il partait travailler. Elle était venue s'installer dans l'immeuble à peine un mois auparavant. C'était une jeune femme, d'environ une trentaine d'années, qui avait décidé de quitter sa province pour tenter de se faire une vie meilleure dans la région parisienne. Simon laissa tomber sa canette dans la poubelle pleine et se coucha dans le lit défait, tout en sachant qu'il ne trouverait pas le sommeil. Il passa la main sur sa barbe de plusieurs jours et dans ses cheveux mi-longs. Il ne dormait plus depuis l'accident. Non, se corrigea-t-il, depuis que Joy avait faillit mourir par sa faute. NON, il ne fallait pas qu'il y pense mais les images revenaient comme une vengeance et des larmes coulèrent le long de ses joues.

***

Il avait été si heureux d'apprendre que Joy et Largo s'étaient enfin trouvés. Il avait aussi été jaloux en pensant que son ami, une fois casé, s'éloignerait de lui mais il n'en avait rien été, jusqu'à ce soir fatidique où sa vie et celle de l'Intel Unit avait basculée. Il pouvait encore sentir le parfum de Joy dans la voiture. Ils attendaient depuis près de 4 heures, dans un froid polaire, que l'un des sous-fifres de la Commission ne sorte de sa cachette pour aller rejoindre ses compagnons. Ils espéraient ainsi remonter la filière jusqu'aux dirigeants. C'était Simon qui en avait eu l'idée et, malgré l'opposition de Largo qui trouvait l'entreprise trop dangereuse, Joy avait tenu à l'accompagner. Ils avaient suivi l'homme jusqu'à des entrepôts abandonnés dans la vieille zone industrielle de New York. Ils s'étaient rendus compte trop tard que c'était un piège. L'explosion avait tout dévasté et détruit la vie d'une personne qu'il aimait. Cela avait aussi été le début de la fin de son amitié avec Largo. Ce que Simon ignorait, c'était que le milliardaire le soupçonnait d'être l'organisateur du vol à main armé, qui avait coûté la vie à un vigile dans les entrepôts new-yorkais du groupe W. Du matériel de grande valeur avait été dérobé ainsi que des plans concernant un nouvel appareil révolutionnaire de traitement des eaux usagées. De plus, une fouille de tous les bureaux et coffres avaient été ordonnée par Largo, pendant l'un des voyages de Simon à l'étranger, à la suite du décès par overdose d'un des collaborateurs de Cardignac. Ce qui avait été découvert dans le coffre du bureau de son meilleur ami avait achevé de convaincre le milliardaire, que celui qu'il considérait comme un frère, était retombé dans le pire de ses travers : La drogue. Une quantité suffisante pour intoxiquer la moitié du groupe W, et un carnet retraçant les transactions, les contacts et les acheteurs, le tout bien évidement codé, ainsi que de l'argent liquide avaient été confisqué par Largo et Kerensky, deux jours seulement avant l'explosion. Seule Joy, à la grande surprise du milliardaire, avait défendu le Suisse. Elle ne pouvait pas croire que celui-ci ait trahi sa famille. Elle avait vainement essayé de convaincre Largo de lui parler mais celui-ci voulait prendre Simon en flagrant délit. L'explosion avait achevé de convaincre le milliardaire de la culpabilité de son meilleur ami. Quand le Suisse était sorti de la salle d'urgence, où il avait été traité pour diverses brûlures et coupures, Largo l'avait plaqué contre le mur de la salle d'attente. Il avait laissé exploser sa rage. Il venait d'apprendre que Joy était enceinte et que, suite à la déflagration, elle avait perdu l'enfant. Il avait hurlé ses accusations et avait frappé le Suisse, avant de le relâcher. Celui-ci avait glissé le long du mur, le souffle coupé. Kerensky avait regardé la scène avec impassibilité mais dans ses yeux on pouvait presque lire de la haine. Simon avait alors tenté de s'expliquer mais Largo, trop aveuglé par la colère, n'avait rien voulu entendre. Il avait prononcé ces paroles qui résonnaient encore aux oreilles de Simon dès qu'il fermait les yeux. " Va-t-en ! Je ne veux plus te voir ! Oublie qu'un jour nous avons été amis ! Jamais je n'aurais dû faire confiance à un voleur et un drogué ! " Le silence était retombé, laissant Simon abasourdit. Il se leva péniblement, jeta un dernier regard sur son frère de cœur et sortit de sa vie définitivement. Il n'était repassé par le groupe W que pour prendre le sac à dos qu'il gardait toujours prêt et son passeport. Il savait que Kerensky ne le dénoncerait pas à la police mais Largo… Dans l'état dans lequel il se trouvait, il était capable de tout. Il avait pris l'argent qu'il gardait pour les cas d'urgence et avait disparu.
***
En arrivant à destination, il avait changé son nom, laissé pousser ses cheveux et tenté de refaire sa vie. Sa vie…. Il sourit amèrement à cette pensée. Il n'avait plus de vie, celle-ci s'était arrêtée dans la salle d'attente des urgences, à l'hôpital de la Pitié à New York. Il savait que Joy avait survécu mais elle gardait de lourdes séquelles qui seraient longues à être effacées. Il savait aussi que grâce à elle, Largo n'avait rien tenté contre lui. Depuis il avait coupé tout contact, effacé toute trace de son passage. Plus rien ne subsistait à part quelques photos rangées dans un vieil album et des souvenirs.

***

Un soir, en partant travailler, il croisa sa voisine dans la cour intérieure. Elle était chargée de plusieurs paquets qui avaient l'air assez lourds. Simon ne put s'empêcher de l'aider à monter ses courses jusqu'à son appartement. Elle lui sourit.
- Merci…
- Daniel, fit-il timidement.
- Daniel, répéta-t-elle doucement. Voulez-vous entrer boire un café ?
- Non merci, je dois aller travailler. Une autre fois, peut-être ?
- Oui pourquoi pas, fit-elle le cœur battant.
Elle n'avait pas remarqué, jusqu'à ce moment, combien il était attirant avec ses cheveux mi-longs et ses yeux tristes. Elle referma la porte et entendit ses pas s'éloigner dans l'escalier. Discrètement, elle le regarda traverser la cour intérieure et disparaître dans l'entrée. Elle soupira, cela faisait longtemps qu'elle n'avait rien ressentit de tel. Rafaela rangea ses provisions et prit une douche, avant de retrouver sa meilleure amie, par le biais du web, pour une soirée discussion qu'elles appréciaient tant. Plusieurs jours s'écoulèrent sans qu'elle ne le croise de nouveau. Matin et soir, quand elle passait devant sa porte, elle se demandait qui pouvait bien être ce voisin si mystérieux.

***

Un jour, alors qu'elle partait travailler plus tôt que d'habitude, elle se trouva nez à nez avec lui dans la petite entrée qui abritait les boites aux lettres. Il avait l'air perdu. Son visage était tuméfié, du sang coulait de son arcade sourcilière et de sa lèvre fendue. De plus, il se tenait les côtes comme si celles-ci le faisaient souffrir. Elle ne dit rien, prit son bras et le mit sur son épaule afin de l'aider à monter jusqu'à son appartement. Rafaela l'allongea dans le lit défait, avant de monter chez elle chercher sa trousse de secours. Quand elle redescendit, elle constata qu'il s'était endormi. Elle le soigna du mieux qu'elle put et regarda le capharnaüm qu'était la pièce. Elle fouilla dans un placard et trouva des sacs poubelles qu'elle s'empressa de remplir de tous les déchets qui traînaient un peu partout. Raf regarda autour d'elle, l'appartement commençait à ressembler à quelque chose de potable. Dans un autre sac, elle mit les vêtements qui traînaient sur les meubles, pour les laver un peu plus tard. Ensuite, elle posa sur le fauteuil près du lit des vêtements propres, signe pour son bel inconnu qu'il ferait bien de prendre une douche. Elle prit le temps de faire la vaisselle, bien qu'il n'en eut pas beaucoup. Elle secoua la tête. Qu'était-il arrivé à cet homme pour qu'il se laisse aller de la sorte ? Se demanda-t-elle. En remettant le reste des sacs poubelles sous l'évier, elle remarqua une petite boite en fer blanc. Elle avait toujours été curieuse de nature. Que pouvait-il bien y avoir dedans ? Elle hésita un instant mais sa curiosité fut la plus forte… Quand elle l'ouvrit, elle eut un mouvement de recul. A l'intérieur, se trouvait tout le nécessaire pour se faire de " belles piqûres " ainsi qu'un petit sachet remplit de poudre blanche et quelques ampoules emplies d'un liquide translucide. Elle remit la boîte à sa place et sortit de l'appartement sans faire de bruit. Elle monta chez elle, appela son employeur pour dire qu'elle ne se sentait pas bien et qu'elle serait absente toute la journée. Elle mit une machine à laver et se connecta à Internet pour parler à sa meilleure amie.
- Salut, tapa-t-elle sur son clavier, le texte étant immédiatement envoyé à son interlocutrice.
- Tu n'es pas au travail ? Demanda Valérie.
- Eh bien…
Rafaela ne savait pas très bien comment aborder le sujet. Devait-elle parler de la petite boite en fer blanc ? D'autant plus que son amie se montrait un peu méfiante à l'égard de ce voisin qui ressemblait légèrement à un hippie. Elle le trouvait bizarre. Elle décida d'attendre d'avoir pu parler à Daniel avant de faire quoi que se soit. Elle n'aimait pas mentir à son amie mais elle voulait un peu de temps pour réfléchir.
- Me sentais pas trop bien, à mon avis y a quelque chose qui est pas passé. Je suis fatiguée et j'ai même pas encore commencé ma journée.
- Tu es sûre que tu ne devrais pas aller voir un médecin ?
- Non, ça va aller, et puis si ca va pas mieux demain, c'est promis, j'irais.
- Qu'est-ce que tu vas faire de ta journée ? Demanda Val un peu inquiète pour son amie.
- Me reposer un peu, parler avec toi si tu as le temps et essayer de ranger mon appartement qui ressemble à un champ de bataille.
La journée se passa plutôt calmement à dialoguer par Internet. Vers quatre heures, elle entendit un léger coup à sa porte. Elle crut avoir mal entendu mais, quand cela se répéta, elle alla ouvrir et se trouva nez à nez avec son voisin fraîchement douché et rasé.
- Bonjour, fit-il timidement en passant la main dans ses cheveux mouillés.
- Bonjour, vous avez meilleure mine que ce matin…
Il ne savait pas ce qu'il devait faire : rester ou redescendre. Elle lui sourit et lui fit signe d'entrer. Il attendit timidement à la porte. Il semblait aussi gêné que la jeune femme.
- Asseyez-vous, je vous en prie. Une tasse de chocolat ?
- Faut pas vous déranger pour moi, vous savez.
- Cela ne me dérange aucunement, je suis justement en train d'en faire pour moi.
- Alors d'accord, fit-il en s'asseyant sur le petit canapé.
Il examina la pièce et eut l'impression de se retrouver un peu comme à la maison. L'appartement, même s'il était meublé simplement, était accueillant. Raf revint avec deux tasses de chocolat et quelques petits pains au lait pour compléter ce mini-goûter posés sur un plateau. Daniel regarda l'écran de l'ordinateur et sourit, ainsi sa voisine était une internaute…. Fut une époque, il aimait surfer sur le net et rencontrer des gens qui se trouvaient à l'autre bout du monde. Cela lui rappelait ses nombreux voyages de jeunesse. Il vit clignoter une fenêtre sur la barre de tâche.
- Euh… Je crois que votre amie s'impatiente.
- Pardon ? Fit Raf en détachant son regard de son voisin.
- Votre amie sur Internet, je crois qu'elle s'impatiente parce que vous ne répondez pas.
- Ah… Je vais juste la prévenir que j'ai de la visite et je suis toute à vous, répondit-elle en rougissant quant elle se rendit compte de ce qu'elle venait de dire.
Daniel sourit de plus belle. Rafaela se tourna vers l'écran et il la détailla à loisir. Elle n'avait rien à voir avec les femmes qu'il avait pu fréquenter, surtout ces dernières années. Elle mesurait environ un mètre soixante-cinq, avait des yeux bleus, des cheveux mi-longs qu'elle avait attachés en un catogan. Elle portait un pantalon de jogging qui avait vu des jours meilleurs et un t-shirt rose pâle qui soulignait ses formes plus que généreuses. Elle était loin d'être grosse mais elle était bien en chair, ce qui, sans savoir pourquoi, lui plut d'emblée. Peut-être parce qu'elle était à l'opposée des femmes " taille mannequin " que lui et Largo avaient l'habitude de draguer. Elle se tourna de nouveau vers lui en souriant.
- Ca va mieux ? Demanda-t-elle en se penchant pour prendre sa tasse sur la table basse.
- Oui, merci. Je suis désolé de m'être endormi, je n'ai pas pour habitude, en temps normal, de laisser une jeune femme seule.
- Il faut dire que vous n'aviez pas l'air très en forme.
Il la vit hésiter un instant puis elle reprit la parole.
- Que s'est-il passé ? Si je ne suis pas trop indiscrète.
- Disons que j'ai rencontré de mauvais garçons, fit-il avec un sourire gêné.
Le silence régna pendant un petit moment. Raf ne savait pas trop comment continuer la conversation.
- Je vois que vous aimez la lecture, remarqua Daniel en s'approchant de la bibliothèque qui débordait de livre et de cassettes vidéo. Les séries télés, à ce que je vois aussi. Moi, j'ai jamais le temps de la regarder.
- C'est une occupation comme une autre.
- Par contre, j'aime beaucoup lire, parce que tout est possible dans un livre.
La conversation dura jusqu'à la tombée de la nuit. Chacun parlant des livres qu'il avait lu et aimé. Ils se quittèrent à regrets, se promettant de se revoir, ce qui, pensa Raf, n'allait pas être bien difficile puisqu'ils étaient voisins. Daniel rejoignit son appartement et s'appuya contre la porte quand il la referma. Mais que lui était-il passé par la tête ? Il en avait trop dit ! Il s'était senti apaisé, presque heureux, et il n'en avait pas le droit, pas après… Non ! La " douleur " revint plus grande et plus forte que d'habitude. Ce n'était pas une douleur physique, c'était pire encore. C'était comme si son cœur était broyé, que ses poumons menaçaient d'exploser et que ses entrailles étaient en flammes. Daniel savait que tout se passait dans sa tête. Si seulement il réussissait à se pardonner, il aurait pu alors tourner la page et aller de l'avant. Mais il ne pouvait pas, c'était trop tôt encore, il considérait qu'il n'avait pas encore assez payé. Il se laissa glisser au sol, ramena ses genoux sous son menton et attendit. Il attendit mais rien ne se passa, il avait mal à en hurler. Il se releva et alla chercher la boîte sous l'évier. Il savait que la boisson ne l'aiderait pas, pas cette fois en tout cas. Il n'y avait que cette solution pour ne plus rien ressentir. Il s'était promis de ne plus y toucher mais il en avait réellement besoin. Il prépara la seringue et s'injecta le liquide. Petit à petit, il se sentit partir loin de ce monde qui le faisait tant souffrir, loin des souvenirs qui revenaient l'assaillir dès qu'il avait un moment de bonheur ou de tranquillité d'esprit. Il était maudit et il le savait. Il était condamné à n'être plus qu'un mort vivant sans espoir de rédemption. La "douleur" se fit moins forte puis presque inexistante à mesure qu'il se sentait enveloppé dans un cocon.

***

Raf, de son coté, ne savait plus très bien où elle en était. Elle trouvait son voisin charmant et nul doute qu'elle désirait, autant que lui, mieux faire connaissance. Pourtant elle avait peur. Toutes les relations qu'elle avait eues, bien qu'elles ne fussent pas nombreuses, s'étaient terminées en désastre. La jeune femme en avait souffert même si elle avait fait croire à tout le monde que ce n'était pas grave. Elle s'était jurée d'être plus prudente et avait construit autour d'elle des murailles tellement hautes qu'elle-même avait à présent beaucoup de mal à les franchir. Rafaela était maintenant au bord de la crise de panique. Elle commença par ranger l'appartement pour s'occuper l'esprit et ne plus penser à ce voisin qui lui plaisait tant. Mais cela ne suffit pas à la calmer. Le cœur battant, elle refit le tour du petit studio, s'asseyant sur le lit, allant à la fenêtre puis venant s'installer sur le canapé. Que devait-elle faire ? Se demandait-elle sans cesse. Raf prit un livre pour tenter de se libérer l'esprit mais elle ne réussit pas à se concentrer assez pour comprendre ce qu'elle lisait. Elle le posa sur la table basse et alluma la T.V. Elle zappa distraitement mais ne trouva rien qui puisse l'intéresser. Elle regarda l'ordinateur avec envie, elle aurait voulu en parler à Valérie, mais elle ne pouvait pas. Elle se sentait stupide sachant que sa peur était irrationnelle et qu'elle aurait du mal trouver les mots pour l'expliquer. Le téléphone sonna en la faisant sursauter.
- Salut, fit une voix qu'elle connaissait bien. Je venais voir si tu étais toujours vivante.
- Oui, répondit-elle évasivement.
- Ouh là, ça n'a pas l'air d'aller, je te dérange ?
- Non, pas le moins du monde, Daniel est parti depuis un moment.
- Et ?
- Et quoi ? Tenta d'éluder Raf.
- Attend, tu me bassines avec ce gars depuis bientôt deux mois et maintenant que tu as passé du temps avec lui, tu n'as plus rien à me dire ? Je ne suis pas d'accord !
- Ben rien, on a juste discuté de choses et d'autres. C'est tout, rien de très sérieux.
- Raf, je te connais comme si je t'avais faite, alors qu'est-ce que tu me caches ?
- Rien, je te dis, fit-elle avec agacement. On a juste parlé, c'est tout. Rien de plus et je doute qu'il ne se passe quoique soit, voilà.
- Et que voulais-tu qu'il se passe ? Qu'il tombe en extase devant toi et te propose de suite le mariage ?
- Ben oui, pourquoi pas ? Cela aurait changé, s'exclama Rafaela en souriant, elle adorait leurs joutes verbales même si elle avait rarement le dessus. Pour une fois, il y en aurait eu un qui m'aurait trouvé irrésistible…
- Le pauvre !
- Quoi, le pauvre ? Dis tout de suite que je suis un laideron !
- Non, ce n'est pas ce que je voulais dire, je dis seulement qu'il ne sait pas ce qui l'attend si jamais cela se faisait.
- Mais euh ! Voilà, je suis vexée, il va falloir que je me goinfre de friandises pour me consoler, à défaut d'avoir deux bras puissants pour me câliner.
- La bonne excuse !
- Très bonne, tu ne trouves pas ? Demanda Raf en riant de plus belle. Bon, aller, je vais me préparer un bon dîner, toutes ces émotions m'ont donné faim. Te retrouves sur le net tout à l'heure, si tu as le temps.
Elle raccrocha laissant Val dubitative. Raf avait réussi à détourner la conversation et elle ne lui avait rien appris. Elle était quand même inquiète, elle connaissait la jeune femme et elle savait qu'il était rare qu'elle lui fasse cachotteries. Valérie sentait que c'était le cas. Elle ne lui disait pas tout. Elle soupira et alla rejoindra son mari et sa fille pour dîner. Elle devait réfléchir à une stratégie pour faire parler son amie. De son coté, Raf souffla. Elle avait tant bien que mal réussi à ne pas répondre aux questions pressantes de sa meilleure amie. Elle alla prendre une douche pour se détendre. Peut-être que si elle était plus calme, elle trouverait une réponse satisfaisante à ses craintes. Elle dîna puis s'installa devant la TV en attendant l'arrivée de son amie sur la messagerie. Elle en était venue à la conclusion que la meilleure solution serait de ne plus revoir Daniel. Elle ne se sentait pas prête pour une autre relation à long terme et puis il y avait cette boite en fer blanc. Elle n'avait aucune peine à imaginer à quoi pouvait servir le contenu. Elle avait déjà eu un petit ami alcoolique et un autre passant son temps à fumer des joints, alors il valait mieux pour elle qu'elle laisse tomber. Elle se sentit soulagée même si elle ne pouvait s'empêcher de penser au bonheur que se serait d'être entre les bras de son voisin.

***

Il ne se passa rien pendant près d'une semaine. Raf avait déposé le linge propre devant le pas de la porte de Daniel. Elle avait frappé mais il ne n'avait pas ouvert. Pourtant elle savait qu'il était chez lui. Elle l'avait vu revenir de son travail. Elle soupira et s'en alla rejoindre Valérie qui était venue la chercher. Elles avaient prévu de passer la journée à se balader dans la capitale et à commettre quelques folies.
- Alors tu l'as vu ? Demanda celle-ci en démarrant la voiture.
- Non et pourtant il est là, je l'ai vu rentrer quand je me suis levée ce matin.
- Et qu'est-ce que tu as fait de son linge ?
- Je lui ai laissé sur le pas de sa porte dans ma grande bassine jaune.
- Décidément, je ne vous comprends pas tous les deux. Vous jouez au chat et à la souris depuis une semaine. Pourtant tu as l'air de bien l'aimer ?
- Peut-être mais pas toi, n'est-ce pas ?
- Je ne sais pas. Je ne l'ai aperçu que très brièvement mais je ne lui fais pas confiance. Et si tu me disais pourquoi vous jouez à cache-cache ?
Elle vit immédiatement le visage de son amie se refermer et elle se maudit de sa maladresse. Un silence gêné régna pendant un moment puis la conversation repris sur un autre sujet, et Raf sortit de nouveau de sa coquille.

***

Quelques jours plus tard, Rafaela se sentait misérable. Elle était allée voir sa mère dans l'Est de la France et avait pris froid. Elle avait espéré que cela passerait avec un "traitement maison " mais son état s'était aggravé, et elle avait dû se résoudre à appeler un médecin pour qu'il vienne l'ausculter chez elle. Elle traînait une forte fièvre depuis deux jours, elle avait le nez bouché, du mal à respirer et toussait à s'en arracher les poumons. Le médecin la réprimanda parce qu'elle avait tardé à consulter. Il lui prescrivit des antibiotiques et une semaine de repos bien au chaud. Elle s'habilla à grand peine, prit son sac et son manteau. Elle devait aller chercher ses médicaments à la pharmacie, c'était l'un des inconvénients de vivre seule. Elle descendit et se trouva nez à nez avec Daniel qui la dévisagea surpris. Il ne s'attendait pas à la voir à cette heure-là de la matinée.
- Bonjour, la salua-t-il timidement.
Elle répondit à peine. Elle n'était pas vraiment d'humeur à faire la conversation. Elle n'avait qu'une seule envie, c'était de retrouver sa couette au plus vite.
- Vous êtes sûre que ça va ?
- A votre avis ? Répondit-elle sèchement.
- Non.
- Alors pourquoi vous posez la question ?
Il sourit, cela lui rappelait l'amabilité légendaire dont faisait preuve un certain Russe de sa connaissance.
- Je vois. Vous devriez pas être dans votre lit, vous ?
- Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Au fait, merci d'avoir ramené ma bassine. La pauvre a passé la nuit dehors parce qu'elle n'a pas réussi à frapper à la porte, dit-elle d'un ton sarcastique.
- J'en suis désolée, j'espère qu'elle n'a pas pris froid.
- Ben si, d'ailleurs c'est elle qui m'a refilé mon rhume et je dois aller lui chercher ses médicaments, répondit-elle en toussant.
- Donnez-moi ça, dit-il en désignant l'ordonnance qu'elle tenait à la main.
- Non, je suis encore capable de me débrouiller toute seule, grogna-t-elle en essayant de passer tout en bousculant Daniel qui lui barrait le passage.
- Faites pas votre tête de mule, je veux juste vous aider.
- J'ai pas besoin de votre aide, continua-t-elle d'un ton toujours aussi aimable.
- Et moi, je suis le père Noël ! Remontez, je reviens avec votre prescription dans quelques minutes, pendant ce temps mettez-vous sous la couette.
- Mais de quoi vous vous mêlez ? Vous m'ignorez pendant près de quinze jours et maintenant vous voulez jouer au bon samaritain ? Allez vous faire voir chez les Suisses !
- Je peux pas, j'en reviens. Alors cette ordonnance, vous me la donnez ou pas ?
- J'imagine que vous ne me laisserez pas tranquille tant que je vous l'aurai pas donnée ? Dit-elle en soupirant
- Tout juste… alors ? Je peux l'avoir maintenant ?
Elle la lui mit dans les mains puis, sans rien dire, remonta l'escalier et claqua la porte, faisant sursauter Daniel qui ne s'attendait pas à un tel mouvement d'humeur. Après avoir remis son pyjama, Raf se glissa sous sa couette en frissonnant. Même si elle lui en voulait terriblement, elle lui était quand même reconnaissante de lui avoir épargné une sortie par une matinée aussi froide. Une demi-heure plus tard, on toqua à la porte. Rafaela se leva avec peine.
- Et voilà ! Dit Daniel en entrant dans l'appartement. Je vous ai même rapporté des croissants.
- Vous n'auriez pas dû, je ne peux rien avaler, grogna-t-elle. Elle avait du mal à ne pas craquer devant tant de gentillesse.
- Vous avez du lait ?
- Pourquoi faire ? Demanda la jeune femme en retournant se coucher sans lui jeter un regard.
- Pour faire un chocolat chaud, y a rien de tel quand on est malade. En plus, si vous voulez prendre vos médicaments, il vaut mieux que vous ayez quelque chose dans l'estomac.
- Vous avez fini de jouer les mères poules ? Je n'ai pas faim alors merci pour le détour par la pharmacie mais maintenant je voudrais bien dormir un peu.
- Pas avant d'avoir mangé quelque chose, s'entêta-t-il. Alors, il est où ce lait ?
- Où peut-il bien être ? Pas en dessous de mon lit, en tout cas ! Continua-t-elle en se retournant et en fermant les yeux.
Elle voulait à la fois qu'il s'en aille et qu'il reste. Elle ne voulait pas rester seule. Elle avait appelé Valérie après la visite du médecin mais celle-ci ne pourrait venir qu'en fin d'après midi, elle avait une journée chargée à son bureau. Elle avait des rendez-vous qu'elle ne pouvait pas déplacer. Daniel haussa les épaules, il pouvait comprendre la mauvaise humeur de Raf même si cela le désarçonnait quelque peu. Il ouvrit le frigo et y trouva le lait qu'il fit chauffer. Il prépara un plateau avec une tasse de chocolat et un croissant qu'il lui apporta au lit.
- Je vous ai dit que je n'avais pas faim, grommela-t-elle.
- Et moi, je vous dis que je ne partirais pas tant que ce plateau ne sera pas vide.
- Bon… d'accord, je vais vous le boire votre chocolat.
- C'est bien…
Elle le fusilla du regard tout en goûtant la boisson. Ce n'était pas mauvais et, comme pour lui donner raison, son estomac grogna. Elle mangea le croissant, prit les médicaments que Daniel lui avait posé sur le plateau et s'allongea de nouveau. Elle se sentait très fatiguée et ne voulait qu'une seule chose : dormir.
- Je vais vous laisser vous reposer, je repasserais tout à l'heure.
- C'est pas la peine, murmura-t-elle.
- Je sais mais… disons que c'est ma manière de me faire pardonner.
Il s'approcha d'elle. La fièvre et les médicaments aidant, elle s'était endormie. Il lui caressa les cheveux puis sortit sans faire de bruit. Il reviendrait avec un bon bouillon dont il avait gardé la recette. Il rentra dans son appartement et se laissa tomber sur son vieux fauteuil. Il soupira, il ne comprenait pas. Il croyait que les bonnes choses n'étaient pas pour lui et le destin s'évertuait à le mettre face à la personne qu'il voulait éviter à tout prix. Il se sentait bien avec Raf, en sécurité. Elle semblait ne pas le juger. Néanmoins, il avait remarqué un manque de confiance évident qu'elle savait cacher derrière une armure. Il secoua la tête. Comment pouvaient-ils être si semblables et si différents à la fois ? Il se demanda ce qui avait pu amener la jeune femme à préférer une vie de solitude à une vie de famille. Il resta un long moment à réfléchir tout en buvant un verre de bourbon qui traînait sur la table basse. Vers 13h, il monta de nouveau, les bras chargés d'une bonne soupe que sa mère lui faisait quand il était petit. La porte n'était pas fermée à clé, il entra après avoir toqué. La jeune femme dormait encore. Il s'approcha et posa sa main sur son front. Il fut soulagé de constater que sa température avait baissé.
- Daniel ? Murmura-t-elle surprise de le trouver assis au bord de son lit. J'ai dormi longtemps ?
- Trois bonnes heures. Je vous ai apporté du bouillon, je l'ai mis à chauffer.
- C'est gentil mais vous n'auriez pas dû vous déranger, je me serai fait un petit quelque chose tout à l'heure. Et puis vous devez être fatigué, vous avez travaillé toute la nuit.
- Oh ce n'est rien. J'ai pas besoin de beaucoup de sommeil.
Il se leva et alla chercher le bouillon. Il ramena deux bols presque pleins avec un peu de pain frais qu'il avait ramené avec les croissants. Ils mangèrent en silence. Quand ils eurent terminé, Daniel fit la vaisselle tandis que Raf cherchait quelque chose à regarder. Elle opta pour la comédie musicale " Roméo et Juliette ". Sans mot dire, Daniel s'installa près de la jeune femme pour regarder la télé. Surprise au début, elle n'en était pas moins heureuse de n'être pas seule. L'après-midi se passa rapidement et agréablement. La nuit tombait déjà et l'émission touchait à sa fin. Rafaela tourna un regard curieux vers son compagnon et se rendit compte qu'il était ému par cette histoire d'amour impossible. Un homme qui montre ses émotions… C'était plutôt rare. Elle fut prise d'une envie irrésistible de l'embrasser, elle lutta un instant puis, avec beaucoup de légèreté, déposa un baiser sur sa joue. Il tourna vers elle des yeux emplis de surprise. Le temps parut se suspendre quand il l'embrassa avec tendresse et passion. Elle répondit à ce baiser avec fougue jusqu'à ce qu'une quinte de toux les oblige à se séparer. Le silence retomba seulement pour être interrompu par la sonnette de la porte d'entrée. Daniel se leva et alla ouvrir. Valérie avait enfin pu se libérer. Elle fut surprise de voir le voisin de Raf lui ouvrir la porte.
- Bonjour, dit-elle en lui tendant la main.
- Bonjour, murmura-t-il tout en la serrant.
Il avait l'impression de se retrouver sous un microscope, sous le regard inquisiteur de la visiteuse. Il se tourna vers sa voisine, lui fit un sourire puis s'éclipsa en leur souhaitant une bonne soirée. Raf protesta pour la forme. Il répliqua que le travail n'attendait pas mais qu'il repasserait le lendemain pour voir comment elle allait. D'ici là, il était convaincu qu'elle était en de bonnes mains.
- Alors ? Fit Val quand Daniel fut sortit.
- Alors quoi ?
- Comment se fait-il qu'il soit là ? Je croyais qu'il jouait les hommes invisibles.
- Moi aussi mais là, il n'a pas vraiment eu le choix. Je l'ai rencontré dans l'escalier quand j'ai voulu aller à la pharmacie.
- Et ?
- Il m'en a empêché, m'a renvoyé sous la couette et a joué les infirmiers une partie de la journée.
- Attend, on parle bien du même gars qui refusait de t'ouvrir la porte, il y a 15 jours ?
- Tout à fait.
- C'est bizarre.
- Je trouve aussi mais je ne vais pas me plaindre, j'ai mangé un excellent bouillon grâce à lui.
- Ah ! Parce qu'en plus il te fait la cuisine ?
- Oui et il m'apporte même mon repas au lit.
- T'en as de la chance…
- Je trouve aussi.
- Mais, parce que je suppose qu'il y a un mais, je te connais suffisamment pour ne pas qu'il y en ait un.
- Je sais pas, difficile à expliquer.
- C'est-à-dire ?
- Je sais pas, je te dis.
- Sinon tu te sens mieux ? Demanda Val en changeant de sujet.
- Oui, merci, je suis juste fatiguée.
- Tu veux que je te laisse ?
- Tu fais ça, je te botte les fesses, répondit Raf avec véhémence.
- Tu veux manger un morceau ? Dit-elle en entendant l'estomac de son amie grogner.
- Pourquoi pas…
- Pizza ?
- Ca marche.
Elle passèrent le reste de la soirée à parler de choses et d'autres en s'extasiant devant la T.V. sur de beaux gosses. Raf avait une impression de malaise, elle n'aurait pu dire si c'était dû à sa bronchite ou au baiser de son voisin. Valérie remarqua bien que son amie était perturbée mais elle ne voulut pas la presser de questions. Elle parlerait quand ce serait le moment.

***

Daniel était redescendu et, après avoir fermé la porte de son appartement, il sentit un grand vide. Il n'avait qu'une envie : retourner auprès de la jeune femme avec qui il avait passé une excellente après midi. Pourtant il savait qu'une fois qu'elle découvrirait qui il était vraiment, et ce qu'il avait fait, elle ne pourrait plus l'aimer. Il n'était qu'un alcoolique et accessoirement un drogué. Qui voudrait de quelqu'un comme lui ? Il se servit une rasade de whisky avant de se changer pour aller travailler. Travailler, un bien grand mot. Il jouait les videurs dans un espèce de bouge dans un quartier mal fréquenté de la capitale. Les clients étaient des alcooliques et des camés comme lui. Il avait honte, honte de ce qu'il était devenu. Il n'était plus que l'ombre de lui-même. Il sentit la " douleur " revenir au galop et ferma les yeux. Il fallait qu'il se maîtrise, qu'il la maîtrise, la nuit risquait d'être longue et il n'avait plus de " calmant ". Il but encore un verre de whisky et sortit.

***

Il revint le lendemain comme il l'avait promis et Raf en fut heureuse, même si la peur lui tenaillait les entrailles. Elle avait d'une part très envie qu'il la prenne dans ses bras et la câline. Mais, d'un autre coté, elle avait peur de perdre son indépendance. Elle avait appris à aimer la solitude, même si elle admettait que c'était dur parfois, à faire ce qui lui plaisait quand elle le voulait. En fait, elle était seule depuis si longtemps qu'elle avait peur de ne plus savoir s'accommoder de la vie à deux, de faire des concessions. Ils discutèrent et Daniel découvrait peu à peu une jeune femme intéressante, différente de l'image sévère qu'elle donnait d'elle. Il parla peu de lui préférant laisser Raf faire la conversation. Lui aussi avait peur mais pour d'autres raisons. Il avait peur d'être de nouveau heureux. Il avait peur de tomber amoureux pour se rendre compte que ce n'était pas partagé, bien qu'il soit déjà trop tard : il était sous le charme de Rafaela qui ne semblait pas en avoir conscience. Il savait que de toute manière leur relation était perdue d'avance. Ils se quittèrent de nouveau à regrets, se promettant de se revoir le jour suivant. Val, de son coté, était inquiète. Raf ne lui parlait toujours pas et dès qu'elle essayait d'aborder le sujet du fameux voisin, son amie se refermait comme une huître et la laissait dans le flou le plus total. Elle qui n'arrêtait pas de lui parler de Daniel avait, du jour au lendemain, arrêté tout commentaire.

***

Raf se remit de sa bronchite et recommença à travailler une semaine plus tard. Les visites de Daniel se faisaient moins fréquentes mais il tâchait de passer au moins deux à trois fois par semaine sous divers prétextes, un film qu'il avait loué, un livre à emprunter ou parfois même avec pour seule excuse son envie de la voir. Il avait réussi à maîtriser la "douleur" avec la boisson seule, les injections étaient de moins en moins fréquentes pour ne pas dire inexistantes depuis deux mois qu'ils se voyaient. Il en était content car il savait que cela pouvait le tuer à n'importe quel moment mais restait le problème de l'alcool. Il ne pouvait s'en passer, c'était le seul remède qu'il avait trouvé pour faire taire sa peine, ses remords et ses regrets. Il savait pourtant que Raf détestait l'alcool au point de ne jamais en boire et de n'en avoir chez elle que pour faire la cuisine. Tôt ou tard, il se doutait bien qu'elle remarquerait sa dépendance qu'il avait réussit à cacher jusqu'à présent. Il ne savait pas comment elle réagirait ou plutôt il ne le savait que trop bien, elle serait déçue et peut-être même ne voudrait-elle plus de lui. Elle gardait quelques souvenirs désagréables de l'alcoolisme de son père décédé quand elle était enfant. Elle en avait conçu une véritable répulsion à l'encontre de toute boisson alcoolisée.

***

Les fêtes de Noël approchaient à grands pas. On était début décembre et
la ville s'était parée de ses plus beaux atours pour accueillir ce temps de fêtes. Raf détestait cette période de l'année et son humeur s'en ressentait. Elle était souvent proche des larmes, sans vraiment savoir pourquoi, ou se mettait en colère pour un rien. Ceux qui ne la connaissaient pas bien étaient surpris par ce changement d'attitude. Cette année, Rafaela savait qu'elle passerait les fêtes seule. Sa mère était trop âgée et en trop mauvaise santé pour faire le déplacement. Elle ne pouvait pas se rendre chez elle parce que, dans la grande distribution, la période de Noël était l'un des moments les plus importants de l'année. De plus, elle venait d'arriver dans la société. Il était donc impensable qu'elle puisse prendre des congés. Elle savait que Daniel travaillait les deux soirs de réveillon. Il l'avait mentionné pendant l'une de leurs conversations quelque temps auparavant, ce qui lui enlevait tout espoir d'avoir de la compagnie. Elle avait bien pensé à en parler à Val mais elle y avait renoncé. Son amie devait dîner en famille avec ses parents et ceux de son mari. Il était hors de question pour elle de s'imposer.
En ce premier samedi de décembre, Raf ressemblait à un lion en cage. Elle ne savait pas pourquoi elle était aussi nerveuse. Peut-être était-ce parce que Daniel l'avait invité au restaurant ? C'était leur première sortie officielle et elle se sentait redevenir une collégienne à son premier rendez-vous. Elle avait perdu l'habitude de ce genre de choses, cela faisait si longtemps… au moins 2 ans et demi. Valérie devait arriver pour l'aider à se préparer. Elle alla à la fenêtre. Une fine pellicule blanche recouvrait la cour intérieure. Il neigeait depuis le petit matin et cela avait l'air de tenir. Si cela continuait, ils auraient un Noël blanc comme le désirait tant Val. Enfin, celle-ci arriva, il était presque 17h30.
- Coucou ma puce, tu étais impatiente de me voir ? Demanda-t-elle d'un air mutin.
- Si tu n'étais pas ma meilleure amie, je te tuerais sur-le-champ. Tu n'en as pas assez de me taquiner ? Je suis déjà assez nerveuse.
- Pourquoi ? Ce n'est qu'un simple dîner ? Vous avez déjà mangé ensemble.
- Oui, mais c'est pas pareil ! On a toujours mangé ici, chez moi. Là, on va dehors.
- Je ne vois pas la différence, je ne pense pas qu'il va se changer en Dracula, ni en loup-garou, quoique…. Il serait mignon avec des poils partout et une gueule pleine de dents bien affûtées.
- Val !
Raf ne put s'empêcher de rire. Elle secoua la tête tout en ouvrant son armoire bien grande, qu'allait-elle bien pouvoir porter pour ce dîner ? Daniel lui avait dit sur le ton de la plaisanterie qu'une tenue correcte était exigée. Non qu'elle se vêtit mal, mais elle aimait les vêtement amples et les fuseaux dans lesquels elle se sentait particulièrement à l'aise. C'était une tenue adéquate pour aller travailler mais pas pour un dîner en tête-à-tête.
- Alors ? Demanda Val, tu as trouvé quelque chose à te mettre ?
- Pffff, toujours pas.
- Bon, va prendre ta douche, je vais m'occuper de ta tenue.
- Oh la, tu me fais peur. Tu ne vas tout de même pas m'habiller en clown ?
- Pourquoi pas ? Tu ferais sensation ! Aller file, l'heure tourne et Daniel sera là dans une heure et demie.
- A vos ordres, chef.
Raf s'enferma dans la salle de bain en maugréant. Pourquoi diable avait-il fallu qu'elle accepte cette invitation ? Pourquoi ne pouvaient-ils pas dîner d'une pizza en regardant la T.V. comme ils le faisaient presque tous les samedis soirs ?

***

Daniel s'interrogeait pour savoir s'il n'avait pas fait une erreur. Il se demandait ce qui lui avait pris de vouloir l'emmener dîner. Ou plutôt si, il le savait, il avait envie de se montrer au bras d'une femme, sortir de la routine et faire un pas de plus dans leur relation. Il devait pourtant combattre, à chaque minute, la peur qui lui tenaillait les entrailles. Il prit dans l'armoire un complet noir et une chemise bleue claire et compléta le tout d'une cravate d'un bleu plus foncé. C'étaient les vestiges de son ancienne garde-robe, il avait tout laissé à New York quand il était parti. Non, se reprit-il, quand il s'était sauvé. Il était bien loin le temps des costumes et des chemises bariolées qu'il avait adorées porter dans une autre vie. Il prit une douche, se rasa consciencieusement puis s'habilla. Daniel regarda sa montre. Il était juste à l'heure pour aller chercher la jeune femme. Il monta les marches quatre à quatre et sonna. Valérie vint lui ouvrir. Elle l'inspecta d'un regard inquisiteur et lui sourit, visiblement satisfaite de son apparence. Elle le laissa entrer et il s'arrêta net quand il vit Raf. Elle portait un ensemble de laine fuchsia composé d'un pull col roulé et d'une jupe droite longue. Elle avait, pour une fois, lâché ses cheveux et ne portait qu'une petite pince pour les empêcher de lui retomber sur le visage. Un léger maquillage mettait en valeur ses yeux bleus et son teint pâle était éclairé par la couleur de son ensemble. Elle lui dédia un sourire timide, auquel il répondit en rougissant. Son cœur battait la chamade, il avait du mal à trouver les mots. Elle était belle, si belle à ses yeux. Elle prit son sac et son manteau, embrassa Valérie et ils partirent en se tenant par la main comme deux collégiens.

***

Le restaurant était à environ dix minutes de marche. Daniel l'avait découvert presque par hasard. Ils arrivèrent et le patron les installa en fond de salle, près d'un feu de cheminé. Une jolie nappe fleurie dans des tons pastel ornait une table qui n'attendait plus que les convives. Des bougies éclairaient un petit bouquet de violettes qui en égayait le centre. Pendant un moment, il y eut un silence presque gêné, aucun des deux n'osant entamer la conversation. Ils examinèrent, avec beaucoup trop d'attention, le menu pour se donner une contenance. Ils commandèrent, se sourirent timidement et Daniel engagea la conversation. L'atmosphère se détendit et bientôt ils oublièrent leur gêne du début. La soirée se passa agréablement, la nourriture était exquise. Cependant quelque chose gênait Raf. Elle n'arrivait pas à savoir ce que c'était, tout semblait pourtant parfait. Ce fut à la fin du repas qu'elle se rendit compte que Daniel avait bu beaucoup plus qu'il n'y paraissait. Elle s'excusa et alla s'enfermer dans les toilettes. Elle se regarda dans la glace et sentit ses yeux se remplir de larmes. Elle n'arrivait pas à croire que cela puisse encore lui arriver. Pourquoi devait-elle toujours tomber amoureuse de personnes susceptibles de lui faire du mal ? Amoureuse ? Avait-elle dit amoureuse ? Non, cela ne pouvait être et pourtant elle dut admettre que l'homme qui l'attendait patiemment depuis une dizaine de minutes était l'Homme de Sa Vie. Sa tête lui disait de le laisser tomber mais son cœur lui demandait de lui laisser une chance supplémentaire. Elle se trompait peut-être. Elle soupira et alla rejoindre son compagnon. Ils rentrèrent la main dans la main. Malgré ses doutes, Raf se sentait bien avec Daniel. Il la raccompagna jusque devant sa porte. Leurs regards se croisèrent et refusèrent de se quitter. Pris d'une impulsion subite, il la plaqua contre la porte et l'embrassa avec une passion exacerbée. Elle était la meilleure chose qui lui était arrivée depuis qu'il avait quitté New York. Raf répondit à son baiser avec tout autant de fougue. Le cœur battant, elle se demandait s'ils allaient sauter le pas ce soir-là. Quand enfin ils séparèrent à bout de souffle, il la prit dans ses bras et la serra aussi fort qu'il le put. Rafaela se laissa aller sur son épaule, son cœur débordant de tendresse. Il l'embrassa de nouveau, lui souhaita de doux rêves et redescendit se réfugier dans son appartement. La "douleur " revenait s'infiltrer en lui et ternir ce bonheur tout neuf. Il la sentait monter et essaya désespérément de la combattre. Il s'allongea sur le lit défait et ferma les yeux. Il tenta de fixer son esprit sur l'amour que Raf avait pour lui, il l'avait ressentit tant il était réel, il aurait presque pu le toucher. Mais les seules images qui venaient étaient celle de l'explosion de l'entrepôt et des paroles de Largo à son encontre. Celles-ci résonnaient en boucle dans son esprit fatigué. Il se leva, chercha une bouteille de cognac et s'en servit un verre. Peut-être que cela pourrait l'aider. Mais rien n'y fit. Il but une longue gorgée à même la bouteille mais rien ne semblait calmer ce cauchemar qui envahissait chaque fibre de son être. Il se leva, se déshabilla et alla prendre une douche. Il fallait qu'il résiste. Quand il en sortit, une serviette rouge autour de la taille, il regarda autour de lui. Il ne savait plus ce qu'il devait faire. La " douleur " était toujours là, prête à le dévorer tout entier, prête à le faire disparaître de la surface de la terre. Il jeta un coup d'œil anxieux vers le placard en dessous de l'évier. Et si… Non, il ne fallait pas. Pourtant, ce serait si facile. Il s'allongea de nouveau sur son lit et ferma les yeux, il ne voulait plus penser. Il se roula en boule et se plaqua les mains contre les oreilles, en espérant que cela l'empêcherait d'entendre la voix de son meilleur ami lui disant de sortir de sa vie. Daniel était désespéré. Il avait l'impression qu'il était en train de devenir fou. Il n'y avait rien qui pouvait l'aider, hormis une certaine chose qu'il voulait éviter à tout prix. Cette chose, c'était la neige blanche qui oblitérerait tous ces événements dans son esprit et le laisserait, le jour suivant, épuisé et sans forces. Pourquoi fallait-il qu'il souffre ? Pourquoi ne pouvait-il pas recommencer à vivre ? Il aimait Raf, il en était sûr. Elle l'aimait aussi malgré ses hésitations et ses doutes. Elle ne lui en parlait pas, sans doute avait-elle peur qu'il se moque d'elle ou qu'il ne comprenne pas, mais, par moments, il pouvait voir dans ses yeux des questions qui restaient sans réponses, des doutes silencieux qui la minaient. Elle semblait convaincue qu'elle n'était pas faite pour une relation à long terme. Il avait bien tenté de la rassurer sans en avoir l'air mais cela n'avait eu aucun effet. Il se retourna dans le lit en gémissant, la brûlure se faisait plus forte. Pourquoi fallait-il qu'il mette en péril ce qu'il tentait de construire ? Il se doutait bien de la réponse. Tant qu'il ne se pardonnerait pas ce qui était arrivé à Joy, il ne pourrait pas être heureux. Il se leva de nouveau, attrapa un pantalon de jogging et un tee-shirt, il devait sortir de là. Une fois sur le palier, il hésita sur la direction à prendre. Devait-il sortir noyer sa terreur entre les bras d'une inconnue quelconque ou bien… ?

***

Raf était ravie de sa soirée. Elle se déshabilla et se mit en pyjama. Elle n'avait pas très envie de se mettre au lit, malgré l'heure tardive, elle était trop excitée pour cela. Elle alla se chercher un yaourt dans le frigo et s'installa devant la TV. Elle regarda d'un œil interrogateur son ordinateur qui était, pour une fois, éteint. Elle se demanda si Val était en ligne mais d'un autre coté qu'allait-elle lui dire ? Elle soupira. Elle avait encore de la peine à croire que Daniel l'ait embrassée avec une telle fougue. Il l'aimait, elle aurait pu en mettre sa main au feu. Pourtant elle ne savait si elle devait s'en réjouir ou pas, même si ce baiser avait eu sur elle l'effet d'une bombe. Elle s'était sentie fondre entre ses bras. En son fort intérieur, elle savait que, même si c'était la chose la plus raisonnable à faire, elle aurait beaucoup de mal à renoncer à lui. Pourtant il lui fallait bien admettre qu'avoir un petit ami qui touche aux drogues dures, c'était chercher des ennuis et les trouver. Non seulement il y avait la drogue, mais il y avait l'alcool aussi ! Non, ce n'était pas raisonnable néanmoins elle n'était pas prête à le laisser partir. Elle ne put aller plus loin dans ses pensées, un bruit la tira de ses réflexions. Elle tendit l'oreille croyant avoir mal entendu. Il lui semblait qu'on toquait à la porte. Raf alla ouvrir et resta interdite devant l'image qui s'offrait à elle.
- Daniel ? Que se passe-t-il ? Ca ne va pas ?
Il ne répondit pas, il se contenta de l'enlacer et de la serrer très fort dans ses bras. Il voulait sentir la chaleur de son corps l'envelopper pour combattre ce froid qui s'insinuait au plus profond de lui. Surprise, Rafaela le fit entrer. Toujours en silence, ils s'installèrent sur le canapé.
- Daniel ? Qu'y a-t-il ?
- Je….
Une boule dans la gorge l'empêchait de parler. Tout ce qu'il voulait, c'était sentir Raf contre lui. Elle lui donnait la sensation d'être en vie, d'exister encore en tant qu'être humain.
- Daniel ? Je t'en prie, dis-moi ce qu'il y a ?
Il secoua légèrement la tête. Il ne voulait pas en parler, il voulait juste rester là, dans ces bras rassurants et pleins d'amour qui lui réchauffait l'âme. Constatant qu'elle n'obtiendrait rien de plus, Raf se contenta de caresser son épaisse chevelure en lui murmurant des mots rassurants. Il laissa couler des larmes qu'il avait trop longtemps retenues. Il pleura sur Joy, sur lui, sur ce qu'il avait perdu. Il laissait sortir tout ce qu'il avait retenu depuis son arrivée à Paris. Il finit par s'endormir, épuisé, sur l'épaule de la jeune femme, qui le coucha sur le canapé, le couvrit avec une couverture avant de se mettre elle-même au lit. Elle resta longtemps les yeux ouverts dans le noir se rejouant la scène dans sa tête, tout en se demandant ce qui avait pu provoquer une telle crise. Elle finit par sombrer dans le sommeil avec des questions dépourvues de réponses plein la tête. Quand elle se réveilla le matin suivant, Daniel était déjà parti, il avait laissé une note :

Merci…
Je t'aime…
Daniel


Rafaela la relut une bonne centaine de fois, avant de la ranger dans le tiroir de sa table de chevet. Elle avait du mal à croire que c'était vrai. Personne ne lui avait jamais dit ces mots-là. Soudain elle fut prise de panique et si, quand il reprendrait ses esprits, il réalisait qu'il avait fait une erreur ? Elle soupira et ressortit la note pour se prouver qu'elle ne devait avoir aucune crainte.
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeSam 11 Sep - 18:30

La ville ressemblait à une fourmilière en cette veille de Noël. Chacun était pressé de rentrer pour passer les fêtes avec leurs proches. La neige ne cessait de tomber depuis deux jours. Largo regardait la nuit tomber sur cette métropole qui ne s'arrêtait jamais. Lui aussi allait passer cette soirée avec tous les gens qu'il aimait et qui formaient une famille, avec tous sauf un, le plus important, son frère, son ami. Où pouvait bien être Simon ? Il avait disparu à son arrivée à Londres. D'ailleurs était-il encore en Angleterre ou avait-il simplement fait escale dans le pays ? Cela faisait maintenant presque un an qu'ils avaient perdu toute trace de lui… Un an que Kerensky s'acharnait sur ses chers ordinateurs pour le retrouver… Un an qu'ils restaient désespérément muets. Le Suisse avait effacé toute trace de son passage.
- Chéri ? Fit une voix derrière lui.
Il se retourna pour voir Joy sortir de la chambre. Elle portait un tailleur pantalon vert pâle qui mettait en valeur ses yeux marrons. Elle avait laissé pousser ses cheveux qui lui arrivaient maintenant aux épaules. Elle s'avança doucement dans la pièce s'appuyant sur sa canne, dernier vestige de ses blessures dues à l'explosion. D'après le médecin, il lui faudrait encore six mois d'efforts pour retrouver toute sa motricité. Largo la regarda avec tendresse et amour.
- Tu veux bien m'aider ? Demanda-t-elle en désignant le collier de perle qu'elle tenait dans la main.
Il hocha la tête et vint la rejoindre. Quand il eut fixé le bijou, il s'écarta et la regarda. Elle était splendide. Et dire qu'il avait failli la perdre… Joy avait eu beaucoup de mal à lui pardonner le départ de Simon. Cela les avait séparé un temps puis le destin s'acharnant, ils s'étaient à nouveau retrouvés. Il détourna les yeux avant qu'elle puisse remarquer sa tristesse et regarda le sapin qui éclairait une partie de la pièce de ses petites lumières scintillantes.
- Simon te manque, n'est-ce pas ? Demanda-t-elle en lui posant une main sur l'épaule.
Il ne répondit pas, il se contenta de l'enlacer et de nicher sa tête dans le creux de son épaule. Elle avait raison. Le Suisse lui manquait énormément, jamais il ne se pardonnerait ce coup de folie.
- Largo… Je sais que tu ne veux pas en parler mais tôt ou tard, il faudra bien que tu le fasses. Tu ne peux pas continuer à tout garder pour toi, cela va finir par te détruire à petit feu.
- Je t'en prie, Joy, pas ce soir, murmura-t-il.
Joy soupira. Chaque fois qu'elle abordait le sujet, elle avait l'impression de parler à un mur. Le milliardaire refusait obstinément de discuter de Simon comme si le simple fait de prononcer son nom le blessait.
- Ecoute-moi, je sais qu'il te manque. Il me manque à moi aussi. Qui aurait cru qu'un jour, j'en viendrai à regretter son humour à deux sous et ses chemises bariolées ? Mais arrête de te torturer ainsi.
- Je ne peux pas ! Tu ne comprends pas, Joy ? S'exclama-t-il en la lâchant et en se tournant vers la baie vitrée pour qu'elle ne puisse pas voir son trouble. Je lui ai dit des choses que j'étais loin de penser. J'étais tellement en colère. Comment ai-je pu croire un seul instant qu'il m'avait trahi ?
- L'affaire était trop bien montée, tu ne pouvais que le croire.
- Non ! J'aurais dû le croire, lui. Il était mon ami, mon frère.
- Je sais. Laisse-lui du temps, il reviendra quand il se sentira prêt.
- Non, Joy, il ne reviendra pas. Si tu avais vu son regard… On aurait dit que je venais de lui arracher son âme. Je ne pense pas qu'il puisse un jour me pardonner de lui avoir fait autant de mal.
- Je suis sûre moi que vous vous retrouverez, dit-elle en déposant un léger baiser sur sa joue. Allez, viens maintenant ou nous allons être en retard. Kerensky doit déjà nous attendre et tu sais comme il peut être " patient ".
- Tu peux me dire pourquoi j'ai accepté d'aller à cette soirée ?
- Parce que tu m'aimes et que je ne t'ai pas vraiment laissé le choix.
- Ah oui ! J'oubliais que tu étais une fiancée tyrannique.
- En avant ou tu vas goûter de ma canne, dit-elle en riant, soulagée de voir Largo recouvrer une partie de sa bonne humeur.

***

Daniel terminait de se préparer pour aller travailler en ce 24 décembre. C'était la seule solution qu'il avait trouvée pour ne pas penser. Travailler… Non, plutôt s'abrutir d'alcool toute la soirée pour ne pas revoir dans sa tête ces images qui le hantaient. C'était toujours les mêmes, elles lui collaient à la peau et il ne pouvait s'en débarrasser. Les fêtes avaient eu sur lui un effet étrange. Il se sentait déconnecté. Il avait l'impression que cette année, il n'y avait pas de réveillons et que Noël, et la Saint Sylvestre, étaient des jours tout à fait normaux et non pas des occasions de retrouver les êtres aimés. Les êtres aimés…. Il ne put s'empêcher de penser à Raf. Il était presque 19h, et elle n'était pas encore rentrée de son travail. Elle lui avait dit qu'elle passerait son réveillon chez sa meilleure amie ce qui l'avait soulagé. Il se sentait un peu coupable de ne pouvoir rester avec elle. Mais surtout, il ne voulait pas qu'elle voit à quel point il avait honte de lui, quelle épave il était en train de devenir. Il restait convaincu que personne ne pouvait le sauver. Il avait essayé de rompre avec elle plus d'une fois, pour l'épargner et lui faire le moins de mal possible. Pourtant, dès qu'il se trouvait devant elle, il ne pouvait se résoudre à le faire tant son sentiment pour elle était fort. Il était réciproque, il le savait mais était-il assez fort pour supporter sa déchéance ? Il buvait beaucoup trop et il en avait conscience mais il n'avait pas encore trouvé suffisamment de forces pour lutter contre cette dépendance. Il savait très bien que ce n'était pas pour Raf qu'il devait le faire, mais pour lui. C'était en lui qu'il devait trouver les raisons de remonter à la surface mais pour le moment, il trouvait qu'il ne méritait pas encore un tel cadeau. Il lança un dernier regard à la glace, ferma la porte de la salle de bain, prit ses clés et claqua la porte. Il était temps de laisser tomber le masque.
Quand Raf rentra, il était presque 20h, elle avait travaillé toute la journée à remplir les rayons du magasin. Toute l'équipe administrative avait été réquisitionnée pour donner un coup de main. Elle se sentait vidée et épuisée. Elle traversa la cour intérieure et lança un regard vers les fenêtres de Daniel. Tout était plongé dans l'obscurité. Tout semblait endormi. Cela voulait dire qu'il était déjà parti et ne découvrirait pas son petit mensonge. Rafaela savait que Daniel se sentait coupable de ne pas passer la soirée avec elle, aussi lui avait-elle dit qu'elle dînait chez Val. A Valérie, qui s'inquiétait de la savoir seule en ce soir de réveillon, elle avait raconté qu'elle dînait avec Daniel pour la rassurer. Elle s'en voulait de lui mentir mais elle n'était pas d'humeur très sociable et ne voulait gâcher la fête de personne. Elle monta avec lenteur les marches. Elle n'avait qu'une seule envie, enlever ses chaussures, se glisser sous la douche et se mettre au lit pour regarder la TV en grignotant des friandises. Pourtant elle était si fatiguée qu'une fois au lit, elle s'endormit tout en regardant un film romantique, une histoire d'amour impossible qui finissait bien. Elle se réveilla le lendemain à l'aube. Elle éteignit la TV, se recoucha et s'endormit de nouveau. Ce ne fut que quand le téléphone sonna vers midi qu'elle se réveilla. C'était Valérie qui voulait savoir si elle voulait venir dîner le soir même avec Ilia, son mari, Cassandra, sa fille, et elle. Elle fut tentée de refuser pour les laisser en amoureux mais, connaissant sa meilleure amie, elle était sûre que cela lui mettrait la puce à l'oreille. Elle accepta tout en se disant qu'elle n'avait nulle envie de bouger de dessous sa couette. L'après-midi passa vite et à 18h30 Ilia vint la chercher. En passant devant la porte de Daniel, elle se demanda où il avait bien pu passer. Elle ne l'avait pas entendu rentrer ce matin. Peut-être que… Des images lui vinrent en tête et elle ferma les yeux. Elle le voyait dans une ruelle, ensanglanté, mort peut-être.
- Ca va ? Demanda Ilia s'inquiétant de sa pâleur.
Il trouvait que la jeune femme travaillait beaucoup trop. Il en avait déjà touché un mot à sa femme qui était d'accord avec lui. Ils avaient décidé d'un commun accord de veiller sur la santé de Rafaela puisque celle-ci ne le faisait pas.
- Oui, oui juste un peu de fatigue, c'est de la folie au magasin en ce moment, répondit-elle en baissant les yeux pour ne pas qu'il remarque son trouble.
- Je m'en doute, mais essaye quand même de te reposer. Depuis deux mois, on t'a à peine vue à la maison.
- Cela ne doit pas être fait pour te déplaire, tu as Val pour toi tout seul, dit-elle avec sarcasme.
Elle regretta aussitôt ses paroles. Elle monta dans la voiture en baissant la tête. Ilia la regarda avec surprise. Jamais il n'aurait imaginé que Raf puisse penser cela. Bien sûr, au début, il avait été jaloux. Il ne comprenait pas ce besoin qu'avaient les deux amies de communiquer à tout moment, de se parler presque continuellement et de passer de nombreuses heures ensemble, parfois à ne rien faire, sinon à partager un film. Il s'était senti menacé quelque part de voir sa femme passer plus de temps avec Raf qu'avec lui. Par la suite, il ne put que convenir que cette relation était bénéfique pour toutes les deux, l'une aidant l'autre à surmonter les petits ennuis de la vie quotidienne. Il s'était habitué à la présence de Raf dans leur vie et avait développé pour elle une grande tendresse. En un mot, elle faisait partie de la famille. Ils avaient eu du mal à le lui faire comprendre et il pensait que cette histoire était réglée depuis longtemps. Alors à quoi était due cette remarque acerbe ?
- Raf ?
- Désolée, ne fais pas attention à ce que je dis, la fatigue me fait dire des bêtises.
- Mauvaise excuse, tu peux trouver mieux que cela. La vérité, par exemple ?
Raf ne répondit pas tout de suite. Elle se maudissait d'avoir laisser échapper cette remarque. Il était vrai que depuis qu'elle avait entendu un début de dispute, entre son amie et son mari, pendant laquelle il lui reprochait le temps passé avec elle, Raf faisait très attention à ne plus envahir leur intimité autrement que par ordinateur interposé. Elle limitait ses visites au domicile de sa meilleure amie le plus possible, préférant que ce soit Val qui se déplace.
- Laisse tomber ok ?
- Hors de question ! Dit Ilia d'un ton ferme. Alors d'où te viens cette idée absurde ?
- Pas si absurde que cela. En fait, je ne fais que réaliser un de tes souhaits, passer plus de temps avec ta femme sans avoir de témoin.
- Pardon ?
- Si je me souviens bien, il y a à peu près deux mois, tu as reproché à Val tout le temps qu'elle passait avec moi mais surtout, tu me trouvais… comment as-tu dit ? Ah oui, envahissante…. J'ai fait en sorte de ne plus l'être, termina-t-elle avec une colère à peine contenue.
Ces paroles l'avaient blessée mais elle n'en avait soufflé mot à personne. En fait, elle n'aurait même pas dû les entendre. Apres une après-midi à discuter sur le nouveau travail de Raf, elle était partie à l'arrivée d'Ilia qui, étant d'une humeur massacrante, lui avait à peine dit bonjour. Arrivée en bas, elle s'était rendue compte qu'il pleuvait à verse et qu'elle avait laissé son parapluie dans le couloir. Apres une brève hésitation, elle s'était décidée à aller le récupérer. Quand elle était arrivée sur le palier, elle avait entendu des éclats de voix. Val et Ilia étaient en train de se disputer. Elle avait renoncé à sonner. Avec discrétion, elle avait ouvert la porte avec son trousseau de clés et prit son parapluie au moment même où Ilia reprochait à sa femme son lien avec elle. Les larmes aux yeux, elle était sortie de l'appartement. C'est à partir de ce moment là, qu'elle avait décidé de ne plus aller chez Val sauf si elle n'avait pas d'autre choix.
- Je ne t'ai jamais dit cela, affirma Ilia.
- Oh pas à moi, non mais à Val…
Le visage d'Ilia se figea. La dispute avec sa femme lui revenait en mémoire. Il était en colère et il ne savait même plus pourquoi. La seule chose qu'il se rappelait, c'était que la présence de Raf à son arrivée n'avait fait que l'exacerber.
- Val t'en a parlé ?
- Non, elle ne m'a rien dit. Je vous ai entendu vous disputer quand je suis remontée chercher le parapluie que j'avais oublié. Cela a été très instructif de savoir enfin ce que tu pensais vraiment de moi.
- Attend, je…
- Tu n'as pas besoin de te justifier et d'ailleurs, si ma présence te dérange ce soir, je peux tout aussi bien rester chez moi. Tu n'auras qu'à inventer une excuse.
- Rafaela, veux-tu bien m'écouter ? Je suis désolé de t'avoir blessée, je ne voulais pas, expliqua-t-il d'un air contrit. J'étais furieux, d'ailleurs je ne me souviens même plus pourquoi. Ca n'avait rien à avoir avec toi ou Valérie. Il fallait que j'évacue la pression, et votre relation était une proie facile. La colère fait dire des choses que l'on ne pense pas. Excuse-moi, je ne voulais vraiment pas te faire de la peine.
- Il n'y a pas de fumée sans feu, murmura la jeune femme qui s'obstinait à fuir son regard.
- J'admets qu'au début votre amitié m'a dérangé. Valérie et toi vous partagiez tellement de choses, je me suis senti exclu. Mais j'ai appris à te connaître, et j'en suis venu à te considérer comme un membre de la famille à part entière.
Raf ne répondit pas, trop de sentiments se bousculaient en elle. Elle avait du mal à croire ce que venait de lui dire le mari de Valérie. Elle était sûre qu'il ne le pensait pas vraiment.
- Regarde-moi Raf, je suis sincère quand je te dis que je regrette mes propos.
Rafaela était toujours silencieuse. Une boule lui nouait la gorge. Il y avait eu trop de choses ces derniers temps, elle savait que si elle répondait, elle se mettrait à pleurer, et elle ne voulait pas pleurer devant Ilia. Elle soupira, visiblement il attendait qu'elle dise quelque chose mais elle avait du mal à trouver ses mots.
- Raf ?
- Ca va, n'en parlons plus, répondit-elle d'une voix qui disait tout le contraire. On pourrait y aller ? J'ai faim et j'ai encore rien mangé, continua-t-elle avec un entrain feint.
Il tendit la main vers le contact mais la baissa aussitôt, il y avait plus. Quelque chose tourneboulait la jeune femme assise à coté de lui.
- Raf ?
- Quoi encore ? Rugit-elle sur la défensive.
- Tu es vraiment sûre que c'est tout ce qui te contrarie ?
- Que vas-tu encore chercher ? Tout va très bien dans le meilleur des mondes ! Dit-elle avec un brin d'exaspération.
- C'est cela et la marmotte met toujours le chocolat dans le papier aluminium, soupira-t-il. Je commence à bien te connaître et je peux dire que c'est très loin d'être la pleine forme. C'est ton fameux voisin qui te fait des misères ?
- Et moi, je te dis qu'à part la fatigue, il n'y a rien. J'ai trop travaillé, et me suis peu reposée et si tu continue ainsi je rentre chez moi. Je déteste qu'on mette le nez dans mes affaires !
- Excuse-moi de m'occuper de toi.
- Mais je ne t'ai rien demandé ! Cracha Raf en descendant de voiture et en claquant brutalement la portière. Cette fois-ci la coupe était pleine.
- Et merde, fit Ilia en descendant à son tour pour la rattraper.
S'il ne revenait pas avec elle, Val allait le tuer. Il traversa la rue à la suite de la jeune femme qui était en train de composer le code pour rentrer chez elle. Elle poussa la porte mais Ilia la retint par le bras.
- Lâche-moi, fit Raf en essayant de se dégager de l'emprise du mari de Valérie.
- Pas avant que tu ne me dises ce qui ne va pas. Je ne suis pas ton ennemi ! Cria Ilia tout en la prenant dans ses bras.
Rafaela se débattit un instant mais il ne la relâcha pas. Au contraire, il la retenait de toutes ses forces et lui murmurait des mots qui n'avaient pas beaucoup de sens. Elle sentit la fatigue l'envahir et se laissa aller, des larmes coulant sur son visage. Cela faisait des semaines qu'elle tenait bon pour ne pas se laisser déborder. Raf frissonna, la nuit était venue depuis longtemps et le froid devenait mordant.
- Tu ne veux vraiment pas me dire ce qu'il y a ? Demanda le mari de Val en prenant le menton de la jeune femme pour la regarder dans les yeux. A tout garder pour toi, cela va finir par te miner. Raf secoua la tête. Non ? Tu ne veux pas en parler à tonton Ilia ? Fit-il avec un air mutin.
Elle ne put s'empêcher de rire à travers ses larmes. Elle commençait à comprendre pourquoi son amie en était complètement folle malgré leurs cinq années de mariage. Ilia soupira, il avait au moins réussi à la faire sourire.
- Tu ne veux vraiment pas m'en parler ?
- Je crains que ce ne soit pas le moment, et puis Val nous attend. Elle doit se faire un sang d'encre. Tu ne crois pas ?
- Si, mais ceci est plus important. Tu ne veux pas m'en parler, libre à toi mais parles en au moins à Val. Tu as confiance en elle, non ?
- Là n'est pas la question. Il y a seulement que se sont des choses très personnelles. J'ai peur qu'elle ne comprenne pas, toi non plus d'ailleurs.
- Laisse-nous une chance, on pourrait te surprendre…
- D'accord, je vais y réfléchir.
- Comme tu voudras, mais promets-moi une chose.
- Quoi ?
- Que tu vas recommencer à venir à la maison… Finalement, c'est beaucoup trop calme depuis que tu ne viens plus nous envahir, fit-il avec une grimace comique tout en se dirigeant vers la voiture.
Raf soupira et secoua la tête. Ce mec était complètement dingue mais elle commençait à l'apprécier. Ce qu'il venait de faire et de dire l'avait beaucoup touchée. Caché sous un porche de l'autre coté de la rue, Daniel regardait Rafaela et Ilia. Il avait passé la nuit à boire et avait fini dans l'arrière salle où le patron avait installé un lit de camp pour ce genre de situation. Il était trop soûl pour rentrer et puis il avait honte, il ne voulait pas que Raf le voit dans cet état-là. Il avait dormi toute la journée, ne se réveillant qu'à la nuit tombée. Il avait enfin décidé de revenir chez lui. Il voulait voir la jeune femme qui occupait ses pensées. En arrivant près de l'immeuble, il l'avait vu sortir en compagnie d'un homme blond, aux cheveux mi-longs et d'une carrure imposante. Il s'était caché dans l'ombre, cet homme il le connaissait. C'était l'une des personnes qu'il fuyait depuis un an déjà. Il eut un moment de panique. Ce n'était pas possible, il avait tout fait pour effacer ses traces. Et puis comment se faisait-il que Raf eut une attitude aussi familière avec lui ? C'est alors qu'il entendit celle-ci l'appeler par un autre prénom que celui qu'il connaissait. L'homme ressemblait comme un jumeau à cet ami qu'il avait tenté d'effacer de sa mémoire. Si ce n'était pas lui, qui était-ce alors ? Un autre nom fut mentionné, celui de la meilleure amie de la jeune femme. C'était très obscur tout cela mais il était trop fatigué pour y réfléchir et sa tête menaçait d'exploser à tout moment. Il poussa un soupir de soulagement quand enfin ils montèrent en voiture et s'en allèrent. Qui que fut cette personne, il ne s'agissait pas de son ami même si la ressemblance était plus que troublante. Celui-ci n'agirait jamais aussi amicalement, ni ne sourirait, ni jouerait les clowns pour consoler une demoiselle en détresse. Il eut une pointe de jalousie. Raf était à lui et à personne d'autre, même si, selon lui, il était bien loin de la mériter. Il sortit de l'ombre et se dirigea vers l'immeuble où, après avoir composé le code d'entrée, il monta dans son appartement. Il prit une douche et s'allongea sur son lit. Il n'avait qu'une seule envie : dormir mais il savait que le sommeil ne viendrait pas. L'obscurité menaçait de le faire disparaître et il ne voulait pas cesser d'exister. Il voulait encore vivre, il voulait encore sentir et ressentir des choses. Il déboucha la bouteille de bourbon qui trônait sur sa table de nuit et en but une longue rasade puis une autre jusqu'à ce que la bouteille fut vide et que, soûl et épuisé, il se laisse glisser dans un sommeil sans rêves.

***

La soirée se passa sans encombre pour Raf même si, au goût de Val, la jeune femme paraissait trop calme, absente même par moments. Elle n'avait pas manqué de remarquer les yeux rouges de celle-ci à son arrivée, elle avait voulu la questionner mais Ilia lui avait fait comprendre que ce n'était pas le moment. Quand celui-ci alla coucher Cassandra, Valérie en profita pour interroger son amie. Son mari avait pris l'habitude de passer une demi-heure avec sa fille tous les soirs, rien qu'eux deux, tout seuls, ils jouaient et lisaient, il répondait aux questions de la petite fille et celle-ci lui racontait sa journée d'école avec animation.
- Tu es sûre que ça va ? Demanda doucement Valérie en regardant Raf se poster devant la fenêtre qui donnait sur le parc.
Celle-ci soupira mais resta silencieuse. Elle savait qu'elle ne parviendrait pas à cacher plus longtemps son état d'esprit mais elle aurait voulu avoir plus de temps pour analyser la situation.
- Je n'aime pas quand tu fais cela, soupira Val à son tour tout en s'approchant de son amie.
- Quand je fais, quoi ? s'enquit Raf d'un air innocent, bien sûr elle savait très bien à quoi elle pensait.
- Quand tu gardes tout pour toi et que tu ne me dis pas ce qui ne va pas. Je ne suis pas aveugle et sourde, je sais bien qu'il y a quelque chose de grave dont tu refuses de parler. Combien de temps encore vas-tu nous fuir ? Me fuir ! Dit-elle avec une teinte de reproche dans la voix. Raf, cela fait près de deux mois que tu ne me dis plus rien. Cela fait deux mois que tu refuses, sous divers prétextes, de venir à la maison. Qu'y a-t-il ? Il y a un problème avec Daniel ?
En entendant le prénom de celui qu'elle aimait, elle sentit une boule lui enserrer la gorge. Une larme coula le long de son visage. Sentant la détresse de son amie, Valérie la serra fort contre elle, comme pour effacer la peine et la souffrance de Raf. Elles restèrent ainsi un long moment, Rafaela puisant la force qu'il lui fallait pour expliquer la situation à ses amis. Celle-ci se dégagea doucement de l'étreinte de Val et alla chercher un mouchoir dans son sac à main.
- C'est Daniel, il…souffla Rafaela en s'asseyant sur le canapé tout en prenant l'un des coussins contre son ventre. Val s'assit à coté d'elle.
- Il quoi ?
- Il est différent de ce que je pensais. Il… Elle avait du mal à trouver les mots pour expliquer la situation à son amie. Ilia entra et s'assit en silence sur le fauteuil en face de sa femme.
- Comment cela différent ? Demanda-t-elle.
- Il a de graves défauts qui peuvent nous faire du mal à tous les deux.
- Raf, il va falloir que tu me trouves un traducteur universel si tu continue à parler comme les Vorlons, dit-elle en faisant allusion à Babylon 5 l'une de leur série télévisée préférée.
- Laisse-la aller à son rythme, fit Ilia en prenant les mains de Rafaela dans les siennes. Il sentait qu'elle besoin de ce contact physique pour trouver la force de parler.
- Il a un problème avec la boisson et avec une certaine substance prohibée, avoua-t-elle doucement.
- Attends, tu es entrain de nous dire que Daniel est un alcoolique et un drogué ? Demanda Ilia estomaqué par les révélations de la jeune femme.
- Oui, acquiesça Raf en hochant la tête.
- Tu en es sûre ?
- Pour la drogue ? Oui j'en ai trouvé le premier jour, tu sais celui où je lui ai fait son ménage après son agression. Quant à l'alcool, je n'ai aucune certitude mis à part mon intuition.
- Et malgré cela tu as continué à le voir ? Demanda Valérie.
- Je n'y peux rien si quand je me retrouve face à lui, je me sens comme enveloppée dans un cocon de douceur et d'attentions. Je l'aime, tu comprends. Et je peux te dire que cela m'effraye.
- Tes dernières crises d'angoisses venaient de là ?
- Je suppose. Je n'ai jamais su pourquoi, par moments, cette peur m'étreint au milieu de la nuit, me mettant sens dessus dessous.
- Tu lui en as parlé ?
- Non j'attendais qu'il le fasse. Je pensais qu'avec le temps il me ferait assez confiance pour se confier à moi, pour me dire pourquoi il en est arrivé là. Mais il continue à se taire et à se faire du mal. Par moments, je vois dans ses yeux tellement de souffrance que j'ai mal pour lui.
- Je sais que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire mais… Fit Val doucement.
- Je sais, je sais, je devrais le laisser tomber ? C'est cela ? Mais je ne peux pas ! Tu crois vraiment que je n'ai pas essayé de le faire ? Je me sens si bien avec lui !
- Tellement bien ? C'est vrai ? Mais regarde dans quel état cela te met ? Depuis quand tu n'as pas dormi une nuit complète ? Depuis quand n'as-tu pas mangé convenablement ? Je t'ai observé, tu as à peine touché à ton assiette et….
- Val ! la coupa-t-il en lui lançant un regard noir. Raf avait pâli de manière inquiétante.
- Je suis désolée, souffla-t-elle en se rendant compte qu'elle s'était laissée emporter par la colère mais elle ne supportait de voir son amie dans un état pareil.
- Je sais bien que ce serait la chose la plus raisonnable à faire mais je ne peux pas ! Je… Je ne sais pas comment l'expliquer mais je sens qu'il a besoin de moi, besoin que quelqu'un l'aide sinon il va finir par sombrer définitivement et cela je ne le veux pas ! Il est tellement… je ne sais pas… les mots me manquent pour vous dire ce que je ressens quand je suis avec lui.
- Que comptes-tu faire ? Demanda Valérie.
- Je vais attendre la fin de ces maudites fêtes. Je suis trop fatiguée en ce moment pour avoir la tête assez froide pour ce genre de conversation.
- Tu veux que je lui parle ? proposa Ilia.
- Non merci, c'est gentil, je devrais pouvoir m'en tirer.
- N'hésite surtout pas, n'oublie pas ce que je t'ai dit tout à l'heure.
- Promis, dit Raf en regardant sa montre. Mince, je n'avais pas vu qu'il était aussi tard. Demain je commence tôt, faut que j'y aille.
- Tu n'as qu'à dormir ici, et Ilia te déposera à ton bureau en allant faire les courses.
- Vous êtes sûrs que cela ne vous dérange pas ?
- Pas le moins du monde, tu sais où est ta chambre ? Il doit même encore rester quelques affaires à toi dans le placard.
- Merci, fit Rafaela en déposant un léger baiser sur la joue du couple.
- Fais de beaux rêves, ma puce.
Ils restèrent encore assis dans le salon sirotant un dernier café avant d'aller se coucher. Val finissait de se déshabiller quand Ilia vint l'embrasser dans le cou. Il adorait sa femme. Sa peau si douce dégageait une odeur sucrée. Ses cheveux longs couleur de feu retombaient sur ses épaules. Un instant, il revit leur première rencontre.

Flash-back

- Mesdames et messieurs je suis ravie de vous accueillir ce soir à l'inauguration de la bibliothèque de Bois-Colombes. J'aimerai avant tout remercier le cabinet d'architectes Bertin et Soleri, pour leur travail. Le résultat est remarquable et la ville est fière de pouvoir accueillir ses concitoyens dans un bâtiment aussi magnifique…
Des applaudissements vinrent couronner la fin du discours du maire, Arlette Boulan, avant que les invités ne se dispersent dans la salle qui avait été mise à leur disposition pour la réception. Ilia, l'architecte qui avait conçu et supervisé la construction, se mêla à la foule tout en maugréant que ce genre de soirée était la pire partie de son travail qu'il adorait. Il n'eut guère le temps de se morfondre car son collègue, et meilleur ami David Bertuis, vint le rejoindre.
- Encore une réussite, mon grand ! Le félicita-t-il en lui donnant une tape sur l'épaule. Le grand Ilia a encore frappé !
- Vas-y, moque-toi !
- Il me semble bien que c'est ce que je fais. Ça devient lassant de te voir réussir tout ce que tu entreprends, tu sais.
- Serait-ce parce que ce n'est pas ton cas ? Répliqua Ilia avec un sourire taquin.
- Je ne vois pas de quoi je pourrais me plaindre : j'ai une femme adorable, deux enfants superbes, un boulot que j'adore et une maison dont je finirai de payer les traites dans une dizaine d'années.
- Pourtant, à t'entendre, on a l'impression que quelque chose te manque.
- Tu me connais trop bien, râla David.
- Si tu t'épanchais sur mon épaule, vieux frère ?
- Tu ne peux pas comprendre.
- Vraiment ? S'étonna Ilia.
- Oui. Tu es célibataire, libre de butiner de fleurs en fleurs alors que moi…
- Ne me dis pas que Julie et toi vous allez vous séparer, s'inquiéta-t-il car il appréciait la jeune femme et trouvait le couple merveilleusement bien assorti.
- Non, non, pas du tout mais… comment dire… il n'y a plus vraiment la magie des premiers temps. On s'est un peu laissé engluer par la routine et…
- Bravo ! S'exclama une voix derrière eux, interrompant la conversation des deux amis.
- Monsieur Soleri, le salua Ilia en serrant la main tendue.
- Vous avez encore fait du bon travail, constata-t-il.
- Merci mais je n'aurai rien pu faire sans une bonne équipe à mes cotés.
- Vous dites cela chaque fois, Ilia, mais s'il n'y a pas un bon meneur à la barre, le bateau n'arrive jamais à destination. N'oubliez pas notre conversation du mois dernier, cela pourrait arriver plus vite que nous ne le pensions. Sur ce, passez une bonne soirée, messieurs, conclut Soleri avant de fendre la foule.
- Quelle discussion ? S'enquit David intrigué.
- Un partenariat. Ils envisagent de me faire devenir associé.
- Tu plaisantes ? Cela fait des années qu'ils n'ont pas prit d'associés et toi, tu débarques et quatre ans plus tard…
- Arrête ton char, David, rien n'est fait et il n'est pas dit que j'accepterai.
- Si tu refuses, tu seras la plus grande bourrique de cette ville, et même du pays tout entier !
- Cela fait plaisir d'être soutenu, plaisanta Ilia avec un sourire amusé. Tu veux boire quelque chose ?
- Moi, non, mais cette charmante jeune femme, près du bar…
- David, je te rappelle que tu es marié !
- Et cela doit m'empêcher de contempler les beautés du monde terrestre ?
Ilia secoua la tête. Il adorait David mais par moments ne le comprenait pas. Ils s'étaient connus près de dix ans plus tôt à l'université où ils étudiaient l'architecture. Ils étaient toujours en compétition, du moins pour les études car David n'avait aucun problème avec les filles, contrairement à Ilia qui était beaucoup plus réservé. Leur amitié n'avait pas faibli après le mariage de David avec Julie qui était en passe de devenir avocate. Elle avait aussi survécu à la crise d'identité d'Ilia qui avait appris, huit ans plus tôt, qu'il n'était pas le fils légitime de Suzanne et René Dupuis mais un enfant adopté. Le jeune homme avait eu du mal à leur pardonner de lui avoir caché la vérité aussi longtemps. Il avait tout quitté du jour au lendemain pour partir à la recherche de ses racines. David l'avait aidé du mieux qu'il avait pu, lui envoyant un peu d'argent tandis qu'il recherchait ses parents en Russie. Hélas pour lui, il n'avait découvert que très peu de chose. Le nom de ses parents ainsi que leurs prénoms : Anton et Svetlana. Il était allé sur leur tombe avant de rentrer en France, le cœur brisé de ne pas avoir pu en savoir plus. Il avait fait une demande afin de changer son nom de famille, expliquant à ses parents adoptifs que c'était important pour lui mais que cela ne changeait pas ses sentiments pour eux. Sa mère avait plus facilement accepté cette décision que son père. Elle lui avait montré les vêtements qu'il portait quand ils l'avaient accueilli, lui avait avoué que son prénom avait été choisi par sa mère biologique et qu'ils n'avaient pas eu le cœur de le lui changer. Ilia avait beaucoup mûri après la quête de ses racines. David l'avait informé que le cabinet où il travaillait depuis quelques mois recrutait. C'était ainsi, qu'après avoir été camarades de chambre, ils étaient devenus collègues de travail.
- Tu ne changeras donc jamais ?
- J'espère bien que non. Tu ne vas quand même pas me dire qu'elle n'est pas ravissante ?
- David, il y a plusieurs femmes à l'endroit dont tu parles.
- Celle qui a une robe bordeaux.
- Tu ne vois que son dos ! S'exclama Ilia avec amusement. Comment peux-tu savoir qu'elle est jolie ?
- Jolie… qui a dit jolie ? J'ai dit charmante mais je pourrais rajouter magnifique, somptueuse, splendide… et pas pour toi. Pas ton genre de femme.
- Ah ? Et d'après toi, quel est mon genre de femme ?
- Mmmm… si j'en juge par tes dernières conquêtes, des femmes splendides mais qui ont autant de répartie que la porte de mon réfrigérateur ?
- Tu es injuste !
- Pas du tout. Repense donc à Cynthia, Lucie et Catherine.
Ilia se remémora rapidement les femmes que son ami évoquait. Des créatures de rêves, sorties tout droit de magazines féminins, qu'il avait croisé lors de réceptions telles que celle-ci et ramené chez lui pour un soir, une semaine ou au mieux un mois.
- Tu es certain qu'elle est parfaite ?
- Si tu pars du fait qu'elle est rousse, on peut supposer qu'elle a un caractère volcanique. Rajoute à cela le dos décolleté de sa robe qui suggère qu'elle est célibataire, car je connais peu de femmes mariées dont le mari accepterait qu'elles mettent ce genre de chose et aussi…
- C'est farfelu comme explication mais elle a un dos superbe, admit Ilia qui ne quittait pas l'inconnue des yeux.
- Je crois que je connais la femme avec qui elle discute… Sonia Bellivon, s'écria David quand il eut retrouvé son nom.
- Cela devrait m'évoquer quelque chose ?
- Le cabinet passe souvent par la boîte de déco dans laquelle elle travaille. J'ai bossé sur un projet avec elle il y a quelques mois.
- Et ?
- Et rien du tout, sauf que je peux te présenter afin que tu vérifies si notre rousse est aussi incendiaire que je le crois.
- Je ne pense pas que…
- Aller, courage, mon pote, le stimula David en le poussant dans le dos.
- Mais…
- Ecoute, tonton David, c'est pour le bien de ton avenir, mon grand. Tu n'auras qu'à me remercier le jour de ton mariage.
Ilia ne put échapper à l'emprise de son ami qui se tenait derrière lui. Arrivés près des deux femmes, David le dépassa d'un pas et capta le regard de Sonia, une superbe blonde aux yeux bleus.
- Cela faisait longtemps, s'exclama David en lui faisant un baisemain.
- Beaucoup trop, répondit Sonia avec un sourire ravi.
- Je voudrais te présenter un ami, Ilia
- Ravie de vous connaître. C'est à vous que nous devons ce bâtiment si je ne me trompe.
- A moi et à une dizaine de collaborateurs, fit-il avec modestie.
- J'aime beaucoup, avoua Sonia avant de s'apercevoir qu'elle n'avait pas encore présenté son amie. David, Ilia, voici Valérie Beaumont, une amie.
Ilia eut l'impression que le temps s'était arrêté tandis que la jeune femme déposait son verre vide sur le buffet avant de se tourner vers eux. Son visage apparut et il sentit une bouffée de chaleur envahir tout son être. Deux yeux émeraudes se posèrent sur lui tandis que des lèvres parfaites ébauchaient un sourire timide.
- Enchanté de faire votre connaissance, bredouilla Ilia à la suite de David.
- Tu prends toujours des cours de danse ? Demanda Sonia à ce dernier.
- Hélas, ma femme m'impose toujours cette corvée, se plaignit-il avec exagération.
- Ne dis pas de mal de Julie sinon je me ferais un plaisir de le lui répéter, le taquina la jeune femme avant de l'inviter sur la piste de danse aménagée au centre de la salle.
Valérie et Ilia les regardèrent évoluer sur la piste un long moment, en silence. Un vieux monsieur vint saluer la jeune femme. Elle expliqua rapidement qu'il s'agissait d'un ami de ses parents avant de baisser les yeux, incapable de soutenir le regard céruléen de l'homme qui était près d'elle.
- Est-ce que… vous voulez danser ? Proposa Ilia après un long silence.
- Je… oui, murmura-t-elle avec douceur.
Il lui tendit la main et la guida au milieu des autres couples. Les premières notes d'une valse retentirent. Ilia posa l'une de ses mains sur le dos nu de sa compagne, déclenchant des frissons chez cette dernière qui tenta de les cacher. Ils évoluèrent en silence, les yeux dans les yeux. Chacun avait la sensation d'avoir trouvé ce qu'il cherchait depuis des années. Ils ne s'aperçurent pas que la musique avait cessé et que les autres couples évoluaient maintenant sur un tango argentin. David, qui avait suivit toute la scène depuis qu'il les avait quittés avec Sonia, donna un discret coup de coude à son ami en passant près d'eux.
- Je crois que nous ne sommes plus dans le rythme, murmura Ilia légèrement troublé par la proximité de la jeune femme.
- Oui. Je… merci pour cette danse.
- Attendez, fit-il avant qu'elle ne s'éloigne trop de lui. Il n'avait pas envie, maintenant qu'il avait fait sa connaissance, de la perdre. C'était un sentiment étrange pour lui mais son instinct lui interdisait de la laisser partir. Je voudrais vous montrer quelque chose.
- Mais… la réception… les invités, balbutia la jeune femme tandis qu'il l'entraînait vers le fond de la salle.
- Eh bien, primo, ce ne sont pas mes invités mais ceux du maire et secundo, je déteste cet aspect de mon travail.
Elle eut un sourire étonné mais ne protesta plus tandis qu'ils longeaient des rayons encore vides de livres jusqu'à un ascenseur. David les suivit du regard quand ils montèrent dans la cabine et se félicita intérieurement. Si son ami avait décidé de lui montrer son endroit préféré de la bibliothèque, c'était bon signe, songea-t-il en entraînant Sonia près du bar. Ilia appuya sur le dernier bouton et attendit que les portes se referment. Il prit conscience qu'il tenait toujours la main de Valérie dans la sienne et qu'elle ne semblait pas s'en plaindre. Arrivés au dernier étage, il la conduisit jusqu'à un escalier, à droite de l'ascenseur, et lui fit gravir les quelques marches qui menaient sur le toit.
- C'est magnifique, souffla Valérie en découvrant la vue qu'ils avaient sur Bois-Colombes et La défense.
- Bien moins que vous, murmura Ilia qui se tenait derrière elle.
Avec lenteur, elle se tourna et plongea dans ses yeux bleus. Elle sentit son souffle sur ses lèvres avant qu'il ne capture sa bouche pour lui donner un baiser passionné. Valérie perdit complètement pied, elle dut se raccrocher à lui pour ne pas tomber et poussa un gémissement de plaisir quand il dépose un chapelet de baisers dans son cou offert.
- Oh mon dieu, souffla-t-elle d'une voix rauque quand il posa son front sur le sien.
- C'est à peu de chose près ce que je ressens aussi, répondit-il avec un sourire.
- Je… vous…, commença Valérie avant de renoncer à parler pour l'embrasser de nouveau.
Ilia la serra un peu plus contre lui, son corps puissant s'ajustant parfaitement à celui de la jeune femme. Ils semblaient être les deux parties d'un tout, être deux mais ne faire qu'un et partager une telle osmose que Valérie recula de quelques pas quand ils cessèrent de s'embrasser.
- Je suis navré si…
- Non, c'est moi. Cela va un peu vite, expliqua-t-elle brièvement en tentant de refaire prendre un rythme normal aux battements de son cœur.
- Je comprends mais j'avais… j'ai envie de vous embrasser, avoua-t-il avec un air de gamin pris en faute.
- Moi aussi, murmura Valérie avant de se rendre compte de ce qu'elle venait de dire.
- Et si nous nous asseyions ? Nous pourrions discuter un peu.
Elle hocha la tête pour lui dire qu'elle était d'accord et repéra un muret à quelques pas d'eux. Malheureusement pour elle, la coupe étroite de sa robe de soirée ne lui permettait pas de s'y asseoir sans aide. Ilia la prit machinalement dans ses bras et la souleva comme si elle n'était pas plus lourde qu'un fétu de paille. Il vint s'asseoir près d'elle et ils se plongèrent dans un profond silence tout en observant les lumières de la ville. Au bout d'un long moment, mus par une impulsion qu'ils ne contrôlaient pas, ils se retrouvèrent à nouveau dans les bras l'un de l'autre. Ils se racontèrent leur vie, leur passé, leur famille. Chacun se confiant plus qu'il ne l'aurait fait en temps normal. Ilia ôta sa veste pour la poser sur les épaules de sa compagne quand il la sentit frissonner dans la fraîcheur de la nuit. Ils assistèrent en silence au lever du soleil, contemplant le spectacle de l'astre céleste qui inondait la ville de ses rayons.
- J'aimerai que cette nuit ne se finisse jamais, murmura Ilia à l'oreille de la jeune femme.
- Je préfère penser qu'il y aura d'autres nuits, souffla celle-ci avant de l'embrasser tendrement.
- Tu es libre pour le dîner ?
- Aie, non, je dîne avec un client mais on pourrait se retrouver après. A moins que tu ne…
- Oui.
- Oui, tu seras occupé ou oui, tu auras envie de me voir ?
- C'est assez étrange mais je crois que je vais avoir du mal à me passer de toi. Ou plutôt, je vais me pincer tout au long de la journée pour être sûr de ne pas avoir rêvé.
- Il y aurait sûrement un moyen moins douloureux, suggéra Valérie avec un sourire amusé.
- Mmmm… tu pourrais m'accompagner, je te cacherai dans un placard de mon bureau, proposa-t-il d'un ton taquin.
- Ou alors tu pourrais me téléphoner chaque fois que tu as un doute, dit-elle en sortant une carte de visite de son sac.
- C'est vrai que cela serait moins douloureux, acquiesça-t-il avec humour.
- Et puis, tu pourrais garder ceci jusqu'à ce soir pour être sûr que cela n'était pas un rêve, rajouta Val en ôtant une bague, qui avait la forme d'une tête de dragon, de sa main droite.
La grande horloge de la mairie fit résonner sept coups tandis qu'Ilia contemplait le bijou finement ciselé. Valérie vérifia l'heure sur sa montre et se laissa glisser au sol.
- Il faut vraiment que je file. J'ai rendez-vous avec mon boss à 8h30 et il a horreur du retard.
- Tu veux un mot d'excuse ? Suggéra Ilia malicieux.
- Non mais un baiser d'adieu ne serait pas refusé.
Il la rejoignit et l'enlaça tendrement. Il avait du mal à croire que seulement quelques heures s'étaient passées depuis leur rencontre. Il avait la sensation de la connaître depuis des années, de l'avoir espérée si longtemps qu'il n'avait plus aucune envie de la laisser partir, même s'il savait que cela n'était que pour quelques heures. Ils se séparèrent haletants, souriants et heureux de cette nuit blanche passée ensemble.

Fin Flash-back


- Un penny pour tes pensées, murmura-t-elle en se blottissant contre lui.
- Oh je pensais simplement à la chance que j'ai d'avoir trouvé une merveilleuse femme telle que toi.
- Ahhhhh et que me vaut ce beau compliment ?
- J'en ai envie, j'ai le droit non, lui susurra-t-il au creux de l'oreille avant de lui en mordiller le lobe .
Elle se sentit fondre, son mari savait comment éveiller le feu en elle. Avec douceur, il termina de la déshabiller et l'étendit sur le lit, la rejoignant après avoir quitté ses vêtements. Avec une passion renouvelée, il la fit sienne doucement, faisant monter la jouissance jusqu'à son paroxysme où enfin leurs âmes se réunirent pour n'en faire plus qu'une. Haletants, ils retombèrent sur l'oreiller. Ilia fixait sa femme, tout en caressant sa chevelure rousse. Il voyait bien que malgré leur bonheur intime, elle restait préoccupée.
- Qu'y a-t-il mon ange ? Demanda-t-il dans un souffle.
- Je suis inquiète pour Raf. Elle semble si fragile par moments et puis il y a ce silence. C'est pas dans son habitude de tout garder pour elle.
- C'est vrai qu'elle a l'air fatiguée. Tu crois qu'on devrait…
- Qu'on devrait quoi ? dit-elle en haussant un sourcil.
- Elle est fatiguée, non ?
- Oui et alors ?
- J'ai jeté un coup d'œil dans la chambre, elle dort comme un bébé. On pourrait peut-être oublier de la réveiller.
- Elle risque fort de ne pas apprécier…
- Elle râlera et après ?
- Après ? Devine contre qui elle va se mettre en colère ?
- Je sais, fit-il en souriant, mais tu sais très bien qu'elle ne peut pas te résister très longtemps. Alors ?
Elle réfléchit un instant. Il était vrai qu'un week-end prolongé ne ferait aucun mal à son amie. Bien sûr elle serait furieuse, mais si elle réussissait son coup, elles pourraient passer une fin de semaine ensemble et elles pourraient essayer de rattraper un peu du temps perdu. Ilia ne lui avait pas encore tout dit, de cela elle en était convaincue.
- Ça marche. J'appellerai le magasin demain matin. J'espère réussir à la convaincre de passer le week-end à la maison si cela ne te dérange pas.
- Aucunement, mais à une condition, murmura-t-il avec un sourire coquin.
- Laquelle ?
Il l'embrassa avec passion, remontant les draps sur leurs corps affamés de caresses. Il serait bien temps de parler plus tard. Pour le moment, tout ce qui comptait c'était sa merveilleuse femme et le bonheur simple de la serrer dans ses bras.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:27

Une bonne odeur de café et de pain grillé se dégageait de la cuisine. Ilia et Valérie prenaient leurs petits déjeuners tout en discutant du programme de la journée.
- On devrait peut-être rester tout simplement à la maison, disait Valérie en jetant un coup d'œil à la pendule accrochée au-dessus de la porte.
- Une sortie entre filles vous fera le plus grand bien et puis quand vous rentrerez, je vous aurais concocté un dîner à faire pâlir d'envie tout les plus grands cuisiniers de la planète.
- Humm, c'est appétissant comme programme et qu'est-ce qu'il y aura pour le dessert ? Demanda-t-elle alléchée.
- Ah ça, c'est une surprise, lui répondit-il tout en lui faisant un clin d'œil coquin.

Ils entendirent des petits pas venant du couloir. Une petite frimousse encore embrumée par le sommeil fit son apparition au seuil de la porte. Cassandra avait tout juste quatre ans. Ses cheveux roux coupés en carré et sa petite bouille ronde en faisait une adorable fillette. Mais au grand dam de ses parents qui, par moments, avaient du mal à la suivre, elle était pourvue d'une énergie inépuisable.

- Bonjour ma petite puce, fit Val en prenant sa fille dans ses bras. Elle se blottit contre sa maman.

Ilia s'affaira, il prépara un biberon avec un peu de cacao et du lait chaud. Puis s'adossant contre l'évier, il contempla pendant un moment ce charmant petit tableau. La petite fille embrassa son père et alla s'asseoir sur les genoux de sa mère pour boire son cher biberon.

- Qu'est-ce que tu dirais si on s'habillait et si on allait au magasin tous les deux, proposa Ilia avec un sourire enjôleur à sa fille.
- Et maman ?
- Elle va aller travailler avec tata Raf, dit-il. Si tu es bien sage, on ira louer un joli film cet après-midi.
- Celui avec les chiens ?
- Encore ? Tu l'as vu au moins une dizaine de fois, tu n'en veux pas un autre ?
- Non, je veux les chiens.
- Ok. Marché conclu ? Fit-il avec sérieux tout en tendant sa main.
- Maché conclut, dit jovialement la petite fille ravie de jouer les grandes personnes. Ils scellèrent leur accord par une poignée de main et Cassandra alla en courant dans sa chambre pour se préparer.
- Tu es incorrigible, commenta Valérie en secouant la tête tout en étouffant un éclat de rire.
- Oui mais c'est pour cela que tu m'aimes, répondit-il avec malice en volant un baiser à sa femme avant d'aller dans leur chambre se préparer.

Une demi-heure plus tard, ils partaient laissant Valérie seule dans l'appartement avec Raf endormie. Elle regarda sa montre, il était presque 9h30. Elle alla dans la pièce qu'ils avaient aménagés en bureau, pour se connecter à Internet et consulter ses mails et faire quelques recherches en attendant que son amie se lève. Vers 10h, elle entendit la porte de la chambre voisine s'ouvrir, Raf venait enfin d'émerger.

- Salut ma puce, fit-elle en s'appuyant sur le montant de la porte.

Rafaela ne répondit pas se contentant de grommeler quelque chose d'inintelligible. Elle se précipita dans la salle de bain pour faire une toilette rapide, elle était très en retard. Tout cela était de la faute de Val qui ne l'avait pas réveillée et qui avait coupé la sonnerie de son portable qui lui servait de réveil. Elle ressortit quelques minutes plus tard en marmonnant toujours des choses incompréhensibles.

- J'ai dit bonjour, répéta Val en entrant dans la chambre qu'occupait son amie.
- Et moi j'ai pas envie, répondit-elle avec une fureur à peine contenue.
- Ah bon ? Et pourquoi cela ?
- Tu me le demandes ? Je te signale que je devrais être à mon travail depuis deux heures. Tu sais très bien qu'avec les fêtes, je ne peux pas me permettre d'être absente !
- T'inquiète pas, je les ai appelés pour leur dire que tu ne viendrais pas aujourd'hui parce que tu étais malade.
- Tu as fait quoi ? Hurla Raf. Non mais pour qui tu te prends !
- Tu étais fatiguée et…
- Et quoi ? Tu ne me crois pas capable de m'occuper de moi ? Je vais t'en apprendre une bonne, je suis majeure et vaccinée.
- Je le sais mais…
- Mais quoi ? Tu as vraiment envie que je perde mon boulot après tout le mal que j'ai eu à le décrocher ?
- Raf, calme-toi voyons. Ils n'en mourront pas si tu n'es pas là une journée.
- Ah oui ? C'est toi qui va me payer cette journée perdue ? Je ne roule déjà pas sur l'or mais si en plus mon salaire est amputé à cause de l'une de tes fantaisies !

Raf savait qu'elle exagérait quelque peu mais elle était furieuse. Elle détestait qu'on la manipule ainsi. Elle avait passé la moitié de sa vie sous la coupe de sa mère qui, même si elle l'adorait, l'étouffait et maintenant Val se permettait de décider pour elle si elle était capable d'aller travailler ou pas.

- Je t'en prie Raf, calmes-toi et écoutes-moi.
- Non ! Cracha-t-elle en prenant son sac et son manteau.
- Où vas-tu ?
- Là où je devrais être depuis un moment ! A mon poste de travail ! Quant à toi, je te conseille de ne plus recommencer ce genre d'idioties si tu tiens un tant soit peu à notre amitié !
- Mais c'est du délire ! Fit-elle en attrapant la jeune femme par le bras.
- Lâche-moi !
- Pas avant que tu ne m'aies écoutée ! Tu es au bord de l'épuisement ! Tu ne manges pratiquement rien, tu ne dors quasiment pas non plus, tu travailles presque dix heures par jour, si ce n'est plus. Où crois-tu que tout cela va te mener ? Le soir, tu es tellement fatiguée que tu n'as même plus envie de discuter avec moi et le WE tu le passes avec Daniel. Et je suis censée te laisser faire jusqu'à ce que tu te retrouves à l'hôpital ? C'est cela que tu veux ?
- Tu dramatises !
- Ah oui ? Tu t'es regardée dans une glace récemment ? Tu as des cernes tellement grand que même tes lunettes n'arrivent plus à les cacher. Tu es tellement pâle qu'on croirait que tu vas avoir un malaise d'un moment à l'autre. Tu as au moins perdu 5 à 10 kilos, je me trompe ? Combien de repas as-tu sauté ces deux derniers mois ?

La jeune femme ne répondit pas, elle était surprise par la colère de son amie. Raf savait que Val n'avait pas tort, elle s'était laissée aller d'une manière alarmante depuis deux mois, elle en était consciente. Même Daniel avait remarqué le changement. Il avait essayé de lui en parler mais sans succès, elle avait fait la sourde oreille. C'était la seule solution qu'elle avait trouvée pour ne plus penser… Ne plus penser aux doutes qui l'assaillaient continuellement, aux mots blessants prononcés par Ilia, à Daniel qu'elle imaginait constamment mort d'une overdose dès qu'elle était loin de lui et à ce maudit recommandé qu'elle avait reçu quinze jours auparavant. Raf commença à trembler incontrôlablement, elle s'appuya contre le mur. Elle sentait le peu de contrôle qui lui restait se briser net. Elle glissa le long du mur et ramena ses genoux contre sa poitrine. Tête baissée, elle laissa enfin sortir toute cette souffrance contenue.

- Pourquoi ? Sanglotait-elle. Pourquoi ça ne marche jamais ? Pourquoi il faut toujours que je tombe sur des gens qui me font du mal ? Je suis si mauvaise que ça ? Est-ce que je ne mérite pas un peu de bonheur ? J'en ai assez d'avoir mal !

Son corps était agité de soubresauts tant elle pleurait avec force. Valérie ne sut quoi faire l'espace d'un instant. Puis s'asseyant à coté de son amie, elle la prit dans ses bras et attendit que la crise passe. Elle savait que c'était le meilleur remède pour que la jeune femme retrouve un semblant d'équilibre. Après ce qui parut une éternité, les sanglots se tarirent et Raf releva la tête du chemisier trempé de sa meilleure amie.

- Je suis désolée, fit Raf en reniflant.
- Et de quoi ?
- De te gâcher la matinée. Je vais rentrer à la maison et…
- Hors de question ma puce. Tu vas de ce pas prendre un bon bain, cela te délassera un peu et après on va faire des folies.
- Val… Je ne peux pas, murmura-t-elle presque honteuse.
- Pas grave j'en ferais pour deux.
- Mais…
- Pas de discussion ! Pour une fois, laisse-moi le plaisir de te dorloter un peu tout ce week-end.
- Tu veux que je passe le week-end ici ?
- Oui pourquoi ? Cela te gêne ?
- Non mais je ne suis pas sûre que ton cher et tendre soit d'accord.
- Là dessus tu te trompes, parce que l'idée de te laisser dormir n'est pas de moi, comme tu pourrais le croire, elle est de lui.
- Mais je pensais… enfin je croyais que..
- Que quoi ? Demanda Valérie avec curiosité.
- Non, rien. Y a juste un petit ennui à ton plan. Je n'ai rien pour me changer.
- Faux.
- Comment cela ?
- Ilia a pris mon jeu de clés et il va te ramener quelques affaires pour que tu te sentes plus à l'aise. Alors maintenant tu me fais le plaisir d'aller prendre ce bain pour que nous puissions aller dépenser cet argent que j'ai durement gagné.
- A vos ordres chef ! Dit la jeune femme en faisant un semblant de salut militaire et en regagnant la salle de bain.

Valérie soupira, la crise était passée. Pourtant il y avait quelque chose qui n'allait pas mais elle ne réussissait pas à savoir ce que cela pouvait bien être.

***

Daniel se réveilla l'esprit embrumé par l'alcool. Il se leva en titubant. En entrant dans la salle de bain, son reflet le contempla dans le miroir. Il avait l'impression que c'était une personne différente qui le regardait, un double maléfique avec tous ses défauts et ses travers. Il poussa un long soupir. Combien de temps pourrait-il encore supporter cette situation ? Et puis il y avait Raf. La jeune femme l'inquiétait. Depuis deux mois environ, elle était distante, travaillait toute la journée parfois même les WE. Il avait tenté de la faire parler mais en vain. La seule chose qu'elle faisait quand il l'interrogeait, c'était de se blottir contre lui en lui demandant de la serrer fort, désir auquel il accédait volontiers. Peut-être devrait-il en parler avec sa meilleure amie ? Il savait qu'elle ne l'aimait pas beaucoup mais Daniel était certain qu'elle lui viendrait en aide s'il s'agissait de Raf. Les deux jeunes femmes avaient une relation par moments presque fusionnelle. C'était comme des sœurs perdues qui, maintenant qu'elles s'étaient retrouvées, ne voulaient plus se quitter. Il avait peur de cette relation, il connaissait l'influence que Val avait sur la jeune femme. Si jamais celle-ci découvrait la vérité nul doute qu'elle pousserait Rafaela à le quitter. Après avoir pris une douche pour se rendre un peu plus présentable, il monta voir la jeune femme. Il trouva porte close, de toute évidence celle-ci n'était pas rentrée de sa soirée. Elle a dû passer la nuit chez Valérie, se dit-il tout en sentant la jalousie l'envahir. Il prit le téléphone et appela le portable de Raf en espérant pouvoir parler avec elle. Malheureusement ce fut Val qui répondit et qui lui annonça d'une voix glaciale que la jeune femme passerait tout le week-end en leur compagnie parce qu'elle avait besoin de calme et de repos. Le message était clair, il n'était pas le bienvenu. Il soupira et s'assit sur le vieux fauteuil. La " douleur " qui l'avait laissée un peu tranquille tant que Raf était auprès de lui revenait avec force. Il lui fallut toute sa volonté et une bouteille de whisky pour ne pas céder à la tentation de la poudre d'ange.

***

De leur coté, les filles avaient enfin réussi à sortir. Valérie avait pris la direction des opérations : un petit détour par leurs boutiques préférées de gadgets en tout genre, les Grands Magasins du boulevard Haussmann, puis les Champs Elysées pour un déjeuner bien mérité. Quelques boutiques de vêtements et de chaussures étaient aussi au programme avant de passer aux choses sérieuses : les DVD et les C.D. dont elles étaient très friandes toutes les deux. Valérie était contente de ne pas être obligée, pour une fois, de regarder à la dépense. Son travail marchait bien. Elle n'avait jamais eu autant de clients réclamant ses compétences de décoratrice d'intérieur et n'ignorait pas qu'elle le devait aux premiers clients d'Ilia qui lui avaient fait confiance et qui avaient parlé d'elle à leurs connaissances. Elle avait décidé de se laisser aller d'autant plus qu'elle avait la bénédiction de son cher mari. Toutefois ce bonheur était assombri par la volonté que mettait Raf à ne rien dépenser. Elle n'avait rien pris dans aucune des boutiques qu'elles avaient visitées, même si elle en mourait d'envie. Elle examinait avec attention ce qui lui ferait plaisir puis, avec un air désolé, le remettait sagement à sa place. Valérie n'y comprenait rien, la jeune femme n'était pourtant pas dans le besoin. Elle ne roulait pas sur l'or, certes, mais elle gagnait assez bien sa vie pour, de temps à autre, se permettre de petits extra. A la fin de la journée, les deux femmes rentrèrent enfin, épuisées et contentes. Val posa sur le lit la montagne de sacs contenant les petits trésors qu'elle avait déniché durant la journée. Raf s'était contentée de regarder sa meilleure amie faire des folies, elle avait toutefois acheté un DVD de manière à ce que Valérie ne soupçonne rien. Elle avait remarqué les regards qu'elle lui jetait chaque fois qu'elle reposait l'article envié. Val l'avait discrètement interrogée pendant le déjeuner. Rafaela avait expliqué qu'elle avait oublié sa carte bleue et son chéquier à la maison et qu'elle devait se contenter du peu d'argent liquide qu'elle avait sur elle. Elle avait soupiré de soulagement quand Valérie n'avait pas insisté. Celle-ci embrassa avec passion Ilia qui sortit de la cuisine, affublé d'un tablier sur lequel on pouvait lire " Silence, le génie travaille ". Raf s'éclipsa discrètement dans la chambre, laissant sa meilleure amie discuter avec son cher et tendre. Soudainement elle se sentit seule au monde, un vide immense envahit sa poitrine et un poids énorme la lui enserra. Quelques larmes perlèrent au coin de ses yeux, larmes qu'elle s'empressa d'essuyer quand elle entendit la porte s'ouvrir derrière elle.

- Tout va bien ma puce ? Demanda Val en entrant dans la pièce.
- Oui. Pourquoi cela n'irait pas ? Répliqua-t-elle en haussant les épaules. Je suis juste fatiguée. Ca va ? Ilia n'a pas piqué de crise en voyant tes achats ?
- Même pas. Tu admettras tout de même que je suis restée raisonnable dans ma folie. Et puis, il n'a pas encore vu les dessous très affriolants que j'ai acheté pour agrémenter notre " dessert " quand nous serons seuls…
- Miam, je voudrais bien voir sa tête quand il te verra ainsi vêtue ou devrais-je dire dévêtue ?
- C'est prêt ! Cria Cassy en entrant dans la pièce. Papa il a dit qu'il faut aller manger.
- Oui mais avant il faut se laver les mains, hein tata ? Dit Valérie en faisant un clin d'œil à son amie.
- Oui, oui, fit Raf en souriant devant la mine réjouie de la petite fille.

Le dîner fut un vrai délice. Ilia avait mis les petits plats dans les grands. Il avait de vrais talents de cuisinier quand il prenait la peine de se mettre aux fourneaux. Apres avoir mangé le dessert, un énorme gâteau au chocolat avec de la crème chantilly, Val disparut dans la chambre et revint avec deux sacs.

- Comme vous avez tous été très sages, je vous ai ramené quelques petites choses de notre aventure d'aujourd'hui.

Elle posa un sac devant Cassandra qui trépignait d'impatience et l'autre devant Raf qui la regarda avec étonnement.

- Et moi ? Demanda Ilia en regarda sa femme s'asseoir de nouveau et manger un morceau de gâteau. Je n'ai pas été sage, moi ?
- Si, mais toi ton cadeau… il est… comment dire… très privé, répondit-elle en lui faisant un clin d'œil.

Ilia avala sa salive et sentit une envie irrésistible de prendre sa femme et de s'enfermer avec elle dans la chambre pour le découvrir. Il voulait la couvrir de baisers, la caresser et l'emmener vers l'extase jusqu'à ce qu'elle demande grâce. Il fut tiré de sa rêverie par les cris de Cassy qui avait enfin réussi à déballer son paquet.

- Babie !

La petite fille regardait avec ravissement, une poupée Barbie habillée en princesse, un livre d'images et une cassette vidéo avec cette même poupée sur la jaquette.

- Oh montres moi ca ! S'exclama Ilia en souriant. Elle est très belle. Tu en as de la chance ! Faut dire merci à maman.

Cassandra courut faire un bisou à Val et sa tata.

- Peux regarder ? Demanda-t-elle en montrant la cassette.
- Pas ce soir ma petite puce, il est tard et tu dois aller au dodo. Mais si tu veux papa va te lire le livre.
- Peux dormir avec Babie ?
- Oui bien sûr.
- Papa, tu lis l'histoire ?
- D'accord mais il faut vite mettre le pyjama et dire bonne nuit à maman et tata Raf.

Cassy embrassa les deux femmes et courut dans sa chambre. Elle voulait se mettre en pyjama très vite, elle savait le faire seule depuis peu et en tirait une grande fierté. Elle avait hâte que son papa lui lise son histoire.

- Tu ferais mieux d'aller surveiller les opérations. La dernière fois, elle a mis le haut à l'envers, dit Val en embrassant tendrement son mari.
- A vos ordres chef, répondit-il avec un salut moqueur avant de sortir de la pièce.

Raf était tellement absorbée par ce petit tableau de famille qu'elle sursauta quand son amie lui posa la main sur l'épaule.

- Eh bien tu ne regardes pas ce qu'il y a à l'intérieur du paquet ?
- Pardon ? Ah si…. Tu ne sais pas la chance que tu as d'avoir une aussi belle famille, murmura-t-elle tout en ouvrant le sac en papier.
- Si, je le sais, mais n'oublie pas une chose.
- Laquelle ?
- C'est que, que tu le veuilles ou non, tu en fais partie.

Raf ne répondit pas, les paroles de Val lui étaient allées en plein cœur. Une boule se forma dans sa gorge et elle lutta de toutes ses forces pour ne pas laisser tomber les larmes qui mouillaient ses yeux, larmes qui finirent par tomber quand elle vit le contenu du sac. Il y avait là, le tailleur bleu pastel qu'elle avait essayé pour faire plaisir à Valérie mais qu'elle avait remis, bien à regret, à sa place avec une blouse d'un rose très pâle. Une petite broche en forme de nounours ainsi qu'un foulard bleu et rose venaient compléter le tout. Elle ouvrit le deuxième paquet et y trouva les deux coffrets de DVD qu'elle avait envie de s'offrir depuis des mois et qu'elle avait, la mort dans l'âme, laissé encore une fois sur les étagères du magasin.


- Tu es complètement folle, tu sais cela ? C'est trop je ne peux pas accepter !
- Tu n'as pas le choix. Le tailleur ne m'irait pas, ce n'est pas ma taille et en plus ce ne sont pas les couleurs que je porte, je préfère les couleurs plus vives !
- Mais…
- Mais rien du tout. J'ai bien le droit de te faire un cadeau de temps à autre ! Me regardes pas avec cet air ahuri, je ne suis pas encore entièrement folle !
- Comment as-tu fait ? Je n'ai rien remarqué.
- Ce n'était pas difficile, tu as été dans les nuages toute la journée, déclara-t-elle avec malice. D'ailleurs, je me demande si…
- Si, quoi ?
- Si cela n'a rien à voir avec un certain voisin, la taquina-t-elle.

Raf rougit légèrement. Elle devait admettre que Daniel lui manquait, surtout en voyant à quel point son amie était heureuse en ménage. Val, de son coté, se méfiait de celui-ci mais devait admettre qu'il n'avait rien fait, du moins intentionnellement, pour faire du mal à son amie. Elle savait que Rafaela en était très amoureuse et qu'il serait difficile de les séparer sans mettre en danger leur amitié, ce qu'elle ne voulait à aucun prix.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:28

Le lendemain après-midi, Ilia déposa Raf chez elle. La jeune femme était silencieuse et renfermée sur elle-même. Même si son attitude avait changé quand elle était en sa compagnie et celle de Val, dès qu'ils se retrouvaient seuls celle-ci s'enfermait dans un mutisme qui avait l'art de l'exaspérer. Elle le salua du bout des lèvres et entra dans l'immeuble sans un regard en arrière. Elle se sentait exténuée. D'un pas lourd, elle traversa la cour intérieure. Alors qu'elle arrivait au palier du premier étage, la porte s'ouvrit. Daniel la regarda avec tendresse et passion. Elle se sentit fondre. Il ouvrit ses bras et elle se précipita à sa rencontre. Comme il lui avait manqué ! Ils s'embrassèrent avec passion, plus rien ne semblait avoir d'importance. Tout était, à cet instant précis, en parfaite harmonie. Il n'y avait plus ni tristesse, ni doutes, ni rancœurs, ni regrets, il n'y avait que la joie et la plénitude d'être enfin dans les bras l'un de l'autre.

- Tu m'as manqué, murmura-t-il à son oreille en l'entraînant dans son appartement.

Ils s'embrassèrent de plus belle, leurs mains couraient sur le corps de l'un et de l'autre.

- Je ne suis pas sûr de grand chose en ce bas monde, dit-il d'une voix rauque, mais je suis certain d'une chose, c'est que je t'aime. J'aime ce que tu es, ton visage, ton corps, ton cœur et surtout ton âme. Je te veux auprès de moi pour toujours.

Il ne la laissa pas répondre, assaillant de nouveau ses lèvres pour un autre baiser passionné. Le cœur battant, elle se laissa aller à ce désir qu'elle avait réprimé depuis le début de leur relation. Elle avait envie de lui mais elle ne s'était pas sentie prête à se livrer tout de suite. Le moment était venu d'abandonner toutes ses peurs, et ses doutes, pour ne faire plus qu'un avec la personne aimée. Daniel la regarda et elle sut qu'il pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert. Il sourit et, tendrement, la guida vers le lit. Vêtement par vêtement, il dévoila le corps de la jeune femme à sa vue. Il était attentif à chaque frisson, chaque tremblement, provoqué par une simple caresse ou par une guirlande baisers qu'il posait çà et là sur son corps hurlant de désir. Raf se sentait brûler à l'intérieur. Un feu sacré et ancestral avait pris possession d'elle et demandait à être éteint. Les mains tremblantes, elle déboutonna timidement la chemise de Daniel, laissant apparaître son torse musculeux. Elle déposa une traînée de baisers dans le creux de son cou et remonta vers son oreille. Elle s'arrêta, haletante, quand celui-ci s'attaqua à la fermeture de son soutien gorge qu'il dégrafa avec agilité. Daniel embrassa les deux petites pointes fièrement dressées par le désir puis s'agenouilla pour explorer le bas de son ventre. D'un doigt tremblant, il joua un instant avec l'élastique de la dernière barrière qui le séparait de son but ultime : sa toison d'or. Quand enfin celle-ci tomba, il ne put retenir un gémissement rauque de victoire. Il remonta doucement, couvrant le corps de Raf de baisers ardents, puis, arrivé à hauteur de son visage, leurs yeux se croisèrent, leurs regards se fondirent en une seule flamme. Il la fit doucement basculer sur le lit. Après avoir quitté les vêtements qui le couvrait encore, il s'allongea près d'elle, ne cessant d'admirer ce corps qui, même s'il était loin d'incarner la perfection, était la chose la plus merveilleuse qu'il ait jamais vu.

- Je t'aime, lui murmura-t-il au creux de l'oreille.

Il reprit possession de ses lèvres et attisa le feu intérieur qui les dévoraient en caressant chaque parcelle de peau de sa compagne. Raf n'était pas en reste, ses mains exploraient sans cesse ce corps désiré depuis des mois. Ses doigts dessinaient des arabesques sur son torse qui s'élargissaient pour enfin atteindre le but ultime. Quand elle se saisit timidement de son membre fièrement dressé, il laissa échapper un grognement rauque. Enhardie par sa réaction, elle le caressa doucement, faisant monter leur excitation encore d'un cran. Il l'embrassa fougueusement tout en jouant avec les seins opulents de la jeune femme puis il insinua un doigt dans le triangle d'or de celle-ci. Caressant, encore et encore, son petit bouton rose, il la faisait gémir de plaisir, ses plaintes était une douce musique à ses oreilles qu'il ne se lassait pas d'entendre. Quand leurs yeux se retrouvèrent, l'invitation était là, l'invitation à se fondre en une seule entité pour que, pendant un court instant, leurs âmes se retrouvent entières comme cela avait été le cas au début de l'humanité. Emu du cadeau qu'elle lui faisait, il s'agenouilla entre ses jambes pour la regarder une fois encore. Après leur union, plus rien ne serait jamais pareil. Elle serait à jamais gravée au fer rouge dans son cœur. Raf tendit ses mains vers lui en souriant. Malgré l'excitation, la passion, il pouvait voir dans ses yeux un tel amour que sa gorge se noua. Comme au ralenti, il se pencha vers elle et la fit sienne avec une telle lenteur qu'elle crut ne pas avoir la patience d'attendre pour le sentir entièrement en elle. Il entamèrent une danse sensuelle pendant laquelle leurs corps et leurs âmes se fondirent en une seule entité. Plus rien n'existait à l'extérieur, à part eux. Il atteignirent la jouissance ensemble, murmurant les noms l'un de l'autre et quand il voulut quitter son intimité, elle noua ses jambes autour de lui pour l'en empêcher. Elle voulait que leur union dure encore et encore. Puis, à force de caresses et de baisers, elle le sentit reprendre vie en elle et de nouveau la danse de la vie reprit, pour ne se finir que très tard dans la nuit.

***

31 décembre…. Encore un réveillon, encore une occasion de se réunir avec les êtres aimés. Seulement Raf était loin de partager cet enthousiasme. Après sa nuit passionnée avec Daniel, elle avait senti une peur panique s'emparer d'elle. Elle se rendait compte qu'elle ne savait pas vivre à deux. La solitude était sa compagne depuis si longtemps. Seule, elle savait comment faire, elle ne devait pas rendre de comptes, il n'y avait personne d'autre en cause qu'elle-même. Avec Daniel, elle s'aventurait en terrain inconnu et cela lui faisait une peur bleue. Elle ne savait pas si elle était capable de le rendre heureux, de faire suffisamment de concessions pour que cette relation dépasse le stade d'une simple aventure. Alors Rafaela avait fait ce qu'elle savait le mieux faire, elle avait pris la fuite. Elle avait évité Daniel et Val pendant toute la semaine en prétextant un surcroît de travail. Elle avait utilisé le même stratagème que pour la veille de Noël pour être tranquille et ne pas répondre aux questions qui allaient immanquablement être posées. Raf rentra d'une journée épuisante, passée à mettre des petits fours en boîte, se doucha, mangea un morceau et se mit au lit devant la télévision.

Daniel se sentait frustré. Il pensait qu'après la nuit qu'ils avaient passés ensemble, ils avaient scellé un pacte qui les liait pour toujours. Pourtant il avait vu la jeune femme rentrer dans sa coquille à son grand désarroi, le fuyant comme s'il était le diable en. Il soupira. Que pouvait-il bien se passer dans la tête de Raf ? Il remit son manteau, après avoir pris ses papiers, son solde de tout compte et les quelques effets personnels qu'il gardait dans un casier qui ne fermait plus, pour rentrer chez lui. Le bouge dans lequel il travaillait venait d'être fermé pour des raisons de sécurité. Il se retrouvait sans travail à la veille de cette nouvelle année. Loin de prendre cela comme un drame, il se disait que les Dieux venaient de lui offrir l'occasion de recommencer sa vie et de se trouver un emploi respectable. Il ne savait pas encore quoi mais il trouverait. Pour la première fois depuis son arrivée en France, il voulait avoir une vie comme tous les autres, il voulait fonder une famille, aimer et être aimé, il voulait que Raf soit fier de lui. Daniel savait qu'il avait bon nombre de problèmes à régler avant d'arriver à son but mais, avec son aide, il se sentait capable de soulever des montagnes. Il savait aussi qu'elle était paniquée. On ne restait pas seule pendant des années sans avoir de séquelles. Il le savait, il l'avait vécu jusqu'au moment où il avait fait la connaissance de Largo…. Tiens, il pouvait à présent penser à lui et même prononcer son nom sans que cela ne lui fasse mal. Il sourit. Daniel prit son téléphone et tenta d'appeler la jeune femme, il tomba sur sa boîte vocale. Connaissant la phobie qu'avait Raf du téléphone, il se dit qu'elle l'avait sûrement débranché pour être tranquille. Il fouilla dans son portefeuille et en sortit un petit bout de papier. C'était le numéro de Valérie que Rafaela lui avait donné pour les cas d'urgences. Lui déclarer sa flamme était pour lui, à ce moment-là, une question de vie ou de mort. Avec un peu de chance, il pourrait les rejoindre pour le dessert et lui donner la petite boite qu'il avait caché dans sa poche droite depuis la veille.

- Allô, fit une voix masculine.
- Bonsoir, est-ce que je pourrais parler à Rafaela, s'il vous plaît ?
- Je suis désolé mais Raf n'est pas là.
- Comment cela ? Elle m'a pourtant affirmé qu'elle dînait chez vous pour le réveillon ! S'inquiéta Daniel qui imagina aussitôt mille scénarios catastrophiques dans son esprit.
- Je peux savoir qui la demande ?
- Daniel… Je suis Daniel, son voisin.
- Ah oui… Attendez un moment…

Daniel entendit une discussion dont il ne comprenait pas la teneur, puis une voix féminine reprit la conversation.

- Daniel ? C'est Valérie… Je suis désolé mais Raf n'est pas là. Elle m'a dit que vous deviez dîner ensemble ce soir. Je lui ai même proposé de vous inviter aussi mais elle m'a dit qu'elle voulait être seule avec vous.
- C'est à n'y rien comprendre. A moi, elle m'a dit que, puisque je travaillais les deux réveillons, elle les passerait avec vous.
- Les deux réveillons ? Vous voulez dire que vous n'étiez pas avec elle à Noël ? S'étonna la jeune femme.
- Non, pourquoi cette question ?
- Je vous expliquerais plus tard… Je crois, mon cher, que nous nous sommes fait avoir en beauté.
- Que voulez-vous dire ? Demanda Daniel qui ne comprenait pas où elle voulait en venir.
- La connaissant telle que je la connais en cet instant elle doit être seule chez elle.
- Non elle n'aurait tout de même pas, fit Daniel en comprenant enfin le subterfuge utilisé. Si c'est le cas, elle va m'entendre !
- Oui, et moi aussi ! Et pas plus tard que tout de suite. Où êtes-vous ?
- A la gare Saint Lazare, le train va partir, je serais à Bois Colombes dans une dizaine de minutes, répondit Daniel.
- D'accord, je vais vous y attendre. Cela ne va pas se passer comme ca !

Val raccrocha stupéfiée. Raf avait osé lui mentir ! Elle expliqua brièvement la situation à Ilia, prit son manteau et fila rejoindre Daniel à la gare. Elle ne comprenait pas pourquoi Rafaela avait fait cela. Elle pensait qu'elles étaient amies et que si quelque chose n'allait pas, celle-ci n'hésiterait pas à se confier à elle. Elle aperçut Daniel qui l'attendait. Son visage était fermé, il faisait les cent pas sur le trottoir avec nervosité. Elle se gara près de lui et lui fit signe de monter.

- Bonsoir, dit-il en grimpant dans le siège du passager.
- Bonsoir.
- Je suis désolé d'avoir interrompu votre soirée.
- Ce n'est pas votre faute mais j'aimerai bien savoir ce que Raf a dans la tête par moments ! Fit la jeune femme en se réinsérant dans la circulation.
- Vous n'êtes pas la seule, plus je la connais et moins je la comprends, murmura-t-il avec un haussement d'épaules.

Val le regarda un instant avant de se garer en double file devant l'immeuble où habitait son amie. Ensemble, ils traversèrent la cour intérieure et, aussi silencieusement que possible, montèrent jusqu'au second. Val sonna, attendit un instant mais Raf ne répondit pas. Elle sonna de nouveau et n'obtenant aucune réponse elle sortit son jeu de clé. Au moment où elle allait s'en servir la porte s'ouvrit sur une Raf en pyjama, le visage creusé par la fatigue.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Murmura-t-elle.
- A ton avis ? Fit Val en entrant.
- Vu vos têtes, vous ne venez sûrement pas me souhaiter la bonne année, dit-elle en s'installant sur le lit et en tirant les draps.
- Non, on voudrait juste savoir à quoi tu joues ? Demanda avec impatience Valérie.
- A rien du tout.
- Alors pourquoi ce mensonge ? S'enquit Daniel en s'asseyant sur le lit.
- Parce que je suis fatiguée et que je n'ai pas très envie de faire la fête. C'était le meilleur moyen pour ne pas vous inquiéter.
- Ce n'était pas plus simple de le dire ? S'emporta sa meilleure amie.
- Non, Val, parce que te connaissant comme je te connais, tu te serais sentie coupable de me laisser seule et tu n'aurais pas profité de ta soirée.
- Et c'est bien ce qui va se passer alors tu vas m'éviter cela en t'habillant et en venant à la maison. Ilia a fait la cuisine y compris son merveilleux fondant au chocolat.
- Valérie ! Soupira Raf. Je suis fatiguée, je n'ai pas très envie de voir du monde, pas ce soir.
- C'est ca et je vais te laisser te morfondre ici pendant qu'on fait la fête ? Pas question !
- Voilà pourquoi je n'ai rien dit. Voilà pourquoi je t'ai menti parce que je savais que tu n'accepterais pas un non comme réponse.

Valérie fulminait, il était hors de question que Raf s'en tire à si bon compte. Bon sang, depuis deux mois elle ne se confiait plus à elle, elle faisait comme si tout allait bien alors qu'elle savait très bien que c'était loin d'être le cas. Son regard se posa sur l'appartement où régnait un joyeux désordre. La vaisselle n'avait pas été faite depuis un ou deux jours, une fine pellicule de poussière couvrait les meubles. Du linge suspendu était sec depuis longtemps et n'attendait que d'être rangé. Tout cela tendait à prouver qu'elle avait raison, quelque chose n'allait vraiment pas. Bien sûr, Raf était bordélique mais pas à ce point. Son regard se posa ensuite sur une lettre recommandée posée sur la table basse, émanant de la banque de la jeune femme. Cela ne pouvait signifier qu'une seule chose…

- Tu peux me dire pourquoi il y a inscrit ici que tu ne peux plus émettre de cheques ? Demanda-t-elle en prenant la lettre.
- Non ! Ca ne te regarde pas, s'empourpra Rafaela en espérant qu'elle change de sujet.
- Si tu as des problèmes, on peut t'aider, dit doucement Daniel.
- Je n'ai aucun problème, dit-elle au bord des larmes. C'est un malentendu que je n'ai pas encore eu le temps de régler.
- Un malentendu de près de 4000€, c'est un peu beaucoup, non ? Comment comptes-tu le régler ?
- Je…
- Raf ? Fit Daniel soudain inquiet.

La jeune femme avait pâli. Il la prit dans ses bras et remarqua qu'elle tremblait. Avec douceur, il lui caressa les cheveux tandis que Raf laissait couler ses larmes. Elle avait gardé tout cela pour elle depuis plus d'un mois, n'osant pas en discuter de peur d'être prise pour une irresponsable. Val se sentit coupable, elle n'avait pas voulu la faire pleurer.

- Je suis désolée ma puce, je ne voulais pas te faire de la peine, s'excusa-t-elle à voix basse.
- Je sais… Ce n'est pas ta faute. J'ai tendance à me transformer en fontaine ces derniers temps.
- Si tu nous racontais tout…
- Je le ferais mais pas ce soir. Je ne m'en sens pas capable.
- D'accord. Alors fais-moi plaisir viens passer ce réveillon avec nous. Daniel vous êtes le bienvenu, bien entendu. Si tu es trop fatiguée, tu pourras, non vous pourrez même coucher à la maison. Ne reste pas seule.

Son regard passa de l'un à l'autre. Daniel souriait, signe qu'il ne lui en voulait pas de l'avoir fui toute cette semaine.

- D'accord, acquiesça-t-elle en reniflant. Trouves-moi quelque chose à me mettre pendant que je fais une petite toilette, je dois ressembler à une sorcière.
- Faux, dit Daniel avec malice, tu es la plus belle pour aller danser et je suis sûr que tu vas avoir tous les hommes à tes pieds à mon grand désespoir, termina-t-il avec un geste tragique.
- Tu sais très bien qu'il n'y a que toi qui compte, murmura-t-elle en le faisant taire d'un baiser langoureux
- Euh… dites les amoureux, ce n'est pas que je m'ennuie mais j'aimerai bien pouvoir goûter au moins au dessert que mon cher mari a fait.
- Oui, chef ! Dit Raf avant de disparaître dans la salle de bain.

Daniel soupira de soulagement en passant une main dans ses cheveux. Ils avaient frôlé la catastrophe. Valérie trouva un ensemble en laine de couleur verte qui faisait " habillé ". Elle frappa à la porte de la salle de bain pour le lui donner.

- Vous étiez au courant de ses problèmes d'argent ? S'enquit Val doucement.
- Non, elle ne m'a rien dit. Et je n'en suis pas surpris. Depuis deux mois, elle s'est repliée sur elle-même. J'ai bien tenté de la faire parler mais cela ressemblait fort à une mission impossible.
- Je vois ce que vous voulez dire. Elle est aussi têtue qu'une mule. Elle sembla hésiter un instant puis reprit. Daniel, je peux vous poser une question ?
- Allez-y.
- Est-ce que vous l'aimez ? Je veux dire réellement, profondément.
- Que voulez-vous dire par-là ? Demanda-t-il avec méfiance.
- Ce que j'aimerais savoir c'est ce qu'elle représente pour vous. Est-ce juste une passade ou quelque chose de beaucoup plus sérieux ?
- Je peux vous assurer que Rafaela est la meilleure chose qui me soit arrivée depuis longtemps. Elle est loin d'être une passade. Elle est la femme que j'ai espérée toute ma vie. Je sais que vous vous méfiez de moi mais je vous promets, sur ce que j'ai de plus sacré, que je ferais tout pour qu'elle soit heureuse.

Val n'eut pas le temps de répondre, mais elle savait dans son fort intérieur qu'il ne lui avait pas menti. Elle avait senti la flamme de son amour dans sa très courte déclaration.

- Alors vous parlez de moi ? Demanda Raf en sortant de la salle de bain.
- Oh oui, on disait des choses affreuses à ton sujet, répondit Daniel en souriant. Je lui disais à quel point je suis amoureux de toi et figure-toi qu'elle a trouvé cela horriblement… comment dire… ah oui… choquant, continua-t-il sur un ton snob.

Raf éclata de rire en voyant l'air outragé que prit son amie. Elle prit son manteau, son sac et ils partirent tous trois rejoindre les invités qui les attendaient toujours. Quand enfin ils arrivèrent à destination, ils furent reçus en triomphateurs. Ils avaient vaincu toutes difficultés pour venir passer cette soirée ensemble. Daniel prit une coupe de champagne que lui offrit gentiment la mère de Valérie tandis que Rafaela se rabattait sur le Coca. Daniel pâlit et faillit lâcher son verre quand le mari de Val entra dans la pièce, portant un plateau emplit de victuailles. Cet homme, il ressemblait comme deux gouttes d'eau à… Non, ça ne pouvait pas être lui… Lui ne se serait jamais affublé d'un tablier portant " Je suis le maître dans la cuisine ". Comment diable était-ce possible ?

- Tout va bien ? Demanda Raf qui s'était aperçu de son trouble.
- Oui, oui, répondit-il en avalant une gorgée de champagne, c'est juste que le mari de ton amie ressemble comme deux goutte d'eau à…
- A qui, mon chéri ?
- A quelqu'un que j'ai bien connu autrefois…
- Ils sont peut-être parent ? Tenta Rafaela avec un sourire.
- Il n'a jamais dit qu'il avait un frère.
- Aller, il est temps de passer à table ! Fit Val en s'asseyant. Sinon je crains que mes plantes ne fassent office d'amuse-gueule.

La suite de la soirée se passa dans l'allégresse et, malgré sa fatigue, Raf se sentit pour la première fois depuis longtemps à sa place. Elle goûta avec joie à toutes les bonnes choses, y compris le fameux fondant au chocolat. Daniel était heureux même si, par moments, il se sentait mal à l'aise sous l'œil inquisiteur du mari de Valérie. Il se retrouva nez à nez avec lui en sortant des toilettes.

- On peut parler ? S'enquit-il d'un ton grave qui donna des frissons à Daniel, lui rappelant une voix qu'il n'avait plus entendu depuis plus de un an.

Ilia le conduisit jusqu'à la cuisine et ferma la porte.

- Je n'ai pas pour habitude de tourner autour du pot. Je sais que Raf vous aime, la question est : est-ce que vous l'aimez, vous aussi ? Et jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour elle ?
- Bien sûr que je l'aime, quelle question ! Répondit-il indigné.
- Alors qu'allez-vous faire pour régler vos petits travers ?

Daniel pâlit sous l'effet de la surprise. Il avait l'impression d'entendre et de voir… Il avala sa salive et se passa nerveusement la main dans les cheveux.

- Comment savez-vous ? Murmura-t-il, honteux.
- Raf nous a mis au courant, répondit Ilia avec calme.
- Elle sait pour l'alcool ? Demanda-t-il au bord de la panique. Mais comment ? J'ai toujours fait très attention de…
- Pas assez visiblement, siffla Ilia d'un ton glacial. Mais il n'y a pas que cela, il y a aussi une certaine substance que vous gardez enfermée sous votre évier.

Daniel s'appuya contre le mur. Il sentait ses jambes le trahir. Elle savait… Elle savait tout et pourtant elle était restée, jour après jour, malgré les doutes et les angoisses qui l'assaillaient.

- Pourquoi ne m'a-t-elle rien dit ? Murmura-t-il.
- Parce qu'elle vous aime et qu'elle considère que c'est à vous de faire le premier pas. Ce sont vos problèmes pas les siens, même si elle se sent concernée par tout ce qui peut vous arrive. Alors que comptez-vous faire ?
- Je… Je ne sais pas. Tout est si confus…
- Ecoutez, vous pouvez vous détruire si vous le souhaitez mais je ne permettrais en aucun cas que vous lui fassiez du mal.
- Jamais je ne lui ferais du mal ! Protesta Daniel avec véhémence. Vous ne comprenez donc pas ? C'est elle qui me permet de ne pas sombrer sinon je crois que j'en aurais terminé depuis longtemps. C'est grâce à elle que j'arrive à remonter la pente.
- Vous avez décidé de vous en sortir alors ?
- Je le souhaite, oui. Rien n'était clair dans ma tête avant ce soir. Je veux pouvoir de nouveau me regarder dans une glace sans avoir honte du reflet qu'elle me lance. Je veux que Raf soit fière de moi, pour que je puisse un jour en faire ma femme et fonder une famille. Oui, je veux tout cela et même plus encore, déclara-t-il avec ardeur.
- Si vous le voulez, je peux vous aider, répliqua Ilia d'une voix radoucie. J'ai des amis qui peuvent vous tendre la main et vous aider à sortir de votre enfer. Mais il faut que vous réalisiez une chose. Ce n'est pas pour Raf qu'il faut que vous fassiez tous ces efforts, ni à cause de ce qu'elle peut penser de vous. C'est pour vous qu'il faut que vous le fassiez, toute autre raison n'est aucunement valable. Quand vous serez prêt, appelez-moi, termina-t-il en lui tendant une carte.
- Je vais y réfléchir, merci.

Ils allèrent retrouver le reste des invités ainsi que Val et Raf qui commençaient à s'inquiéter de la longue absence de leurs hommes.

- Vous comptiez faire bande à part toute la soirée ? On commençait à se sentir bien seules. Nous avons failli draguer tous les hommes de la soirée pour nous consoler.
- J'espère que tu ne me l'as pas abîmé, fit Raf très sérieusement, je vais avoir besoin de lui tout à l'heure pour me réchauffer, conclut-elle avec malice.
- Promis, je ne lui ai rien fait. Il est entier, ta bouillotte est en état de marche, répondit Ilia en faisant un clin d'œil à sa femme en voyant Daniel rougir.

Aux douze coups de minuit, Raf et Daniel s'embrassèrent avec passion et furent concurrencés par Ilia et Val qui n'en mettaient pas moins de cœur à l'ouvrage. La soirée se termina dans la bonne humeur tard dans la nuit. L'aube de la nouvelle année trouva Rafaela et Daniel endormis dans les bras l'un de l'autre, leurs corps repus et apaisés de caresses et de passion.
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Scilia
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:30

Janvier s’était écoulé sans que Daniel ne prenne une décision quelconque sur son avenir, ni que Raf ne parle de son problème d’argent à qui que se soit, ce qui l’aurait pourtant soulagée. Elle se sentait honteuse de sa mésaventure. Pour le moment, Daniel savourait les petites choses du quotidien : faire les courses, le ménage, ou tout simplement préparer le dîner. Le moment qu’il préférait dans la journée était celui où il allait chercher la jeune femme à son travail. Tous les soirs, il l’attendait dans la galerie marchande, une fleur à la main.

— Bonjour toi, dit-elle en lui déposant un léger baiser sur les lèvres.
— Bonjour, tu as passé une bonne journée ? Demanda-t-il en lui tendant la rose rouge sang qu’il tenait dans la main.
— Je dirai moyenne, répondit-elle an grimaçant. Je vais déposer cette enveloppe au coffre et après je compte sur toi pour me faire oublier tous mes soucis.
— Pas de problème. Au fait, n’oublie pas que ce soir Val et Ilia viennent dîner.
— Je n’ai pas oublié mais je suis sûre que nous aurons au moins le temps de prendre une bonne douche ensemble, tu pourras me frotter le dos et même plus si tu es sage, dit-elle en l’embrassant de nouveau avec malice. Je reviens tout de suite.

Elle se dirigea vers l’accueil du magasin puis prit une porte latérale. Daniel la suivit du regard jusqu'à ce qu’elle disparaisse de sa vue. Trois autres hommes prirent la même direction et Daniel sentit son sixième sens se mettre en alerte. Depuis son plus jeune âge, il pouvait sentir les ennuis de loin et là, il était évident que quelque chose se tramait. La jeune femme à l’accueil était devenue pâle tandis qu’elle parlait avec un homme grand, tout de noir vêtu. Daniel s’approcha doucement. Il vit le canon d’une arme dépasser du manteau que l’inconnu tenait sur son avant-bras. Daniel alerta discrètement un vigile et passa la porte empruntée par Raf quelques minutes plus tôt. De son coté, la jeune femme ne se doutait pas du drame qui était entrain de se jouer quelques mètres plus loin. Elle était en train de penser à la soirée qui s’annonçait fort plaisante. Elle tourna à gauche, puis à droite. Soudain les lumières s’éteignirent. Le cœur battant, Raf chercha un interrupteur, n’en trouvant pas, elle continua de longer le couloir. Le coffre n’était plus très loin. Elle entendit des pas derrière elle et se plaqua contre le mur.

— Qui est là ? Demanda-t-elle la voix tremblante.
— Le Père Noël, fit une voix grave près de son oreille.

Elle hurla et tenta de s’échapper mais déjà deux mains l’agrippaient, l’empêchant de prendre la fuite.

— Tais-toi ou je mets une jolie balle dans ta petite cervelle, continua la voix masculine en pressant le canon de son arme contre sa tempe. Maintenant, tu vas nous conduire bien gentiment au coffre et nous y faire entrer.
— Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, tenta-t-elle d’éluder.
— Ne nous prends pas pour des imbéciles ! Je sais que tu y as accès… Allez, avance maintenant !

Raf tremblait, elle sentait le canon de l’arme contre son dos. Son estomac était noué, ses jambes flageolaient. Son cerveau ressemblait à de la marmelade, paralysé par la peur, il semblait incapable de prendre une quelconque décision. Soudain la lumière se ralluma, Raf se sentit bousculée avec une telle force qu’elle se cogna contre le mur et tomba à terre. En relevant la tête, elle vit, à sa grande frayeur, Daniel aux prises avec l’un des hommes qui l’avait attaquée, un deuxième étant déjà à terre, visiblement assommé.

— Daniel ! Hurla-t-elle en le voyant prendre un coup dans l’estomac qui lui coupa le souffle.
— Reste pas là ! Va-t-en !
— Mais…
— Va-t-en, je te dis !

Raf hocha la tête et se leva à contrecœur. Avant qu’elle eut pu atteindre le bout du couloir, elle sentit un bras l’arrêter net dans sa course et lui encercler le cou.

— Tu ne croyais tout de même pas que j’allais te laisser m’échapper aussi facilement ? Murmura une voix à son oreille.
— Lâchez-moi ! Hurla Raf en proie à la panique.
— Dans tes rêves ! Nous avons une petite chose à finir, tu ne t’en souviens pas ?

Daniel leva la tête en entendant les hurlements de la jeune femme. Il sentit la colère le submerger. D’un coup de poing, il mit KO son adversaire et ramassa l’arme que celui-ci avait laissé tomber pendant la bagarre.

— Lâchez-la, ordonna-t-il d’une voix menaçante.
— Pas question le héros, nous avons un petit travail à finir elle et moi. C’est toi qui va lâcher ton joujou et qui va te tirer très gentiment enfin… si tu ne veux pas que je lui mette une balle dans sa jolie petite tête.
— Daniel, supplia Raf en agrippant le bras autour de son cou pour tenter de se dégager.
— Ne t’inquiète pas, ça va aller. Reste calme.
— C’est cela, nous allons tous rester très calme. Vous ne voudriez pas qu’il lui arrive quelque chose de fâcheux ?

Raf s’accrochait désespérément au bras de son assaillant pour essayer de desserrer son étreinte. Elle était au bord de l’asphyxie, de petites tâches lumineuses dansaient devant ses yeux.

— Police ! Lâchez vos armes ! Hurla une voix derrière elle.
— Pas question ! Laissez moi sortir ou je la tue !
— Le bâtiment est encerclé, vous n’avez aucune chance de vous échapper ! Relâchez votre otage !
— NON ! Je vais la tuer ! Menaça l’inconnu d’une voix froide.
— Lâchez vos armes ! Hurla de nouveau l’un des policiers.

L’homme se tourna vers l’endroit d’où provenait la voix. Daniel profita de cette diversion pour sauter sur l’homme. Sous l’effet de la surprise, il lâcha Rafaela qui glissa à terre, cherchant à reprendre son souffle. L’esprit embrouillé, elle ne songea même pas à s’enfuir, elle regardait avec intensité les deux hommes se battre. L’un des coups projeta Daniel contre le mur, lui faisant lâcher son arme. Il se retrouva à la merci de son adversaire qui le visa à la tête.

— NON ! Hurla Raf

La police choisit ce moment pour intervenir, plaquant le criminel au sol tout en le désarmant. Daniel se précipita vers Raf et la prit dans ses bras en lui murmurant des propos rassurants. Un policier s’agenouilla près d’eux pour leur demander si tout allait bien. Deux pompiers arrivèrent et les examinèrent, donnant quelques soins sur place. Ils furent libres de rentrer chez eux après avoir fait une déclaration sommaire à la police. L’inspecteur en charge de l’affaire les avertit qu’il viendrait les interroger plus longuement le jour suivant. Alors qu’ils rejoignaient la galerie marchande, entourés par des policiers et des équipes de secours, une personne les arrêta. Il s’agissait du directeur du magasin qui, alerté par les vigiles, avait fait évacuer une partie du magasin pour ne pas mettre en danger sa clientèle tandis que la police intervenait.

— Tout va bien Rafaela ?
— Oui, Monsieur. Je…
— Tant mieux, prenez le reste de la semaine vous allez en avoir besoin. On parlera de tout cela à votre retour. Quant à vous, continua-t-il en tendant la main à Daniel, je vous dois une fière chandelle. Non seulement vous nous avez évité une catastrophe humaine mais financière aussi.
— Ce n’est rien.
— Non, ce n’est pas rien. J’aimerai bien vous revoir pour discuter de ce qui c’est passé.
— Pas de problème, vous pourrez me joindre chez Rafaela. Allez, viens ma chérie, on rentre.

Ils eurent la surprise de voir Val entrer dans la galerie marchande alors qu’ils prenaient congé des policiers.

— Rafaela ? Daniel ? Tout va bien ? Demanda-t-elle en les prenant tour à tour dans ses bras. Je passais dans le coin et j’ai vu tout ce remue-ménage. Je me suis inquiétée et à juste titre à ce que je peux voir.
— Ca va, répondit Daniel. Juste très secoués. Tu pourrais nous ramener ? Le médecin a donné un léger sédatif à Raf et j’aimerai bien rentrer avant qu’il ne fasse complètement effet.
— Bien sûr ! Tu es sûre que ca va, ma puce ?

Celle-ci hocha la tête, serrant plus fort contre elle la couverture de survie qu’un pompier lui avait mis sur les épaules. Elle ne voulait qu’une seule chose, rentrer chez elle et tenter d’oublier cette pénible affaire. Le chemin du retour se fit en silence. Arrivés à destination, Daniel eut toutes les peines du monde à dissuader Val de rester. Il promit que tous les deux viendraient les rejoindre le lendemain après le passage des policiers. Pour l’instant, il voulait juste avoir Raf pour lui. Ils montèrent doucement l’escalier jusqu’à l’appartement de Daniel. Aussitôt arrivés, il entreprit de la déshabiller pour lui passer un grand tee-shirt avant de l’allonger sur le lit, en compagnie de l’une des peluches dont elle ne séparait jamais. Le sédatif aidant, elle ne tarda pas à s’endormir. Daniel s’effondra dans le fauteuil à coté du lit. Il se passa la main dans les cheveux et jeta un coup d’œil nerveux à Raf. Il commençait tout juste à réaliser ce qui s’était passé cette après-midi-là. Il aurait pu perdre la jeune femme. Ses mains commencèrent à trembler et des larmes coulèrent sur son visage. Si jamais il lui arrivait quelque chose, il en mourait, il en était certain. Il regarda avec envie le placard où il rangeait sa réserve d’alcool, un verre ne lui ferait sûrement pas de mal, au contraire. Il ne pouvait pas Raf ne le lui pardonnerait pas s’il se laissait aller alors qu’elle avait besoin de lui.

***

La nuit était tombée depuis longtemps quand Rafaela se réveilla. Elle chercha des yeux Daniel qu’elle trouva assis dans le fauteuil, près du lit, contemplant une bouteille de whisky ouverte mais non entamée. Elle devinait sans peine la bataille qu’il était en train de mener. Il tendit la main vers la bouteille, geste qu’elle arrêta net quand elle prononça son prénom.

— Ce n’est pas la bonne solution…, murmura-t-elle.
— Je sais mais…
— … Tu en as besoin… Ca va finir par te détruire.
— Je le sais…
— Alors pourquoi ?
— Parce que…. Les mots lui coûtaient. Il était face au moment de vérité. S’il mentait maintenant, il savait qu’il la perdrait. Parce que je suis un alcoolique, Raf. Je le suis depuis l’âge de 20 ans. C’est la solution de facilité quand on veut oublier ses problèmes.
— Ca et ce que tu caches sous l’évier ?
— Oui, mais cette habitude a été facile à perdre parce que depuis que je t’ai rencontré…
— Mais pas l’alcool, n’est-ce pas ?
— Non. C’est presque un besoin physique. Il m’aide à…
— L’alcool ne t’aide à rien du tout Daniel, si ce n’est à t’éloigner et à t’isoler des autres. En outre, tu te détruis à petit feu. C’est une mort douce et programmée.
— Tu as l’air de bien connaître le sujet pour quelqu’un qui n’en boit jamais.
— Disons que c’est un sujet qui me touche personnellement. Daniel, tu ne peux pas continuer ainsi.
— Je sais…
— Alors qu’est-ce que tu attends ?
— De trouver le courage de faire face à…
— De faire face à quoi ? De quoi as-tu peur ?
— De moi, Raf. Je fais du mal à tous ceux qui m’aiment, avoua-t-il à mi-voix.
— Ce n’est pas vrai. Que je sache, tu ne m’as fait aucun mal, affirma-t-elle d’une voix tremblante.
— Et c’est pour cela que tu t’es réfugiée dans ton travail ? Tu ne sais pas mentir sur certaines choses. Je sais que tu as mal à cause de moi. Je sais que tu es inquiète dès que tu es loin de moi. Tu as peur que je ne fasse une bêtise, que tu doutes de mon engagement envers toi, que tu as peur de donner et de ne rien recevoir en échange.

Rafaela baissa les yeux. Comment se pouvait-il que Daniel la connaisse aussi bien ? Comment pouvait-il savoir tout ce qui la tourmentait depuis des mois ?

— Tu te demandes comment je sais…. Je le sais parce que je ressens la même chose que toi. J’ai peur quand tu es loin de moi, je suis paniqué à l’idée de te perdre. J’ai déjà aimé dans ma vie mais jamais à ce point.
— Alors pourquoi toutes ces cachotteries ?
— Parce que j’ai honte, honte de ce que je suis devenu. Je suis tombé si bas que j’ai peur de ne plus jamais pouvoir me relever, fit-il en baissant la tête. Tu mérites tellement mieux que moi.
— Regarde-moi Daniel, dit-elle en prenant son visage entre ses mains. Je t’aime, avec tes peurs, tes angoisses, tes défauts et tes qualités. Je t’aime pour ce que tu es et non pour ce que tu voudrais être.
— Je t’aime tellement, murmura-t-il en la rejoignant sur le lit.

Il l’embrassa fougueusement tout en laissant couler des larmes de bonheur. Ils restèrent ainsi l’un contre l’autre un long moment, chacun puisant la force et le courage en l’autre. Puis sans qu’ils ne sachent comment leurs corps et leurs âmes se mêlèrent en une danse sensuelle. Les caresses d’abords douces se firent brûlantes et passionnées. Daniel parsema le corps de Raf de baisers, jouant avec la pointe de ses seins durcis par l’excitation, jusqu'à ce qu’il arrive à son but ultime, le triangle d’or où il souhaitait se perdre. Agenouillé entre les jambes de la jeune femme, il la pénétra d’un, puis de deux doigts, sans pour autant jamais la quitter du regard. Il la sentait frémir à chaque fois qu’il caressait son bouton de plaisir. Il se pencha pour embrasser le nombril de Raf tout en continuant de bouger en elle. Il la sentait au bord du précipice. Il accéléra la cadence de ses caresses, la poussant dans un tourbillon d’extase, de jouissance et de plaisir. Quand elle retomba sur l’oreiller, elle était à bout de souffle. Elle n’avait jamais ressenti une telle sensation de bonheur. Il l’embrassa passionnément. Il était bien décidé à faire perdre la tête à sa compagne. Il positionna son membre à l’entrée toute chaude de la jeune femme qui ferma les yeux quand elle le sentit la pénétrer. Tous ses sens étaient exacerbés par sa jouissance antérieure, et elle le sentit entrer en elle, centimètre par centimètre, jusqu'à ce qu’il fut totalement en elle. Il marqua un temps d’arrêt, avant se mettre à bouger, avec un rythme presque frénétique. Il voulait la posséder totalement, se fondre en elle. Il sentit les ongles de Raf lui griffer le dos quand ils basculèrent ensemble dans la jouissance. Daniel retomba, sans pour autant se retirer, sur sa compagne en faisant attention à ne pas lui faire du mal. Tous deux se sentaient tellement bien qu’ils s’endormirent dans cette position.

***

Ils furent réveillés le lendemain par des coups donnés à la porte. Daniel se leva avec précaution, enfila sa robe chambre et alla ouvrir. l se trouva nez à nez avec une factrice qui le détailla du regard avec envie.

— Bonjour, je cherche Mme Sanchez. C’est M. Alfredo qui m’a dit que je pourrais peut-être la trouver ici.
— Qu’est-ce que c’est ? Demanda Raf en entendant son nom.
— Ce n’est rien, c’est le facteur, elle a un recommandé pour toi.

Apres avoir signé l’accusé de réception, elle ouvrit la lettre et sentit la colère monter en elle.

— Les ordures….
— Qu’y a-t-il ?
— Rien, rien. Juste un problème à régler.
— Ce n’est pas rien si cela te met dans un état pareil, tenta de la raisonner Daniel inquiet.

Ils ne purent continuer la conversation car déjà la police sonnait à leur porte pour prendre leur déposition. Pendant près de deux heures, ils donnèrent avec force de détails leur version des événements, essayant d’être les plus précis possibles pour que les coupables ne puissent s’en sortir face à un juge.

— Vous êtes conscients que vous allez leur être confrontés devant le juge d’instruction et qu’il va falloir que vous témoigniez au moment du procès ?
— Nous savons tout cela, assura Daniel.
— Bon et bien ce sera tout. Nous nous permettrons de vous rappeler si jamais nous avons besoin de votre aide.
— Pas de problème, répondit-il, vous savez où nous joindre.

Apres un petit déjeuner tardif, ils allèrent, comme promis, voir Valérie et Ilia qui se faisaient un sang d’encre. Val embrassa son amie quand elle passa la porte, ne la lâchant que pour la laisser entrer dans le salon où Ilia la prit dans ses bras à son tour et lui murmura des paroles de réconfort.

— Tu sais que tu nous as fait peur ! Dit Val en ramenant un plateau avec café, thé et gâteaux. J’ai cru mourir quand j’ai entendu les infos hier soir. Je me doutais que c’était grave mais pas à ce point…
— Disons que j’ai eu beaucoup de chance et un preux chevalier est arrivé à point nommé sur son blanc destrier, répondit Raf avec une voix tremblante.
— J’étais seulement au bon endroit au bon moment, c’est un coup de chance, dit modestement Daniel en entourant la jeune femme de son bras.
— Et vous, ca va ? S’enquit Valérie en faisant un geste vers les bleus qui ornait la joue du jeune homme.
— Oui, oui. Et puis j’ai une infirmière hors paire. Dans quelques jours, il n’y paraîtra plus, répondit-il un peu gêné.

Le silence retomba. Chacun essayant de trouver un sujet de conversation anodin pour dissiper la tension dans la pièce. Raf triturait la lettre recommandée qu’elle avait glissée dans sa poche avant de partir. Elle ne savait pas comment aborder le sujet et se demandait si c’était bien le moment de parler de ses ennuis. D’un autre coté, elle avait éludé la question autant que possible mais là elle se trouvait au pied du mur et devait prendre une décision rapide. Elle aurait préféré en parler seule à seule avec Val mais il lui semblait déplacé de faire bande à part. Elle savait que Valérie serait en colère quand elle lui raconterait sa mésaventure mais elle ne la jugerais pas et la soutiendrait quelque fut la décision qu’elle prendrait. Elle n’était pas sûre que les deux hommes ne la traiteraient pas comme une enfant qui avait fait une faute et qu’ils ne la gronderaient pas comme telle. Elle n’avait pas besoin de remontrances mais d’aide. Les gens sont prompt à juger, ils auraient, eux, tout de suite décelé l’escroquerie et ne se seraient pas fait avoir, c’était du moins ce qu’avaient dit les personnes à qui elle en avait parlé sur son lieu de travail. Raf aurait bien voulu voir à sa place. Elle était tellement plongée dans ses réflexions qu’elle n’entendit pas Val lui parler.

— Pardon ? Dit-elle. Je suis désolée j’étais ailleurs.
— Ca je m’en suis rendue compte. Qu’est ce qui te rend si pensive ? C’est ce qui c’est passé hier qui te préoccupe ?
— Oui… Enfin non… Pas vraiment. C’est juste que…
— Que quoi ? Demanda doucement Daniel.
— Que j’ai fait une énorme bêtise et que je suis dans une impasse, lâcha-t-elle enfin avant donner la lettre à Ilia.
— C’est une plaisanterie, dit-il furieux quand il acheva de la lire.
— Non malheureusement, répondit Raf d’un air penaud. Pas besoin de me faire de reproches, je m’en fais déjà assez.
— Qu’est-ce que c’est ? Demanda Val avec curiosité, il était rare que son mari se mette en colère.
— Tiens, lis ! C’est de la pure folie ! Pourquoi avoir attendu si longtemps Raf ? Pourquoi tu n’es pas venu nous voir tout de suite ?

Rafaela ne répondit pas, elle était effrayée par la colère d’Ilia. Jamais elle ne l’avait vu ainsi, elle se colla un peu plus contre Daniel et sentit des larmes lui monter aux yeux. Val finit de lire et regarda son amie. Ainsi c’était cela qu’elle gardait pour elle et qui était en train de la miner intérieurement.

— Ilia raison, dit-elle doucement. Pourquoi tu n’as rien dit ?
— Je… Je… Je ne voulais pas vous ennuyer avec cela et puis naïvement je pensais trouver une solution toute seule.
— Tu es vraiment incorrigible. Quand vas-tu comprendre que quoi qu’il arrive tu peux toujours venir nous voir ? Demanda Val.
— Si tu nous racontais tout depuis le début, proposa Daniel en posant la lettre sur la table basse après l’avoir lue.
— Ben y a presque deux mois, ma boite à fusible a grillé. J’ai appelé une boite de dépannage.
— Et pourquoi tu ne nous as pas appelés ? Demanda Ilia.
— Parce que vous étiez en voyage en Italie et que je ne pouvais pas attendre deux semaines que vous rentriez.
— Et comment en es-tu arrivée là ? L’encouragea Valérie.
— Et bien quand ils sont venus faire les travaux, ils m’ont fait un devis qu’à mon grand regret j’ai signé. J’ai fait les chèques à leur demande pour couvrir le montant des travaux, avec leur assurance de n’être encaissés qu’un mois plus tard et que les travaux me seraient intégralement remboursés par mon propriétaire.
— Mais ?
— Ils ont été mis à l’encaissement tout de suite, d’où la lettre que tu as trouvée chez moi le mois dernier.
— Non, mais attends, le tarif appliqué est prohibitif, une telle intervention se monte tout au plus à 1000€.
— Je le sais bien. Mon patron a fait faire des devis. Il veut à tout prix que je les attaque mais selon une amie avocate, on a très peu de chance de gagner. De plus je n’ai pas les moyens d’assurer de telles dépenses. Les frais à la banque m’ont coûté presque toutes mes économies. J’ai essayé de négocier avec le directeur de la boite mais mis à part 500€ de remise, je n’ai rien pu obtenir, même pas un étalement.
— D’où tu vas sortir cet argent ?
— Ma mère est prête à m’avancer les sous mais j’ai la haine parce que se sont ses économies et qu’elle s’est privée pour avoir ce petit pécule, termina-t-elle en serrant les poings.
— C’est pour cela qu’elle vient la semaine prochaine ?

Raf hocha la tête. Elle se sentait soulagée de ne plus devoir cacher cela à ses amis et en même temps, elle se sentait honteuse de s’être laissée berner de la sorte.

— Tu permets que je prenne les choses en mains ? Demanda Ilia.
— Qu’est-ce que tu comptes faire ?
— Je ne sais pas encore. A la limite, je préfère encore t’avancer l’argent, si ma femme est d’accord, que de laisser ces gens toucher aux économies de ta mère. Mais avant je vais voir une ou deux choses. Je suppose que tu n’as pas tous les documents avec toi ?
— Ben si, je ne m’en sépare pas depuis le début de cette histoire. Je peux t’en faire des copies mais sache que mardi dernier délai, j’irai les payer, je les ai déjà prévenus. J’en peux plus de cette histoire. Je veux que ca s’arrête et que tout rentre dans l’ordre.

Ilia regarda Val. Elle semblait abasourdie. Daniel lui aussi semblait sous le choc de ces révélations. Raf quant à elle se laissa retomber contre le dossier du canapé. Elle avait peur de ce que Ilia pourrait faire, peur que cela ne lui amène de nouveaux ennuis. Daniel la prit dans ses bars et l’embrassa, il la sentait trembler.

— Ne t’inquiètes pas, tout va bien se passer. On va trouver une solution.
— Je l’espère parce que je suis au bout du rouleau.
— Ca va aller, fit Ilia confiant.

Le reste de l’après-midi se passa à essayer d’élaborer une stratégie pour sortir la jeune femme de ce mauvais pas. Quand enfin ils rentrèrent, Daniel et Raf ne se quittèrent pas contrairement aux autres soirs. Elle l’invita à rester chez elle pour la nuit. Conscient qu’elle l’invitait à entrer dans son jardin secret, il lui en fut reconnaissant et prit une décision qui allait lui changer la vie. Il avait décidé que plus jamais il ne se laisserait aller, que plus jamais il n’aurait honte de lui, il appela Ilia pendant que Rafaela prenait sa douche.

— C’est Daniel, j’accepte votre proposition.

Il raccrocha, sachant qu’il venait là de franchir un pas important pour sa survie, pour son avenir. Quand Raf sortit de la salle de bain, il s’embrassa avec fougue en souriant, mais cette fois son sourire éclaira son visage et elle put enfin voir toute sa beauté cachée.

***

Ce week-end là Raf partit voir sa mère qui revint avec elle pour passer une semaine à Paris. Daniel était très nerveux à l’idée de rencontrer sa future belle-mère. Mais, malgré ses craintes, cette première rencontre se passa assez bien. La seule chose qu’elle lui demanda ce fut de bien prendre soin de sa fille parce que sinon… Elle avait laissé la phrase en suspens mais Daniel avait saisi l’étendue de la « menace ». Le mardi arriva sans que Ilia eut trouvé une solution autre que de payer. Il avait parlé à un ami policier mais selon celui-ci, même si le tarif pratiqué était plus qu’abusif, cela ne constituait nullement une escroquerie. Il avait demandé conseil à son avocat qui, après quelques recherches, lui avait affirmé que tous les papiers étaient parfaitement légaux. Ilia enrageait.
Raf et sa mère arrivèrent vers 15h00 dans les locaux de la société. La jeune femme avait prévenu par fax les responsables, par deux fois, de la date où elles se rendraient à leurs bureaux afin de les payer et de « les envoyer au diable », selon l’expression de sa mère. Raf avait l’estomac noué, elle pressentait que les choses n’allaient pas être aussi simples. Elles furent toutes les deux reçues par le directeur commercial qui leur expliqua qu’il leur faudrait revenir parce que les fameux chèques impayés, objets du litige, étaient dans leurs bureaux de Versailles, par lesquels ils transitaient avant d’arriver dans les bureaux parisiens, et que malheureusement ils étaient fermés pour quelques jours, la responsable étant en vacances. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase pour Raf. Celle-ci entra dans une colère noire. Elle cracha toute la haine et toute la rancœur qu’elle avait gardé pendant près de trois mois: elle tapa des pieds et des mains, hurla, pleura mais ne dévia pas une seule seconde de son idée première, régler cette affaire une fois pour toutes ! De toute manière, décréta-t-elle au directeur, à eux de se débrouiller parce qu’elles ne partiraient pas de leur bureau sans avoir obtenu satisfaction, même si elles devaient y passer la nuit. Bien décidée à prouver sa volonté de mettre en pratique sa menace, elle s’assit par terre, la seule chaise disponible étant occupée par sa mère, attendant une solution de la part du directeur commercial qui ne savait plus à quel saint se vouer car la jeune femme, soutenue par une tête de mule de mère, ne voulait rien entendre. Pour ne plus avoir à soutenir le regard glacial de Rafaela qui lui faisait face, il décida d’aller sur place avec un technicien afin d’essayer de débloquer la situation.

16h00 arrivèrent. 17h00 aussi. Il n’y avait toujours aucune trace des responsables qui essayaient d’ouvrir la fameuse porte qui, d’après eux, était blindée et munie d’une serrure de sécurité. Les autres salariés faisaient comme si de rien n’était et ignoraient les deux femmes assises à la porte du bureau de la direction et qui attendaient sans sembler perdre patience. Quand 19h00 arriva et que toujours personne ne se fut présentée, Raf sortit des locaux et entreprit d’appeler Daniel et Val, loin des oreilles indiscrètes des employés, pour qu’ils ne s’inquiètent pas.

— Allô ? Fit Val en décrochant dès la première sonnerie.
— A l’huile, répondit Raf d’un ton faussement enjoué. Elle faisait la forte tête mais intérieurement elle n’était pas loin de craquer.
— Alors, tu es rentrée ?
— Euh… ben… Non, j’ai décidé de faire du camping dans les bureaux avec maman.
— Pardon ? Attends, j’enclenche le haut-parleur, Ilia vient de rentrer.
— Je suis toujours à leurs bureaux.
— Comment cela se fait ? Demanda Ilia d’une voix neutre qui en disait pourtant long.
— Eh bien, il semblerait que malgré mes deux fax, ils ignoraient que je viendrais aujourd’hui. Résultat rien n’était prêt à notre arrivée, pire encore mes chèques sont à Versailles et j’attends depuis 15h00 qu’on veuille bien mes les ramener.
— Tu plaisantes ?
— Est-ce que j’en ai l’air ? Demanda Raf agacée. Franchement ? Tu crois que ca me fait plaisir ? Je suis sûre qu’ils me prennent tous pour une folle parce que j’ai refusé de revenir demain après-midi.
— J’arrive, annonça Ilia. Tu as prévenu Daniel ?
— Non, pas encore, j’allais le faire. Mais ce n’est pas la peine de te déplacer, je ne vois pas ce que cela va changer.
— On verra bien, j’ai deux ou trois idées et puis cela me fera du bien de leur dire ma façon de penser. Je passe chercher Daniel et j’arrive.
— Comme tu voudras, soupira Raf éreintée. Il était aussi têtu qu’une mule et il ne servait à rien de vouloir le raisonner.

Une demi-heure plus tard, les deux hommes entrèrent dans les locaux miteux de la société. Le carrelage, qui un jour avait été blanc, était gris de ne pas avoir été entretenu. Les murs et les portes portaient les stigmates d’années de laisser-aller, des traces de doigts ou des murs tellement encrassés que l’on ne pouvait plus voir leur couleur d’origine. Le comptoir où officiait un standardiste, seule personne à s’être comportée avec gentillesse avec les deux femmes, était aussi sale que le reste. Ilia fit une grimace de dégoût en voyant cela. Il repéra sans difficulté Raf et sa mère toujours assises sur leurs chaises à attendre. Elles parlaient à voix basse dans leur langue maternelle, l’espagnol.

— Est-ce que je peux quelque chose pour vous messieurs ?
— Non, merci pas pour le moment. Je viens voir ces deux personnes, annonça Ilia d’une voix glaciale en désignant les deux femmes.
— Daniel ! Ilia ! S’écria Raf en se levant et allant saluer les deux hommes.
— Ca va ? Demanda Daniel d’une voix suave.
— Oui, mais je suis fatiguée et maman aussi.
— Où en est la situation ? S’enquit Ilia en obervant les traits tirés par la fatigue et l’énervement de Rafaela.
— Eh bien, ils ont dû faire appel à un autre serrurier, le premier étant tellement doué qu’il a forcé la porte en la bloquant. Bref, si on sort d’ici pour minuit, on aura de la chance.
— Euh… ce n’est pas censé faire partie de leurs attributions d’ouvrir les portes en plus de la plomberie et de l’électricité ?
— C’est ce qui est marqué sur leur publicité mais ils n’ont pas l’air… très doué, fit Raf en haussant les épaules.
— OK, fit Ilia en réfléchissant. Daniel, prenez mes clés, vous allez ramener la mère de Raf, et rester avec elle jusqu'à ce qu’on revienne.
— Et vous allez rentrer comment sans véhicule ? S’enquit l’intéressé.
— On prendra un taxi s’il le faut.

Daniel soupira. Il n’aimait pas qu’on lui donne des ordres et encore moins par un sosie de… Il regarda un instant Raf, qui était à bout, et sa mère qui semblait ne pas être dans un meilleur état. Il acquiesça et partit accompagner de la vieille dame. Ilia s’assit à coté de Raf qui poussa un long soupir. Il lui prit la main tout en lui faisant un clin complice pour l’encourager à ne pas perdre patience. 20h passèrent et 21h00 aussi, Rafaela faisait les cent pas sous le regard inquiet d’Ilia. Il la sentait prête à exploser. Il la fit asseoir avec douceur, quand enfin vers 21h30, le gérant de la société arriva enfin.

— Quoi qu’il arrive, laisse-moi parler, d’accord ? Murmura-t-il à l’oreille de la jeune femme qui hocha discrètement la tête.
— Bonsoir, fit celui-ci en tendant la main que Raf serra avec réticence. Je suis désolé de tous ces inconvénients.
— Vous pouvez l’être en effet, commenta Ilia d’une voix calme et glaciale qui donna des frissons à la jeune femme.
— Si nous allions dans le bureau afin d’en terminer avec cette affaire, répondit nerveusement le gérant mal à l’aise devant le regard bleu acier du mari de Valérie.

Après s’être installés dans le bureau, tout aussi chassieux que le reste des locaux, le gérant farfouilla dans les papiers qu’il avait ramené de leurs bureaux de Versailles et trouva enfin ce qu’il cherchait.

— Eh bien voilà, je sais que mon directeur commercial vous a encore fait une remise de 600 euros cela nous met la facture à 3000€.
— Je peux vous poser une question ? S’enquit Ilia tranquillement. Cette mascarade était prévue ou non ? Je trouve votre attitude déplorable dans toute cette histoire. Tout de même…. Six heures pour ouvrir une porte… Cela me laisse très nettement entrevoir quel genre de professionnels vous êtes. Je comprends maintenant pourquoi vous facturez vos services aussi chers.
— Enfin, monsieur, je ne vous permet pas de…, s’insurgea le directeur.
— Et vous, vous pouvez vous permettre de faire perdre à cette jeune femme plusieurs heures de travail ? Vous pouvez vous permettre de laisser sa mère, une personne âgée de 74 ans, malade de surcroît, assise sur une chaise des heures durant ? Je suis sûr que bon nombre de vos clients « habituels » seraient ravis de savoir comment vous traitez vos clients.
— Que voulez-vous dire ? Demanda le gérant en blêmissant.
— C’est simple, je fais un métier qui me permet d’avoir des contacts avec beaucoup de personnes, des administrations en autres. Des gens qui font très souvent appels à vos services et avec qui vous avez des contrats de maintenance. Je me demande comment ils réagiraient s’ils apprenaient que, non seulement vous surévaluez vos tarifs, mais qu’en plus vous traitez vos clients de manière aussi cavalière. Je suis sûr que certaines de ces personnes ne voudraient voir leur image associée avec ce genre d’histoire.
— Vous n’oseriez pas ?
— Je vais me gêner. En plus, il se trouve que ma femme vient de refaire entièrement les bureaux de l’antenne de contrôle des services fiscaux et que le directeur est devenu un ami. Je suis certain qu’il se fera un plaisir de vous envoyer quelques contrôleurs, des impôts jusqu’aux services sanitaires il y a largement de quoi faire, quand je l’aurais mis au courant de cette affaire. Alors si maintenant nous parlions sérieusement ! Cette intervention ne coûte que 800€ au maximum, même en tenant compte du fait qu’elle a eu lieu un dimanche. Je ne saurais trop vous conseiller de bien vouloir faire un avoir de la différence. Cela couvrira avec peine les préjudices économiques et moraux dont cette jeune personne a été victime par votre seule faute.
— Mais enfin pour qui vous prenez-vous ? Se rebella le gérant. Il est hors de question de…
— A votre guise, c’était votre dernière chance avant de vous retrouver dans avec beaucoup plus d’ennuis que vous n’en avez créé à Mlle Sanchez. La prochaine fois que nous nous verrons sera devant un tribunal et ce jour-là, j’aurais toutes les preuves qu’il me faut pour que vous ne vous releviez pas, annonça-t-il d’une voix suave et menaçante. Vous feriez bien de vous trouvez un nouveau travail, acheva-t-il en se levant et entraînant Raf à sa suite qui semblait totalement abasourdie.

Ils partirent et, à leur grande surprise, Val était là qui les attendait.

— Alors ? Demanda-t-elle en voyant le visage pâle de son amie.
— On va le laisser mariner dans son jus.
— Tu veux dire que vous n’avez pas payé ?
— Tu veux rire, ma chérie ? Non, non… Mais je vais transformer sa petite vie tranquille en cauchemar, dit-il en montant en voiture.
— Que veux-tu dire ?
— J’ai contacté Edouard cet après-midi et je l’ai mis au courant. D’après ce que j’ai pu apprendre, c’est une société qu’ils ont à l’œil depuis un moment. Les premiers contrôles commenceront dès la semaine prochaine, dit-il d’un air innocent en faisant un clin d’œil à sa femme. En plus, j’ai aussi appelé les différents organismes avec lesquels je travaille et qui font affaire avec eux. A mon avis, ce cher monsieur va avoir quelques mauvaises surprises.
— Oui mais s’il m’envoie les huissiers ? Je ne n’ai plus rien sur mon compte en banque et s’ils viennent à la maison, ils peuvent prendre le peu que j’ai. Déjà que j’ai pas grand chose, murmura-t-elle au bord des larmes.
— Ne t’inquiète pas. Demain nous allons mettre en sécurité tes affaires les plus précieuses y compris ton cher ordinateur.
— Et pour mon compte en banque ?
— A mon avis, ils vont être trop occupés à répondre aux questions des inspecteurs du fisc et de l’URSSAF pour commencer. Je suis sûr nous aurons vite des nouvelles.
— Mais s’il les envoie quand même ? S’inquiéta Rafaela.
— Tu as encore de l’argent sur ce compte ?
— Un peu.
— Demain, tu vas le retirer et tu vas le garder chez toi pour le moment. Pour ton salaire, demande au service du personnel que le virement soit fait sur notre compte, Valérie te donnera un relevé de compte, et je te remettrais l’argent en main propre dès qu’il sera là. D’accord ?

Raf hocha la tête. Elle se sentait si fatiguée. Le silence retomba dans la voiture et bientôt, bercée par la musique douce qui s’élevait de la radio, elle s’endormit. Arrivé à destination, Ilia la porta jusqu’à l’appartement où sa mère et Daniel les accueillirent avec impatience. Valérie leur fit un bref résumé des événements pendant que son mari mettait la jeune femme épuisée au lit.

— Mon médecin passera demain matin pour examiner Raf, annonça Ilia à Daniel. Puisqu’elle ne veut pas se soigner, nous allons l’y contraindre. Avec tout ce qu’il s’est passé depuis deux mois, elle est épuisée et à bout de nerf. Elle a besoin de repos et d’affection. Avec vous deux, je suis sûr qu’elle n’en manquera pas.
— Vous prenez des risques, elle n’apprécie pas qu’on se mêle de ses affaires, fit Daniel en grimaçant.
— Je sais, elle va être un peu en colère mais à la fin je suis certain qu’elle me remerciera.

Daniel eut une moue dubitative, il embrassa tendrement la jeune femme sur le front et parti en compagnie du couple. La nuit lui parut durer une éternité. Son esprit dérivait sans cesse vers celle qui dormait juste au-dessus. Avant de partir, Ilia lui avait remis un papier avec une adresse, une date et une heure de rendez-vous. Daniel avait bien l’intention de s’y rendre pour commencer à mettre un peu d’ordre dans sa vie.

***


Raf se réveilla en sursaut à 9h00 le lendemain matin. Elle tenta de se lever mais sa tête se mit à tourner. Elle fut obligée de se rasseoir sur le lit pour attendre que la pièce cesse de tanguer. Sa mère sortit de la salle de bain et gentiment la recoucha en lui expliquant que tout allait bien. Curieusement Rafaela ne songea même pas à se mettre en colère. Sa mère se mit à préparer le petit déjeuner quand on sonna à la porte. C’était Daniel, accompagné du médecin d’Ilia.

— Bonjour, dit celui-ci en entrant. Alors où est notre malade ?
— Je ne suis pas malade, fatiguée tout au plus, râla-t-elle. Je ne comprends pourquoi vous en faites tout un plat !
— Eh bien, nous allons voir cela, répondit le médecin qui ne fit pas attention à sa remarque.

Il l’ausculta, écouta son cœur, ses poumons, prit sa tension qui, comme il le craignait, était basse.

— Dites-moi, est-ce que vous mangez régulièrement ?
— Oui, enfin… quand je peux.
— En clair, vous sautez des repas…
— Celui de midi de temps à autre, murmura-t-elle en jouant avec le bord de son drap. J’ai tellement à faire et pas assez de temps.
— Et votre sommeil, comment est-il ? Vous dormez d’une traite ou vous réveillez en pleine nuit ? Continua le médecin.
— Je dors à peine trois heures d’affilée, avoua Raf qui baissa la tête quand elle croisa le regard de Daniel.
— Et ensuite ?
— Je somnole plus que je ne dors, admit la jeune femme.
— Vous faites des cauchemars ?
— En ce moment, oui, cela m’arrive.
— D’accord, je vois. Et coté stress ?
— Pfff, fit-elle d’un air sombre. Ca, j’en ai plus m’en faut.
— Je vois… eh bien, jeune fille, je ne vous félicite pas, déclara le médecin avec un haussement de sourcil. On peut dire que vous vous êtes mises dans de beaux draps.
— Mais je…, essaya de dire Raf en regardant ce docteur aux allures de grand-père lui faire la leçon.
— Ecoutez, votre santé est trop précieuse pour jouer avec comme vous le faites. Vous allez commencer par vous alimenter correctement et pas seulement d’un sandwich sur le pouce quand vous en avez le temps. Ensuite, nous allons remédier à vos insomnies en vous prescrivant une bonne quinzaine de jour de congé et quelques relaxants.
— Mais je ne peux pas, s’insurgea Rafaela, je n’y ai pas encore droit aux congés. Cela ne fait pas assez longtemps que je suis dans l’entreprise.
— Ce n’est pas grave, je vais vous mettre en arrêt. Comprenez-moi bien, vous vous baladez au bord du précipice et vous êtes à deux doigts de tomber. Et cela, je souhaite l’éviter parce qu’une fois qu’on perd la santé….
— Ecoute-le Raf, il a raison, dit Daniel sérieusement.
— Comment veux-tu que je me repose avec tout ça ?
— Cela va s’arranger, fais un peu confiance à tes amis.
— Ils risquent de mal le prendre au boulot.
— Attends, on ne parle pas de travail, on parle de toi et de ta santé que tu mets en péril délibérément !
— Ecoutez-le mademoiselle, il est de bon conseil. Je ne souhaite pas vous voir échouer dans un service psychiatre quand vous craquerez sous la pression, et que vous vous retrouverez en pleine dépression. Vous en prenez le chemin, l’avertit le médecin.
— D’accord, d’accord, mais vous avez l’avantage, vous êtes deux contre un.
— Non trois, dit la mère de Raf qui était restée à l’écart de la conversation.
— Je vois, en somme, je n’ai pas le choix, fit-elle la mine boudeuse.
— Euh… Non, affirma Daniel avec un sourire charmeur.

Raf soupira, elle était si fatiguée qu’elle ne se sentait même plus le courage de protester. Ce qui l’inquiétait le plus, c’était son travail. Comment allaient-ils prendre la nouvelle ?

— Ecoutez mademoiselle, si cela peut vous rassurer, je vais appeler votre employeur.

Aussitôt dit, aussitôt fait, le Docteur Fenêtrier les appela pour expliquer la situation. Curieusement, aucun commentaire ne fut fait, au contraire, on lui souhaita un prompt rétablissement et surtout de ne pas s’en faire. Dans l’après-midi, Ilia et Val vinrent, comme promis, pour mettre à l’abris les quelques possessions de valeur de la jeune femme dans l’appartement de Daniel. Ensuite Ilia accompagna Raf à la banque pour qu’elle puisse y régler les derniers détails. Puis ils dînèrent chez Rafaela, la mère de celle-ci ayant préparé un véritable festin.

***

Une semaine passa, et Raf n’avait toujours aucune nouvelle de l’entreprise de dépannage. Loin de destresser, Celle-ci continuait à se faire du mauvais sang malgré les bons soins de Daniel qui ne la quittait pas une seconde. La mère de Rafaela était repartie, tout en rappelant à sa fille qu’elle referait le voyage si besoin était. Val et Ilia ne travaillaient pas ce jour-là, et avaient décidé d’aller faire un tour au parc Eurodisney avec Raf, Daniel et Cassandra. Mais, à leur grand regret, il tombait des trombes d’eau et ils durent remettre la sortie au jour suivant. Ils passèrent donc une partie de l’après-midi à jouer aux cartes quand le portable de Rafaela sonna. Elle répondit et écouta son interlocuteur avec attention. Elle ne dit pas un mot jusqu'à ce qu’elle en eut fini quelques minutes plus tard.

— Alors ? S’enquirent ses amis à l’unisson.
— C’était le gérant de l’entreprise de dépannage. Je ne sais pas ce que tu lui fais mais il a l’air beaucoup plus aimable et beaucoup moins arrogant. Il veut me voir dans une heure pour mettre un terme à cette affaire selon ses propres dires.
— A quelles conditions ? Demanda Val méfiante.
— Il ne l’a pas dit mais il ne veut pas que Ilia m’accompagne. Il veut que je vienne seule parce que, selon lui, cette affaire ne concerne que sa société et moi.
— Hors de question que tu y ailles seule, intervint l’intéressé, il va vouloir faire pression sur toi pour que tu payes. A mon avis, c’est pour cela qu’il t’impose un délai aussi court.
— C’est bien ce que je pense. Et puis j’ai le droit de me faire assister de qui je veux, non ?
— Tout à fait. Bon, on y va ? S’enquit Ilia avec un sourire narquois qui en disait long sur ses intentions.

Raf embrassa Daniel avec passion. Elle avait besoin d’un peu de chaleur pour tenir le coup. Une autre bataille allait commencer et elle n’était pas sûre qu’elle allait en sortir indemne.

***

Une heure plus tard, ils entrèrent dans les locaux de la société qui étaient toujours aussi misérables. Le standardiste les annonça au gérant et Raf vit avec plaisir celui-ci blêmir en voyant Ilia s’approcher.

— Bonjour, les salua-t-il d’une voix mal assurée. Je croyais que nous allions nous occuper de cette histoire entre gens civilisés.
— Le problème, répondit Raf avec une pointe de malice malgré la nervosité qu’elle ressentait, c’est que si je dois vous donner de l’argent, c’est lui qui devra ouvrir son porte-monnaie parce que, voyez-vous, vous ne m’avez rien laissé, termina-t-elle bien haut pour que les quelques clients présents puissent bien entendre, même pas de quoi finir mon mois !
— Allons dans le bureau, nous y serons mieux pour parler, dit-il rapidement.
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Scilia
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:33



Ilia fit un clin d’œil discret à Raf. Ils prirent place. Le gérant bougea quelques papiers sur la table de travail pour se donner une contenance mais surtout refréner sa colère devant la présence de ce dérangeant personnage. Il plaça devant lui le dossier avec tous les courriers et fax échangés, ainsi que les deux chèques litigieux.

— Alors, fit Ilia d’un ton glacial. Pourquoi tant de hâte ?
— Je pensais avoir trouvé une solution mais je ne pense pas qu’elle vous convienne, je suis désolé de vous avoir fait venir pour rien, bafouilla le gérant.
— Dites plutôt que vous vouliez qu’elle vienne seule pour augmenter un peu la pression afin qu’elle vous règle la totalité de, ce que vous osez appeler, une facture. Comme elle vous l’a dit, si vous devez recevoir un seul centime, cela sera de moi qu’il viendra. Je vais être clair, ou vous vous décidez à faire les choses correctement dans la semaine qui vient, ou nous vous attaquons devant le tribunal compétent. Je connais beaucoup de gens dans la presse régionale qui se feront un plaisir de relayer les faits au grand public.

Le téléphone se mit à sonner. Le gérant blêmit d’avantage encore après avoir décroché, visiblement, ce que son interlocuteur lui disait ne lui plaisait pas.

— Vous avez vraiment décidé de me faire fermer boutique ? S’écria-t-il avec colère en reposant le combiné.
— Moi ? Répondit Ilia avec sarcasme. Non, c’est vous-même qui vous enterrez en ne voulant pas écouter la voix de la raison. Je vous l’ai dit, j’ai toutes les preuves qu’il me faut. Nous allons devant un tribunal et nous gagnons, sans aucun doute possible, assura-t-il. Vous arnaquez les gens et profitez de leur détresse pour gonfler le prix de votre matériel et donc faire grimper la facture. Bien sûr, dans l’affolement et avec l’assurance que les propriétaires vont tout prendre en charge, ils signent et ils se mettent la corde au cou. C’est malin… Parce que la direction de la concurrence et de la répression des fraudes ne peut rien contre vous. Il est interdit de gonfler le tarif de la main d’œuvre mais rien n’interdit de le faire avec le matériel. Les prix sont libres, c’est vous-même qui nous l’avez dit.
— Que voulez-vous pour tout arrêter ? Demanda le gérant d’une voix grave.
— Je veux que cette jeune femme ne paye que ce qui est dû dans une intervention telle que celle-là, c’est-à-dire 800 euros.
— Et vous arrêterez les poursuites ?
— Si vous parlez de tous les contrôles que vous subissez depuis quelques jours, j’ai bien peur que cela ne dépende plus de moi. Car voyez-vous, une fois qu’ils ont senti le sang, ils sont comme les requins, ils ne lâchent que difficilement leurs proies, expliqua Ilia avec un sourire carnassier. Par contre, si vous parlez de notre action en justice, elle prendra fin dès que nous sortirons d’ici avec les chèques litigieux et l’attestation de paiement.

Le gérant parut réfléchir un instant. Les différents services qui étaient déjà intervenus pour fouiller dans sa comptabilité et ses différents dossiers lui valaient déjà une facture exorbitante en redressements, et autres amendes pour non-respect de certaines législations. S’il devaient encore aller au tribunal, il devrait faire l’avance de tous les frais d’huissier, d’experts et payer un avocat pour défendre sa cause. De plus, si ces adversaires gagnaient, il devrait leur rembourser les frais avancés et, si le juge était généreux, il devrait sûrement acquitter des dommages et intérêts. Il fit un rapide calcul mental du montant des dépenses qu’allait lui occasionner toute cette procédure. La conclusion était claire. Il appela sa secrétaire, lui dicta le texte de l’attestation et lui demanda de faire au plus vite. Un quart d’heure plus tard, Ilia et Raf étaient dehors, un énorme sourire sur le visage. Ils avaient enfin obtenu gain de cause.

— J’arrive pas à y croire…Merci, dit-elle les larmes aux yeux en prenant le grand échalas dans ses bras. Celui-ci plutôt surpris de la réaction de la jeune femme l’enveloppa avec chaleur.
— De rien, j’espère que cela finira de te convaincre que tu fais partie de notre famille. Alors tâche de ne plus l’oublier. D’accord ?
— Ne t’inquiète pas pour l’argent, mon propriétaire à promis de me payer dès que je le lui demanderais.
— On s’en fiche de cela, fit Ilia en balayant sa remarque d’un haussement d’épaules, l’essentiel c’est que toute cette affaire soit finie. Demain je passe chez toi de bon matin et on redéménage tes affaires et après, pour fêter cela, on fera cette sortie à Eurodisney, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, OK ?
— Ca marche pour moi, assura Raf avec un vrai sourire.

Ils arrivèrent vers 19h00 à l’appartement où Val et Daniel se rongeaient les sangs. Ils essayaient tant bien que mal de se concentrer sur le film que Cassandra regardait. Quand ils entendirent les clés dans la porte, ils battirent le chien de Val de vitesse pour aller les accueillir à la porte d’entrée. Au vu du sourire épanoui de la jeune femme, ils comprirent, qu’après une âpre bataille, ils avaient gagné. Ilia décida d’inviter tout le monde à dîner l’extérieur pour fêter l’heureux dénouement. Après un bon dîner dans un restaurant les plus chic de la capitale, Raf et Daniel rentrèrent fatigués mais heureux. Une fois rentrés chez eux, ils mêlèrent leurs corps et leurs âmes dans une danse sensuelle qui dura jusque tard dans la nuit, afin de renouveler toutes les promesses d’un avenir qui s’annonçait enfin sans nuage.

***

La semaine suivante Rafaela reprit le travail. Elle avait passé les derniers jours de son arrêt à se refaire une petite santé, à force de bons petits plats, d’un sommeil enfin réparateur et de l’amour illimité que lui prodiguait Daniel. A son arrivée dans son service, elle fut convoquée dans le bureau du directeur.

— Alors comment vous sentez-vous ?
— Mieux, monsieur, merci, dit-elle d’une voix tremblante. Son patron l’impressionnait toujours autant.
— Tant mieux… Et votre affaire ?
— Elle a été résolue grâce à un ami.
— Vous avez payé ? Demanda-t-il avec curiosité.
— Oui mais juste la somme qu’il fallait, pas un euro de plus.
— Tant mieux. Je voulais vous voir au sujet de votre ami. Celui qui nous a aidé lors du hold-up.
— Daniel ? Que voulez-vous savoir ? S’enquit-elle le cœur battant.
— Votre ami travaille-t-il ?
— Non, pas pour le moment.
— Il cherche un emploi alors ?
— Oui, mais où voulez-vous en venir ? L’interrogea Raf curieuse.
— Eh bien voilà, pendant votre absence on a découvert que notre chef de la sécurité, M. Alonzo, était en réalité la tête pensante de la bande qui a tenté de nous cambrioler. En conséquence, nous nous retrouvons sans personne à ce poste. Je me demandais si votre ami, Daniel, serait intéressé. Il a fait preuve d’une grande perspicacité et, d’après ce que j’ai pu apprendre par la police, il sait aussi bien se défendre à main nue qu’avec une arme. Bien sûr, il aurait un salaire tout ce qu’il y a de plus correct et tous les avantages dus à son poste. Alors qu’en pensez-vous ? Vous croyez que cela l’intéressera ?
— Je ne sais pas. Nous n’avons pas vraiment parlé de ce qu’il comptait faire.
— Tenez, donnez-lui cela, dit-il en lui tendant une enveloppe. Il s’agit d’un contrat de travail à durée indéterminée, ainsi qu’une petite prime pour le remercier de son intervention. S’il accepte, je l’attends à mon bureau lundi à 9h00, sinon il peut garder la prime, c’est une récompense pour avoir épargné la vie de plusieurs de mes employés.
— Je lui transmettrais, murmura Raf stupéfaite devant cette nouvelle.
— Bien, je vous souhaite alors un bon retour. Allez vite vous remettre au travail.

Rafaela avait hâte que la journée prenne fin, elle voulait annoncer la bonne nouvelle à Daniel en espérant qu’il accepterait la proposition. Quand elle rentra enfin, elle l’embrassa avec fougue avant qu’il ne puisse dire un seul mot. Elle avait pris l’habitude de passer du temps avec lui et être ainsi séparés toute une journée n’avait fait qu’accroître sa soif de lui. Elle était devenue accroc à ce petit brun qui, dès qu’il la regardait, faisait naître en elle une passion dont elle ne se serait jamais cru capable. Ils passaient ainsi de longues heures à faire l’amour, à explorer toutes les parcelles de leurs corps jusqu’à ce qu’elles n’aient plus aucun secret pour eux.

— Tu as passé une bonne journée ? Fit Daniel en reprenant son souffle après un baiser passionné.
— Oui, on peut dire cela. J’ai été convoquée dans le bureau du directeur.
— Et ?
— Il m’a remis ceci pour toi.
— Qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il en regardant l’enveloppe qu’elle lui tendait.
— Ouvre-la. Cela ne va pas t’exploser à la figure, tu sais.
— Tu es sûre ?
— Tout à fait, assura-t-elle avec un large sourire.

Raf s’appuya contre le montant de la fenêtre et s’adonna à son sport favori : Observer l’homme qu’elle aimait. Ses cheveux, d’un noir geai et bouclés, lui arrivaient maintenant aux épaules. Ses yeux, si inexpressifs et tristes à leur rencontre, brillaient de mille feux même si parfois elle pouvait encore y voir de la tristesse. Quand il souriait, son visage s’éclairait d’une telle joie qu’elle ne pouvait bien longtemps lui résister, d’ailleurs elle ne le souhaitait pas. Elle adorait l’entendre parler avec animation de choses et d’autres et souvent leurs conversations endiablées se terminaient sur l’oreiller.

— C’est une blague ? S’exclama-t-il une fois qu’il eut fini de lire la lettre et d’ouvrir l’enveloppe contenant le chèque de récompense.
— Non, non, il avait l’air très sérieux.
— Attends, tu sais ce qu’il me propose ? De devenir le chef de leur service de sécurité !
— Je le sais, il me l’a dit.
— Tu sais ce que cela signifie ?
— Que je vais devoir me tenir à carreau et ne plus flirter avec tous les beaux mecs du magasin ? Soupira-t-elle en grimaçant.
— Tout à fait ! Et en plus, je pourrais même te tenir à l’œil et faire barrage de mon propre corps contre tous ces hommes qui oseront s’approcher de toi ! Parce que tu le sais, tu n’appartiens qu’à moi ! Continua-t-il d’un ton dantesque en pouffant de rire.
— Oui, mon seigneur et maître, répondit-elle en s’esclaffant.
— Non, plus sérieusement, cela veut dire que nous pourrons bientôt envisager de quitter ces lieux et d’emménager dans un bel appartement. A moins, bien sûr, que tu ne veuilles pas vivre avec moi, ce que je pourrais parfaitement comprendre.
— Je n’ai jamais dit cela. J’ai envie de tout partager avec toi. Ca veut dire que tu acceptes le poste ? Demanda-t-elle le cœur battant.
— Oui mam’zelle, tu as devant le nouveau chef de la sécurité de ton cher magasin ! Diantre, que ce titre me va comme un gant, commenta-t-il en éteignant la cuisinière.

Il voulait lui communiquer sa joie et son bien-être et pour cela il ne connaissait qu’une seule manière : Lui faire l’amour jusqu’à ce que tous deux tombent épuisés sur l’oreiller.

***

L’hiver avait laissé place au printemps et le printemps à l’été. Cela faisait six mois que Daniel avait pris son poste dans le même magasin où travaillait sa dulcinée. Ils avaient organisé leur petite vie de manière à passer le plus de temps possible ensemble. Souvent, ils se retrouvaient avec Val et Ilia pour des dîners et des spectacles où ils s’amusaient comme des collégiens. Un soir, alors qu’ils dînaient tous les quatre sur la terrasse panoramique d’un restaurant parisien, Daniel fit sa grande demande. Le paysage ressemblait à une carte postale que l’on achète volontiers pour emprisonner les bons souvenirs. La pleine lune semblait sourire à tous ceux qui prenaient la peine de l’observer un moment. Daniel n’avait cessé d’y réfléchir et il se sentait prêt. Prêt à sacrifier sa sacro-sainte indépendance pour entamer une nouvelle vie avec celle qu’il considérait comme le plus beau cadeau qu’il lui fut donné dans sa vie. Depuis six mois, il avait changé, il s’était assagi, calmé, ses angoisses et sa douleur avaient laissé place à un bonheur sans borne. Depuis six mois, non seulement il avait tenu la promesse qu’il s’était faite de ne plus toucher une seule goutte d’alcool mais il avait aussi suivi une thérapie avec un merveilleux psychiatre, qui l’aidait à surmonter et à faire face à toutes ses choses qu’il avait fui et qui l’avaient mené si près du précipice.

Rafaela, malgré toutes les attentions de Daniel, avait peur au fond d’elle-même que tout ce qu’elle était en train de vivre ne soit qu’un doux rêve. Elle ne pouvait par moments s’empêcher de se sentir comme étouffée par la présence de celui qu’elle aimait. Elle ne pouvait réprimer cette peur qui s’emparait d’elle et la faisait se sentir étrangère à elle-même. Daniel avait appris à déceler les premiers signes. Raf devenait plus silencieuse, son visage se fermait, et son regard se vidait de toute émotion. Quand cela arrivait, il prenait soin de la laisser tranquille pendant une journée ou deux jusqu'à ce qu’elle eut maîtrisé la crise. Raf s’en voulait mais elle ne pouvait contrôler ce sentiment de perte d’identité qui s’emparait d’elle. La seule chose qui réussissait à la calmer, c’était de s’enfermer chez elle. Là elle retrouvait la solitude qui avait été sa compagne depuis si longtemps et tous ses repères affectifs. Daniel en avait été désarçonné d’abord puis il avait finalement compris que ce n’était que l’insécurité que ressentait Rafaela vis-à-vis de leur relation qui se manifestait ainsi. Il en était venu à la conclusion que s’il lui laissait assez de temps, et lui donnait suffisamment de preuves de son amour, ces crises disparaîtraient d’elles-mêmes.

Ce soir-là, Daniel avait donc décidé de faire le grand saut. Il posa une petite boite sur l’assiette à dessert de sa compagne sous le regard emplit de curiosité d’Ilia qui donna un discret coup de coude sa femme en souriant.

— Qu’est-ce que c’est ? Demanda Raf dont l’estomac était noué, elle s’en doutait mais osait à peine y croire.
— Ouvre, dit-il simplement.
— Oh Daniel ! S’exclama-t-elle en ouvrant l’écrin qui contenait un fin anneau surmonté d’un petit diamant. Tu es fou !
— Oui, de toi, depuis longtemps, murmura-t-il en prenant la bague. Raf, est-ce que tu veux bien partager ta vie avec moi, veux-tu regarder grandir nos enfants et vieillir à mes cotés ? Veux-tu m’épouser ?

Un silence angoissant entoura la scène, avant que Rafaela ne réponde. Celle-ci regardait Daniel qui lui offrait son cœur sur un plateau. Il la voulait, elle ! Jamais elle n’aurait cru que cela lui arriverait. Elle s’était convaincue qu’elle resterait seule à tout jamais. Et voilà que cet être merveilleux lui offrait la chance de vivre un amour éternel.

— Je t’aime, et je veux tout partager avec toi, dit-elle avec un sourire radieux.
— C’est un oui ?
— Oui !

Son visage se fendit d’un sourire. Il lui passa délicatement l’anneau au doigt puis il la prit dans ses bras et l’embrassa passionnément tandis que Val s’essuyait discrètement les coins des yeux. Ilia souriait en voyant qu’enfin ces deux membres de sa famille allaient concrétiser leurs rêves tout en repensant à sa propre demande de mariage et à sa rencontre avec ses futurs beaux parents

Flash-back

Ilia mettait la dernière touche au projet dont il s’occupait avec David. Son comparse entra dans son bureau, deux cafés à la main, et s’assit près de la table d’architecte.

— Alors ?
— Alors quoi ? Demanda Ilia qui fit une grimace en voyant le liquide transparent qui était censé être du café.
— Tu en es où ?
— Je crois qu’on va pouvoir le soumettre à nos clients. J’ai fait les modifications qu’ils souhaitaient tout en restant dans les normes imposées par…
— Garde ton blabla pour le client !
— Non, ça c’est ton boulot. De plus, je suis attendu ce soir.
— Inutile de demander par qui, je suppose, rétorqua David avec un sourire entendu.
— Si tu connais la réponse, entama Ilia sur un ton de sage tibétain.
— Ne poses pas la question, termina son ami en levant les yeux au ciel.

Ilia venait juste de prendre sa veste que son portable sonna. Il décrocha et reconnut aussitôt la voix de son correspondant.

— J’allais justement partir.
— Ilia, je… on ne va pas pouvoir se voir ce soir, commença Valérie d’une voix tendue.
— Tu es sûre que ça va ? Demanda-t-il avec inquiétude.
— Oui… je… je dois avoir mangé quelque chose qui ne passe pas. Sonia et moi sommes allées dans un nouveau restaurant de fruits de mer et… enfin peu importe… je voulais juste te prévenir.
— Je ferais mieux de passer pour…
— Non, le coupa précipitamment la jeune femme. Ce n’est pas la peine. Bonsoir, conclut-elle rapidement.

Ilia reposa son portable et resta un moment silencieux. David l’observa en félicitant intérieurement Val de s’être décommandée car il n’allait pas affronter seul leurs clients.

— Quelque chose ne va pas ?
— J’en ai peur.
— Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? Insista David.
— Qu’elle ne se sentait pas bien et qu’elle avait mangé dans un restaurant de fruits de mer ce midi avec Sonia.
— Où est le problème ? Les indigestions ça arrive, rétorqua David.
— Le problème, reprit Ilia de plus en plus inquiet, c’est que Sonia est en vacances en Grèce cette semaine. Viens avec moi.
— Mais notre rendez-vous !
— Catherine, vous appelez les Bernstein et vous décommandez le rendez-vous de ce soir, inventez n’importe quel prétexte, ordonna Ilia à sa secrétaire par l’interphone posé sur son bureau.

Les deux hommes quittèrent l’immeuble précipitamment et prirent la voiture d’Ilia qui était de plus en plus anxieux à mesure que les minutes passaient.

***

— Bon sang, je ne te demande pas grand chose !
— Je refuse de te donner un seul centime, Nicolas.
— Val… j’avais décidé d’être sympa avec toi. On aurait pu reprendre où on en était resté, on aurait pu vivre des moments délicieux, continua-t-il en l’ignorant.
— Va te faire voir ! Cracha Valérie avec colère.
— Tut tut tut… c’est pas beau des mots comme ça dans ta bouche, bébé, dit-il en caressant sa joue avec tendresse.
— Ne me touche pas ! Comment peux-tu encore croire que…
— C’est à cause de lui, c’est ça ? Demanda Nicolas avec dédain. Ce type que t’as rencontré, il fait quoi dans la vie ?
— Nico, laisse-moi tranquille, supplia Val qui commençait à avoir peur de la lueur qui venait de s’allumer dans les yeux marrons de son ex petit-ami.
— J’aurais bien voulu mais… j’ai plus un rond et j’en dois pas mal. T’es la seule que je connaisse qui a du fric alors… Et puis, t’es mignonne attachée au radiateur.
— Depuis quand tu te promènes avec une arme ? Demanda Valérie qui n’arrivait pas à détacher les yeux de la crosse du revolver qui était à sa ceinture.
— Depuis qu’un mec a voulu me buter ! Tu sais, c’est le business, c’est pour ma sécurité. On a tout notre temps, personne ne s’inquiétera de ton silence avant demain matin, bébé, rajouta-t-il d’un ton plus aguicheur en s’accroupissant devant la jeune femme.
— Tu devrais savoir que tes menaces ne marcheront pas sur moi, j’ai trop l’habitude de…

Il la fit taire en l’attrapant par les cheveux et l’embrassant sauvagement, insinuant sa langue avec force dans la bouche de Val qui n’arriva pas à se soustraire à son baiser. Nicolas eut un sourire ravi quand il se recula quelque peu et décida de profiter de leurs retrouvailles pour renouer les anciens liens du passé. D’un geste avisé, il commença à déboutonner le chemisier de la jeune femme et glissa ses mains à l’intérieur.

— Je te défends de… !
— Tu n’as pas toujours dit cela, la coupa-t-il en lui mordillant le cou.
— Je t’en prie, supplia Valérie les larmes aux yeux.
— T’inquiète pas, bébé tu vas aimer ça…

***

David voyait la route défiler à toute allure à travers sa vitre. Il avait tenté plusieurs fois de demander à Ilia de ralentir mais ce dernier ne l’avait pas écouté. Il lui avait parlé une seule fois, pour lui demander de contacter un inspecteur du commissariat de Colombes qu’il connaissait et qui lui devait un service. Ilia ne prit même pas la peine d’arrêter le moteur de sa voiture, il laissa David à l’intérieur et pénétra en trombe dans le hall de l’immeuble de Valérie. Trouvant que l’ascenseur n’arrivait pas assez vite, il emprunta l’escalier pour monter au 3e étage. Il chercha sur son trousseau la clef que la jeune femme lui avait donné quelques jours auparavant et l’inséra dans la serrure. Il entendit des murmures provenant de la chambre et s’y dirigea à grands pas, se figeant quelques secondes sur le seuil en découvrant la scène qui se déroulait devant ses yeux.

— Non… s’il te plaît…
— Chut, bébé, murmura Nicolas, je vais te détacher et te faire monter au 7e ciel.

David arriva à cet instant et vit un inconnu d’une trentaine d’années, aux cheveux longs et gras, avec une barbe bien fournie et portant des vêtements qui avaient dû faire fureur dans les années 70, soulever la petite amie d’Ilia qui semblait aussi inerte qu’une poupée de chiffons. David n’eut pas le temps de réagir que son meilleur ami se saisissait de l’inconnu et le projetait contre l’armoire. Il allait intervenir quand il vit un éclat brillant dans la main de l’homme. La suite se déroula si rapidement qu’il eut du mal à s’en souvenir quand il dut faire sa déposition aux policiers. Un cri avait résonné dans l’appartement, celui de Valérie qui avait soudainement repris vie et s’était jetée devant Ilia quand Nicolas avait tiré. Ce dernier avait tenté de s’enfuir mais un bon uppercut de David l’avait abruti jusqu’à l’arrivée des policiers.

— Tu n’as rien ? Demanda Val avant de sentir ses jambes se dérober sous elle.
— Qu’est-ce que…
— Pas grave, souffla-t-elle avant de perdre connaissance.

L’inspecteur Bernard était arrivé à ce moment-là. Ilia lui avait résumé les faits après avoir demandé à David d’appeler une ambulance. Nicolas avait été arrêté et Ilia avait été surpris d’apprendre qu’il était recherché. Comment cet homme avait pu entrer dans l’appartement de Valérie ?

***

Il attendait en compagnie de David depuis près d’une heure dans la salle d’attente de l’hôpital. Les ambulanciers avaient confirmé ce qu’il avait vu par lui-même, la balle avait atteint l’épaule et les jours de Val n’étaient pas en danger mais ce qui le tourmentait ce n’était pas cette blessure. L’idée qu’elle ait pu subir des sévices sexuels lui était intolérable. Une demi-heure s’écoula encore avant qu’il ne puisse la voir. Elle avait été installée dans une chambre particulière qui donnait sur un parc dans lequel des enfants jouaient, inconscients des malheurs de ce monde. Ilia l’avait veillée toute la nuit, incapable de la laisser ne serait-ce que quelques minutes. Il s’était finalement assoupi aux premières lueurs de l’aube, sa tête posée au bord du lit, tenant la main de sa bien-aimée dans la sienne. Ce fut une caresse sur sa joue qui le réveilla, un contact léger et agréable qui lui fit ouvrir les yeux pour la découvrir éveillée, le fixant de ses yeux émeraudes avec appréhension.

« Il ne voudra plus de toi quand il saura la vérité. » Cette phrase revenait dans la tête de Valérie comme un mantra. Elle avait peur de la confrontation et n’avait pourtant pas pu résister à caresser le visage de l’homme qu’elle aimait. Comment en étaient-ils arrivés là ? Pourquoi diable Nicolas avait-il décidé de revenir dans sa vie alors qu’elle avait enfin trouvé une certaine stabilité et un homme qui lui convenait ? Elle n’avait aucune réponse à ces questions et le regard céruléen d’Ilia ne l’aida pas à prendre la parole. Leur vie avait été parfaite depuis leur rencontre, près de deux mois plutôt, à tel point qu’elle n’imaginait plus sa vie sans lui. Elle tenta vainement de réprimer les larmes qui se pressaient derrière ses paupières. Sans un mot, Ilia s’assit au bord du lit et la prit dans ses bras, déclenchant une crise de larmes à laquelle il ne s’attendait pas.

— Je suis… désolée… , murmura Valérie au bout d’un long moment, ses sanglots s’étant quelque peu calmés.
— Tu n’as pas à…
— Non… s’il te plaît, laisse-moi finir, trouva-t-elle le courage de dire en évitant pourtant de le regarder dans les yeux. Il… Nicolas était… je suis sortie avec lui il y a quelques années, bien avant de connaître Raf et de m’installer ici. Il était… C’était un beau parleur et je n’ai pas vu clair dans son jeu avant plusieurs mois. J’ai découvert qu’il se droguait et qu’il jouait beaucoup. Je ne pouvais plus… nous nous sommes séparés après que l’un de ses « amis » soit venu à la maison pour réclamer l’argent qu’il devait. J’ai payé… j’ai payé pour qu’il parte et me laisse tranquille. Hier soir… il m’attendait dans le hall. Je ne sais pas comment il m’a retrouvé. J’avais changé de ville, fais attention mais…
— Est-ce qu’il t’a… , commença Ilia incapable de terminer sa phrase.
— Non… non, il a juste… peu importe. Je comprendrais que tu ne veuilles plus me voir à cause de…
— J’espère que tu plaisantes, répondit-il d’un ton glacial.
— Non, je…
— Pour la première fois de ma vie, j’ai ressenti une telle rage quand je l’ai vu te toucher que j’aurais pu le tuer. J’ai cru que… bon sang, j’ai cru que j’allais te perdre quand je t’ai vu t’effondrer après qu’il t’ait tiré dessus. Pourquoi as-tu…
— Parce que je ne voulais pas que tu sois blessé… tu représentes tellement pour moi, Ilia, avoua Valérie en baissant les yeux.
— Comment peux-tu croire une seule seconde que je vais te laisser ? Demanda-t-il en caressant la joue de la jeune femme. Je n’arrive pas à expliquer notre rencontre, l’alchimie qui existe entre nous mais je sais une chose : rien ne viendra plus gâcher notre bonheur. Je t’aime et il n’y a qu’une chose qui me manque pour que je sois le plus heureux des hommes… veux-tu m’épouser, avoir des enfants et vivre le reste de ta vie avec moi ?
— Mais… après ce que je viens de t’avouer sur Nicolas…
— Tu n’es pas responsable de ses actes et cela ne diminue en rien l’amour que je te porte. Je te veux pour femme, Valérie, je veux me réveiller chaque matin et m’endormir chaque soir près de toi, je veux…
— Oui, murmura la jeune femme émue. Oui, je veux devenir ta femme Ilia.

Des larmes coulaient de nouveau sur son visage mais cette fois c’était des larmes de bonheur. Avec tendresse, Ilia la serra contre lui avant de trouver le chemin de ses lèvres afin de lui donner un des baisers les plus intenses de leur vie de couple.

Quelques semaines plus tard il rencontrait ses beau parents. Bien qu’il était sûr de son amour pour Valérie cette rencontre le mettait très mal à l’aise.

— Papa, maman, j’aimerai vous présenter Ilia.

Les deux personnes en question levèrent les yeux sur l’inconnu dont leur fille leur avait longuement parlé. Luc Beaumont le détailla du regard. Il était grand, frôlant sans doute les un mètre quatre-vingt dix, il avait des cheveux blonds, longs, qu’il avait attaché en catogan et il se dégageait de sa personne une impression de sécurité, de confiance et de sincérité. Sarah Beaumont sut immédiatement ce qui avait plu à sa fille chez Ilia. Elle l’accueillit avec beaucoup plus de chaleur que son époux qui voyait d’un assez mauvais œil cet homme lui ravir sa fille unique.

— Venez, nous allons bavarder dans le jardin, proposa Sarah.

Ilia n’était pas vraiment rassuré par cette rencontre mais il savait qu’elle tenait à cœur à Valérie, qui était restée très proche de ses parents malgré la distance qui les séparait. La jeune femme habitait la région parisienne tandis que ses parents habitaient en Corse où ils s’étaient installés cinq d’ans plus tôt.

— Vous avez une maison magnifique.
— Merci. Désirez-vous un café, un thé ou un cappuccino ?
— Un café sera parfait, fit Ilia en s’asseyant près de Valérie sur des chaises de jardin en rotin.

Luc Beaumont avait suivi le petit groupe mais n’avait toujours pas dit un mot. Valérie lui lança un regard appuyé mais son père feignit de ne pas la voir.

— Je n’étais jamais venu dans cette région, avoua Ilia en prenant la tasse que sa future belle-mère lui tendait, mais je le regrette car les paysages sont magnifiques.
— C’est une des raisons qui nous ont incitées à déménager.
— Je reviens, dit Valérie dont le portable venait de sonner. C’est le travail. »

Ilia se sentit légèrement abandonné et s’attendit à un feu nourri de questions de la part de Sarah mais se fut Luc, qui profita de l’absence de sa fille, pour intervenir dans la discussion.

— Il paraît que vous êtes architecte.
— C’est exact.
— Quel genre de choses faites-vous ?
— Surtout des bâtiments publics. Le dernier projet en date était la reconstruction de la bibliothèque de Bois-Colombes…
— Où vous avez fait la connaissance de ma fille, termina Luc. Puis-je vous demander quelles sont vos intentions ?
— Mes… intentions, répéta Ilia pour se donner le temps de trouver la réponse appropriée. Eh bien, j’aime votre fille et j’espère que notre relation va se concrétiser.
— Je vois. Qu’est-ce qui vous fait croire que vous êtes à la hauteur de…
— Papa ! S’exclama Valérie en revenant dans le jardin. Tu avais promis de ne pas le harceler avec tes questions farfelues.
— Elles ne le sont pas et j’ai quand même le droit de veiller sur toi, je suis ton père des fois que tu l’aies oublié !
— Cela ne risque pas, maugréa la jeune femme avec un sourire contrit à Ilia pour excuser la conduite de son père.
— Ne sois pas insolente !
— Je ne le suis pas et puisque tu veux connaître les intentions d’Ilia à mon égard, sache qu’il m’a demandé de l’épouser et que j’ai accepté, répliqua Valérie en sortant de son sac la bague fiançailles qu’elle avait ôtée avant d’arriver chez ses parents.
— Vous allez vous marier ? S’écria Sarah en manquant de s’étouffer avec son café.
— Oui.
— Mais vous ne vous connaissez que depuis deux mois, protesta Luc. Vous ne pouvez pas vous marier !
— Et pourquoi cela, papa ? Demanda Val sur un ton de défi.
— Tu ne le connais pas assez, tu ne sais pas qui il est vraiment et…
— Je sais que je l’aime et je trouve cela suffisant. D’autant plus, puisque tu veux tout savoir, que nous habitons ensemble depuis bientôt un mois et que tout se passe bien.

Luc et Sarah se regardèrent un long moment, horrifiés par les révélations de leur fille unique. Sarah savait déjà ce que Valérie venait de leur annoncer, du moins le fait qu’Ilia l’avait demandé en mariage, et avait conseillé à sa fille d’y aller en douceur avec son père, conseil qu’elle n’avait pas écouté une fois de plus.

— Ecoutez les enfants, commença Sarah, un mariage cela se prépare, vous ne pouvez pas vous marier du jour au lendemain.
— Et vous ferez cela où ?
— Paris. Cela sera plus simple pour tout le monde. Pour vous aussi, puisque l’appartement des grands-parents n’est pas loué en ce moment.
— Valérie, intervint Ilia qui était resté silencieux jusqu’à présent. Nous n’avons pas réellement fixé de date ni de lieu donc…
— Mais vous voulez l’épouser ?
— Oui.
— Vous donneriez votre vie pour elle ? Continua Luc en ignorant le regard appuyé de sa femme.
— Sans aucune hésitation.

Luc considéra sa réponse un long moment pendant que Valérie et sa mère discutait du mariage. Ils en arrivèrent, au bout de deux longues heures, à la conclusion que le mariage devait être repoussé de six mois, le temps de faire les préparatifs correctement. La région parisienne était effectivement un lieu central pour les deux familles qui pouvait s’y rendre sans trop de difficultés. Ilia et Valérie restèrent le week-end chez les parents de cette dernière. Luc réussit à coincer son futur gendre dans son bureau et à s’entretenir durant près de deux heures avec lui. Bien que Sarah et sa fille essayèrent de savoir ce qui s’était dit, aucun des deux hommes ne répondit à leurs questions mais une chose était évidente : Luc commençait à approuver le choix de sa fille.


Le rire de sa femme le ramena au présent. Tous deux félicitèrent le couple nouvellement fiancé et fêtèrent l’événement jusqu’au petit matin.

***

Deux ans… Cela faisait deux ans maintenant que Simon avait disparu. Largo avait perdu tout espoir de le retrouver. Il avait demandé, la mort dans l’âme, à Kerensky d’arrêter les recherches. Il était clair que le Suisse ne souhaitait pas être retrouvé. La culpabilité le rongeait. Il ne se passait une journée où, en entendant la porte du penthouse, s’ouvrir il ne s’attende à voir Simon crier « Salut vieux frère ! Toujours au boulot ? » Le boulot ! C’était la seule chose qui lui restait pour ne plus penser aux événements qui avaient provoqué le départ de son ami. Il s’était fermé à tout contact avec l’extérieur, se forgeant une carapace que bien peu étaient capable de franchir. Son sourire n’illuminait plus ses yeux, ses traits étaient tirés par la fatigue et l’acharnement qu’il mettait à régler ses affaires sans faire de concessions. Pour ceux qui ne le connaissaient pas depuis longtemps, il apparaissait comme une personne froide et impersonnelle, pour les autres qui avaient connu le vrai Largo, celui d’avant la tragédie, ils le voyaient triste et désemparé face à la perte de son meilleur ami. Les batailles au conseil d’administration continuaient à faire rage. Toujours sous la houlette de Cardignac, les opposants au PDG du groupe W prenaient un malin plaisir à contrer tous les projets de leur patron. Largo, lui, appréciait ces affrontements où il pouvait se permettre de laisser sortir un peu de sa colère et de sa hargne. Ce matin-là, il était sur la terrasse dans l’air glacé de ce 1er janvier, à regarder le jour se lever sur la ville, quand Joy vint le rejoindre bien emmitouflée dans son peignoir.

— Tu devrais rentrer, il fait froid et tu n’es pas encore remis de ta bronchite.
— Je sais mais j’ai l’impression d’étouffer. Je n’ai pas senti l’air frais depuis une semaine.
— Ca pour être frais, il l’est, fit-elle en frissonnant. Allez viens, je t’ai préparé du café, avec des croissants tout chauds, ensuite nous pourrons peut-être passer quelques heures sous la couette à nous réchauffer mutuellement.
— Hum… On ne peut aller se réchauffer tout de suite et laisser le petit-déjeuner pour plus tard ?
— Pas question… Tu dois prendre tes antibiotiques et pour cela il faut que tu manges. Mais si tu es sage, je te promets une belle surprise.
— Et c’est quoi ?
— Si je te le dis, ce ne sera plus une surprise !
— Joy ! S’exclama-t-il en la suivant à l’intérieur.

Elle savait exactement ce qu’elle devait dire pour le faire marcher à la baguette et elle en tirait une certaine fierté. Elle n’était certes plus son garde du corps mais elle avait encore une certaine autorité sur lui malgré son état. Elle soupira en sentant son ventre se distendre sous les coups du petit être qu’elle portait depuis cinq mois et demi maintenant. Largo regarda autour de lui. Le sapin, installé sur l’insistance de Joy, occupait une grande partie de la baie vitrée. Les petites lumières s’allumaient et s’éteignaient à un rythme connu d’elles seules mais l’ensemble était harmonieux. Ils avaient fêté Noël et la nouvelle année en tête à tête, une bronchite le clouant au lit depuis une bonne semaine. Quelque part il n’en était pas mécontent, il n’avait pas envie de festoyer cette année. Il lui manquait quelque chose, quelque chose d’essentiel à son équilibre.

— Largo ?
— Pardon, je réfléchissais.
— C’est ce que je vois. Et qu’est-ce qui te rends si pensif ? Demanda-t-elle tout en connaissant la réponse.
— Rien, fit-il en détournant les yeux du regard scrutateur de celle qui partageait sa vie.
— Si tu le dis, soupira-t-elle tout en sachant très bien que c’était au Suisse qu’il pensait.
— Je suis désolé, je… Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je ne reverrais plus Simon, répondit-il en toussant.
— Alors pourquoi avoir fait arrêter les recherches ?
— Parce qu’il est clair maintenant qu’il ne veut pas être retrouvé. J’aurais tant voulu qu’il soit là. Nous allons nous marier, nous allons être parents et il ne sera pas là pour assister à deux des événements les plus importants de notre vie. Nous avons toujours tout partagé, allant jusqu’à sortir avec la même fille… Ne me regarde pas comme cela ! Nous étions jeunes et un peu idiots, tu sais…
— Un peu ? Répéta-t-elle en levant un sourcil.
— Ok, beaucoup… Mais à ce moment là, j’aurais mis ma main au feu que rien ne pourrait un jour nous séparer et regarde… Je suis là, P.D.G. d’un groupe dont je n’ai jamais vraiment voulu, dirigeant la moitié du monde, et incapable de faire quoique ce soit pour retrouver mon meilleur ami.

Joy le prit dans ses bras. A cet instant précis, elle le sentait tellement fragile qu’un simple souffle d’air aurait pu le briser. Elle pouvait presque toucher sa souffrance du bout des doigts, comme elle aurait voulu pouvoir tout effacer et revenir en arrière. Elle détestait le voir souffrir et lui, sachant cela, ne lui montrait jamais cette facette. Il gardait tout au fond de lui, ne laissant échapper de temps à autre qu’un peu de pression pour empêcher de tout faire exploser.

— Aller, viens, il est temps de te recoucher. Tu n’es pas encore en état de faire quoi que ce soit, dit-elle en le prenant par le bras alors qu’une quinte de toux venait de le laisser à bout de souffle.
— Et ma surprise ?
— Tu l’auras une fois que tu te seras remis au lit.
— Mais…
— On ne discute pas… Je ne veux rien entendre. Tu sais ce que le médecin a dit ? Repos, repos et encore repos…
— Je n’ai fait que cela ! Me reposer depuis plus d’une semaine !
— Je sais mais il va en être ainsi jusqu'à ce qu’il dise le contraire ! Alors autant t’y habituer tout de suite.

Il fit la moue comme un enfant pris en faute et s’allongea, bon gré mal gré, sous les couvertures bien chaudes. Il régnait un joyeux désordre dans la chambre, des magazines traînaient abandonnés aux pieds du lit, un haut de pyjama ornait le fauteuil près de la fenêtre. Un plateau avec les restes d’une collation du soir précédent était posé sur la commode où trônait du matériel hi-fi dernier cri ainsi qu’un grand nombre de DVD. Plusieurs livres encombraient la table de chevet du milliardaire. C’était le seul avantage qu’il avait eu à être malade, il avait enfin eu du temps pour lui, pour lire, regarder des films, rêvasser ou tout simplement dormir tout son saoul. Joy avait été très ferme là dessus. Pas de travail pendant au moins encore une bonne semaine au grand désespoir de Sullivan qui n’avait la permission de venir lui faire signer que les papiers urgents. Même un milliardaire avait le droit d’être en arrêt maladie, disait-elle avec malice quand celui-ci essayait de lui donner en douce un dossier à étudier.

— Bon alors, grogna-t-il d’un air interrogatif, où elle est ma surprise ?
— Ici, répondit Joy en lui tendant une enveloppe brune.
— Mais qu’est-ce que c’est ? Demanda-t-il en tournant le cliché dans tous les sens.
— Je te présente Largo Winch Junior, déclara-t-elle avec un sourire.
— Tu veux dire que c’est un garçon ?
— Oui, il a enfin décidé de se montrer dans toute sa splendeur. Tiens, tu vois, là tu as la tête, là les bras
— Et où tu vois que c’est un petit gars ?
— Ben là, tu ne vois pas ? Ca dépasse un peu par-là !
— Ah oui !

Il observa le cliché encore pendant un long moment. Il avait du mal à se convaincre que dans quelques mois il serait père, qu’il était avec Joy à l’origine d’un tel miracle. Comme il aurait voulu partager ça avec Simon. Il sentit ses paupières se fermer doucement et il se laissa glisser dans un sommeil réparateur. Joy sourit et déposa un léger baiser sur le front qu’elle trouva encore un peu trop chaud à son goût. Elle était sûre qu’il avait de nouveau de la fièvre. Elle sortit de la chambre et s’installa sur le canapé à coté du feu. Elle ne pouvait s’empêcher de se demander ce que Simon était devenu, s’il avait réussi à se pardonner car elle le savait, il devait se sentir coupable. Tout ce qu’elle espérait, c’était qu’il ne se soit pas détruit pour une chose dont il n’était pas fautif. Que de choses, elle aurait voulu lui dire ! Elle soupira de frustration. Elle prit le téléphone et appela le bunker. Elle était presque certaine que Kerensky s’y trouverait.

— Ouais ?
— Bonne année, dit-elle en souriant à la manière qu’il avait de répondre au téléphone.
— Bonne année à toi aussi. Je suppose que tu ne m’appelle pas que pour cela ?
— Houla ! Tu es aimable toi ce matin ! Qu’est-ce qui ne va pas ? Ta dernière petite amie en date t’a relégué au fond d’un placard ?
— Joy !
— J’ai rien dit… Dis-moi, je sais que Largo t’a demandé de laisser tomber les recherches pour retrouver Simon et je voulais savoir….
— Tu voulais savoir si j’allais le faire.
— C’est cela.
— Non, je ne vais pas arrêter pour la simple et bonne raison que personne ne m’a jamais tenu en échec, donc il est hors de question que j’abandonne tant que je n’aurais pas tout essayé.
— Je comprends, c’est une affaire d’honneur !
— Tu as tout compris. Tu as besoin d’autre chose ?
— Non. Merci, répondit-elle en souriant. Hey, Kerensky ?
— Oui ?
— A moi aussi il me manque, avoua-t-elle en raccrochant avant qu’il ne puisse ajouter quoi que ce soit d’autre.
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:35

Kerensky reposa le combiné en grognant, il devait se ramollir avec l’âge, si Joy était capable de lire en lui comme dans un livre ouvert. C’est vrai que le Suisse lui manquait même si jamais il ne l’admettrait. Il se sentait frustré et ne comprenait pas ou trop bien que l’on puisse vouloir disparaître de la surface de la terre. Ne faisait-il pas la même chose en se terrant dans le bunker ? Il ne souvenait pas d’avoir jamais eu une vie privée, d’ailleurs il n’en voulait pas parce que quand on s’attache à des gens on souffre. C’est pour cela aussi qu’il en voulait à Simon. Sans même s’en rendre compte, il l’avait accepté en tant qu’un membre à part entière de l’équipe malgré son bavardage inutile, son humour à 2 sous, sa vie amoureuse plus que tumultueuse et ses costumes horribles. Malheureusement, il ne s’en était aperçu que trop tard quand celui-ci avait mis les voiles. C’est pour cela aussi qu’il s’acharnait sur ses ordinateurs depuis deux ans, gardant un œil sur les faits divers des principales capitales du monde dans l’espoir très mince que le hasard ou la chance ne le remette sur son chemin.

***

Daniel attendait patiemment que Raf finisse de se préparer, ils avaient rendez-vous avec Val à la gare Saint Lazare pour aller faire quelques courses du coté des grands magasins puis ils avaient prévu d’aller voir le dernier film de Viggo Mortensen, l’acteur favori du moment de Valérie. Ilia devait les rejoindre pour le dîner dans un petit restaurant près de la Bourse. Cela faisait plus de six mois que Raf et Daniel étaient officiellement fiancés. Le couple nageait dans le bonheur et envisageait très sérieusement de s’installer dans un nouvel appartement pour le printemps et de se marier le jour de l’anniversaire de Raf qui, cette année-là, tombait un samedi. Ils avaient fait les premières démarches et avaient commencé leurs recherches d’un petit nid d’amour. Quand Rafaela sortit de la salle de bain, elle portait une jupe longue bleu marine avec le bas brodé de jolie arabesques, et un pull à col roulé rose pâle qui mettait en valeur ses yeux bleus. Elle avait remonté ses cheveux en une queue de cheval haute afin de dégager son visage. Daniel la prit dans ses bras et l’embrassa fougueusement. Il ne se lassait pas de la tenir, d’explorer son corps avec de doux baisers.

— Eh ! Fit-elle en riant. On va finir par être en retard.
— Tu es sûre qu’on a vraiment pas le temps d’un tout petit câlin ?
— Hélas non.
— C’est pas juste, répondit-il avec une moue boudeuse qui fit rire Raf
— Ne t’inquiète pas. On aura tout le temps de se rattraper ce soir. Je te promet que quand j’en aurai fini avec toi, tu dormiras aussi bien qu’un nouveau né.
— Hum j’ai hâte d’être à ce soir, lui susurra-t-il à l’oreille tout en lui mordillant le lobe.

Après avoir passé l’après-midi à déambuler dans les rues de Paris, et à voir le fameux film dont ils ressortirent enchantés, il allèrent attendre Ilia près du bâtiment de la Bourse. Le petit groupe parlait avec animation et ne faisait pas vraiment attention à ce qui se passait autour d’eux. Val était un peu exaspérée, son cher mari était encore une fois en retard. Quand il appela pour s’excuser, elle le menaça d’aller dîner sans lui s’il ne se dépêchait pas et, connaissant sa femme, celui-ci savait qu’elle était très capable de mettre sa menace à exécution. Soudain un sourd grondement leur fit tourner la tête au moment où une forte déflagration les jeta à terre avec violence. Des milliers de débris de verres et d’asphalte tombaient, martelant les gens qui courraient en tout sens affolés. Une succession d’autres explosions plus petites firent trembler tous les bâtiments aux alentours, élevant des nuages de poussière et de fumée qui plongèrent les lieux dans une obscurité oppressante. Daniel protégea les deux femmes du mieux qu’il put. Quand enfin le silence revint et que la fumée se fut un peu dissipée, Daniel se releva en grimaçant et regarda autour de lui. C’était un paysage d’apocalypse qui s’offrait à lui. On aurait dit que la troisième guerre mondiale avait commencé. Des plaintes s’élevaient parmi les décombres de plusieurs bâtiments qui s’étaient effondrés sous la violence des différentes explosions. Des voitures gisaient éventrées, la chaussée avait complètement disparue à certains endroits ne laissant que des trous béants d’où s’échappaient des volutes de fumées ou des geysers d’eau sous pression là où les canalisations avaient explosé. Au loin, il pouvait entendre les sirènes des pompiers et de la police se rapprocher rapidement. Il se tourna vers les deux personnes qui l’accompagnaient.

— Raf ? Val ? fit-il avec inquiétude en tendant le bras vers sa fiancée et son amie qui étaient couchées à plat ventre, le visage enfouis dans leurs bras.

Il vit avec soulagement les deux femmes bouger. Il se mit à genoux et enleva les cheveux du visage de Raf. Il put constater qu’elle était sans connaissance, sans doute encore sonnée par le souffle de la première explosion. Un peu de sang s’échappait de diverses coupures là où les vêtements ne protégeaient pas la peau. Il jeta un œil à Valérie qui semblait dans le même état que son amie. Il remercia le Ciel en voyant celle-ci ouvrir les yeux.

— Hé ! Ca va ?
— Ouah ! Qu’est-ce qui s’est passé ? Demanda Val en s’asseyant tout en se massant la tête.
— J’en sais rien, on dirait que tout le quartier a sauté.
— Un attentat ?
— Peut-être…
— Daniel ? Appela la voix paniquée de Raf qui venait d’ouvrir les yeux, Val ?
— On est là, la rassura Daniel en s’approchant d’elle. Ca va ?
— J’en sais rien, j’ai l’impression d’avoir reçu la plus grande gifle de toute ma vie.
— Bienvenue au club, dit Val en enlevant les quelques morceaux de verres qui recouvrait son épaisse chevelure rouquine.
— On peut dire qu’on a eu de la chance si on considèrent les dégâts, constata Daniel en se levant et tournant sur lui-même pour essayer d’avoir une vue d’ensemble de la situation.
— Nom de Dieu, souffla Raf en se levant à son tour. On dirait de la pure science fiction.
— Vous restez là les filles, je vais voir si je peux donner un coup de main.
— Non, me laisse pas, le supplia Rafaela en se serrant contre lui.
— S’il te plaît, Raf. Je ne peux pas rester sans rien faire et je me sentirais plus tranquille si je sais où vous êtes.
— Il a raison ma puce, ne t’inquiète pas Daniel, on ne bouge pas d’ici. Sois prudent quand même.
— Promis, fit-il en prenant Raf dans ses bras et en l’embrassant tendrement. Je t’aime.
— Je t’aime aussi.

Il s’éloigna cherchant parmi les décombres d’éventuels survivants. Raf et Val se regardèrent un instant, elles se sentaient perdues et inutiles. Soudain des pleurs attirèrent leur attention, une petite fille sanglotait près d’une femme à demi ensevelie sous les décombres. Elle s’approchèrent avec précaution. La petite fille devait avoir cinq ou six ans au plus et suppliait sa maman de se réveiller. Val la prit doucement dans ses bras en la berçant lui disant que celle-ci allait très vite guérir, Raf s’agenouilla au pied de la jeune maman. Elle essaya tant bien que mal de la dégager et vit en enlevant quelques gravats une plaie béante sur son coté droit. Sans réfléchir, elle enleva son écharpe et appliqua une forte pression en espérant que cela arrête l’hémorragie. Les secours s’organisèrent très vite, pompiers, policiers et volontaires coordonnaient leurs efforts pour aider tous ceux qui étaient dans la détresse. Ilia venait juste de garer sa voiture quand la terre se mit à trembler et qu’un bruit sourd emplit l’atmosphère. Instinctivement, il comprit que ce qui venait de se passer n’était pas un simple accident de la circulation. Il se mit à courir jusqu'à ce qu’il fut arrêté par un cordon de sécurité. Nul n’était autorisé à entrer dans la zone critique. Il tenta tant bien que mal d’expliquer au policier de faction, que sa femme et deux de ses amis se trouvaient dans cet enfer mais celui-ci refusa de l’écouter, il avait reçu des ordres stricts. Il lui conseilla néanmoins d’aller à l’un des postes de la Croix Rouge qui se trouvait trois rues plus loin. Là-bas, il pourrait peut-être avoir des nouvelles des gens qu’il cherchait. Abasourdit, il n’insista pas, comprenant que le policier ne faisait que son travail, et alla essayer de trouver de l’aide. Arrivé au poste de secours, un volontaire le dirigea vers une petite tente où une femme consignait les noms de toutes les personnes présentes sur les lieux et leur état. Plusieurs personnes attendaient déjà et il dut prendre son mal en patience. Il arriva enfin devant la table où une femme d’un cinquantaine d’année lui dédia un sourire fatigué.

— Ilia ! Entendit-il derrière lui.
— Mon dieu, Val, s’écria-t-il en voyant sa femme et Raf s’approcher doucement, tu es vivante !

Il la prit dans ses bras et la serra aussi fort qu’il put. Il voulait se convaincre qu’elle n’avait rien, qu’elle était bel et bien vivante et qu’elle avait réchappé à cet enfer. Raf se tint timidement à l’écart. Même si leur relation s’était considérablement améliorée depuis leur petit mise au point, un an plus tôt, elle ne se sentait pas encore tout à fait à son aise avec lui. De plus, elle était inquiète pour Daniel, le sachant là dehors parmi les décombres, recherchant sans cesse d’éventuels survivants au péril de sa vie. Elle aurait tellement voulu qu’il reste près d’elle mais pouvait comprendre son besoin d’aider les autres, néanmoins elle lui en voulait plus encore en voyant son amie dans les bras de son mari.

— Raf, tu vas bien ? S’enquit Ilia en la ramenant au présent.
— Oui, soupira-t-elle.
— Où est Daniel ? Il va bien ?
— Jusqu'à présent oui. Il est quelque part dans ce chaos, répondit-elle frustrée.
— Il donne un coup de main au secours, compléta Val en voyant son amie au bord des larmes.

Ledit Daniel apparut à ce moment-là, le visage plein de terre, les yeux hagards. Il semblait épuisé et désorienté.

— Tu vas bien ? Demanda Raf en s’approchant doucement de lui tout en le prenant dans ses bras, sentant qu’il avait besoin de réconfort.
— Je… Je ne sais pas… Je…
— Je crois qu’il est temps de rentrer, fit la jeune femme bien décidée à emmener Daniel loin des images horrifiantes qu’ils avait pu voir.
— Je le crois aussi, dit Ilia d’un ton ferme en ouvrant la marche, sa femme toujours blottit contre lui.

Cette nuit-là, chacun des deux couples fit l’amour avec une passion exacerbée, sans doute pour se prouver qu’ils étaient bien en vie, et avaient échappé à cette tragédie que le Ciel avait mis sur le chemin de leur vie.

***

Kerensky leva la tête en entendant les informations. Il avait enfin consentit à quitter son bunker pour rentrer chez lui. Assis sur son canapé rouge, il travaillait à un nouveau moteur de recherche qui lui faciliterait la vie si Largo lui demandait certains renseignements. Son regard posa sur l’écran de télévision. Il monta le son qui était toujours en sourdine quand il travaillait. Selon l’envoyé spécial sur place, tout un quartier de la capitale française avait été soufflé à cause d’une grave fuite de gaz qui n’avait pas été détectée par le système de sécurité. Soudain un visage en arrière plan attira son attention. Un homme portait dans ses bras un enfant qui avait l’air mal en point. Ce n’était pas possible, ce ne pouvait être… et pourtant, il aurait reconnu cette figure n’importe où. Il se leva avec précipitation, réunit les quelques affaires dont il avait besoin et fila directement vers le bunker. Il fallait qu’il s’assure qu’il n’était pas victime d’une illusion.

***

Kerensky avait passé toute la nuit à retravailler l’image grâce à différents logiciels empruntés à divers gouvernements. Le jour se levait à peine sur New York et le Russe continuait de taper furieusement sur son clavier. Il s’était introduit dans différentes bases de données, y compris celles de la préfecture de Paris. S’il était vraiment là-bas, il le retrouverait même s’il devait pour cela mettre sens dessus dessous tout Paris. Joy entra dans le bunker une heure plus tard et resta interdite sur le seuil. Sur plusieurs écrans, il y avait la photo de celui qu’ils recherchaient depuis maintenant deux ans. Elle descendit lentement et s’approcha doucement de peur que l’image ne s’évanouisse.

— Ce n’est pas possible ! Où est-ce que tu as eu ca ? S’écria-t-elle dans un souffle en traçant les contours du visage de son ami du bout des doigts sur l’écran.
— Aux infos, fit-il en ne levant pas la tête de son écran de travail.
— Pardon ?
— Il se trouve que tout un quartier de Paris a été soufflé dans une énorme explosion de gaz.
— Je sais, j’ai lu les journaux mais je ne vois pas le rapport.
— Si tu me laissais finir pour changer.
— Désolée, répondit-elle en se mordant les lèvres.
— Il se trouve que cette image est tirée du reportage transmis par CNN.
— Seigneur, et il va bien ? Demanda-t-elle en réalisant ce que le Russe venait de lui dire.
— Je pense que oui puisqu’on le voyait en arrière-plan, sortant des décombres un enfant blessé dans les bras.
— C’est une bonne nouvelle, souffla-t-elle soulagée. Mais s’il a changé de nom, comment le retrouver ?
— Nous savons qu’il est passé par Londres où on peut changer d’identité assez facilement et légalement. S’il vit en France, il a dû faire une demande de permis de travail et de carte de résidant.
— Oui et… ?
— Et bien, il a dû donner des photos pour cela, il se trouve que j’ai un programme que j’ai emprunté au FBI qui permet de comparer les photos.
— Attends, ne me dis pas que tu as piraté la préfecture de Paris ?
— Non, je ne te le dis pas, répéta-t-il en lui faisant un clin d’œil.
— Et tu as eu des résultats ?
— Pas encore mais… Attends, je crois qu’il vient de trouver. C’est cela, dit-il en ouvrant le document. Il se fait appeler Daniel Moreno, il habite Bois-Colombes, une petit ville de la banlieue parisienne.
— Autre chose ?
— Non pas pour le moment, laisse-moi un peu de temps et je te fournirais un dossier complet.
— D’accord je vais prévenir Largo, il va être si content…, murmura-t-elle sans quitter des yeux l’écran devant elle.
— Joy ? Fit Georgi soudain inquiet de la pâleur de la jeune femme.

Celle-ci ne répondit pas. La pièce s’était soudainement mise à tourner. Elle s’agrippa fortement à la chaise devant elle et ferma les yeux en espérant que cela passe. Elle sentit les mains de Kerensky sur ses épaules qui l’obligeaient à s’asseoir.

— Ca ne va pas ?
— Si, si, c’est juste que… C’est stupide…
— J’appelle ton médecin et je t’emmène au penthouse, Largo va me tuer si jamais il t’arrive quelque chose.
— Ce n’est pas la peine, j’ai juste oublié de prendre mon petit-déjeuner ce matin. Et visiblement le bébé n’aime pas cela.
— C’est cela et moi, je suis le camarade Gorbatchev…
— Georgi, fit elle d’un ton suppliant.

C’était le deuxième malaise qu’elle avait en quinze jours. Le médecin qu’elle avait consulté, sans en parler à son fiancé, lui avait conseillé de mettre la pédale douce sur ses activités, conseil bien sûr qu’elle n’avait pas suivi. Elle accompagnait Largo à presque toutes ses sorties officielles, gardant sur lui un œil vigilant. La bronchite avait tourné à un début de pneumonie et il avait fallu plus d’un mois à son fiancé pour s’en remettre. Elle l’avait veillé presque jour et nuit, ne le quittant que pour se reposer deux ou trois heures avant de revenir au chevet de celui qu’elle aimait. Il était donc hors de question qu’il remette sa santé en péril. Ils arrivèrent à l’appartement où Largo se servait un verre de lait chaud.

— Chérie ? Fit-il en s’approchant de la jeune femme.
— Ce n’est rien… Kerensky fait un monde d’un malaise de rien du tout.
— Un malaise ? Quel malaise ? Quand…
— Ca va aller ne t’inquiète pas, affirma le Russe, j’ai déjà téléphoné au Dr. Wilson, il est en route, il devrait être là d’ici une dizaine de minutes.
— Si ca n’avait tenu qu’à moi… Je ne suis pas malade ! Juste enceinte !
— Viens t’asseoir, proposa doucement Largo en la guidant jusqu’au canapé.
— Je vais bien, dit-elle agacée.
— Si tu allais aussi bien, pourquoi est-ce que tu es aussi pâle ? Pourquoi as-tu des sueurs froides et pourquoi tes jambes ont-elles du mal à te porter ? Questionna le Russe en haussant un sourcil.
— Ca va, ca va…je me rends, dit-elle en s’asseyant.

Le médecin arriva quelques minutes plus tard. Il ausculta la jeune femme, prit sa tension et l’examina longuement dans la chambre tandis que Largo faisait les cent pas dans le salon, sous l’œil attentif de Kerensky qui, même s’il ne le montrait pas, était un peu inquiet pour son amie.

— Alors docteur ? Interrogea le milliardaire en approchant le Dr. Wilson qui sortait de la chambre.
— Tout va bien, elle en a juste un peu trop fait. Elle doit se reposer pendant au moins une bonne quinzaine de jours et interdiction, je dis bien interdiction de soulever quelque chose de plus lourd qu’un livre ou un magazine. Veillez à ce qu’elle mange correctement et tout ira bien. Epargnez-lui les émotions fortes, ce n’est pas bon dans son état.
— Promis. Merci docteur, dit Largo soulagé en entrant dans la chambre laissant Kerensky le soin de régler les détails financiers.

Les rideaux avaient été tirés ne laissant entrer que quelques rayons de lumières épars. Joy était allongée toute habillée sur le lit, elle avait l’air de dormir aussi voulut-il se retirer à pas de loup.

— Non reste, murmura-t-elle en tournant son visage vers le sien.
— Hey, je croyais que tu dormais.
— Pas encore, mais je ne vais sans doute pas tarder à rejoindre les bras de Morphée, le médecin m’a donné un léger sédatif. Tu veux bien rester avec moi jusqu’à ce que je m’endorme ?
— Je vais même faire mieux. Pas de rendez vous, pas de soirée mondaine, pas de réunion avec les chacals du conseil d’administration… Jusqu’à lundi, ce sera juste toi et moi… qu’est-ce tu en penses ? Continua-t-il en s’allongeant à coté d’elle. Si nous nous reposions ensembles ?
— Je t’aime, fit-elle en se lovant contre lui.

Il resta là, les yeux grands ouverts tandis que Joy reposait entre ses bras d’un sommeil réparateur. Lui ne dormait plus depuis longtemps. Il caressa les cheveux de celle qui partageait sa vie depuis presque 5 ans maintenant, d’abord en tant que garde du corps et depuis près de deux ans…. Elle avait changé, surtout depuis « l’accident ». Elle était toujours aussi forte qu’avant, avec un caractère d’acier mais elle laissait s’épanouir ses sentiments qu’elle ne cherchait plus à fuir. Cette épreuve lui avait appris à faire confiance à ses amis et à ne pas avoir peur d’exprimer tout haut ce qu’elle ressentait. Bien sûr, il y avait encore des moments où ses anciens démons revenaient au galop mais jamais elle ne les laissait reprendre le dessus. Doucement et sans même s’en rendre compte, il s’endormit lui aussi rêvant encore une fois de ses retrouvailles avec son ami disparu. Encore une fois, il imagina tout ce qu’il aurait voulu lui dire. Il se réveilla quelques heures plus tard sous le regard attendri de Joy qui l’embrassa.

— C’est en quel honneur ? Demanda-t-il tout en déposant un léger baiser sur sa joue.
— Juste comme ca, j’avais envie d’un câlin…

Elle se blottit contre lui nichant sa tête dans son cou. Elle ne voulait pas qu’il voit son trouble. Elle ne pouvait cesser de penser à Simon dont ils avaient retrouvé la trace. Comment allait-elle annoncer cela à Largo mais surtout comment faire pour qu’il ne monte pas sur ses grands chevaux et parte, séance tenante, le retrouver ? Elle décida d’attendre encore un peu que Kerensky ait fini sa petite investigation et de discuter de la situation avec lui, il aurait peut être des suggestions sur la manière d’aborder le sujet.

***

Deux jours plus tard, Joy entra dans le penthouse, un dossier à la main. Apres en avoir discuté longuement avec Kerensky, ils en étaient arrivés à la même conclusion, ne rien dire à Largo était cruel. Celui-ci poursuivait ce rêve depuis deux ans et même s'il y avait officiellement renoncé, il avait toujours l'espoir de revoir le Suisse.

— Bonjour mon ange, dit-il en levant les yeux du dossier qu'il était en train d'étudier.
— Encore en train de travailler ?
— Faut bien que je gagne de quoi subvenir aux besoins de ma petite famille, répondit-il en la rejoignant au milieu du salon et en la prenant dans ses bras.
— Alors tu es prêt à prendre une petite pause ?
— Avec plaisir, Sullivan veut absolument me tuer à la tâche. Mais il est vrai que certains dossiers ont pris beaucoup de retard. Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-il avec curiosité en voyant celui que Joy venait de poser sur la table basse.
— Quelque chose qui devrait, je l'espère, te faire plaisir.
— Ah bon ?
— Oui. Largo je sais que tu as demandé à Kerensky d'arrêter les recherches...
— Mais ? Continua-t-il en se raidissant un peu.
— Mais il se trouve qu'il ne l'a pas fait et...
— Je m'en doutais un peu, l'interrompit-il en se demandant où elle voulait en venir.
— Largo, ce que j'essaye de te dire c'est que... Il a retrouvé Simon.
— Comment cela retrouvé Simon, tu veux dire que...
— Oui, il y a dans ce dossiers tout ce qu'il a pu trouver.
— Mais comment ?
— L'explosion du quartier de la Bourse à Paris.
— Je ne vois pas le rapport.
— Pendant un des reportages, Kerensky a repéré Simon en arrière plan. Il a retravaillé l'image mais c'était lui, Largo, c'était bien lui.
— Seigneur... Attends, l'explosion c'était il y a trois jours pourquoi as-tu attendu pour me le dire ?
— Parce que nous voulions être sûrs de nous. Je ne voulais surtout pas que tu te fasses une fausse joie.
— Je comprend... Il faut que je... Que j'aille le voir, lui parler... je vais demander à ce qu'on prépare le jet.
— C'est déjà fait Largo, nous partons demain à la première heure.
— Pourquoi attendre ?
— Chéri, tu ne peux pas partir et tout laisser comme ça. Il faut prévenir Sullivan, me laisser le temps de faire quelques bagages.
— Je sais, je sais mais je suis si impatient.
— Ne t'inquiètes pas, il ne va pas s'envoler. Remets-toi au travail pendant que je règle les derniers détails. Je te laisse les infos que Georgi a trouvé.

Sur ses paroles, elle quitta la pièce pour aller préparer les quelques affaires dont ils auraient besoin. Elle prévoyait de rester absente au minimum une semaine si ce n'était plus, elle craignait en effet que Simon ne leur pose quelques soucis. Elle se doutait bien qu'il allait être difficile, voire même impossible de convaincre le Suisse de revenir, mais ils devaient essayer pour le bien-être et la tranquillité d'esprit de Largo. Elle soupira, prit les deux valises qui se trouvaient dans le fond de la penderie et commença à y empiler tout ce qui leur serait nécessaire.

***

Quarante huit heures plus tard, Largo était assis dans le 4x4 en compagnie de Kerensky. Il observait un vieil immeuble à la façade qui, il y avait bien longtemps, avait dû être blanche.

— Tu es sûr que c’est là qu’il vit ? S’enquit Largo en regardant la porte d’entrée verte.
— Oui, dans le bâtiment en fond de cour. Il habite dans un petit studio au premier étage.
— Seul ?
— Oui, mais d’après le voisin du rez-de-chaussée, il aurait une fiancée qui n’est autre que sa voisine du dessus. D’ailleurs, c’est elle.

Une jeune femme sortit de l’immeuble habillée en jeans et pull à col roulé crème sous une veste de cuir avec un Snoopy dans le dos.

— C’est elle ? Tu es certain ? S’exclama Largo avec incrédulité.
— Oui, pourquoi ? Répondit le Russe laconique.
— Parce que ce n’est pas le genre de fille qu’il a pour habitude de draguer, c’est plutôt le genre de fille…
— Que l’on a pour amie, termina Kerensky.
— Oui, c’est ça.

Il la regardèrent s’éloigner en direction de la gare qui se trouvait à 500 mètres environ.

— Que sais-tu d’elle ?
— Elle a trente-trois ans, comptable de profession, d’origine espagnole. Elle a perdu son père très jeune et sa mère vit encore près de la frontière allemande. Elle est venue s’installer ici il y a deux ans maintenant. Sinon, à part cela, elle est clean, même pas une contravention pour stationnement interdit. Une fille tout ce qu’il y a de plus banale. D’après M. Alfredo, le voisin du rez-de-chaussée, ils filent le parfait amour depuis près de dix-huit mois.
— Et coté travail ?
— Elle travaille au service comptable de la grande surface où Simon s’est fait embaucher en tant que chef de la sécurité. Elle s’occupe du suivi bancaire. D’après mes renseignements, c’est elle qui lui a trouvé ce poste.

Largo hocha la tête et sortit de la voiture. Il se dirigea vers la porte de l’immeuble au moment même où l’un des locataires en sortait. Il savait que Simon était chez lui. D’après Kerensky, c’était son jour de repos.

***

Daniel était en train de finir de boire son café quand on frappa à la porte. Il ouvrit et faillit la refermer aussitôt mais son visiteur le prit de vitesse et bloqua le battant du pied.

— Simon attend ! Fit Largo en voyant l’air décidé de celui qui avait été son meilleur ami.
— Qu’est-ce que tu veux ? Cracha-t-il.
— Te parler. Je peux entrer ?

Il réfléchit un instant. Connaissant Largo, celui-ci n’abandonnerait pas et il n’avait pas besoin d’un esclandre dans l’escalier.

— Je t’en prie, céda-t-il en ouvrant la porte en grand à contrecœur.

Le milliardaire entra et examina rapidement les lieux. L’ameublement était sommaire mais l’appartement était bien tenu, on pouvait deviner une touche féminine ci et là.

— Tu voulais parler ? Alors parle ! Je n’ai pas toute ma journée, dit-il en se rasseyant sur le fauteuil qui occupait le mur à coté du lit à moitié défait.

Le grand moment était enfin venu et maintenant Largo ne savait plus quoi dire. Il avait répété mille et une fois dans sa tête tout ce qu’il voulait expliquer à Simon. Il voulait le convaincre de revenir mais il savait que le Suisse serait difficile à persuader. Encore plus maintenant qu’il avait quelqu’un dans sa vie mais il voulait tout de même tenter le coup. Il se sentait si mal depuis cette nuit où tout avait basculé dans cette salle d’attente d’hôpital. Joy lui en avait tellement voulu. Cela avait d’ailleurs failli mettre un terme à leur relation naissante. Il avait passé plus de deux ans à le chercher mais en vain. Il avait fallu un hasard extraordinaire pour remettre Simon sur sa route. Largo avait l’impression qu’on lui donnait une autre chance mais cette fois-ci il ne voulait en aucun cas la laisser passer. Simon, de son coté, l’observait. Il pouvait voir toute une palette d’émotions traverser son visage, lui-même se sentait déstabilisé. Il avait mis si longtemps à se remettre de ce coup que lui avait infligé la vie, qu’il ne se sentait pas encore prêt à le pardonner. Il avait tenté de faire surface avec l’aide de Raf qui, tant bien que mal, l’avait soutenu à bout de bras toutes les fois où les remords, la culpabilité, les regrets et la tristesse reprenaient possession de lui.

— Simon, je…

Il avait du mal à trouver ses mots et le Suisse ne faisait rien pour l’aider.

— Simon, je suis désolé.
— De quoi ? De m’avoir exclu de ta vie du jour au lendemain ? D’avoir brisé notre amitié, de ne pas m’avoir au moins laissé le bénéfice du doute ? De quoi, dis ? Rugit-il en tentant de contenir sa colère.
— De tout cela, j’étais si furieux…. Je sais, ce n’est pas une excuse mais…
— Mais quoi ? Le coupa le Suisse. Tu crois vraiment que j’aurais mis Joy en danger si j’avais su que c’était un piège et, qui plus est, si j’avais su qu’elle était enceinte ?
— Même elle ne le savait pas, Simon. Ce sont les médecins qui nous ont annoncé la nouvelle. Je crois que c’est à ce moment là que j’ai vraiment perdu la tête.

Le silence retomba de nouveau. Tous deux se jaugèrent du regard. Simon, comme à son habitude, continuait à cacher ce qu’il ressentait. Avec Kerensky, il avait été à bonne école. Il avait toujours été quelqu’un de secret, même si les apparences étaient trompeuses, et on pouvait croire au premier abord qu’il était extraverti. Pourtant tout cela n’était qu’une façade, il ne laissait voir que ce qu’il voulait bien que l’on voie. Largo, lui, était un livre ouvert. On pouvait y déchiffrer l’espoir et le désespoir se mêler à de la culpabilité.

— Simon, je voudrais que tu reviennes. Que tu reprennes la place qui est la tienne et que jamais tu n’aurais dû quitter !
— Pourquoi ? Je sais que tu ne me feras plus confiance et de mon coté, c’est pareil. Qu’est-ce qui me dit que tu ne vas pas me virer à la première difficulté venue ? Et puis, il y a Raf. Je ne peux pas la laisser. Elle…
— Tu l’aimes ?
— Cela ne te regarde pas.
— Simon….
— J’ai tiré un trait sur mon passé. Tu ne peux pas reparaître dans ma vie et me demander d’abandonner, du jour au lendemain, ce que j’ai eu tant de mal à reconstruire. J’ai ma vie maintenant. Elle est simple et sans prétention mais je suis heureux ainsi. Alors oublie-moi et retourne à New York !
— Simon !
— Non, c’est inutile, je ne changerais pas d’avis. Maintenant je te demanderais de partir, je ne veux pas que Raf te trouve ici à son retour. Elle ne sait rien de mon passé et je tiens à ce que cela reste ainsi. Embrasse bien Joy pour moi, dis-lui qu’elle me manque, et dis à Kerensky de sourire un peu plus, ça ne lui ferait pas de mal.

Il ouvrit la porte signifiant la fin de la conversation. Largo sortit, les épaules voûtées, sachant qu’il avait perdu cette bataille.

— OK je m’en vais… Pour le moment…
— C’est inutile de revenir, je ne changerais pas d’avis.
— C’est ce qu’on verra.

Simon referma la porte. Les larmes lui brûlaient les yeux. Dieu que Largo et les autres membres de l’Intel Unit lui manquaient même s’il se refusait toujours à l’admettre. Une vague de tristesse lui étreignit le cœur. Il se dirigea vers le petit meuble de la cuisine où il gardait une bouteille de whisky pour un cas d’urgence. Raf n’approuvait pas, mais il lui avait expliqué que c’était pour se prouver qu’il pouvait tenir face à cette dépendance qui avait failli le détruire. Mais aujourd’hui la «douleur» sourde, qui s’était calmée depuis que la jeune femme était entrée dans sa vie, revenait le hanter avec force. Il lutta un moment pour ne pas sombrer mais l’appel de la bouteille fut le plus fort. Toutes ses bonnes résolutions s’en allèrent à vaut l’eau alors qu’il buvait la première goutte du liquide marron qui lui brûla la gorge.

***

Largo remonta en voiture le visage sombre. Kerensky le détailla du regard et, démarra.

— Je suppose qu’il ne t’a pas accueilli comme le messie ? Fit-il d’une voix sarcastique.

Depuis le début, il s’était opposé à cette visite même s’il savait que le Suisse n’était coupable de rien. Tout avait été orchestré par la Commission Adriatique. Il lui en voulait d’avoir disparu ainsi. Il aurait préféré que Simon reste pour se défendre au lieu de prendre la fuite. Largo, lui, se doutait bien que le Suisse ne l’accueillerait pas à bras ouverts mais il ne s’attendait pas à une telle hostilité. Ils retournèrent à l’hôtel où Joy les attendaient avec impatience.

— Alors ? Demanda-t-elle en voyant Largo pénétrer dans leur chambre.

Celui-ci ne répondit pas. Il alla se servir un verre de bourbon, il en avait besoin avant d’affronter la jeune femme.

— Il n’a rien voulu savoir, n’est-ce pas ? Déduisit-elle en voyant le visage sombre de son fiancé.
— Pire que cela, il m’a demandé de l’oublier et de rentrer à New York. Il dit que sa nouvelle vie lui plaît. Joy… J’aurais tellement voulu qu’il m’écoute.
— Chéri, tu aurais dû t’y attendre, ce que tu lui as fait en aurait brisé plus d’un. Tu l’as rayé de ta vie, bon sang ! Il croyait en toi comme en un frère, il aurait fait n’importe quoi pour toi, même mourir s’il avait fallu, et toi ? ? Tu as laissé ta colère gâcher tout cela !
— Tu crois que je ne le sais pas ! S’énerva-t-il. Il a tellement changé. J’ai eu peine à le reconnaître.
— Comment cela ?
— Il a l’air plus calme, plus posé. C’est comme s’il avait trouvé l’équilibre qu’il a toujours cherché.
— Et quel mal y a-t-il à cela ?
— Aucun, je suppose…
— Mais ?
— Mais rien, répondit Largo agacé en évitant le regard de Joy.
— Ah… J’ai compris.
— Et qu’as-tu compris ? Soupira le milliardaire.
— Ce qui te contrarie le plus, ce n’est pas tellement le fait qu’il t’ait mis à la porte. Cela, au fond, je sais que tu t’y attendais. C’est surtout qu’il ait réussi à refaire sa vie et à être heureux sans toi qui te mets dans un tel état, n’est-ce pas ? Tu es jaloux…
— Non, tu te trompes, assura-t-il avec fureur, il ne comprenait pas comment elle pouvait voir aussi clair en lui.
— Largo, je te connais bien. Pour une fois, soit honnête avec toi-même.

Il se laissa tomber dans un fauteuil. Il était fatigué de toutes ces nuits blanches à s’inquiéter de ce qui était arrivé à son meilleur ami pour s’apercevoir, au bout du compte, que Simon vivait une petite vie bien tranquille et heureuse, sans avoir vraiment besoin de lui, alors que lui avait tellement besoin de son amitié. Il regarda Joy et hocha piteusement la tête.

— Largo, tu ne sais rien de ce qu’a été sa vie depuis qu’il est parti. Ne tire pas des conclusions trop hâtives.
— Je sais… Je sais que cela n’a pas dû être rose tous les jours mais…
— Mais ? Répéta Joy.

C’était la première fois depuis longtemps qu’ils abordaient le sujet. Ce dernier était demeuré presque tabou depuis qu’ils s’étaient réconciliés, même s’il n’avait jamais vraiment abandonné les recherches. Ce n’était que lorsqu’il avait demandé la jeune femme en mariage, que Largo avait émis le souhait de le retrouver pour qu’il soit son témoin.

— Je ne sais comment expliquer ce que je ressens, il y a trop de choses.
— Comme le fait qu’il soit parti sans laisser d’adresse ? Comme le fait qu’il partage sa vie avec quelqu’un sans que tu aies ton mot à dire ? Dit-elle en s’asseyant sur le bras du fauteuil.
— Cela et le fait qu’il m’ait tellement manqué, même si je n’ai pas vraiment voulu l’admettre jusqu'à présent. Il est comme un frère pour moi et quand je regarde en arrière, je m’aperçois de tout ce à quoi il a renoncé pour rester avec moi. Combien de fois a-t-il frôlé la mort à cause de ce choix ? Et moi, comme un imbécile, je lui demandais toujours plus et pourquoi ? Pour qu’à la première occasion, je le fiche hors de ma vie ? Je crois que c’est la pire chose que je n’ai jamais faite. Je n’oublierais jamais le regard qu’il m’a lancé avant de quitter la salle d’attente des urgences.

Largo se prit la tête entre ses mains pour que Joy ne puisse remarquer à quel point cette rencontre avec le Suisse l’avait bouleversé.

***

Raf revenait de faire quelques courses. Elle avait prévu de faire un dîner un peu spécial. Il s’agissait de leur anniversaire. Cela faisait maintenant dix-huit mois que Daniel et elle étaient ensemble. C'était la première fois depuis de longues années qu’elle se sentait vraiment bien avec un homme. Elle était surprise que cela dure aussi longtemps. Après quelques mois, elle avait craint qu’il ne l’abandonne, comme tant d’autres l’avaient fait, mais à sa grande surprise il n’en fut rien. Plus le temps passait et plus elle était sûre qu’elle avait enfin trouvé la perle rare, que toutes les difficultés et les doutes par lesquels ils étaient passés, à tour de rôle, étaient derrière eux. Elle savait qu’il y avait certaines choses qu’il ne lui avait pas encore dites mais elle avait une petite idée de ce que cela pouvait être. Elle avait, au fil du temps, rassemblé assez d’indices pour savoir que quelque chose de grave s’était passé, qu’une personne avait été blessée et qu’une amitié avait été brisée. Elle monta chez elle, déposa ses paquets et descendit retrouver son compagnon. Quand elle entra, une surprise de taille l’attendait. Daniel avait vidé la bouteille de whisky, et en avait commencé une autre. Il était soûl.

— Daniel ?
— Ah voilà la plus belle ! S’exclama-t-il en se levant du fauteuil en titubant.
— Tu as bu ?
— Oh juste un peu !
— Un peu ! Tu appelles cela un peu ! On n’a pas la même définition de « un peu » ! s’énerva la jeune femme en approchant.

Elle s’avança vers la table basse et prit la bouteille entamée pour la vider l’évier. Daniel lui attrapa le bras d’un geste sec pour l’en empêcher.

— Donne-moi ça ! Rugit-il en essayant d’arracher la bouteille des mains de la jeune femme.
— Non ! Tu avais promis !
— Donne-moi ça ! Répéta-t-il avec colère.
— Pourquoi faire ? Pour te détruire un peu plus ?

La rage submergea Daniel et il gifla la jeune femme. Celle-ci fut tellement surprise qu’elle lâcha la bouteille qui s’écrasa sur le lino du coin cuisine.

— Regarde ce que tu as fait !
— Vas-y, continue ! Frappe-moi encore ! Au moins pendant ce temps là, tu ne te soûleras pas !
— En quoi ça te regarde ?
— Ca, je me le demande ! Après tout ce que nous avons traversé, j’aurais pensé que tu m’aimerais un tant soit peu, mais il semblerait que j’ai un piètre jugement. Je tombe toujours sur des paumés qui ne réussissent qu’à me faire plus de mal que les précédents.

Elle se dirigea vers la sortie les yeux emplis de larmes quand il l’attrapa par le bras et la retourna face à lui.

— Je t’interdis de me traiter de paumé, tu entends ? Cria-t-il en la secouant.
— Y a que la vérité qui blesse, n’est-ce pas mon cher Daniel ?

Il la gifla de nouveau. Un peu de sang se mit à couler de la lèvre inférieure de la jeune femme qui le regarda avec de la crainte mêlée à de la colère. Ce regard agit sur Daniel comme un électrochoc. Il venait de réaliser soudainement la portée de ses actes. Rafaela recula jusqu’à la porte.

— Raf, je…
— Non, c’est fini ! Personne ne m’a jamais fait autant de mal en si peu de temps !

Il fit un pas vers elle mais Rafaela recula encore, se pressant contre le battant.

— Ne me touche pas ! Je ne veux plus jamais avoir affaire à toi !

Elle sortit en claquant la porte. Il l’entendit monter les marches quatre à quatre et claquer celle de son appartement. Qu’avait-il fait ? Il venait de détruire tout ce qu’il avait eu tellement de mal à construire. Il monta à son tour et frappa à la porte.

— Raf, ouvre-moi
— Va-t-en ! Cria-t-elle.
— Je t’en prie ! L’implora Simon.
— Non, c’est fini, laisse-moi tranquille ! Je ne veux plus jamais te voir !

Il l’entendit pleurer et il redescendit tête basse. Il ne lui restait rien, ni amis, ni amour, rien.

***

Raf l’entendit rejoindre son appartement. Pendant un instant, elle avait craint qu’il ne défonce sa porte. Elle regarda autour d’elle et se sentit perdue. Elle avait été si heureuse ces derniers mois. Elle se laissa glisser au sol, prit son portable et appela la seule personne qui pouvait lui apporter un peu de réconfort.

— Val ?
— Raf ?
— Tu peux venir ? Supplia-t-elle d’une voix faible.
— Un problème ?
— Je t’en prie, viens, j’ai besoin de toi !

Elle raccrocha sans dire un mot de plus. Valérie regarda son téléphone un moment avant de réagir. Elle prit son manteau et son sac avant de sortir précipitamment. Elle appellerait son mari une fois qu’elle en saurait plus. Elle battit tous les records de vitesses pour arriver chez son amie. Elle traversa la cour presque en courant, négligeant de saluer Alfredo. Il avait entendu les éclats de voix mais n’avait pas osé aller voir ce qu’il se passait. De toute manière, il le saurait bien assez tôt. Elle sonna avec insistance. Rafaela se leva et alla ouvrir. Valérie eut un mouvement de recul en voyant le bleu, qui couvrait la moitié de la joue ainsi que l’œil gauche de son amie. Des larmes baignaient ses joues. Val la prit dans ses bras et la berça un moment en lui murmurant des paroles de réconfort. Si elle voulait savoir ce qui s’était passé, il fallait d’abord calmer la jeune femme. Elle la mena jusqu’au canapé où elles restèrent assises un long moment.

-Je vais aller nous faire un bon chocolat chaud et ensuite, je veux que tu me racontes tout.
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 14 Sep - 18:36

Raf se contenta de hocher la tête. Elle ne cessait de repenser à l’attitude de Daniel. Malgré sa colère, elle se demandait ce qui avait bien pu le pousser à replonger, non qu’elle lui pardonnait cette incartade mais elle voulait comprendre. Elle passa la main sur sa joue brûlante et grimaça. Qu’allait-elle bien pouvoir dire à ses collègues le lendemain ? Val revint et déposa une tasse fumante devant son amie.

— Alors ? Que s’est-il passé ? S’enquit-elle d’une voix douce.
— Daniel, répondit Raf comme si cela expliquait tout.
— Raf, je suis ton amie mais je ne suis pas encore devin !
— Je suis allée travailler ce matin puis j’ai fait quelques courses. Je voulais faire un dîner un peu spécial pour fêter nos dix-huit mois et quand je suis rentrée, il avait bu. Il était saoul, Val.
— Attends, tu m’avais bien dit que c’était fini, qu’il avait passé le cap.
— Je le croyais moi aussi. Cela m’a mise hors de moi et je lui ai pris la bouteille pour la vider dans l’évier.
— C’est là qu’il t’a frappé ?
— Oui, ça l’a rendu comme fou et je dois bien dire que je n’ai rien fait pour arranger les choses, mis à part le provoquer.
— Ca, ce n’était pas une bonne idée.
— Non, je le sais, répondit Raf avec un triste sourire. Quand j’ai voulu partir, il m’a arrêté et il m’a giflé de nouveau. C’était comme s’il ne se rendait pas compte de ce qu’il faisait
— Tu ne vas tout de même pas le défendre ?
— Non, ce n’est pas ce que je veux dire. Ce n’est que lorsque j’ai reculé, quand il a tenté de m’approcher, qu’il a eut l’air de se réveiller. J’avais tellement peur…
— Que s’est-il passé ensuite ?
— Il a tenté de s’excuser mais je n’ai rien voulu savoir. Il m’a trahi, Val. Il a trahi une promesse qu’il m’avait faite, celle de ne jamais me blesser.
— Et ?
— Je me suis enfuie et je me suis enfermée ici. Il a bien essayé de me raisonner à travers la porte mais je ne lui ai pas ouvert. Je ne veux plus jamais le voir
— Vous habitez l’un au-dessus de l’autre, cela va être difficile.
— Je sais, mais je m’en fiche. Personne n’a le droit de me frapper. Personne !
— Tu veux que j’aille lui dire deux mots ? Proposa Valérie en sentant sa colère monter d’un cran.
— Non, pas la peine. Laisse-le cuver. Il ne vaut pas la peine que l’on s’inquiète pour lui.

Val regarda son amie, elle savait qu’elle ne pensait pas la moitié de ce qu’elle lui avait dit. Elle était en colère et elle avait peur. De son coté, Valérie avait la rage au ventre. Comment ce type avait-il osé frapper sa meilleure amie ? Si jamais elle le trouvait sur son chemin, elle lui donnerait une leçon qu’il ne serait pas près d’oublier mais, pour le moment, le plus urgent était de rassurer Raf qui malgré son air décidé faisait peine à voir.

— Si tu le dis.
— Val, est-ce que….

Rafaela n’eut pas le temps de finir sa phrase que le téléphone de son amie se mit à sonner. C’était Ilia, son mari, qui venait aux nouvelles, surpris d’être rentré avec leur fille Cassandra dans un appartement vide. Après lui avoir rapidement expliqué la situation, elle décida de rester pour la nuit. Elle était sûre que si elle laissait son amie toute seule, elle allait sûrement avoir beaucoup de mal à s’endormir. Quand elle raccrocha, Raf avait les larmes aux yeux.

— Merci, dit-elle doucement avant que Val ne la reprenne dans ses bras.
— Eh c’est à cela que servent les amies, non ? Tu ne croyais tout de même pas que j’allais te laisser seule dans un état pareil ? C’est bien mal me connaître.

Rafaela hocha la tête. Elle se mit à bâiller, tous ces événements et une journée de travail bien remplie l’avaient vidée.

— Allez viens, il est temps de te mettre au lit. Tu as besoin d’une bonne nuit de sommeil et d’une grasse matinée.
— Mais je dois aller travailler demain, protesta Raf. Je ne peux pas prendre une journée de congé comme ça, sans prévenir !
— Ah oui ? Et que vas-tu leur dire pour ton visage ?

La jeune femme ne répondit rien, elle savait que son amie avait raison.

— Et ne t’inquiètes pas, c’est moi qui les appellerais. Tu me connais, je suis une comédienne hors pair quand je m’y mets.
— Et que vas-tu leur dire ?
— Je ne sais pas encore mais je vais trouver.
— Mais…
— Pas de mais ! Laisse-moi me soucier de cela, toi, tu me fais le plaisir d’aller te coucher. Aller et plus vite que cela !
— Oui maman, fit-elle d’un ton affectueux.

***

L’aube allait se lever. Daniel était assis dans son fauteuil le regard dans le vague. Les mots de Raf se mêlaient à ceux que Largo avait prononcés à l’hôpital. Toute la nuit, il avait réfléchi et il en était venu à une conclusion terrible. Il détruisait tous ceux qu’il aimait. Il y avait eu Vanessa, sa jeune sœur, qui avait pris son envol dès qu’elle avait pu, Joy qui avait faillit mourir par sa faute, Largo dont il avait trahi la confiance en disparaissant comme il l’avait fait, et puis, maintenant, il y avait Raf qui lui avait tout donné, qui l’avait encouragé à aller de l’avant malgré les difficultés, les doutes et les remords. Non, il ne lui restait rien ni personne à qui se raccrocher. Il regarda la boîte en fer blanc qu’il avait soigneusement placée au milieu de la table basse. C’était si tentant d’en finir. Plus de «douleur», plus de doutes, plus de remords, ni de regrets, ce serait le néant. C’était la seule chose qu’il méritait pour avoir fait tant de mal autour de lui. La vie lui avait donné une seconde chance et il n’avait pas su l’attraper au vol. Il était temps de mettre un terme à cette mascarade. Il ouvrit la boîte et prit la seringue qu’il avait préparé précédemment. Il se fit un garrot et s’injecta une dose de morphine.

***

Largo se tournait et se retournait dans son lit. Il avait l’impression que quelque chose de grave allait se passer. Il en était certain. Il n’aurait pu dire d’où provenait ce malaise qui l’avait étreint toute la journée et la soirée, au point que Joy lui en avait fait la remarque. Il regarda le réveil posé sur la table de chevet. Il était presque six heures. Il se leva, fit le tour de la chambre et s’arrêta un instant devant la fenêtre qui donnait sur une jolie cour intérieure, emplie de plantes vertes et de fleurs.

— Largo ? Fit une voix ensommeillée provenant du lit.
— Je suis désolé, je ne voulais pas te réveiller.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Depuis ta visite chez Simon, tu es comme ailleurs. Tu t’inquiètes pour lui ?
— C’est plus fort que moi, Joy. J’ai la sensation qu’une catastrophe va se produire. Je ne peux me défaire de cette impression de malaise.

La jeune femme resta un moment silencieux. Au cours des années, elle avait appris à ne pas douter des pressentiments de son futur mari qui se trompait très rarement.

— Que veux-tu faire ? Demanda-t-elle.
— Je ne sais pas. Peut-être que si je…

Il prit le téléphone et composa le numéro du Suisse que Kerensky lui avait transmis. Il laissa sonner longtemps mais personne ne décrocha. Un frisson lui parcourut le dos. Décidément quelque chose n’allait pas, il aurait pu en mettre sa main au feu. Il regarda Joy puis le réveil de nouveau et prit une décision.

— Largo, qu’est-ce que tu fais ? L’interrogea Joy en le voyant prendre les vêtements qu’il avait abandonné sur le fauteuil avant de se coucher.
— Je retourne là-bas, je veux en avoir le cœur net.
— Chéri, il est six heures du matin ! Tu sais, Simon doit dormir et pas forcement dans son appartement, si tu vois ce que je veux dire. La seule chose que tu risques de faire, c’est de les réveiller ou même de les déranger pendant une séance de câlins matinaux.
— Si c’est le cas, je m’en excuserai humblement mais il faut que je sache. C’est en train de me rendre dingue.
— D’accord, mais je t’accompagne.
— Non, non. Kerensky va venir avec moi. Tu dois te reposer, tu sais ce que le médecin a dit.
— Mais je ne fais que cela me reposer, répondit-elle avec une moue boudeuse.
— Je sais mon ange, mais je ne veux pas vous perdre, ni toi, ni notre enfant alors… Pour une fois, suis les ordres du médecin.
— D’accord mais Kerensky ne va pas être ravi à l’idée d’être tiré du lit de si bonne heure.

Largo ne répondit pas et embrassa celle, qui serait bientôt sa femme, avant d’aller réveiller le Russe. A sa grande surprise, celui-ci ne dormait pas.

— Toi aussi ? Demanda Largo en voyant de l’inquiétude dans les yeux de son ami.

Il se contenta de hocher la tête, prit son manteau et ils partirent, toujours en silence.

***

Valérie avait fini par s’endormir sur le canapé. La nuit avait été quelque peu agitée puisque son amie s’était réveillé deux fois au bord de la crise de panique. Malgré ses efforts pour la faire parler, Raf refusait net de dire ce qui provoquaient ses angoisses. Un bruit sourd la tira de son sommeil. Elle cligna des yeux alors que Raf allumait la lumière de la table de nuit.

— C’est quoi ce bruit ? Fit-elle un peu effrayée.
— Je n’en sais rien mais je ne vais pas tarder à le savoir, déclara Valérie en se dirigeant vers la porte d’entrée.
— Tu crois que c’est raisonnable ?
— Ecoute, il est six heures et demi du matin, tu crois vraiment que c’est une heure pour faire un raffut pareil ?

Elle sortit sur le palier et se pencha par-dessus la rampe. Elle vit un homme blond qui s’acharnait à frapper à la porte de l’appartement de Daniel.

— C’est pas bientôt fini ? Demanda-t-elle d’un ton qu’elle voulait ferme.
— Val, qu’est-ce que c’est ? L’interrogea Raf en sortant à son tour.

Largo monta l’escalier quatre à quatre et bientôt se retrouva sous le regard scrutateur d’une jeune femme rousse qui l’observait avec méfiance. Derrière elle, il reconnut la petite amie de Simon. Il remarqua aussi l’énorme bleu qui lui couvrait une partie du visage, se pouvait-il que le Suisse… ? Il se refusait à cette éventualité, celui-ci n’avait jamais levé, à sa connaissance tout du moins, la main sur une femme.

— Bonjour, je suis désolé. Je m’appelle Largo Winch, je suis un ami de Simon… Ou plutôt de Daniel.
— Un ami ? C’est bizarre, il ne m’a jamais parlé de vous.
— Vous savez s’il est là ? s’enquit-il en désignant la porte du bas, tout en évitant le regard inquisiteur de la jeune femme.
— Je ne pense pas qu’il soit sorti, déclara Raf avec mépris, il doit être entrain de cuver.
— Cuver ? Répéta Largo surpris.
— Oui, il était rond comme une queue de pelle. Je ne sais pas ce qui lui a pris, mais vu son état quand je suis rentrée hier soir, il a dû boire toute la journée.

Un signal d’alarme se mit en marche dans la tête du milliardaire. Mon dieu, qu’avait-il provoqué ?

— Est-ce que vous avez la clé ? S’empressa de demander Largo.
— Oui, pourquoi ?
— Pour m’ouvrir ! Je ne sais pas pourquoi mais je crois qu’il lui est arrivé quelque chose de grave.
— Autre chose que de se soûler comme il l’a déjà fait ? Cela m’étonnerait, lâcha Rafaela tout en allant chercher les clés dans l’appartement.

Val prit les devants et descendit la première. Elle se retrouva nez à nez avec Kerensky qui venait d’arriver.

— Ilia ? Fit-elle surprise, qu’est-ce que tu fais là et qu’as-tu fait de Cassie ?
— Je vous demande pardon mais je ne crois pas que l’on se connaisse.
— Ilia Anton Kerensky, est-ce que tu te ficherais de moi par hasard ? S’écria-t-elle avec fureur.

Georgi était interloqué. Qui était cette femme et pourquoi l’appelait-elle d’un nom surgi du passé ? Largo les regardait tour à tour et Raf était médusée. Cet homme ressemblait à Ilia mais quelque chose n’allait pas, peut-être était-ce cet accent étrange dans sa voix, ou la froideur de son regard ? Elle n’eut pas le temps de poursuivre plus en avant ses réflexions, Largo la pressait d’ouvrir la porte de l’appartement. Il fut le premier à entrer et resta pétrifié d’horreur en allumant la lumière, Raf, qui suivait, étouffa un cri de désespoir. Daniel était là, allongé sur le sol, les yeux clos et pâle à faire peur.

— Daniel ! Hurla Raf en se jetant à genoux près de lui.

Elle était au bord de la crise de panique. Elle essaya de se rappeler ce qu’on lui avait appris dans les cours de secourisme auxquels elle avait assistés une année plus tôt. Elle secoua doucement Daniel, lui parla mais n’obtint aucune réaction. Elle observa sa cage thoracique mais celle-ci ne se soulevait pas. Elle prit son pouls à la jugulaire mais ne sentit rien. Raf regarda Valérie qui s’était avancée en silence.

— Appelle les secours, ordonna-t-elle sur un ton autoritaire.

Raf repéra une seringue sur le sol, près du bras de Daniel.

— Dis-leur que c’est probablement une overdose, qu’il ne respire pas, que je ne sens aucun pouls et que je commence la réanimation.

Elle regarda Largo et Kerensky d’un œil inquisiteur.

— M. Winch, vous savez faire un massage cardiaque ?

Largo hocha la tête et s’agenouilla à l’opposé de la jeune femme. Il posa ses mains sur le thorax de Simon et commença à masser en rythme, tout en comptant à haute voix. Toutes les cinq pressions, la jeune femme se penchait sur le visage du Suisse, dont elle avait basculé la tête en arrière, pour lui insuffler l’air qui lui faisait défaut. Elle regarda le sosie d’Ilia qui gardait un air impassible.

— Vous, fit-elle en désignant Kerensky, descendez et attendez les secours à la porte, ça nous fera gagner du temps.

Elle se concentra de nouveau sur Daniel qui n’avait toujours aucune réaction.

— Les pompiers seront là d’ici 3 à 4 minutes, annonça Valérie. Ils veulent savoir si tu sais ce qu’il a pu prendre.
— Non, pas du tout. Je sais que Daniel a eu des problèmes de drogue. Il a pris de l’héroïne et de la morphine dans le passé mais je n’en sais pas plus.

Elle baissa la tête en évitant le regard de sa meilleure amie. Bien sûr qu’elle en savait plus, mais elle considérait que ce n’était pas à elle de mettre les autres au courant. Si jamais Daniel voulait en parler un jour avec eux, il le ferait. Valérie transmit les informations à son interlocuteur et continua de faire les cent pas dans la pièce, tout en jetant un coup d’œil par la fenêtre de temps à autre. Il ne s’était écoulé que deux ou trois minutes mais cela lui paraissait être des heures. Elle fut soulagée quand elle vit les pompiers traverser la cour. Val les accueillit à la porte et ils prirent les choses en main. Raf était toujours à genoux près de Daniel, elle tremblait de tous ses membres. Maintenant que les secours étaient là, l’adrénaline qui l’avait fait agir sans vraiment penser, la laissait chancelante. L’un des pompiers le remarqua et il lui apporta un jus de fruit qu’il trouva dans le réfrigérateur. Après avoir choqué Daniel deux fois et fait repartir son cœur, ils réussirent à stabiliser son état. Quand enfin ils furent prêts à l’emmener, Raf demanda d’une voix timide si elle pouvait monter avec eux dans l’ambulance. Valérie remonta dans l’appartement de la jeune femme pour lui chercher des vêtements afin qu’elle puisse se changer à l’hôpital, puisque celle-ci ne portait que sa chemise de nuit sous sa robe de chambre. Elle redescendit et trouva Largo, et son « mari », entrain de l’attendre dans un 4x4 de couleur noire. Le milliardaire était au volant, et elle eut à peine le temps de grimper dans la voiture que celui-ci démarra en trombe.

— Et maintenant Ilia, dis-moi où est Cassy ? Insista-t-elle en essayant d’attraper sa ceinture de sécurité.
— Cassy ? Je crois vraiment que vous faites erreur, répondit-il d’un ton glacial.
— Une erreur ? Comment cela une erreur ? Arrête de te moquer de moi, je ne suis vraiment pas d’humeur à supporter tes plaisanteries vaseuses !
— Puisque je vous dis que…, commença Georgi excédé, il ne comprenait pas pourquoi cette femme, très belle au demeurant, s’obstinait à lui parler de la sorte.

Le portable de Valérie se mit à sonner et elle répondit. Au fur et mesure qu’elle écoutait son interlocuteur, elle palissait à vue d’œil.

— Bonjour mon cœur, dit une voix au bout de la ligne, j’espère que je ne te réveille pas. Je sais qu’il est très tôt mais je voulais savoir si tu rentrais ou si tu voulais que je dépose Cassandra chez la nourrice.

Elle ne répondit pas tout de suite. Si la personne qui lui parlait au téléphone était son mari, qui diable était l’homme assis à l’avant du véhicule ?

— Valérie ? Tout va bien ? Demanda Ilia inquiet du silence de sa femme.
— Non… enfin… oui, bafouilla-t-elle.
— Val, chérie, tu m’inquiètes là…
— Non, je t’assure que je vais bien. C’est juste que le réveil a été mouvementé.
— Alors je dépose Cassy chez la nourrice ou pas ? Répéta-t-il d’un ton agacé.
— Oui, oui, je ne pense pas que je vais pouvoir rentrer de sitôt.
— Pourquoi cela ? S’enquit-il, Raf va plus mal ?
— Ce serait trop long à t’expliquer.
— Valérie ! S’énerva-t-il devant le silence buté de sa femme.
— D’accord, Daniel a fait une bêtise et on est en route pour l’hôpital, avoua-t-elle.
— J’arrive, décida aussitôt Ilia.
— Tu n’es pas obligé, je sais que tu as beaucoup de travail aujourd’hui.
— Pas tant que cela et puis, si jamais il arrive quelque chose à Daniel, on ne sera pas trop de deux pour soutenir Raf.
— Tu n’as pas tort, acquiesça la jeune femme.
— A tout de suite, mon bébé.

Il raccrocha en la laissant un peu désorientée. Elle regarda Kerensky et commença à voir quelques différences entre lui et son époux.

— Je suis désolée de m’être emportée, s’excusa-t-elle d’une voix mal assurée, mais vous êtes le jumeau de mon mari.
— Votre mari ? Répéta Kerensky sans comprendre.
— Oui, d’ailleurs vous allez pouvoir en juger par vous-même, il va venir nous rejoindre aux urgences.

Le cœur de Georgi se mit à battre plus vite. Etait-ce possible que ses parents lui aient menti ? Serait-il possible que… Il secoua la tête.

A suivre prochainement...
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeSam 22 Jan - 22:16

ah nan alors .. *valmont saute très très frustre a travers la pièce* tu ne peut pas asrreter ça la !! Je veux une suite moi .......... s'il te plait dis ? tu veux bien faire la suite ????? *Valmont se sent triste de ne pas savoir ce qui se passe ensuite*
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 23 Jan - 1:38

et voila la suite pour votre plus grand plaisir j'espere

===============================================

Ils arrivèrent à l’hôpital et se dirigèrent tous vers les urgences, où ils retrouvèrent Rafaela assise dans la salle d’attente. Elle était recroquevillée sur elle-même dans un vieux fauteuil, les yeux dans le vague.

— Raf ? Fit Val en s’approchant doucement. Des nouvelles ?
— Non, rien. Les médecins sont encore avec lui, répondit-elle en essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues d’un geste de la main.
— Tu devrais aller te changer, tu vas attraper froid.
— Non, je…
— Ne t’inquiète pas, si jamais il y a du nouveau je t’appelle, assura-t-elle en lui tendant le sac contenant ses affaires.

Elle se dirigea sans mot dire vers les toilettes, se rafraîchir ne lui ferait sans doute aucun mal. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’elle se sentait fatiguée outre mesure, que des vertiges venaient l’assaillir plusieurs fois dans la journée et que la vue de la nourriture lui donnait des nausées. Elle avait mis cela sur le compte du stress de fin d’exercice et des insomnies qui en découlaient. Elle travaillait en ce moment près de dix heures par jour pour que le bilan puisse être prêt en temps et en heure.

Valérie la regarda s’éloigner et secoua la tête. Si son amie continuait à ce rythme-là, bientôt ce serait elle qui se retrouverait aux urgences. Elle sentit une main sur son épaule et se retourna pour être enveloppée dans un regard emplit de tendresse. Ilia observa avec inquiétude les traits tirés de sa femme. Il n’arrivait toujours pas à comprendre ce qui liait les deux amies. Même si sa jalousie avait faillit tout gâcher, un an auparavant, il avait fini par accepter cette relation. Il savait que Raf souffrait de l’attitude de son frère, de 20 ans son aîné, qui n’avait jamais accepté que sa mère n’avorte pas quand elle s’était aperçue de sa grossesse tardive. Il avait tout simplement fait comme si cette jeune sœur n’existait pas, n’intervenant jamais dans la vie de celle-ci s’il pouvait l’éviter. Ilia n’avait pu alors s’empêcher de prendre ce rôle de frère aîné même s’il savait qu’il avait encore beaucoup de travail pour gagner entièrement la confiance de Rafaela.

— Des nouvelles de Daniel ? Demanda-t-il d’une voix douce.
— Aucune pour le moment, répondit-elle en se laissant aller à cette douce étreinte, elle ne voulait pas l’admettre mais elle était choquée par la tournure des événements.

Largo dévisageait l’homme qui venait d’entrer, il était le portrait craché de Kerensky. On aurait pu aisément confondre les deux hommes, si ce n’était qu’Ilia avait une douceur dans le visage et dans la voix que Georgi n’avait pas.

— Et Rafaela ? Comment prend-elle la chose ?
— Comment veux-tu qu’elle la prenne ? Mal, très mal même si pour le moment elle a l’air de bien tenir le choc.
— Mais enfin, que s’est-il passé ? Cela avait l’air de plutôt bien marcher entre eux.

Largo s’approcha. Depuis tout à l’heure, il ne quittait pas du regard cet homme qui ressemblait à Georgi comme deux gouttes d’eau.

— Je crois que tout ceci est ma faute, avoua-t-il d’un air triste, je ne pensais pas que ma réapparition aurait cet effet-là.
— Qui êtes-vous ? Demanda Ilia froidement.
— Je m’appelle Largo Winch…
— Ah, le milliardaire ? Continua-t-il avec dédain. J’ai lu beaucoup de choses à votre sujet.
— Il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans les journaux, répliqua-t-il en frissonnant devant le regard glacial familier que lui lançait l’inconnu.
— Que vouliez-vous dire en disant que tout cela était votre faute ? L’interrogea Valérie coupant court à la conversation avant qu’elle ne s’envenime.
— Simon… ou plutôt Daniel, est le meilleur ami que je n’ai jamais eu, c’est comme un frère pour moi. Il y a près de 2 ans et demi, nous avons eu un très grave différent et je l’ai… chassé de ma vie dans un moment de colère.
— Charmant, en effet, commenta la jeune femme.
— J’ai toujours regretté ce geste, assura Largo qui éprouvait l’étrange besoin de se justifier devant le couple.
— Pourquoi ne pas être venu plus tôt alors ? Continua-t-elle.
— Parce que Simon… Je veux dire Daniel est très fort pour effacer ses traces. Ce n’est que par un pur hasard que nous l’avons retrouvé. J’ai voulu alors faire la paix avec lui et je lui ai demandé de revenir à New York, d’où il n’aurait jamais dû partir.
— Je comprends mieux. Mais pourquoi vous entêtez-vous à appeler Daniel, Simon ?
— Parce que c’est son vrai nom, il s’appelle Simon Ovronnaz.
— Je comprends vos raisons, fit-elle, mais on peut dire que vous avez fichu une sacrée pagaille.
— J’en suis désolé, croyez-moi.
— Ce n’est pas auprès de moi qu’il faut vous excuser, mais auprès de Raf.
— Ce n’est pas la peine, fit une voix derrière Valérie. Je comprends les motivations de M. Winch. J’aurai peut-être fait pareil dans les mêmes circonstances. Il ne pouvait pas prévoir que cela ferait replonger Daniel, assura la jeune femme en entrant dans la salle. Elle portait un gros pull à col roulé blanc cassé et un fuseau noir.
— Replonger ? Répéta Largo inquiet.
— Quand je l’ai rencontré, il buvait pas mal mais ce n’était pas son plus gros problème.

Une jeune femme brune entra dans la pièce. Elle avait les traits tirés par l’inquiétude. Elle était enceinte de six mois au moins.

— Largo ?
— Joy ? Tu n’aurais pas dû venir…
— Je n’allais pas rester à me morfondre à l’hôtel alors que… Georgi ? S’exclama-t-elle en dévisageant Ilia tenant dans ses bras une jeune femme rousse. Tu ne nous avais pas dis que…
— Je suis désolé mais je… commença celui-ci avant de s’arrêter brusquement.

Kerensky entra portant un plateau avec des boissons chaudes pour tout le monde. Il faillit le laisser tomber quand il aperçut le mari de Valérie. Largo vint à son secours et posa le tout sur la table basse encombrée de magazines. Les deux hommes se dévisagèrent longuement, ils avaient l’impression de se regarder dans un miroir.

— Ilia ? C’est bien toi ? Murmura Georgi d’une voix tremblante.
— Comment est-ce possible ? Souffla-t-il stupéfait.
— Mon dieu ! Dashka avait raison, je n’ai jamais voulu la croire.
— Georgi ? Fit Largo en s’approchant.
— J'étais adolescent quand ma grand-mère est morte, expliqua le Russe. Elle m’a appelé à son chevet quand elle a senti sa fin venir. Elle m’a avoué que mes parents m’avaient menti depuis toujours, et que mon frère jumeau, que l’on m’avait dit mort à la naissance, avait été donné à l’adoption à des européens en mal d’enfants. Je n’ai pas voulu la croire. Bien sûr, mes parents ont nié, m’ont dit que la maladie faisait délirer Dashka. Je leur faisais confiance alors je les ai cru sur parole. Le temps passant, j’ai presque oublié cette histoire, jusqu’à aujourd’hui.

Le silence retomba dans la pièce. Ilia ne savait pas ce qu’il devait faire. Devait-il prendre ce frère tombé du ciel dans ses bras ou suivre son instinct qui lui disait de prendre ses jambes à son cou ? Ses parents n’avaient jamais fait un mystère de ses origines et ne s’étaient nullement offusqués quand, arrivé à l’âge adulte, il était parti à la recherche de son passé. Son enquête avait tourné court quand il avait trouvé la tombe de ses parents biologiques. Il avait cru qu’il était le dernier de la lignée. Personne, quand il était allé interroger les gens du village, ne lui avait parlé d’un frère. Un médecin entra dans la pièce.

— Vous êtes des proches de M. Moreno ?
— Oui, je suis sa fiancée, fit Raf en s’approchant. Comment va-t-il ?
— Son état est inquiétant, annonça le médecin d’une voix grave, nous avons réussi à stabiliser ses fonctions vitales mais il n’a pas repris connaissance. De plus, il se pourrait qu’il ait des séquelles…
— De quelle sorte ? Coupa Largo.
— Et bien, nous ne savons pas combien de temps son cerveau a été privé d’oxygène. On ne pourra en juger que lorsqu’il reprendra conscience.
— Et ce sera long ?
— Une heure, un jour, une semaine, je ne saurais le dire.
— Est-ce que je peux le voir ? Demanda Raf.
— Oui, mais pas plus de cinq minutes. Une infirmière viendra vous chercher dès qu’il sera installé en salle de réanimation.

Raf pâlit plus encore, elle sentit ses jambes céder et, si Valérie ne l’avait pas entraînée jusqu’au fauteuil tout proche, elle se serait écroulée à terre. Joy lui tendit une tasse de chocolat chaud, Rafaela lui lança un regard plein de gratitude. Largo s’était appuyé contre le mur, la nouvelle lui avait fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Il n’avait pas voulu cela. Pourquoi avait-il fallu qu’il insiste pour revenir dans la vie du Suisse ? Soudain, la colère le submergea. Il ne pouvait pas perdre son ami maintenant qu’il l’avait retrouvé. Il se retourna et frappa le mur avec violence.

— Ce n’est pas ta faute, dit Joy en s’approchant de son fiancé.
— Joy, pas maintenant.

Elle vint s’asseoir à coté de Val qui observait son mari. Il semblait indécis quant à la conduite à tenir. Il poussa un soupir et sortit de la pièce silencieusement. S’en était trop pour lui, il lui fallait un peu d’air.

— Je n’aurais jamais dû le laisser tomber, murmura Raf la tête basse. J’aurais dû essayer de l’écouter, si jamais il…

Des larmes coulèrent sur les joues de la jeune femme. Elle se sentait si coupable pourtant, elle savait qu’elle avait fait la seule chose possible dans ce cas-là. Elle était partagée entre la colère et la culpabilité. Elle en voulait à Daniel d’avoir trahi sa promesse et d’avoir choisi la solution de facilité au lieu de se battre. Elle s’en voulait de lui avoir dit des mots blessant qui avaient dû l’aider à prendre une telle décision. Val la prit dans ses bras, jusqu'à ce qu’une infirmière leur fasse signe de la suivre. Elles sortirent en silence. De son coté, Largo était venu s’asseoir auprès de Joy et s’était excusé de sa colère. Il savait que la jeune femme voulait juste essayer de le soutenir. Georgi avait discrètement quitté la pièce, après le départ des deux jeunes femmes, pour partir à la recherche de son jumeau. Il avait besoin d’en savoir plus sur lui. Il le retrouva dans le jardin intérieur de l’hôpital. Il semblait loin dans ses pensées.

— Ilia ?
— Ah, c’est vous…

Le silence retomba entre les deux hommes. Georgi l’observa, il ressemblait à un homme d’affaire habillé de ce costume gris pâle. Une cravate dans les tons bleu océan égayait un peu l’ensemble. Il ne savait pas trop quoi dire. Que pouvait-on dire à une personne que l’on croyait morte depuis toujours ?

— Quelque chose de neuf ? Demanda Ilia en dévisageant son frère.
— Non, rien.
— Alors que faites-vous là ? Vous devriez être avec vos amis.
— Et laisser mon frère tout seul ? Joy et Largo n’ont pas vraiment besoin de moi pour le moment.
— Que voulez-vous ? S’enquit Ilia un peu sur la défensive.
— Juste apprendre à vous connaître… répondit Georgi en se passant la main dans les cheveux.

Ilia regarda avec méfiance ce frère sortit de l’ombre. Pouvait-il lui faire confiance ? Il voyait dans ses yeux de la tendresse et de l’appréhension. Il avait peur, tout comme lui. Peur de découvrir qu’ils étaient trop différents pour s’entendre, que la vie ne les sépare maintenant qu’ils étaient réunis. Ilia soupira et écouta la petite voix qui l’avait toujours guidée quand il avait de grandes décisions à prendre.

— Allez, venez, je vous invite à prendre un café. Je crois que vous en avez bien besoin. Ce n’est pas tous les jours que l’on découvre que l’on a un frère jumeau !

Kerensky sourit, il sentait les défenses d’Ilia, tout comme les siennes, se baisser. Son frère semblait pouvoir lire en lui comme dans un livre ouvert et il semblait avoir décidé de lui faire confiance. Celui-ci posa une main sur son épaule et l’entraîna vers la cafétéria. Ils y restèrent un long moment, partageant des souvenirs d’enfance, se découvrant des points communs – comme leur amour pour le jeu d’échecs – et se découvrant des différences. Largo, qui était parti à leur recherche en ne les voyant pas revenir, avait eu des scrupules à les déranger. Georgi semblait détendu comme il ne l’avait jamais été. Il avait presque l’air d’un gamin parlant avec animation de son enfance, avant que le KGB ne vienne tout détruire. Le milliardaire était reparti silencieusement le sourire aux lèvres et avec un pincement au cœur. Il aurait tellement voulu retrouver son meilleur ami et que les choses redeviennent ce qu’elles étaient avant.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 23 Jan - 1:42

La journée se passa comme dans un brouillard pour Raf. Elle ne cessa de parler à Daniel pour tenter de le faire réagir et revenir au plus vite. Elle était si fatiguée… pourtant elle ne voulait pas quitter le service de réanimation où il avait été installé. En fin d’après midi, elle dut se résoudre à quitter l’hôpital. Les heures de visites étaient largement dépassées mais surtout le médecin voulait que la jeune femme se repose. Il fallut toute la force de persuasion de Val et les menaces d’hospitalisation du praticien pour forcer Rafaela à quitter le chevet de Daniel. Largo avait demandé à Kerensky de ramener Joy à l’hôtel. Elle s’en alla en maugréant et en menaçant son futur mari, et Georgi, des pires tortures. Pourtant, elle devait admettre qu’elle était épuisée, son dos la faisait souffrir et ses jambes avaient pratiquement doublé de volume. Le milliardaire s’installa dans la salle d’attente pour passer la nuit sur place, au grand dam du médecin qui tenta désespérément de le convaincre que cela ne changerait en rien l’état de santé de son ami. Ce à quoi, Largo rétorqua qu’il ne voulait pas que son meilleur ami se sente abandonné, et seul, dans un endroit qu’il ne connaissait pas. Par conséquent, il voulait qu’il voie une figure amicale lors de son réveil. Le médecin secoua la tête et se rendit finalement aux arguments du jeune homme.

***

Après avoir pris une douche et mangé un morceau, Joy s’installa dans l’un des fauteuils de la chambre. Elle avait commandé un thé et se préparait à le déguster en lisant. Elle pensait que cela lui permettrait de se détendre et d’oublier un peu les événements de la journée. Elle dut se rendre à l'évidence, après avoir relut trois fois le même paragraphe, que cela ne serait pas le cas. Elle ne parvenait pas à sortir de son esprit, la tristesse dans le regard de Largo, le désespoir et la culpabilité dans la voix de la fiancée de Simon. Elle secoua la tête. Pourquoi, quand il s’agissait du Suisse, les choses ne pouvaient-elles pas être simples ? Des images lui revinrent en mémoire. Elle se revit à l’hôpital deux ans plus tôt.

Elle se sentait encore enrobée de coton. Sa vue était brouillée. Elle entendait une voix qui l’encourageait à ouvrir les yeux. Quand enfin, elle put le faire, elle vit un Largo le visage défait, les yeux rouges et des traces de larmes sur son visage. Elle ne se souvenait pas trop de ce qui c’était passé mais le regard du milliardaire trahissait la gravité des événements.

— Hé, bonjour mon ange, fit celui-ci visiblement soulagé.
— Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
— Il y a eu un accident, expliqua-t-il en hésitant un bref moment tout en évitant son regard.

Soudain tout revient en mémoire de la jeune femme. Elle s’agita sur son lit, réveillant des parties douloureuses de son corps dont elle ne soupçonnait même pas l’existence.

— Simon ! Où est Simon ?
— Calme-toi, Joy, répondit Largo.
— Réponds-moi ! Où est-il ? Il va bien ?
— Oui, ne t’inquiète pas, il va bien.
— Il n’est pas blessé ?
— Juste quelques brûlures superficielles et des bosses, rien de très grave.

Elle était retombée sur l’oreiller, épuisée. Ainsi le Suisse s’en était tiré à bon compte, elle s’en sentit soulagée. Elle aurait dû se douter que c’était un piège, ils s’étaient fait avoir comme des débutants. Elle se rendormit d’un sommeil sans rêves. Quand elle revint à elle, quelques heures plus tard, Largo était toujours auprès d’elle mais elle fut surprise de ne pas trouver Simon dans les parages. De plus, le milliardaire avait l’air à la fois furieux et inquiet.

— Largo ?
— Hello, ma douce… Comme tu te sens ?
— Comme si un quinze tonnes m’était passé dessus.

Il ne put s’empêcher de sourire. Si elle commençait à faire de l’humour, c’était qu’elle se sentait mieux.

— Largo, dis-moi à quel point, je…

Elle avait besoin de savoir la gravité de ses blessures. Elle ne sentait pas grand chose, son corps était comme engourdi, elle se doutait que cela devait être à cause des analgésiques. Sa tête était tellement lourde qu’elle avait peine à la soulever de l’oreiller.

— Joy, je ne crois pas que je sois le mieux indiqué pour…

Il fut interrompu par l’arrivée d’un médecin.

— Je vois avec plaisir que vous allez mieux, fit-il en s’approchant du pied du lit pour consulter son dossier médical. Je suis le docteur Andrew Morton. Vous pouvez nous laisser un instant, M. Winch ? Je dois examiner ma patiente.
— Oui, bien sûr.

Le médecin avait un sourire bienveillant. La jeune femme le regardait les yeux pleins de questions.

— Comment vous sentez-vous ?
— Pour tout vous dire, je n’en sais rien, je ne sens rien du tout. Qu’est-ce que j’ai ?

Le médecin soupira, c’était l’un des aspects de son métier qu’il aimait le moins. Il tira une chaise près du lit et s’y assit. Cela faisait près de 24 heures qu’il était de service et il commençait à en ressentir la fatigue.

— Je vais être franc avec vous. Vos blessures sont graves.
— Graves ? A quel point ?
— Vous avez subi un choc à l’épine dorsale qui a provoqué un œdème qui comprime pour le moment votre moelle épinière mais selon toute vraisemblance, celle-ci n’est pas sectionnée. Vos jambes sont brisées en plusieurs endroit, nous avons dû mettre plaques et vis pour faire tenir le tout.
— Seigneur… Cela veut-il dire que je vais finir dans un fauteuil roulant ?
— Ca, il est trop tôt pour le dire mais il est certain que vous ne mettrez pas un pied à terre pendant un sacré bout de temps.
— C’est-à-dire ?
— Six à huit mois dans le meilleur des cas, dix-huit mois au pire sauf si…
— La moelle a été sectionnée.
— C’est cela.
— Quand est-ce qu’on le saura ?
— Pas avant au moins une semaine, il faut laisser le temps à l’œdème de se résorber, dit-il en hésitant à continuer.
— Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Demanda Joy en voyant l’embarras évident du médecin.
— Vous étiez enceinte au moment de l’accident…
— Et ?
— Malheureusement nous n’avons pas pu sauver le fœtus, il était âgé de huit semaines.
— Non, ce n’est pas possible ! Je ne…
— Vous ne le saviez pas ?
— Non, je m’en doutais mais j’avais peur de faire les examens, de me dire que ce n’était qu’une fausse joie. Et là… Ce n’est pas juste…, murmura-t-elle en laissant libre cours à ses larmes.

Le médecin se retira sur la pointe des pieds et demanda à l’infirmière d’administrer à sa patiente un léger sédatif.

— Comment va-t-elle ? Demanda Largo en le voyant sortir de la chambre
— Dans l’ensemble, elle a assez bien pris les choses sauf pour…
— Le bébé, termina le milliardaire en baissant la tête.
— Oui mais c’est quelqu’un de fort. Laissez-lui du temps et donnez-lui tout votre amour et elle surmontera tout cela.
— Oui vous pouvez compter sur moi, murmura Largo.

Il poussa un soupir qui disait long sur son état de fatigue et retourna au chevet de sa bien-aimée.

Joy sortit de sa rêverie quand son téléphone sonna. C’était Sullivan qui venait aux nouvelles. Elle lui expliqua brièvement la situation lui demandant de garder pour lui tout ce qu’elle venait de lui confier. Elle soupira en reposant le combiné et alla se coucher sachant très bien que le sommeil serait long à venir. Elle n’aurait jamais pensé que Simon puisse faire une telle bêtise, comment en était-il arrivé à une telle extrémité ? La sommeil la prit sans qu’elle ne s’en rende compte mettant un terme à ses pensée tourmentées.

***

Le jour suivant Raf revint à l’hôpital accompagnée de sa meilleure amie. Quand elle entra dans la chambre de Daniel, Largo s’y trouvait déjà, il lui parlait doucement de toutes les choses qui s’étaient passées à New York pendant son absence. Raf hésita un moment, devait-elle interrompre le discours du milliardaire ou repartir sans faire de bruit ? Elle ne savait pas pourquoi mais il la mettait mal à l’aise, peut-être à cause de sa forte personnalité et de son assurance ? De plus, elle lui en voulait d’avoir bouleversé leur vie. Elle le voyait comme un intrus, une menace. Elle avait très peur que Daniel ne décide de retourner à New York avec lui. Largo sentit une présence derrière lui et se retourna.

— Non, ne partez pas, dit-il à la jeune femme qui était sur le point de tourner les talons pour sortir.
— Je ne voulais pas vous déranger, répondit celle-ci avec plus de froideur qu’elle ne l’aurait voulu.
— Ce n’est pas le cas, je racontais à Simon comment j’avais cloué le bec à un membre du conseil d’administration, à mon avis, il aurait adoré cela.
— J’ai encore du mal à imaginer Dan… Simon aillant un milliardaire pour meilleur ami.
— C’est une très longue histoire mais je suis sûr qu’il sera très content de vous la raconter. Comment vous sentez-vous ? Vous avez l’air fatiguée.
— Je le suis, je n’ai pas beaucoup dormi, l’image de Daniel étendu sur le sol me hante.

Il voulut lui caresser le visage pour la réconforter mais elle eut un mouvement de recul. Largo la regarda avec curiosité.

— Je peux vous poser une question ?
— Allez-y mais je ne suis pas sûre de vous répondre.
— Est-ce que c’est Simon qui vous a fait cela ? Demanda-t-il en désignant le bleu sur le visage de la jeune femme.

Elle posa sa main sur sa joue, hésita à répondre puis, doucement, elle hocha la tête. Elle s’approcha du lit et s’assit sur la chaise que Largo avait occupé une partie de la matinée. Elle se sentait épuisée. Elle avait passé la nuit à faire des cauchemars, la culpabilité et la colère se partageaient la place dans son cœur.

— Pourquoi ? Je ne comprends pas, ce n’est pas vraiment son genre.
— Et pourtant, il l’a fait. Je sais qu’il ne le voulait pas mais la boisson peut changer un ange en démon.
— Est-ce qu’il vous a …
— Battue ? Non, c’était la première fois qu’il levait la main sur moi. Cela ne fait que plus mal encore de voir comment une simple bouteille peut détruire tout ce que l’on a mis tant de temps à bâtir, alors que ca été une dure bataille à gagner.
— Qu’allez-vous faire ? Demanda Largo.
— Je ne sais pas. Je l’aime mais je ne permettrais jamais à personne de me frapper. S’il l’a fait une fois, il est capable de recommencer et cela me fait peur. J’ai vu un coté de lui que je ne connaissais pas. Même dans les moments les plus pénibles de notre relation, il n’a jamais rien fait de tel.
— Vous n’allez tout de même pas l’abandonner ? Continua-t-il une boule dans la gorge.
— Non, je ne peux pas l’abandonner dans cet état. La priorité est qu’il s’en sorte, le reste n’a pas beaucoup d’importance pour le moment.

Ils restèrent en silence, chacun perdu dans leurs pensées, à veiller leur ami. Quand la fin des heures de visites fut arrivée, elle repartit avec Valérie qui était venue la chercher. Elle refusait obstinément que la jeune femme retourne chez elle. Elle préférait que celle-ci reste avec ceux qui l’aimaient jusqu'à la fin de la crise. Ils en avaient longuement parlé le soir d’avant et, malgré ses protestations, Valérie et Ilia n’avaient pas changé d’avis. Rafaela de son coté avait pris une décision quant à son avenir avec Daniel ou Simon, elle ne savait pas vraiment comment l’appeler. Officiellement il s’appelait peut être Simon Ovronaz mais pour elle il restait Daniel Moreno, l’homme qui lui avait ravi son cœur.

***
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 23 Jan - 1:43

Au bout de trois jours, Raf dut, la mort dans l’âme, retourner travailler. Elle ne pouvait pas rester absente indéfiniment. Val l’avait maquillée de manière à dissimuler le bleu qui prenait des teintes violacées et vertes. Personne ne lui posa de questions sur les circonstances de l’accident de Daniel, ni sur la marque sur son visage. La jeune femme garda le silence toute la journée se concentrant sur ses tâches pour ne pas penser. Vers 16h son portable se mit à sonner.

— Allô, dit-elle en décrochant.
— Rafaela ? C’est Largo Winch.
— Mon dieu, que se passe-t-il ? Daniel va plus mal ?
— Non, non, rassurez-vous, il vient de sortir du coma, le médecin est avec lui.
— Vous êtes sûr ?
— Oui, puisque je vous le dis.
— J’arrive.

Elle rangea ses affaires et alla prévenir ses supérieurs. Tous en furent heureux, le jeune couple était apprécié parmi le personnel. En chemin, elle téléphona à Val pour lui annoncer la nouvelle. Quand elle arriva à l’hôpital, Joy et Georgi étaient déjà là, regardant un Largo qui faisait les cent pas. Raf s’assit dans un coin et ferma les yeux. Elle était si fatiguée. Et puis il y avait ces vertiges qui la prenaient n’importe où et n’importe quand. Elle aurait dû en parler à Val mais elle n’avait pas la tête à cela et, connaissant son amie, elle l’aurait emmenée manu militari voir son médecin traitant. Le Dr Weber entra et tous les regards se posèrent sur lui. C’était un homme d’un certain âge, d’une stature imposante et avec des cheveux argentés. Ses yeux noisettes montraient une infinie douceur, il regarda ce groupe hétéroclite et secoua la tête avec un léger sourire.

— Alors docteur, comment va-t-il ? Demanda le milliardaire impatient.
— On peut dire qu’il a eu de la chance. Il va bien et devrait pouvoir sortir de réanimation dès demain matin.
— Vous aviez parlé de séquelles possibles…, continua Largo.
— Je vous l’ai dit, il a eu de la chance. Il n’en aura aucune, à condition bien sûr, qu’il ne recommence plus ce genre de bêtises. D’ailleurs, j’ai demandé à un psychiatre de venir le voir pour lui parler.
— Je ne suis pas sûre qu’il va apprécier, murmura Joy en faisant la grimace. Cette remarque fit sourire Raf qui imaginait aisément la moue boudeuse de Daniel.

Quand enfin ils purent aller rendre visite à Simon, celui-ci s’était rendormi. Rafaela le regarda un long moment, traça le contour de son visage d’une douce caresse puis déposa un baiser d’adieu sur sa joue et s’en alla. Elle avait pris sa décision après une nuit d’insomnie. Elle n’en avait soufflé mot à personne, gardant pour elle la douleur que cette résolution provoquait. Cela allait être difficile mais elle était sûre que c’était la meilleure chose à faire. Largo la suivit, il avait senti le changement d’attitude de la jeune femme.

— Vous ne reviendrez pas le voir, n’est-ce pas ? Demanda-t-il d’une voix chargée de reproches.
— Cela ne vous regarde pas !
— Si, cela me regarde, Simon est mon meilleur ami ! Que croyez-vous qu’il va ressentir quand il va s’apercevoir que vous l’avez abandonné ?
— Son meilleur ami ? La belle affaire ! Vous êtes une calamité ambulante, voilà ce que vous êtes ! Non content d’avoir détruit Daniel une première fois, vous venez mettre la pagaille dans sa vie au moment où, enfin, il voyait le bout du tunnel. Et vous, vous permettez de me juger ? De qui vous moquez-vous ? Lui cracha-t-elle au visage en tremblant de rage et se retenant à grand peine de le gifler.
— Ecoutez, dit-il en se passant la main dans ses cheveux ébouriffés, je sais que vous m’en voulez, mais parlez-lui au moins, vous lui devez bien une explication. Vous avez vécu presque 18 mois ensemble, vous n’allez pas partir sans un mot. Ce serait injuste envers vous comme envers lui.
— Je vais y réfléchir mais…
— Je vous en prie, Raf, supplia-t-il.

La jeune femme tourna les talons sans répondre. Les mots de Largo l’avaient touchée plus qu’elle ne voulait l’admettre. D’un autre coté, elle savait très bien que si elle revoyait Daniel, jamais elle ne pourrait le quitter, elle l’avait dans la peau. Pourquoi fallait-il que cet homme vienne se mêler de tout ? Elle rentra chez Valérie et s’allongea sur son lit. Elle goûta pendant un long moment à la tranquillité des lieux. Ilia et Val étaient encore à leurs bureaux respectifs et Cassy chez la nourrice. Elle avait l’appartement pour elle toute seule pendant quelque temps encore. Raf ferma les yeux, et laissa les doutes l’envahir. Largo avait-il raison ? Devait-elle donner une explication à Daniel ? Devait-elle lui pardonner et faire comme si de rien n’était ? Le milliardaire avait insinué qu’elle prenait la fuite et, quelque part, elle devait admettre que c’était la stricte vérité. Rafaela détestait depuis toujours les confrontations, elle en avait une sainte horreur, une peur panique même, parce que c’était toujours elle qui cédait, parce qu’elle n’avait pas la volonté de faire valoir ses opinions. Elle préférait garder tout pour elle, ce qui exaspérait Val parce qu’elle voyait son amie se laisser bousculer sans pouvoir faire grand chose. Raf ne sut à quel moment la fatigue eut raison d’elle et elle finit par s’endormir d’un sommeil agité.

***

Largo refusa encore cette nuit-là de quitter son meilleur ami. Il ne pouvait supporter l’idée que celui-ci se réveille dans la solitude d’une chambre d’hôpital surtout pour s’apercevoir qu’il avait perdu la femme qu’il aimait. Il avait peur que cela ne finisse de le détruire complètement. Il veilla Simon une partie de la nuit et finit par s’endormir sur un petit lit d’appoint que le médecin avait fait installer, espérant qu’ainsi le milliardaire consentirait à prendre un peu de repos. Le Suisse se réveilla au moment où Largo entrait dans la chambre, après avoir pris un petit déjeuner à la cafétéria, et être sorti pour prendre des nouvelles de Joy, les téléphones portables étant interdits dans l’enceinte de l’hôpital.

— Largo ? Murmura Simon en voyant son ami s’asseoir à coté de lui.
— Bonjour la belle au bois dormant, j’ai bien cru qu’il allait falloir faire appel aux services d’une belle princesse pour te faire sortir de ton sommeil…
— Pas la peine, je l’ai trouvée ma princesse, toussa-t-il.
— Tiens, bois un peu, fit Largo en tendant un verre d’eau avec une paille.
— Merci. Mais au fait, qu’est-ce je fais là ? J’ai été malade ? Et toi, qu’est-ce que tu fais là ? Il me semblait pourtant t’avoir mis à la porte !
— C’est vrai, mais tu sais très bien que l’on ne se débarrasse pas de moi aussi facilement.
— Où est Raf ? Pourquoi elle n’est pas là ? Et qu’est-ce que je fais dans un lit d’hôpital alors que je devrais être au travail ?
— Ta fiancée est rentrée se reposer avec son cerbère.
— Ah, je vois que tu as fait la connaissance Valérie.
— Oui, on peut dire cela.
— Ca ne répond pas à ma question…
— Il… Il y a eu un accident, hésita Largo. De quoi te souviens-tu ?
— C’est flou… Je sais que tu es venu me voir. Il me semble que je me suis disputé avec Raf mais je n’en suis pas certain.
— Ca va revenir. Tu nous as fichu une sacré trouille.
— Largo ? Pourquoi es-tu là ?
— Parce que… Parce que je veux retrouver mon frère, parce que je voudrais qu’il pardonne l’imbécile que je suis, parce que tout simplement je n’envisage pas de continuer à vivre ma vie sans avoir toute ma famille auprès de moi. Simon, je sais que peut-être tu ne pourras jamais me pardonner ce qui c’est passé il y a deux ans, que je t’ai dit des choses horribles…
— Largo…
— Laisse-moi finir s’il te plaît, sinon il me semble que jamais je n’en aurais le courage. Ce jour-là, à l’hôpital, j’ai laissé la colère me guider… J’aurais dû… J’aurais dû savoir que tout n’était qu’un piège pour te discréditer et moi, j’ai marché à fond dedans.
— Un piège ? Quel piège ? Je ne comprends pas…
— Il y a d’abord eu le vol dans les entrepôts où un vigile est mort. Toute ce qu’on a trouvé à l’époque tendait à prouver que les voleurs avaient reçu leurs informations des mains même du chef de la sécurité, autrement dit toi, Simon. Je n’ai d’abord pas voulu le croire mais plus on avançait plus tout te désignait…
— Mais je ne…
— Je sais… Et puis il y eu la mort de Stewart, le collaborateur de Cardignac. L’autopsie a conclu à une overdose d’héroïne.
— Et tu as cru que je pourrais avoir…
— Oui, reconnut-il honteusement. J’ai fouillé ton bureau avec l’aide de Kerensky et on a trouvé dans ton coffre toutes les preuves qu’il nous fallait pour finir de croire à ta culpabilité.
— Je ne peux pas croire que tu n’aies pas eu assez de confiance en moi pour venir m’en parler. Je t’aurais dit, moi, que je n’y étais pour rien !
— Je sais, jamais je ne pourrais me le pardonner. Mais je voulais…
— Tu voulais me prendre en flagrant délit, réalisa soudain le Suisse.
— Je suis désolé, Simon. Tout cela était si bien ficelé… Alors quand j’ai appris que l’entrepôt avait explosé, que Joy avait été blessée et que par dessus le marché elle avait perdu l’enfant qu’elle attendait, j’ai laissé ma colère et ma rage tout anéantir.
— Largo…
— Non ! Je n’ai aucune excuse j’aurais dû te faire confiance, j’aurais dû venir t’en parler. J’aurais dû au moins te laisser une chance de te défendre et peut-être que nous aurions pu éviter tout ce gâchis, finit-il en faisant tout son possible pour ne pas laisser couler ses larmes tant de fois retenues.

Simon regarda son ami. Il le voyait tourmenté par quelque chose qu’il connaissait bien et qu’il avait combattu pendant deux ans, la culpabilité. Il aurait pu détruire Largo d’un seul mot, d’une seule phrase en refusant d’écouter ce que son cœur lui hurlait. Bien sûr, il lui en voulait de ne pas avoir eu confiance en lui mais il était humain et, comme tout être humain, il avait droit à l’erreur. Il pouvait voir la souffrance hanter ses yeux, cette même souffrance qui avait failli le détruire. Il était temps de mettre un terme à cela. Pourtant il se doutait que leur amitié ne serait plus jamais la même, elle avait été mise à rude épreuve et il ne savait pas s’ils retrouveraient cette complicité innée qui leur avait fait traverser tant d’épreuves. Peut-être qu’avec du temps et beaucoup de patience, leur relation renaîtrait de ses cendres.

— Largo ? Dit Simon en tendant un main tremblante et en souriant.

Le milliardaire prit cette main offerte en signe de paix et de réconciliation. Ils n’eurent pas besoin de paroles pour se retrouver, Largo serrant la main de son meilleur ami. Leurs regards en disaient long sur ce qu’ils pouvaient éprouver. Soulagé et enfin en paix avec une partie de lui-même qu’il avait longtemps cherché à ignorer, Simon glissa dans un sommeil bienfaisant et réparateur. Toutes ces émotions avaient épuisé le peu d’énergie qu’il avait. Largo resta longtemps à le regarder dormir puis sortit dans le couloir pour passer un appel. Il fallait qu’il parle à Raf. Il devait la convaincre de revenir sur sa décision. Quand enfin après plusieurs tentatives il réussit à l’avoir au bout du fil, il tenta désespérément par tous les moyens de la persuader de venir parler à Simon. Mais la jeune femme refusait d’écouter ses arguments, celle-ci persistait dans son idée de quitter le Suisse malgré l’amour qu’elle avait pour lui. Largo raccrocha furieux. Comment allait-il pouvoir lui annoncer la nouvelle ? Il n’allait pas pouvoir le lui cacher éternellement !

***

Quelques heures plus tard, le milliardaire avait enfin consenti à rentrer à l’hôtel, le médecin l’ayant menacé de lui interdire l’accès à la chambre de Simon s’il n’allait pas prendre un peu de repos. Il faisait les cent pas sous le regard inquiet de Joy.

— Je n’arrive pas à croire qu’elle va l’abandonner comme ça, répéta-t-il pour la centième fois au moins.
— Largo, calme-toi. Que tu fasses un sillon dans la moquette de la chambre, ne va pas changer les choses.

Il ne put s’empêcher de sourire. Dieu qu’il pouvait l’aimer même s’il lui avait fallu du temps pour l’admettre. Elle était, avec le Russe, la seule chose stable dans sa vie. Il repensa en souriant à Kerensky. Celui-ci leur avait annoncé son intention de s’installer le soir même chez son frère, ce que Largo pouvait comprendre aisément. Ils voulaient se connaître, passer du temps ensemble. Le milliardaire s’assit au coté de Joy qui le prit dans ses bras et l’embrassa tendrement.

— Laisse-lui le temps. Elle est en colère et blessée. Simon l’a quand même frappée et c’est grave. Je comprends sa réticence.
— Je le sais bien, jamais je ne l’aurais cru capable d’une telle chose.
— Tu savais qu’il avait des problèmes d’alcool et de drogue ?
— Je savais pour l’alcool, il m’en a parlé un soir peu après notre arrivée au groupe W. La pression et les agissements de la Commission à l’époque lui faisaient craindre de replonger. Quand à la drogue… Je l’ai deviné plus qu’il ne m’en a parlé. Cela m’arrangeait de ne pas voir ce problème. J’avais du mal à accepter ce coté sombre de Simon. Quand je pense que s’il en est là, c’est à cause de moi. C’est en train de me rendre fou.
— Calme-toi, voyons, il ne sert à rien de te mettre dans des états pareils, répondit-elle en caressant sa chevelure.

Il avait posé sa tête contre son ventre rebondi et avait fermé les yeux. Il se laissa aller à cette douce caresse et aux mots de réconfort que Joy lui murmurait. Avant qu’il ne s’en rende compte, il s’endormit. La jeune femme poussa un soupir de soulagement, elle avait crut que jamais il ne réussirait à se calmer assez pour prendre un repos bien mérité. Elle resta là, en silence, à regarder l’homme qu’elle aimait dormir. Un discret coup à la porte la tira de sa contemplation. La porte communicante entre la chambre de Georgi et celle du couple s’ouvrit. Joy fit signe au Russe de ne pas faire de bruit en désignant le milliardaire assoupi. Il s’approcha et ne put s’empêcher de sourire intérieurement. Ils formaient un couple charmant, c’était l’image d’une famille prête à éclore.

— Je suis passé vous dire que j’allais rejoindre mon frère.
— Tu as appelé un taxi ? S’enquit la jeune femme à voix basse.
— Non, Ilia et Val m’attendent en bas avec ma nièce.
— Je vois que tu en es déjà complètement gaga. Va tranquille, nous nous en sortirons très bien, de plus Tim est arrivé de New York ce matin, dit-elle en parlant du garde du corps qui avait pris le relais quand elle avait officialisé sa relation avec Largo. Nous sommes en de très bonnes mains.
— S’il y a quoi que ce soit…
— Je t’appelle, c’est promis. Aller maintenant vas-y, et profites-en, tu l’as bien mérité.

Kerensky ne répondit pas mais il lui lança un regard emplit de tendresse. Malgré leurs différences, il en était venu à considérer, avec le temps, l’Intel Unit comme sa famille. Une famille hétéroclite certes, mais une famille où le respect des uns et des autres était la règle principale.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeLun 24 Jan - 19:50

mais euh......... je veux tout la suite moi... *mode sale gosse off*
mes excuses... mici pour la suite j'adore mais est ce que je pourrais avoir la suite de la suite ?
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeLun 28 Mar - 22:23

Passage Rapide pour vous livrer la suite comme promis a Valmont, j'espere pouvoir poster plus souvent la suite des aventures des mes perso preferes
enjoy the ride
bisous
Raf
************************************************************

Valérie écoutait avec ravissement la discussion entre les deux frères. Elle était à l’arrière avec Cassy qui jouait avec l’ours en peluche que son nouveau tonton lui avait offert. Jamais elle n’avait vu son mari parler avec autant d’animation. Depuis qu’elle le connaissait, c’est-à-dire près de six ans, il avait toujours fait preuve d’une certaine réserve en toute occasion. Quand ils entrèrent dans l’appartement, ils eurent la surprise de voir toutes les lumières éteintes. Val alla jusqu'à la chambre de son amie et la trouva en plein cauchemar. Elle se débattait et gémissait comme si elle avait été envahie par la douleur. Une fine couche de sueur couvrait son front, elle prononçait sans cesse un prénom qu’elle reconnut immédiatement : Daniel. Son cœur se serra. Elle s’approcha doucement du lit et réveilla Raf qui poussa un cri détresse. Elle mit un temps à comprendre que tout ce qu’elle venait de vivre n’était qu’un sombre cauchemar. Elle fondit en larmes dans les bras de sa meilleure amie qui fit signe aux deux hommes, restés sur le pas de la porte, que tout allait bien.

— Je suis désolée, murmura Rafaela en reniflant.
— Et de quoi ?
— De tout cela. Tu n’as vraiment pas besoin de cela en ce moment, tu as…
— Arrêtes tout de suite ! Tu es ma meilleure amie. Et il est hors de question que tu restes seule dans ces conditions ! Alors arrêtes de t’excuser !
— Mais je…
— Tu, rien du tout, bon sang de bois. Tu es humaine ! Tu as le droit d’avoir mal, de ne pas être bien, d’être furieuse, triste ou d’avoir envie de hurler sur tout le monde ! Et le montrer ne t’en rends pas moins forte pour autant. Tu n’as pas besoin de faire semblant ici.
— Je sais mais je me sens coupable de t’embêter avec tous mes problèmes.
— Les amies servent aussi bien quand tout va bien que quand tout va mal. On est là pour épauler, câliner, écouter et mettre du plomb dans la tête de ceux qui sont trop têtus pour le comprendre !

Raf sourit tristement, Val avait raison. Combien de fois lui avait-elle reprochée de rentrer dans sa coquille dès que les problèmes pointaient le bout de leur nez ? Et voilà que maintenant elle faisait comme elle. Quelle bonne paire elles faisaient !

— Allez viens, on a commandé à manger au restaurant chinois d’à coté, on va se régaler.
— Tu sais, j’ai pas très faim.
— C’est pas grave, je mangerais ta part comme ca rien ne sera perdu.

Elles sortirent de la pièce et allèrent rejoindre le reste de la petite famille qui déballaient les plats qu’ils venaient de remonter. Après avoir mangé et couché la petite, ils passèrent le reste de la soirée à parler de choses et d’autres tandis que Raf, assise sur le canapé, contemplait avec envie cette famille où elle ne sentait toujours pas à sa place. Elle avait un poids sur la poitrine, elle aurait mieux préféré être chez elle mais elle ne voulait pas fâcher Val qui faisait tant pour elle. Kerensky la regardait du coin de l’œil se demandant à quel moment elle allait céder à son envie de prendre la fuite. Vers 23h, Raf ne tint plus et alla se coucher, elle se sentait vidée et les mots, que Largo lui avait dit au téléphone dans l’après-midi, se répétaient en boucle dans sa tête. La jeune femme se mit au lit et observa un instant le mince faisceau lumineux qui passait sous sa porte. Et si Largo avait raison ? Les doutes ne la laissaient pas sombrer dans un sommeil qu’elle souhaitait à tout prix. Elle soupira et ferma les yeux. Elle ferait donc un dernier effort et parlerait à Daniel le lendemain.

***

Après une journée de travail bien chargée, Raf alla à l’hôpital pour parler à Daniel. Elle savait que le milliardaire avait raison. Après tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, elle ne pouvait pas partir en catimini. Elle soupira et s’engagea dans le couloir qui menait à la chambre du Suisse. Cela faisait trois jours que celui-ci était sorti du coma. D’après le médecin, auprès de qui elle prenait des nouvelles tous les jours, s’il continuait ainsi il pourrait quitter l’hôpital au début de la semaine suivante. La porte de la chambre était entrouverte, elle entendit des voix à l’intérieur. L’une d’elle était celle de Daniel, l’autre celle du président du groupe W, la troisième était celle d’une femme, elle en conclut donc que c’était la femme ou la fiancée de Winch. Elle ne savait pas s’ils étaient mariés ou non et, à ce moment-là, elle s’en fichait comme de sa première chemise.

— Je veux que tu reviennes à New York, disait Largo, tu y as ta place.
— Je ne crois pas que… commença Simon.
— Ecoute, fit la voix féminine, je sais que tu sens coupable de ce qui s’est passé à l’entrepôt il y a plus de deux ans, mais je t’assure que tu n’y es pour rien.
— Si, j’aurais dû écouter Largo, j’aurais dû savoir…
— Quoi ? Tu aurais dû savoir quoi ? Que l’entrepôt était piégé ? Que j’étais enceinte ? Que tout un complot avait été monté pour te discréditer et te faire expulser du groupe W ? Aurais-tu, par le plus grand des hasards, la science infuse ? Finit Joy exaspérée, cela faisait presque une heure qu’ils essayaient de convaincre Simon de rentrer avec eux, et elle commençait à être à bout d’arguments.
— Et puis il y une autre raison pour laquelle je veux que tu reviennes, expliqua Largo.
— Ah bon ? Laquelle ? Demanda Simon avec curiosité.
— J’ai besoin d’un témoin.
— Un témoin ? Pourquoi faire ? Répliqua le Suisse qui avait du mal à comprendre.
— A ton avis, grand bêta ? Dit Joy avec un sourire coquin en montrant sa bague de fiançailles.
— Je… Vous… Enfin ! C’est pas trop tôt !
— Alors ? Tu veux bien être mon témoin et revenir à New York ?

Raf sentit son cœur se serrer, elle avait suivit la conversation derrière la porte, ayant trop peur de les interrompre. Au fond d’elle-même, elle sentait que Daniel avait déjà fait son choix, elle n’allait pas l’empêcher de faire ce qu’il avait décidé.

— Présenté sous cet angle je n’ai pas vraiment le choix, non ? Répliqua une voix que Raf ne connaissait que trop bien. D’accord, vous avez gagné, vous allez avoir un passager supplémentaire mais…

Rafaela tourna les talons, elle en avait assez entendu. Elle se sentait en colère, comment pouvait-il faire un tel choix sans même le lui dire ? Ah quoi bon lui parler si de toute manière il avait pris la même décision qu’elle : laisser mourir le peu qui restait encore de leur relation. Elle fut prise d’un vertige et s’appuya contre le mur. Pourquoi fallait-il que toutes ses histoires d’amour se terminent en catastrophe ? Pourquoi finissait-elle toujours seule ? Elle sortit le pas lourd et alla rejoindre l’arrêt de bus pour rentrer chez Valérie. Une heure après, Raf franchissait la porte de l’appartement de sa meilleure amie. Elle entendit des voix venant du salon. Nicky le Yorkshire de Val vint l’accueillir en aboyant furieusement et en entamant une danse joyeuse. Tant pis pour l’arrivée discrète, se dit-elle, en se dirigeant vers le salon.

— Je suis sûr que c’est une occasion en or. Bien sûr, vous allez nous manquer mais une chance comme ça cela ne se refuse pas. Les Etats-Unis, tu te rends compte ? Et vous déménageriez quand ?
— Oh dans deux à trois mois. Ce n’est pas aussi simple que cela y paraît, dit Ilia

Raf pâlit. Elle devait rêver toute éveillée ! Cela ne pouvait pas être possible. Sa meilleure amie s’en allait aussi ! Elle sentit une forte douleur lui enserrer la poitrine, sa vue se voila et elle vacilla. Elle se tint au mur un instant, il ne fallait pas que les autres remarquent son état d’esprit. Elle sentit la colère la submerger, s’ils devaient s’en aller qu’ils s’en aillent, elle n’avait besoin de personne. Elle avait toujours été seule et elle savait que son destin était de le rester. De toute manière, elle savait très bien que quoi qu’elle puisse dire cela ne changerait strictement rien aux choses, la décision avait déjà été prise. Quand elle entra dans le salon, tous les regards se posèrent sur elle. Elle embrassa Ilia et Val et salua les parents de celle-ci qui étaient venus dîner chez leur fille, comme si elle n’avait rien entendu.

— Ca va ? Demanda Val avec inquiétude en voyant le regard hagard de son amie.
— Oui, oui, juste un peu fatiguée, la journée a été longue. D’ailleurs, si cela ne vous dérange pas, je vais juste manger quelque chose de léger et aller m’allonger. Vous n’avez qu’à vous passer de moi pour le dîner.
— Tu es sûre que ça va ? Insista Val.
— Oui, ne t’inquiète pas.
— Vous n’allez pas nous quitter tout de suite ? Demanda la mère de Valérie. Prenez au moins l’apéritif avec nous.
— Pas cette fois, je suis debout depuis six heures ce matin, je crois qu’il vaut mieux que j’aille me coucher.
— Je passerais tout à l’heure, dit Val en regardant son amie tourner les talons.
— Pas la peine, laissa-t-elle échapper.

Valérie regarda son mari interloquée. Le comportement de Raf avait quelque chose de bizarre. Elle avait l’impression d’être revenue au début de leur amitié où la jeune femme, qui manquait d’assurance et de confiance, avait peur continuellement de déranger. Rafaela entra dans la cuisine et se dirigea vers l’évier où elle prit un verre. Elle avait soif, la tête lui tournait et elle se sentait nauséeuse.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeLun 28 Mar - 22:28

Elle savait qu’elle n’avait pas été raisonnable en ne déjeunant pas, mais elle avait beaucoup trop de travail et elle s’était contentée de quelques gâteaux. Elle ne savait même pas si elle aurait le courage de se faire quoi que soit à manger, tant sa fatigue et son malaise étaient grands.

— Raf ? Entendit-elle depuis le couloir.

La jeune femme savait très bien que Valérie viendrait la voir. Il n’y avait que peu de choses qu’elle arrivait à lui cacher en temps normal alors dans son état. La pièce se mit à tourner et Rafaela voulut se rattraper au plan de travail. Elle sentit le verre éclater en touchant le sol, elle sentit aussi quelque chose de visqueux et de chaud couler de sa main. Elle baissa les yeux et vit une belle entaille dans sa paume. Sans en avoir conscience, elle glissa sur le sol et l’obscurité bienfaitrice étendit son voile sur elle. Valérie sursauta en entendant le verre se briser sur le carrelage de la cuisine qu’elle atteignit rapidement. La vue de son amie sur le sol, la main ensanglantée, la laissa un moment interdite. Elle hurla à Ilia d’appeler une ambulance et tenta de réveiller Raf. Un peu de sang coulait de l’arrière du crâne où la jeune femme s’était cogné contre le buffet en tombant.

***

Simon était inquiet. Rafaela n’était pas encore passé le voir depuis qu’il avait repris connaissance deux jours auparavant. Il savait qu’elle était restée près de lui jusqu'à ce qu’il soit hors de danger, Largo le lui avait dit. Ses souvenirs étaient encore vagues sur ce qui c’était passé avant qu’il ne se retrouve à l’hôpital. Il se souvenait de la visite du milliardaire, d’une dispute mais rien de plus. Sa surprise avait été de taille quand il avait retrouvé ses vieux amis regroupés au pied de son lit, attendant avec appréhension qu’il revienne du pays des songes. Largo avait tenté de lui expliquer que la jeune femme était épuisée et que maintenant qu’il était hors de danger, elle devait récupérer sous l’œil bienveillant de Val et Ilia. Pourtant il sentait comme un malaise quand ils parlaient de Raf. Aucun de ses amis ne voulait aborder la raison pour laquelle il se retrouvait à l’hôpital. Le médecin l’avait autorisé à se lever et l’encourageait à faire de petites promenade dans les couloirs. Ils étaient assis à la cafétéria et discutaient à voix basse, quand Georgi aperçut son frère.

— Ilia ? Que fais-tu là ? S’enquit-il en s’approchant. Il est arrivé quelque chose à Valérie ou à Cassy ?
— Non, c’est Raf, elle a eu un malaise dans notre cuisine. A mon avis, tout ceci l’a ébranlée plus qu’elle n’a voulu le dire.

Simon, Joy et Largo s’approchèrent. Simon vit avec ravissement que les deux frères s’entendaient à merveille.

— Alors grand chef, qu’est-ce que tu fais là ? Demanda le Suisse au mari de Val. Ne me dit pas qu’il est arrivé malheur à un des tiens ? Continua-t-il inquiet.
— On peut dire cela comme ça.
— Qui ? Val ? Cassy ?
— Non, Raf.
— Mon dieu ! Qu’est-ce qui c’est passé ? Elle va bien ? C’est grave ?
— Elle a eu un malaise dans notre cuisine, je ne sais rien de plus, le médecin est encore avec elle. Je venais chercher quelque chose à boire.
— Où est Val ?
— Dans la salle d’attente, vous passez cette porte et c’est au fond du couloir à droite.

Ils y allèrent au plus vite. Quand Simon entra dans la pièce, Valérie lui décocha un regard meurtrier. Pour elle, c’était lui le responsable de toute cette situation.

— Val ? Demanda-t-il en s’approchant de la jeune femme, du nouveau ?
— Non, pas encore. On peut dire que tu as fait fort, très fort même.
— Que veux-tu dire ? Ne me dis pas que c’est à cause de moi si…
— D’après toi ?
— Val, calme-toi s’il te plaît, murmura Ilia en s’asseyant à coté d’elle. Ce n’est pas vraiment le moment.
— Combien de temps vous allez encore le dorloter ? Fit-elle avec une fureur à peine contenue. Combien de temps encore ? Hein ? Et pendant ce temps, c’est Raf qui paye les pots cassés.
— Val, je t’en prie, tenta Ilia.
— Pourquoi devrais-je l’épargner ?
— M’épargner quoi ? Demanda Simon soudain nerveux.
— Ah parce que tes gentils amis, ici présent, ne t’ont rien dit ? Bravo !
— Valérie de quoi parles-tu? Et pourquoi es-tu en colère contre moi ?
— Ah parce que tu l’ignore en plus ! J’aurais tout entendu ! Tu ne te souviens plus que tu as tellement bu que tu as frappé Raf quand elle a tenté de t’en empêcher ? Que tu l’as frappé tellement fort qu’elle a un superbe bleu sur le visage ? Et qu’ensuite, pour couronner le tout, tu as tenté de fuir tes responsabilités en voulant mettre fin à ta misérable existence, cracha-t-elle en tremblant de colère.
— J’ai… J’ai frappé Raf…, murmura-t-il incrédule. C’est pas possible, fit-il au bord des larmes, je l’aime…
— Oui, c’est cela… Tu l’aimes tellement que tu as décidé d’en faire ton punching-ball. Quel amour vraiment ! Et tout cela parce qu’elle voulait t’empêcher de te détruire ! Elle est vraiment trop gentille, moi je t’aurais…

Elle laissa sa phrase en suspens tant sa colère était forte. Pourtant elle voyait dans les yeux de Simon l’horreur et l’implication de ce qu’elle venait de lui révéler. Des larmes coulait sur son visage, et tout revint d’un coup. Les cris, le regard empli de peur après qu’il l’eut frappée.

— Val, je…
— Tu quoi Daniel ?

Elle fut interrompue par le médecin qui entra dans la pièce. Il reconnut immédiatement le petit groupe, tout comme il avait reconnu la jeune femme qu’il venait de traiter.

— Comment va-t-elle ? Demanda Valérie en se détournant de Simon.
— Bien, si on considère les circonstances. Elle est épuisée et déshydratée. Sa coupure à la main droite lui a valu quelques points de suture, quant à sa tête, ce n’est pas grand chose. Nous allons la garder pendant au moins 24 heures pour nous assurer que tout va bien et faire un petit check-up.
— On peut la voir ?
— Oui, bien sûr, mais pas tous à la fois. Une ou deux personnes maximum, il ne faut pas la fatiguer pas. De toute manière, je lui ai donné un léger sédatif qui ne devrait pas tarder à faire effet.

Valérie et Simon suivirent le médecin à travers un dédale de couloirs. Il s’arrêta devant la porte de la chambre 087 et l’ouvrit. Val s’avança et avec douceur prit la main de son amie. Elle se sentait coupable de ne pas avoir vu venir la crise.

— Raf ?
— Laisse-moi tranquille, répondit-elle d’une voix groggy. Tu vas m’abandonner, vous allez tous m’abandonner, murmura-t-elle dans un demi sommeil. Alors va-t-en, finit-elle en plongeant dans le pays des songes.

Val et Simon restèrent interdits un instant. Comment Raf pouvait-elle être au courant de leurs projets respectifs ? Ils se regardèrent puis en silence quittèrent la chambre, tête basse.

— Alors ? Firent les autres quand ils pénétrèrent dans la salle d’attente.
— Elle dort, répondit Val.
— Ecoutez, dit Georgi, il ne sert à rien de rester ici. Elle dort et ne se réveillera pas avant une bonne douzaine d’heures. Le mieux serait de revenir demain. Nous sommes tous fatigués, surtout toi Simon.
— Il a raison, dit Joy doucement en prenant le Suisse par les épaules.

Ilia s’attendait à ce que sa femme et Simon protestent mais il n’en fut rien. Il regarda Valérie se diriger vers la sortie sans rien dire. Il regarda un instant son frère, qui haussa les épaules d’un geste d’ignorance, et accompagna le petit groupe vers le troisième étage.

— Val ? Demanda Ilia en décochant un regard interrogateur à sa femme avant de mettre la voiture en marche. Qu’est-ce qu’il y a ?
— Elle sait, murmura-t-elle.
— Qui sait quoi ?
— Raf sait pour le déménagement.
— Comment ? Je croyais pourtant qu’on avait décidé de ne rien lui dire tant qu’il n’y aurait rien de sûr.
— Elle a dû nous entendre en parler avec mes parents tout à l’heure.
— Ah… et comment le prend-elle ?
— Elle a murmuré que nous allions tous l’abandonner et de la laisser tranquille. Est-ce que, hésita-t-elle, est-ce que tu crois, que cette nouvelle aurait pu provoquer ce malaise… ?
— Oh ça et d’autres choses.
— Comme quoi par exemple ?
— J’ai parlé avec Largo, et il m’a dit que Raf avait l’intention de quitter Dan… Simon, je veux dire. Il a tenté de la convaincre d’au moins lui parler mais elle a refusé d’entendre raison. En plus, je ne sais pas si tu as remarqué mais elle n’a pratiquement rien mangé depuis qu’elle est à la maison et tu as vu le nombre d’heures qu’elle passe au bureau ?
— Quelle tête de mule. Faudra que je lui dise deux mots quand elle sera rétablie.
— Je crois que tu ne sera pas la seule à vouloir avoir une conversation avec elle. Moi aussi, je vais avoir deux mots à lui dire et je ne suis pas sûr qu’elle va apprécier, fit-il avec un sourire en coin.

Sur ces mots, il démarra la voiture et rentrèrent chez eux, dans leur appartement du front de Seine où Cassandra les attendait en compagnie de ses grand-parents. Après avoir couché la petite et dit bonsoir aux parents de Val, qui avaient décidé de finir la soirée dans un petit bar où un groupe celte jouait des airs rappelant les légendes anciennes comme celle d’Arthur et de ses chevaliers, de Merlin et de la Dame du Lac, Ilia et Val se mirent au lit et discutèrent encore pendant un long moment de la situation. Ils savaient tous les deux que Raf allait très mal réagir à la nouvelle de leur départ prochain, plus encore de la manière dont elle l’avait apprise, mais ils avaient pensé que Daniel, ou plutôt Simon, pourrait les aider à lui faire accepter la situation mais maintenant ils en doutaient. Les mots de Raf avaient blessé Val, jamais elle n’abandonnerait sa meilleure amie même si elle se trouvait à l’autre bout du monde. Elle ne voulait pas partir, elle se sentait bien à Paris dans leur bel appartement qui avait une vue sur le fleuve à couper le souffle, mais elle savait que c’était une opportunité unique qui ne se représenterait peut-être pas. Elle aimait trop son mari pour vivre loin de lui et Ilia était d’autant plus enthousiaste que cela le rapprochaient de son frère. Valérie avait peur que ce déménagement ne mette un terme à son amitié avec Raf si celle-ci s’entêtait dans son attitude de rejet.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeMar 29 Mar - 12:36

Citation :
pour vous livrer la suite comme promis a Valmont, j'espere pouvoir poster plus souvent la suite des aventures des mes perso preferes
Merci Raf !!!!!!!!!!! Si tu avais entendu le cris de joi en me rendant compte que apres deux mois d'attente j'avais la suite ! Tu me fera plus attendre deux mois dis ? EN tout cas j'aime toujours autant pauvre Raf......
cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers cheers
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeSam 9 Avr - 23:27

un petit passage ultra rapide pour vous donner la suite des evenements
enjoy the ride
bisous
Raf
************************************************************
***

Raf était allongée, le dos tourné à la porte. Elle ignorait totalement le personnel de l’hôpital qui allait et venait et avait à peine touché à son petit déjeuner. Le regard rivé sur la fenêtre, elle essayait de comprendre comment sa vie avait pu basculer de la joie la plus totale au désespoir le plus complet. Daniel allait partir sans se retourner et Valérie allait s’en aller aussi. Les deux piliers sur lesquels elle avait basée sa vie l’abandonnaient. Elle se sentait tour à tour en colère, frustrée et au bord du gouffre. Elle avait été blessée d’apprendre le départ de Val par hasard, elle lui en voulait de son silence. Elle pensait pouvoir lui faire confiance, elle pensait que quoi qu’il puisse se passer, Val serait toujours honnête avec elle mais elle avait préféré se taire et ne rien dire jusqu'à que plus rien ne puisse faire changer les choses. Il était sûr que si Raf avait su, elle aurait peut-être essayé de raisonner son amie, elle l’aurait peut-être dissuadée de commettre cette folie. Mais on ne lui avait pas laissé le choix et on la mettait devant le fait accompli, si c’était cela faire partie d’une famille comme le lui avait assuré tant de fois Ilia, elle n’en voulait pas. Pour elle qui avait été rejetée tour à tour par son frère et sa sœur aînée, ou sa famille de sang se réduisait à un membre, sa mère, le dialogue constituait une chose essentielle tout comme les marques d’affection qu’elles soient petites ou grande. Le fil de ses pensée fut interrompu par le médecin.

— Bonjour, fit-il avec un léger sourire, je vois que vous avez meilleure mine que quand on vous a amené hier soir. Comment vous sentez-vous ?
— Mieux je suppose. Quand est-ce que je pourrais rentrer chez moi ?
— Aujourd’hui même si vous me promettez de vous ménager et de prendre soin de vous. D’ailleurs, j’aimerais beaucoup que vous ne restiez pas seule, du moins pendant quelques jours.
— Je vais aller rendre visite à ma mère dès que je sortirais d’ici
— C’est une bonne idée, rien ne vaut la chaleur des bras d’une mère. J’ai reçu les résultats de vos examens sanguin.
— Et ?
— Votre taux de sucre est un peu bas… Est-ce que vous vous nourrissez correctement ?
— Pas vraiment, reconnu Raf. En ce moment la seule vue de la nourriture suffit à me donner des nausées.
— Vous avez des vertiges aussi ?
— Oui, comment le savez vous ?
— Ce n’est pas étonnant dans votre état.
— Mon état ? De quoi parlez vous docteur ?
— Vous êtes enceinte mademoiselle. Vous en êtes à six semaines
— Enceinte ? ? Murmura Rafaela abasourdie. Ce n’est pas possible , je prend la pilule et nous faisons toujours très attention.
— Cela n’a pas l’air de vous réjouir ?
— Vous m’auriez dit cela il y a un mois, vous auriez fait de moi la plus heureuse des femmes, mais là… Je ne peux pas le garder, je ne veux pas avoir un enfant sans père, je sais ce que cela fait de ne pas avoir une figure paternelle à ses cotés. Et puis comment je ferais toute seule ? Non, non, ce n’est pas possible.
— Ne hâtez pas votre décision, laissez vous le temps de réfléchir.
— Non, après il sera trop tard, est-ce que vous pourriez arranger un rendez vous pour…
— Une IVG ?
— Oui, s’il vous plaît. Je vous promet d’y réfléchir, j’annulerais même le rendez-vous si je change d’avis mais je vous en prie, supplia-t-elle, je ne peux pas garder cet enfant et je sais que si je le mets au monde, jamais je ne pourrais m’en séparer.
— D’accord, je vais voir ce que je peux faire, mais calmez-vous et reposez-vous. Je repasserais tout à l’heure, si vous avez besoin de quoi que ce soit appuyez sur le bouton.
— Docteur ?
— Oui ?
— Je vous en prie, ne parlez de ma grossesse à personne. Je veux pouvoir penser tranquillement sans que tout le monde ne chercher à « m’aider ».
— D’accord, si c’est ce que vous voulez.

Le médecin sortit de la chambre en secouant la tête. Comment pouvait-on être désespérée au point de ne pas vouloir d’un enfant qui, en temps normal, aurait été désiré ? Raf se tourna de nouveau vers la fenêtre. Elle avait toujours espéré avoir un enfant mais pas comme cela, pas seule. Le médecin revint deux heures plus tard avec tous les papiers pour lui rendre sa liberté. Elle s’habilla avec l’aide d’une infirmière, la paume de sa main étant un peu douloureuse, puis prit un taxi pour rentrer chez elle. Elle était assez contente de n’avoir vu ni Valérie, ni Daniel. Elle ne souhaitait pas les voir en ce moment. Elle prépara un petit sac de voyage et se rendit à la gare. Elle appela son patron et lui expliqua la situation. Celui-ci n’était pas enchanté qu’elle s’en aille comme cela, en plein milieu du bilan, mais il pouvait comprendre que sa santé passait avant tout, puisque avec sa main droite bandée, elle était incapable de tenir un stylo. Elle avait devant elle quinze jours d’arrêt maladie. Elle avait décidé de passer au moins une bonne semaine chez sa mère pour se faire dorloter, même si les questions ne manqueraient pas de pleuvoir.

*** Fin chapitre 17

Quand Val vint rendre visite à son amie dans l’après-midi, elle trouva la chambre vide. Paniquée, elle alla voir une infirmière qui lui affirma que son amie avait quitté l’hôpital. Simon arriva devant la chambre, accompagné de Largo, quand il vit Valérie revenir du bureau des infirmières.

— Ce n’est pas la peine de te fatiguer, elle est partie.
— Comment cela partie ?
— Le médecin l’a laissée rentrer chez elle ce midi.
— Et tu n’étais pas au courant ?
— Non, elle ne m’a rien dit. Mais qu’est-ce qu’elle a dans la tête, bon sang ! S’énerva Val.
— Eh si elle est rentrée, c’est qu’elle va mieux, non ? Intervint Largo. Elle a peut être juste eue envie d’être un peu seule. Le médecin vient de relâcher Simon, si nous allions lui rendre une petite visite chez elle ?

Tous deux acquiescèrent. Ils montèrent dans le 4X4 de Largo. Dans un silence pesant, ils se dirigèrent vers Bois Colombes où ils espéraient bien raisonner et sermonner Raf. Le milliardaire gara sa voiture sur la place de l’hôtel de ville où, par miracle, il y avait une place de libre. D’un pas pressé, ils passèrent devant la boutique d’électroménager, le petit square et la Poste avant d’arriver devant la porte de l’immeuble nouvellement repeinte en vert foncé. Simon fit le code et ils entrèrent, traversèrent la cour où des ouvriers aménageaient une sorte de local à poubelle, et montèrent directement au deuxième. Val sonna mais personne ne répondit, elle insista et comme elle n’obtenait toujours aucune réponse, elle sortit son trousseau de clés. Quand ils entrèrent Simon et Valérie surent qu’elle était passé par-là, une veste traînait sur le canapé, un sac à main vide reposait abandonné sur le lit et sur le haut de l’armoire, il manquait la petite valise à roulettes qu’elle emportait quand elle voulait voyager léger.

— A tous les coups, elle est allée se réfugier chez sa mère, murmura Val.
— Pourquoi se réfugier ? Et pourquoi elle a l’air de se cacher ?
— Simon, si on continuait cette conversation chez toi ? Dit Largo en voyant son ami pâlir.
— Oui, c’est une bonne idée, j’ai besoin d’un bon café.

Val referma la porte à clé, non sans avoir auparavant jeté un coup d’œil aux messages sur le répondeur mais il n’en affichait aucun. Elle rejoignit les deux hommes et se laissa tomber sur le fauteuil à coté du lit tandis que le milliardaire prenait place sur celui d’en face. Simon revint avec un plateau que Val reconnu comme appartenant à Raf chargé de tasses pleines de café. Il posa le tout sur la table basse.

— Tu n’as pas répondu à ma question Val, pourquoi Raf a l’air de nous fuir ? En ce qui me concerne, je la comprends tout à fait, mais toi ?
— Il se trouve que, soupira la jeune femme, je lui ai caché quelque chose et qu’elle l’a appris par le plus grand des hasards. Autant te dire qu’elle n’est pas contente du tout.
— Et qu’a-t-elle appris de si grave que cela provoque une telle crise ? Parce qu’il en faut quand même beaucoup pour vous fâcher. Depuis que je vous connais, cela n’est jamais arrivé.
— C’est vrai…. C’est la première fois qu’elle est à ce point en colère contre moi.
— Pourquoi ? Qu’est-ce qui peut être aussi grave pour qu’elle s’enfuie comme ca ! Je pensais qu’elle allait habiter chez vous pendant sa convalescence.
— Oui, et c’est ce qui aurait dû se passer si…
— Valérie ?
— Ok. Ilia a reçu une offre qu’il ne peut pas refuser. Son cabinet d’architecte s’est vu proposer une association avec un cabinet basé à New York, afin de développer une filiale commune qui se spécialiserait dans les bâtiments publics.
— Et vous n’avez rien dit à Raf ?
— Non, on s’est dit qu’il valait mieux attendre que cela soit sûr.
— Mauvais calcul, murmura Largo.
— Vous ne pensez pas si bien dire. Même si elle n’a rien dit, mis à part les quelques mots murmurés hier soir dans la chambre d’hôpital, je crains le pire.
— C’est pour cela qu’elle a dit que nous allions tous l’abandonner, ce qui veut dire que…, réalisa Simon.
— Que ?
— Qu’elle sait que Largo m’a demandé de revenir à New York et que j’ai accepté avec une condition.
— Comment le saurait-elle ? Demanda le milliardaire.
— Je suppose qu’elle a dû vous entendre parler, expliqua Val.
— Quand ? Elle n’est jamais venue à l’hôpital depuis que je suis sorti du coma.
— Si, elle devait y passer hier après son travail.
— Et tu crois que…
— Qu’elle vous a entendu ? Avec la chance que l’on a ? Oui, c’est certain.
— Alors elle a dû aussi entendre que je refusais de partir sans elle.
— Pas forcément, objecta Largo. Si elle t’a entendu dire que tu revenais, elle n’a peut-être pas voulu écouter la suite, se disant que cela ne servait à rien. J’imagine aisément le choc que cela a dû lui causer.
— Seigneur…. Je comprends maintenant son attitude quand elle est rentrée hier, on aurait dit qu’elle avait reçu un coup sur la tête, et je ne parle pas seulement de la nouvelle de notre déménagement.
— Pas étonnant qu’elle vous ait fui tous les deux, murmura Largo.
— Tu crois que si j’allais la voir et que je lui expliquais tout, cela changerait quelque chose, demanda Simon plein d’espoir.
— Je ne crois pas. A mon avis sa mère ne te laissera même pas entrer dans l’appartement, ni moi d’ailleurs. Il faut attendre qu’elle revienne, elle ne peut pas rester là-bas éternellement.
— Non, mais à mon avis, tête de mule comme elle est, cela ne va pas être facile de lui parler.

Largo regard tour à tour son meilleur ami et Valérie, ils semblaient tous deux perdus. Il commençait à comprendre pourquoi Simon était aussi réticent à repartir. Celui-ci se sentait déchiré entre l’Intel Unit, qui avait tenu une grande place dans vie, et sa nouvelle famille avec des gens simples et sans problèmes, mais peut-être que s’ils réussissaient à convaincre Raf, Simon et Val auraient leur famille au grand complet dans la grande pomme.
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeSam 9 Avr - 23:28

Dans le train, Raf regardait le paysage sans vraiment le voir. Les mots du médecin se mélangeaient avec ceux de Daniel et des parents de Val. Pourquoi fallait-il toujours que tous ceux qui l’aiment l’abandonnent un jour ? Elle avait presque 34 ans, n’avait jamais vraiment eu d’histoires sérieuses, ou si peu, des histoires qui n’avaient duré que le temps d’un rêve et qui, tôt ou tard, se transformaient en cauchemars. Le contrôleur annonça Strasbourg et la jeune femme se prépara à descendre. Une fois n’était pas coutume, sa mère venait la chercher à la gare, elle devait avoir senti la détresse de sa fille. Etrangement elle ne dit rien, elle se contenta de prendre Rafaela dans ses bras et de la serrer très fort. Pendant toute cette semaine là, elle ne desserra pas les dents, ne répondant pas aux questions insistantes de sa mère. Elle passa son temps seule, à se balader dans la forêt ou à regarder les enfants jouer au bord de la gravière. Elle alla visiter la tombe de son père, mort quand elle était enfant. Elle y cherchait des réponses aux questions qui ne cessaient de la tourmenter et qui ne lui laissaient aucun repos. Le reste du temps, elle s’enfermait dans sa chambre, elle ne voulait voir personne. Valérie et Simon avaient tenté tous deux de la joindre par téléphone mais ils s’étaient vertement fait éconduire par la mère de la jeune femme qui les considérait comme responsable de l’état dépressif de sa fille. Finalement, Raf prit le combiné et leur demanda de la laisser tranquille et surtout de ne plus l’appeler. De plus, elle ajouta à l’intention de Daniel qu’elle ne comptait de toute manière plus le revoir, quoiqu’il arrive et que rien de ce qu’il pourrait dire, ou faire, ne changerait cet état de fait.

***

Simon ne se faisait plus d’illusions. Raf ne changerait pas d’avis, elle n’accordait que très peu sa confiance et une fois celle-ci rompue, il était plus qu’improbable qu’elle la lui redonne un jour. Elle avait été très claire avec lui, disant les choses avec autant de force qu’elle le pouvait, le blessant avec ses paroles aussi froides que de la glace, effaçant d’un coup dix-huit mois de bonheur. Ce fut dans un état proche de la désespérance qu’il prit le jet qui le ramena à New York. Il se raccrochait à la vague promesse de Val de tenter de raisonner celle qui avait été sa fiancée. S’il y avait un espoir pour si ténu qu’il fut, il s’y accrochait comme à un canot de sauvetage. A son arrivée au groupe W, il s’installa dans ses anciens appartements à coté du penthouse. Appartement dans lequel rien n’avait bougé depuis son départ, toutes ses affaires étaient à l’endroit où il les avait laissées. Seul le ménage avait été fait sans rien déranger du joyeux désordre qui y régnait. Après avoir dormi tout son saoul, il entreprit de remettre de l’ordre dans sa vie. Il commença par ranger et nettoyer son appartement à fond. Il fit le tri dans ses affaires, empaqueta les vêtements trop voyant pour les donner à une association de bienfaisance, fit une liste de tout ce dont il avait besoin. Puis il prit l’une des voitures du groupe pour se rendre à une réunion des Alcooliques Anonymes. Il savait qu’il avait tout à refaire mais il s’en sentait le courage. Il le devait à Raf, pour lui prouver qu’elle n’avait pas fait confiance à un vaurien. Il le devait à ses amis qui avaient de nouveau décidé de l’admettre dans leur univers et il se le devait à lui-même, s’il voulait continuer de se regarder dans une glace. Il prit aussi rendez-vous avec un thérapeute pour l’aider à surmonter ses idées noires qui refaisaient surface en l’absence de celle qui lui avait donné tout son appui. Il reprit son travail en tant que Chef de la Sécurité du Secteur International. Toutes ces activités l’occupaient pendant la journée et l’empêchaient de penser à ce qu’il avait perdu par sa seule faute. La nuit était plus difficile car les insomnies étaient nombreuses, les cauchemars fréquents et les appels à l’aide restaient sans réponses. Malgré cela, il tenait bon grâce, en partie, à Joy qui veillait à ce qu’il ne reste jamais seul très longtemps, à Largo qui prenait soin de ne jamais l’exclure du groupe comme il l’avait fait dans le passé. Même Kerensky y mettait du sien en se montrant moins impersonnel et froid quand le Suisse descendait au bunker pour faire une recherche.

***

Valérie était en colère. Non seulement son amie était revenue mais celle-ci continuait à jouer les fantômes. Elle ne répondait pas au téléphone que ce soit le fixe ou le portable, et ne se connectait plus sur Internet. Simon était parti quelques jours plus tôt, la mort dans l’âme. Elle l’avait accompagné à l’aéroport où, avant de monter dans l’avion, il lui avait fait promettre de veiller sur Raf. Cette après-midi là, il pleuvait des cordes et l’eau ruisselait sur les plantes fraîchement semées dans la cour intérieure de l’immeuble où Rafaela continuait à se cacher. M. Alfredo avait bien essayé de la faire parler mais celle-ci s’obstinait à rester enfermée toute la journée sans vouloir voir personne. Valérie monta avec précaution l’escalier nouvellement verni et s’arrêta devant la porte de son amie. Aucun bruit ne provenait de l’appartement et elle se demanda si le voisin ne s’était pas trompé en déclarant que celle-ci était à l’intérieur. Elle sonna et attendit. Au bout d’un petit moment elle entendit des pas, un bruit sourd et quelques jurons.

— Qui est là ? Demanda-t-elle à travers la porte.
— A ton avis ? Lança Val.

Elle entendit un soupir, une succession de cliquetis et la porte s’ouvrit enfin sur Raf. Valérie faillit ne pas la reconnaître. Elle était pâle, avait les traits tirés et les yeux hagards, signe qu’elle l’avait tirée d’une petite sieste improvisée.

— Salut.
— Qu’est-ce que tu veux ? Demanda celle-ci d’une voix glaciale tout en tournant ses yeux azur vers elle.
— Je voulais voir comme tu allais puisque tu t’obstines à jouer les autruches.
— Tu as vu ? Je ne suis pas morte, alors tu peux aller retrouver ta petite famille, dit-elle en refermant le battant de la porte. Tu dois avoir une tonne de chose à préparer pour ton prochain départ.
— Arrête ! Fit-elle en la bloquant et en entrant. Je ne suis pas encore partie.
— Et cela change quoi ? Tu vas l’être dans pas longtemps alors autant m’habituer tout de suite.
— Je suis désolée, ma puce, je ne voulais pas que tu l’apprennes comme cela. On comptait tout te dire mais….
— Mais quoi ? Tu voulais être sûre que je ne te mettrais pas de bâtons dans les roues ? Que je n’aurais plus mon mot à dire et que tu pourrais partir en toute tranquillité en ayant bonne conscience, en te disant que tu as fait de ton mieux pour « m’épargner » ? Parce que c’est ce que tu sous-entends, n’est-ce pas ? Tu voulais ne rien me dire avant d’être sûre, pour ne pas faire de peine à cette pauvre petite Raf. Et bien, je vais t’en apprendre une bonne ! Je n’ai pas besoin d’être maternée. Je suis assez grande pour me débrouiller toute seule. Tu veux partir ? Alors pars ! Mais ne comptes pas sur moi pour partager ton enthousiasme.
— Je t’en prie. Tu sais très bien que ce n’est pas parce que je serais loin que nous ne serons plus amies. On continuera toujours à se parler par Internet. Je ne pars pas au bout du monde !
— Ah oui ?
— Tu ne me crois pas ? Je ne t’ai jamais menti que je sache ?
— Ah bon et ce que tu as fait pendant toutes ces semaines où tu savais que tu allais partir et que tu faisais comme si de rien n’était, tu appelles cela comment ?
— Arrêtes, tu déformes tout !
— Ah ben voilà, c’est encore moi qui fait une montagne pour rien du tout. OK, comme tu voudras, fit-elle en fermant les yeux. Elle se sentait si fatiguée.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Bon sang Raf, si on t’a rien dit, c’est justement parce que je savais bien que tu réagirais comme cela.
— Et tu comptais me le dire quand ? Quand tu aurais été confortablement installée dans ton nouvel appartement à New York ? Tu sais, tu es la première personne à qui j’ai autant fait confiance, tu es la raison première, avec l’espoir de trouver un boulot stable, pour laquelle je suis venue à Paris. J’avais enfin trouvé un peu de stabilité, de bonheur. Pour la première fois depuis longtemps, je commençais à me sentir bien avec moi-même, en sécurité. Mais c’est terminé tout cela, si j’avais su je serais restée à Strasbourg. J’aurais pas bougé de là-bas. D’ailleurs, c’est bien simple, je vais y retourner dès que j’aurais réuni l’argent nécessaire pour déménager.
— Et tu vas rester dans les jupons de ta mère advitam eternam ?
— Et alors quelle différence cela fera ? Je serais seule que je sois dans les jupons de maman ou pas alors ? On se tiendra compagnie.
— Tu dis des bêtises !
— Non, je ne dis que la stricte vérité parce que ce n’est pas toi qui va te retrouver seule, c’est moi ! Tu as TON mari, tu as TA fille, TON nouveau travail, et je te parie que tu m’annonceras dans pas longtemps un heureux événement, ben oui, faut bien pendre la crémaillère. Te connaissant, tu ne manqueras pas de te faire de nouveaux amis, à commencer par l’employeur de ton cher beau-frère, tu pourras même tenir compagnie à Daniel.
— Raf, je t’en prie, calme-toi ! S’exclama Val blessée par la vivacité des mots de son amie et étonnée par l’amertume qu’ils contenaient. Je suis ton amie, non, je suis même plus je suis ta SOIRA, je te considère comme cette sœur que je n’ai jamais eue. Tu ne comprends pas ? Tu crois que ça me fait plaisir de partir ? De tout quitter et de tout recommencer dans un pays dont je ne parle pratiquement pas la langue ? Qu’est-ce que je dois faire pour te faire comprendre que je t’aime, bon sang de bonsoir ! Que cette situation est entrain de me rendre folle ! Je t’en prie Raf, je ne veux pas que notre amitié soit gâchée par un malentendu.
— Un malentendu ? Tu appelles cela un malentendu ? Et je suis censée faire quoi ? Rester assise là, à attendre que tout s’en aille à vaux l’eau ? Applaudir bien fort à votre décision et vous dire que vous avez raison ? Ne comptes pas sur moi. Mais qui suis-je pour me permettre de te dire tout cela ? Personne…. Et comme la décision est déjà prise, pourquoi en discuter ? Alors pars la conscience tranquille, je m’en remettrais, un jour ou l’autre. Et ne t’inquiète pas pour notre amitié, elle mourra d’elle-même avec la distance.
— Tu dis des bêtises.
— Non, je dis la vérité et tu verras que j’aurais raison ! Dans un an tout au plus, tu verras que l’on aura plus rien à se dire. Combien de temps se passera-t-il avant que tu ne répondes même plus à mes appels ? Pas longtemps, je te l’assure. Alors tu vois, je prends les devants. Je me protège comme je peux.
— Bon tu as fini de jouer les victimes ! S’énerva Val.
— Victime ? Où tu vois une victime ?
— Juste devant moi. En tout cas si notre amitié s’arrête, ce ne sera pas à cause de moi parce que je n’ai pas l’intention de changer, ni de te laisser tomber. J’ai bien l’intention de continuer à te parler autant que possible même plus encore.
— C’est cela, l’interrompit-elle avec une moue dubitative.
— Tu ne me crois pas ?
— Si, si, mais je crois que tu as oublié une chose.
— Quoi ? Demanda Valérie curieuse.
— Le décalage horaire. Tu seras au travail quand il sera l’heure pour moi de te parler et je dormirais à point fermé quand il sera l’heure pour toi. Les conversations vont être géniales ! Ironisa-t-elle en s’asseyant sur le lit, la tête commençait à lui tourner, il était presque 16h et elle n’avait toujours rien mangé.
— Tu es sûre que ca va ? S’enquit Valérie en voyant son amie devenir encore plus blanche.
— Qu’est-ce que ca peut te faire ? Bon, maintenant que tu sais que je vais survivre au désastre qu’est ma vie, tu n’as pas autre chose à faire comme des cartons ou des valises ? Je voudrais bien prendre une douche !
— Qu’est-ce que c’est ? Demanda Val en prenant un petit carton sur la table basse.
— Laisse ça !
— Attends, pourquoi as-tu rendez-vous à l’hôpital dans quinze jours, si tu vas bien si bien que cela ? Et qui plus est au service obstétrique ! Attends, fit-elle réalisant ce qu’elle venait de dire. Tu es enceinte ? !
— Ca ne te regarde pas ! Cria-t-elle en lui arrachant le petit carton des mains.
— Simon le sait ? Raf ? Est-ce que Simon sait qu’il va être père ? Demanda Valérie en prenant son amie par les épaules.
— Non !
— Et tu comptes le lui dire quand ?
— Jamais parce que dans quinze jours, il n’y aura plus de bébé !
— Tu ne vas pas faire cela ?
— En quoi cela te regarde ? Ce n’est pas ton corps ! C’est déjà difficile d’élever un enfant à deux alors seule !
— Tu ne crois pas qu’il a son mot à dire ?
— Non, pas depuis qu’il a rompu sa promesse, pas depuis qu’il a décidé de repartir sans même m’en parler.
— Attends, c’est toi qui l’as exclu ! C’est toi qui as refusé tout dialogue avec lui alors que la seule chose qu’il voulait, c’était te demander pardon et de partir avec lui !
— Parce que tu crois cela aurait suffi ? Tu crois vraiment que ca aurait suffi à tout effacer ?
— Tu as bien effacé 18 mois de votre vie à tous les deux !
— Qui a dit que je les avais effacés ? Personne !
— Alors arrête de fuir !
— Fuir ? Qui a parlé de fuite ? Je ne fais que ce que je pense être la meilleure solution pour tous les deux.
— C’est cela et la marmotte…. Raf, tu vas faire une bêtise, une énorme bêtise.
— Et alors ? Il semblerait que c’est ce que je n’ai pas arrêté de faire ces dernières années alors une de plus ou de moins, répliqua la jeune femme en haussant les épaules, tout en se rallongeant.
— Tu es sûre que ça va ?
— C’est rien, juste un vertige, j’ai rien pu avaler aujourd’hui…
— Ne me dis pas que tu n’as rien mangé du tout.
— Juste quelques biscottes et du thé ce matin.
— Mais qu’est-ce que tu as donc dans la tête ! La gronda-t-elle. Bon, je vais te préparer une bricole à manger, j’espère qu’au moins tu as quelque chose dans tes placards.

Devant le silence de son amie, Val la fixa avec un œil surpris. Elle ne pouvait croire que celle-ci se laisse aller à ce point.

— Ok, je vais aller faire des courses. Je t’interdis de te lever de ce lit, je n’ai pas très envie de devoir faire un autre tour aux urgences.
— Mais je…
— Rien du tout. Je ferais peut-être mieux de t’installer carrément à la maison pour quelques jours.
— C’est hors de question ! Je veux rester ici…
— D’accord, ne t’énerve pas. Je reviens dans pas longtemps alors pas d’imprudence.

Valérie partit inquiète, elle aurait préféré que Raf vienne chez elle quelques jours, elle avait peur que celle-ci ne plonge dans la dépression la plus totale. Elle savait que malgré sa colère elle se sentait désespérée. Après avoir trouvé tout ce dont elle avait besoin, elle retourna chez son amie qui s’était rendormie. Visiblement, la grossesse avait chez elle un effet sédatif. Elle prépara rapidement une soupe ainsi que quelques biscottes et un peu de jambon. Quand elle la quitta ce soir là, elle ne sentait pas plus avancée. Elle espérait qu’elle réussirait à la faire doucement accepter la situation. Mais Val devait avouer que ce qui la préoccupait le plus était la grossesse de Raf et son intention d’y mettre un terme dans les plus brefs délais. Celle-ci lui avait fait promettre le secret mais elle ne savait pas si elle pourrait tenir sa promesse. Son cœur lui disait de tout raconter à Simon pour qu’il revienne prendre la situation en main mais, d’un autre coté, elle avait peur de la réaction de Raf. Si jamais elle prévenait le Suisse et que celui-ci ne réussisse pas à la dissuader de commettre une bêtise, leur amitié pourrait bien ne jamais s’en relever.

A suivre
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 10 Avr - 12:48

Mici Raf pour cette suite ! J'adore toujours Je plains le pauvre Simon il doit pas se sentir bien !

Citation :
Si jamais elle prévenait le Suisse et que celui-ci ne réussisse pas à la dissuader de commettre une bêtise, leur amitié pourrait bien ne jamais s’en relever.

Qu'est ce qui va se passer ?????????
Eh bien mis a part te feliciter chaudement je ne peux que te demander LA SUITE !!!!
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 12:02

Citation :
Qu'est ce qui va se passer ?????????

plein de choses que tu pourras decouvrir si notre chere Raf se décide a mettre la suite lol!
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 18:39

Citation :
plein de choses que tu pourras decouvrir si notre chere Raf se décide a mettre la suite

crois tu qu'ellele fera avant que je lui renvoi un message pour me plaindre par ce que la suite ne vient pas ?
lol!
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 21:04

voila la suite tant attendue
bisous
Raf
***********************************************************
La semaine suivante se passa quasiment en silence pour les deux amies. Elles, qui avaient l’habitude de se parler tout le temps, ne se disaient plus que des banalités et restaient silencieuses la plupart du temps. Val avait de plus un surcroît de travail à cause de son futur déménagement, il fallait qu’elle termine des projets et qu’elle en transmette certains à des collègues compétents. Elle pensait aussi que si elle laissait son amie tranquille peut-être que celle-ci reviendrait à la raison. De son coté, Raf avait repris le travail et supposait que le silence de son amie était dû à leur dispute et que, pour une raison ou une autre, celle-ci lui en voulait. Raf jura entre ses dents ce soir-là en regardant son écran rester muet à ses tentatives de discussions, cela faisait trois soirs de suite qu’elle avait l’impression de parler dans le vide. Elle l’éteignit et alla se coucher le cœur lourd. Elle avait besoin ses petites discussions anodines pour laisser échapper la pression de la journée mais visiblement son amie ne le voyait pas comme cela. Elle se sentit triste, elle soupira espérant ne pas faire tomber les larmes qu’elle retenait depuis qu’elle était rentrée. La journée avait été mauvaise, sa supérieure lui avait reproché son absence et le retard pris dans le travail. Raf n’avait rien dit, se contentant de hocher la tête et de partir tête basse après l’entretien. Elle s’était remise au travail, sachant qu’elle ne pourrait pas rentrer chez elle tôt comme elle l’avait prévu. Elle était dans le collimateur de sa hiérarchie et ce n’était pas le moment pour elle de perdre son travail, du moins pas avant d’avoir réuni l’argent pour retourner s’installer chez sa mère. Quand elle éteignit la lumière, le repos tant souhaité ne vint pas. Elle rejouait sans cesse la scène qui avait fait basculer sa vie. Elle essaya une fois de plus de se convaincre qu’être seule n’était pas une tragédie mais le cœur n’y était pas. Elle avait besoin de Val, elle avait besoin de Daniel. Chaque jour qui passait, elle sombrait de plus en plus dans une déprime que personne ne semblait remarquer.

***

Ilia regardait sa femme qui nettoyait sa cuisine de fond en comble. Il se doutait bien que quelque chose n’allait pas, Valérie détestait les tâches ménagères. Il savait que Raf et elle s’était disputées mais Val n’avait pas voulu lui en parler.

— Chérie ?
— Oui ?
— Si tu faisais une pause ? Tu astiques cette pauvre cuisinière depuis plus d’une heure et demie ! A mon avis, elle est propre maintenant, la taquina-t-il avec un sourire.

Ils étaient seuls tous les deux dans l’appartement, il avait emmené Cassandra au centre aéré pour la journée. Il était bien déterminé à venir à bout de l’affaire qui préoccupait sa femme.

— J’ai encore pleins de choses à faire, fit celle-ci en faisant mine de reprendre son chiffon.
— Hum moi aussi. J’ai envie de te faire un petit bisou ici, ici et puis là aussi, murmura-t-il innocemment en la prenant dans ses bras tout en déposant de doux baisers aux endroits indiqués.
— Ilia, soupira-t-elle voyant très bien où celui-ci voulait en venir mais n’ayant ni la force, ni l’envie de lui résister.

Il l’enlaça tendrement et l’embrassa d’un baiser empli de passion. Avec un geste sûr, il passa sa main sous le tee-shirt de sa femme et dégrafa son soutien gorge. Ses mains couraient sur sa peau laiteuse.

— Je t’aime, lui susurra-t-il à l’oreille tout en l’entraînant dans la chambre.

Les vêtements volèrent et ils se retrouvèrent face à face, nus. Ilia avait le souffle coupé en voyait le corps parfait de son épouse. Avec une douceur exagérée, il l’allongea sur le lit et s’unit à elle jusqu’à ce que le feu qui brûlait en lui ne s’apaise. Ils s’endormirent, leurs corps repus de caresses. Quand ils se réveillèrent de cette sieste crapuleuse, midi était passé depuis longtemps. Tous deux avait faim et Ilia, une fois n’est pas coutume, prit le téléphone et commanda une pizza. Il mangèrent tous deux assis dans le lit, une douce musique emplissait l’atmosphère puis, comme la nourriture terrestre ne leur était pas suffisante, ils refirent l’amour à nouveau. Un peu plus tard, ils étaient allongés l’un contre l’autre. Val avait posé sa tête sur la poitrine de son mari et celui-ci caressait ses boucles rousses.

— Qu’est-ce qui ne va pas Val ?
— Rien, tout va bien, mentit-elle.
— C’est ca et, comme dirait mon frère, fit-il en prenant l’intonation de Georgi, et moi je suis le camarade Gorbatchev ! Chérie, je te connais comme si je t’avais fait. Alors qu’y a-t-il ? Ca a un rapport avec Raf ?
— Oui et non.
— Ça, c’est une réponse ! Tu fais des progrès, la taquina-t-il en souriant.
— En fait, on s’est disputé. Elle m’a reproché de lui avoir menti. J’ai eu beau essayer de la convaincre que ce n’était pas parce qu’on partait que cela allait changer quelque chose mais elle s’obstine à penser le contraire.
— Ça, j’aurais pu m’en douter. Elle a peur.
— Je crois que c’est pire Ilia. En peu de temps, elle perd les seuls repères qu’elle a ici. Daniel, puis nous. Elle resta silencieuse un moment puis reprit. Tu crois qu’on a prit la bonne décision ? Demanda-t-elle d’une toute petite voix. Je veux dire, tu crois qu’on va réussir à être heureux là-bas ?
— Je comprends que tu puisses avoir des doutes, c’est une décision très grave que nous avons prise. Ecoute, je te promets une chose, si vraiment dans un an, on ne se plaît pas là-bas, on reviendra ici. J’en ai discuté avec David et on est tombé d’accord. Il va s’occuper de l’appartement. Je me suis même dit que Raf pourrait l’habiter en notre absence.
— Je doute qu’elle dise oui. Elle a décidé de rentrer à Strasbourg chez sa mère maintenant qu’elle est « seule ». Elle est entrain de fiche sa vie en l’air et cela m’énerve de voir à quel point elle n’en a rien à faire !
— C’est normal qu’elle veuille rentrer là-bas, c’est le seul endroit où elle se sente en sécurité.
— Peut-être mais je ne suis pas sûre que ce soit la solution.
— Moi non plus mais que vas-tu faire ? L’attacher sur une chaise pour la forcer à t’écouter ?
— Pourquoi pas, si ca pouvait l’empêcher de faire une autre bêtise.
— Une autre bêtise ?

Val se mordit la lèvre inférieure, elle en avait trop dit. Elle ne pouvait plus faire machine arrière.

— Raf est enceinte et…
— Et ? Demanda Ilia tout en devinant la suite.
— Elle veut se faire avorter.
— Ce n’est pas possible. C’est à cause de « cela » son malaise ?
— Oui.
— Elle compte mettre Simon au courant ?
— Non… pas du tout. D’après elle, il n’y a aucune raison qu’il le soit puisque cela ne le concerne plus.
— On peut dire qu’elle fait fort dans le genre tête de mule.
— Non, tu crois ? J’ai essayé de la raisonner mais j’ai été priée de m’occuper de mes affaires.
— Quand est-ce qu’elle doit…
— Vendredi à 10h00.
— C’est dans trois jour ça ! Il faut prévenir Simon. Il faut le faire revenir tout de suite, peut-être qu’il arrivera à lui mettre du plomb dans la cervelle.
— Non, on ne peut pas.
— Pourquoi ?
— Parce que j’ai promis de me taire. Je n’aurais même pas dû te le dire. Si jamais Raf découvre que j’en ai parlé à qui que ce soit, et qui plus est à Dan… Simon, je suis morte. Elle ne me le pardonnera pas.
— Oui mais si on réussit à la faire changer d’avis…

Ilia regarda sa femme, celle-ci avait l’air inquiète, très inquiète même. Le téléphone sonna. C’était Georgi qui venait aux nouvelles.

— Ca va petit frère ? Demanda-t-il avec enthousiasme, il se sentait heureux quand il pouvait parler à son jumeau, c’était une des raisons qui faisait qu’il était ravi que celui-ci vienne s’installer à New York. Je te dérange peut-être….
— Mais non, pas du tout, Comment vas-tu ?
— Bien, très bien. Dis-moi, je viens de trouver l’appartement de vos rêves. Il est très bien situé, près de Central Park.
— Il doit coûter une fortune !
— Pas du tout, c’est un ami de Largo qui le loue et il n’est pas contre l’idée de vous vous faire un bon prix.
— Je vois. De toute manière, je serais à New York dans quinze jours pour terminer les formalités.
— Ca n’a pas l’air d’aller, remarqua Georgi en voyant le manque d’enthousiasme de son frère.
— Ce n’est pas cela mais nous avons quelques complications, ici.
— Que se passe-t-il ?

Ilia hésita, Val était en train de lui faire des signes pour qu’il se taise mais son cœur lui disait qu’il devait à tout prix sauver ce couple.

— Simon est dans le coin ?
— Non, pourquoi ?
— Parce que ça le concerne.
— Il doit être dans le bureau de Largo à travailler sur la sécurité de la prochaine soirée de bienfaisance du groupe. Attends, je vais nous connecter ainsi tu pourras leur parler.

Quelques secondes passèrent avant qu’il n’entende la voix de Simon, de Largo et Joy le saluer. Il brancha le haut-parleur pour que Val puisse suivre la conversation.

— Salut grand chef ! Alors qu’est-ce qui ne va pas ? Je parie que vous vous ennuyez déjà de moi, dit-il d’une voix qu’il voulait enjouée mais qui ne trompa personne.
— Il s’agit de Raf. Aussitôt le silence se fit. Simon, tu es toujours là ?
— Oui, oui. Que se passe-t-il ? Demanda-t-il avec angoisse.
— Elle est enceinte et…
— Et ?
— Elle a décidé de se faire avorter, lâcha-t-il en soupirant.
— Elle ne peut pas faire cela, elle ne peut pas nous faire cela. Il faut l’en empêcher, s’écria-t-il au bord de la panique.
— On a tout tenté mais elle ne veut absolument rien savoir. Le rendez-vous est fixé à Vendredi, 10h00. On s’est dit que s’il y avait bien une personne capable de lui faire entendre raison se serait bien toi. Elle t’a toujours écoutée.
— Peut-être mais tu oublies qu’elle ne veut plus entendre parler de moi, répondit-il avec tristesse.
— Je ne pensais pas qu’il suffisait de si peu pour que tu abandonnes, fit Ilia avec un air défi dans la voix.
— Qui a dit que j’abandonnais ? Répliqua Simon piqué au vif, mais je te signale tout de même que les contrôleurs aériens sont en grève depuis quelques jours et que pratiquement aucun vol n’a décollé de La Guardia, ni d’aucun autre aéroport new-yorkais.
— C’est vrai ! Je n’y avais pas pensé. Je crains alors qu’il n’y ait plus rien à faire, soupira Ilia.
— Ne t’inquiète pas petit frère, je vais trouver une solution, déclara Georgi d’une voix assurée. Dans quelle clinique doit avoir lieu l’opération ?
— Dans le même hôpital où Simon a séjourné.
— D’accord, je vois. Je t’appelle dès que nous serons prêts à partir, dit Kerensky. Embrasse Val et Cassy pour moi, veux-tu ?
— Bien sûr, à bientôt.

Le silence retomba dans l’appartement d’Ilia et de Val. Celui-ci reposa le combiné sur sa base et prit sa femme dans ses bras.

— Que crois-tu qu’il va faire ?
— Je n’en sais rien mais je lui fais confiance. Je suis sûr que tout va finir par s’arranger, assura-t-il à son épouse qui tremblait légèrement entre ses bras. Il regarda le réveil et vit qu’il était presque l’heure d’aller chercher Cassandra au centre. Que dirais-tu d’aller récupérer notre fille et d’aller manger dans ce fameux restaurant dont elle nous rebat les oreilles sans cesse ? Proposa-t-il avec un sourire taquin.
— D’accord le dernier sous la douche, paye le dessert, dit-elle en se précipitant dans la salle de bain en souriant.
— Hé c’est pas du jeu, fit-il en rejoignant dans la cabine de douche et en refermant celle-ci sur leurs deux corps encore affamés de caresses
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Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Empty
MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 21:08

Simon ressemblait à un lion en cage. Depuis qu’il avait appris les intentions de Raf, il ne pouvait penser à autre chose. Il faisait les cent pas dans la penthouse sous les yeux inquiets de Joy.

— Simon, je t’en prie, assieds-toi, tu es entrain de me donner le tournis.
— Je ne peux pas croire qu’elle puisse faire ca, fit-il en s’asseyant à coté de la jeune femme. Je veux dire, elle adore les enfants. On en a discuté, tu sais, et on voulait en avoir deux ou trois. Même si d’après elle, cela risquait d’être le parcours du combattant. Et là….
— Je crois surtout qu’elle a peur.
— Comment cela ?
— Il n’est pas très facile d’élever un enfant à deux alors seule… De plus, avec ton départ et celui prochain de son amie, il ne lui reste aucun appui, personne pour la soutenir jusqu’au bout de cette grossesse qu’à un moment elle a tant désiré.
— C’est vrai, et Raf est une personne très angoissée. Je n’ose imaginer ce qui peut se passer dans sa tête. Bon sang, si jamais on arrive trop tard, je m’en voudrais toujours.
— Ne dis pas ca, le rassura Largo en s’asseyant sur le fauteuil en face du Suisse.
— Si ! Jamais j’aurais dû revenir sans au moins avoir tenté de lui parler. J’aurais voulu savoir s’il y avait un espoir, quelque chose qui me permette d’espérer que je la retrouverais un jour. Tu ne peux pas savoir à quel point c’est frustrant !
— Tu crois vraiment que je ne le sais pas ? Figure-toi que cette jolie jeune femme assise à coté de toi a refusé de me voir pendant plus de trois mois après ton départ.
— Pourquoi ? Demanda-t-il confus.
— Parce que je lui en voulais d’avoir passé sa colère sur toi, mais surtout parce que je considérais qu’il avait trahi votre amitié en ne te laissant pas le bénéfice du doute. Et tu sais comme je peux être têtue.
— Oh oui ! Et que s’est-il passé ?
— J’ai tout tenté pendant deux mois, et je me suis fait raccompagner plus d’une fois par les gens de la sécurité de l’hôpital.
— Non, tu n’as pas fait ça, Joy ?
— Je me serais gênée. Puis un jour, il n’est plus venu. Seul notre ami russe continuait ses visites mais je refusais de lui demander des nouvelles de Largo. Jusqu’au moment où Georgi s’est mis à me dire nos quatre vérités et il m’a dit ce qu’il pensait de notre attitude à tous les deux. Il ne se met pas souvent en colère mais je crois que nous avions poussé le bouchon un peu loin et je peux te dire que c’est pas drôle un Russe en colère.
— Ca tu peux le dire, j’ai eu droit à ma scène moi aussi, la dernière fois où…
— Où…
— Non, rien, répondit-il mal à l’aise.
— Où… insista le Suisse.
— Où j’ai passé ma frustration sur l’alcool et le Penthouse, murmura-t-il honteux.

Flash-back

Largo était frustré, non il était en colère ! Cela faisait maintenant presque trois mois que Joy refusait tout contact avec lui. Il avait tout tenté, mais rien n’y avait fait. Il regarda sa bouteille de scotch qui était presque vide et en but encore une gorgée. Peut-être que s’il se soûlait assez, il pourrait oublier… Oublier que la femme de sa vie ne voulait plus entendre parler de lui… Oublier qu’il avait accusé son meilleur ami… Oublier le regard plein de reproches de Kerensky…Oublier… Tout simplement oublier… Mais à quoi bon puisque même dans son ivresse le visage des deux personnes qui comptait le plus pour lui se chevauchaient dans son esprit jusqu’à le rendre malade de frustration. Il entra alors dans une rage folle et commença à tout détruire dans le penthouse. Les quelques pots de fleurs se retrouvèrent par terre réduits en mille morceaux, les verres et les boissons qui se trouvait sur une desserte subirent le même sort. Les livres de la bibliothèque volèrent à travers la pièce, il débarrassa d’un coup de bras la table basse qu’il retourna, une chaise alla s’écraser contre le mur. Le Russe entra au moment où une deuxième suivait le chemin de la première. Largo avait une troisième chaise dans la main quand il sentit quelque chose retenir son bras. Il se retourna et vit Georgi qui le regardait avec inquiétude.

— Ca suffit, murmura-t-il, mettre en pièce le penthouse ne la fera pas changer d’avis, ni ne fera sortir Simon de sa cachette.
— Non mais cela m’aidera peut-être à…
— A quoi ? A mieux cuver tout l’alcool que tu ingurgites depuis deux mois ? Tu crois vraiment que personne n’a remarqué que tu soûles tous les soirs ?
— Je…Je…, fit il en lâchant la chaise et en fondant en larmes.
— Laisse-toi aller, mon ami, murmura Georgi en prenant celui-ci dans ses bras pendant que Largo laissait enfin sortir toute la souffrance qu’il gardait en lui depuis que le cauchemar avait commencé.

Avec une douceur peu coutumière, il emmena le milliardaire vers la chambre et le mit au lit, le bordant qu’il fut été un enfant malade.

— Elle ne m’aime pas, dit Largo alors que Kerensky s’asseyait dans un fauteuil près du lit.
— Tu dis n’importe quoi ! Bien sûr qu’elle t’aime !
— Alors pourquoi ? Pourquoi elle me fait ça ?
— Je ne sais pas. Peut-être qu’elle t’en veut de ne pas avoir eu confiance en son jugement ? Elle est très attachée à Simon même si elle ne le dit pas. Il est en quelque sorte ce frère qu’elle n’a jamais eu.
— Peut-être, en effet. Georgi… Tu crois vraiment qu’il est coupable ? Tu crois vraiment qu’il a pu faire tout cela ?

Kerensky soupira. Depuis le départ du Suisse trois mois plus tôt, il avait décidé de mener sa petite enquête en solo et le peu qu’il avait appris le mettait mal à l’aise. Lui qui se targuait de ne pas pouvoir être manipulé facilement, l’avait été avec une facilité déconcertante.

— Je ne sais pas, mentit-il, mais je vais le découvrir, je t’en fais la promesse. Maintenant dors, et ne t’inquiètes de rien. Je demanderais à ta secrétaire demain matin d’annuler tes rendez-vous, avec la tête que tu as, tu risques de faire peur à tes interlocuteurs, fit-il en se levant.
— Kerensky…
— Oui…
— Tu peux rester ? Juste jusqu'à ce que je m’endorme…
— Bien sûr, mon ami, acquiesça celui-ci en reprenant place dans le fauteuil. Demain, il rendrait visite à une certaine personne pour lui dire ce qu’il pensait de son comportement.

Largo s’endormit enfin d’un sommeil agité et le Russe soupira. Si son enquête n’aboutissait pas bientôt, et si Joy continuait à jouer les têtes de mule, il y avait fort à parier que Largo ne craquerait sous le poids de la culpabilité qui le rongeait.

Fin flash-back

— Largo, tu es sûr que ca va ? Demanda Simon inquiet du silence de celui-ci.
— Oui. Ce sont juste quelques souvenirs qui ont décidé de me rendre visite.

Le téléphone sonna interrompant leur discussion. Kerensky leur demandait de descendre au bunker, il avait peut-être trouvé une solution pour qu’ils puissent arriver à temps.

***

Le jour J était arrivé. Le réveil sonna tirant Raf d’un sommeil agité. Elle ne dormait pas bien depuis quelques jours, faisant cauchemar sur cauchemar. Des crises d’angoisses la tenaient éveillée une bonne partie de la nuit pendant lesquelles elle entendait son cœur marteler à ses oreilles. Elle faisait d’interminables heures au bureau pour ne pas à avoir à entrer dans un appartement vide, sans personne à qui parler même par Internet. La situation avec Valérie en restait au même stade. Les soirées se passaient sans que l’une ou l’autre ne parle, chacune pensant que l’autre était fâchée. Avec difficulté, Raf se leva et se tint à l’armoire jusqu’à ce que la pièce finisse de jouer les manèges de chevaux de bois. Elle alla s’enfermer dans la salle de bain, fit une toilette rapide et s’habilla. Elle regarda avec envie son téléphone. Elle avait pensé que Val viendrait avec elle, qu’elle ne la laisserait pas affronter cette épreuve seule. Mais il était dit que la solitude serait sa seule compagne. Ses sentiments envers l’enfant qu’elle portait étaient forts, très forts, et elle savait pertinemment que jamais elle ne se remettrait de ce qu’elle allait faire. Mais elle ne savait que trop ce que c’était de grandir sans un père et avec une mère amère et rongée par des dépressions successives. Elle ne voulait pas que son enfant ait à subir ce par quoi elle était passé étant enfant. Et puis jamais elle ne pourrait oublier Daniel, si elle avait son portrait vivant jour après jour auprès d’elle, mais d’ailleurs voulait-elle vraiment l’oublier ? Avec soupir de frustration, elle prit son sac, ferma la porte à clé et se rendit à la gare.

***

Val de son coté était prête et terminait de préparer Cassandra. Ilia devait la laisser à l’hôpital avant de déposer leur fille chez la nourrice. Il était hors de question que Raf fasse face seule à cette épreuve. Elle se sentait frustrée par leur manque de communication de ces dernières semaines mais, depuis leur dispute, elle ne savait plus comment faire pour aborder un sujet quel qu’il soit sans que son amie ne prenne la mouche alors elle préférait se taire. De plus, elle essayait encore de digérer le fait que Raf ne lui ait pas parlé de sa grossesse, ni de ses intentions. Si elle n’avait pas trouvé le carton de rendez-vous, elle n’en aurait jamais rien su. Comment son amie pouvait-elle bien lui mentir sur une chose si importante ? Quand enfin son mari la déposa, il était presque 9h30. Connaissant son amie, celle-ci devait déjà être en salle d’attente. Elle n’avait eu aucune nouvelle de Simon, elle ne savait donc pas si celui-ci allait venir ou pas. Elle traversa divers couloirs, suivit les indications données par la personne peu aimable à l’accueil et entra dans la salle d’attente du service de gynécologie. Quelques femmes enceintes attendaient leurs tours pour une consultation ou une échographie. Celle-ci parlaient à voix basse à leurs compagnons qui les avait accompagnés. Dans un coin, elle vit Raf assise les yeux dans le vide. Elle était d’une pâleur à faire peur et malgré le fait qu’elle soit enceinte, elle la trouvait amaigrie.

— Salut ma puce, dit-elle s’asseyant à coté de la jeune femme qui sursauta.
— Val ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je croyais que…
— Ben tu croyais mal ! Je ne vais tout de même pas te laisser seule dans un moment pareil ! Dit-elle en lui prenant la main en signe de réconfort.
— Merci, murmura Raf les yeux emplis de larmes.

Elles attendirent encore de longues minutes en silence. Elles n’avaient pas besoin de mots, le seul contact de leurs mains suffisait à la rassurer.

***

Largo regardait Simon s’agiter sur la banquette arrière du taxi qui devait les emmener à l’hôpital. Ils avaient eu beaucoup de mal à relayer New York à Paris. Aussi curieux que cela puisse paraître, ils avaient été obligés d’aller jusqu'à Los Angeles. Ils avaient pris un petit avion pour Washington et ils avaient eu la frayeur de leur vie quand le pilote avait dû se poser en plein orage. L’avion était ballotté par les vents violents comme un fétu de paille. Les aéroports avaient alors été fermés pour quelques heures. Quand enfin le temps se fut levé, ils apprirent qu’aucun jet n’était disponible à la location et qu’aucune place de libre ne restait pour la France, les trois vols ayant été pris d’assaut par des français bloqués à New York depuis une semaine. Ils sont prioritaires, leur avait dit l’hôtesse avec un sourire gêné. Elle avait reconnu Largo d’après des photos dans la presse. Le milliardaire avait alors joué de tout son charme pour que la jeune femme essaye toutes les compagnies et au bout d’une interminable attente, ils avaient eu un vol pour Los Angeles, de là ils prendraient un vol pour Paris. Le vol pour l’Europe avait été, lui aussi, retardé de plusieurs heures pour cause de sécurité. De nouvelles menaces d’attentats flottaient dans l’air et la police ne voulait prendre aucun risque. Quand enfin ils arrivèrent à Paris le vendredi, il était plus de 8h00. Ils prirent directement un taxi à l’aéroport de Roissy pour aller à l’hôpital mais ils étaient dans les embouteillages jusqu’au cou.

— On va jamais y arriver, murmura Simon en regardant pour la centième fois sa montre
— Je suis sûr que si, essaya de le rassurer son ami.

Les rues défilaient grises et mornes. Il pleuvait des cordes et le Suisse pensa que cela allait de pair avec son humeur plus que morose. Il ne savait s’ils allaient arriver à temps pour empêcher Raf de commettre la plus grosse bêtise de sa vie. Il se demandait ce qu’il allait bien pouvoir lui dire pour lui faire entendre raison, un « Je t’aime » ne serait sans doute pas suffisant. Le taxi s’arrêta enfin devant l’entrée de l’hôpital. Ils en sortirent en trombe et se précipitèrent à l’intérieur.

***

Raf regarda l’horloge qui trônait au-dessus du secrétariat, il était presque dix heures. Son cœur battait la chamade et elle avait peur. Son estomac grogna. Elle n'avait rien avalé depuis le jour antérieur et seulement la moitié d’un sandwich à midi. Le soir elle était rentrée trop tard et trop fatiguée pour ne penser à autre chose que son lit.

— Mlle Sanchez ? Demanda un médecin qu’elle ne connaissait pas.

Raf se leva et se dirigea vers l’homme en blouse blanche. Il avait une quarantaine d’années, il était grand, le visage émacié et son crâne chauve luisait à la lumière des néons. Ils se dirigèrent sans mot dire vers le fond du couloir où se trouvait le bloc opératoire. Il la laissa se préparer dans la salle attenante avec l’aide d’une infirmière et lui-même alla se préparer de l’autre côté du couloir. Quand elle fut prête, l’infirmière la dirigea vers le bloc et en ferma la porte derrière elle.

***

Simon arriva en trombe dans la salle d’attente. Il examina avec attention les personnes présentes et se dirigea vers Val qui était entrain de massacrer un mouchoir en papier, tout en essayant de retenir ses larmes de frustration.

— Val ?
— Daniel ! Je suis désolée, fit celle-ci, j’ai vraiment tout essayé mais c’est une tête de mule.
— J’arrive trop tard, n’est-ce pas ?
— Oui, elle vient juste d’y aller. Peut-être que l’intervention n’a pas encore commencé, avec un peu de chance, ils te laisseront lui parler.
— Tu as raison, fit-il en déposant un léger baiser sur le front de la jeune femme.

Quand il revint auprès de ses amis, il avait le visage défait. D’après l’infirmière qui avait eu la gentillesse de se renseigner, Raf était déjà au bloc. L’intervention allait commencer d’un instant à l’autre et on ne pouvait plus rien faire, sinon attendre un miracle. Il se laissa tomber auprès de Largo qui lui posa une main sur l’épaule pour le soutenir en silence. Il savait que toute parole serait veine face à la douleur de celui-ci.

a suivre
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koé
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 22:48

Vivement la suite !!!! Vraiment c'est toujours aussi bien !
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Scilia
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitimeDim 17 Avr - 22:51

comme je te le disais par msn... wow, Ilia et moi on est de veritables lapins mais te genes pas pour continuer dans cette voie la Mr.Red Mr.Red Mr.Red Mr.Red

bon, va falloir encore attendre une semaine pour la suite ou le justicier masqué batman va réussir à te la voler avant ?
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MessageSujet: Re: Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours   Un doudou à Paris - Raf - Fic en cours Icon_minitime

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